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Tour de France pour sortir du nucléaire - Etapes du 24 avril au 6 mai - Final le 22 mai

Publie le vendredi 7 mai 2004 par Open-Publishing

Tour de France pour sortir du nucléaire - Etapes du 24 avril au 6 mai

Etapes au jour le jour.

Samedi 24 avril 2004

Manifestation devant la centrale nucléaire de Fessenheim (Alsace). Environ 2500 personnes, quel début en fanfare ! Bravo aux alsaciens, mais aussi aux nombreux allemands et suisses présents. Temps : soleil éclatant, ciel totalement bleu… que rêver de mieux.

Mémo : la centrale nucléaire de Fessenheim est la plus vieille de France, elle est inadaptée au risque sismique important dans la région, elle est sous la menace d’une rupture du canal voisin en cas de séisme. C’est aussi la centrale qui a été arrosée par EDF pendant la canicule de l’été 2003. C’est rassurant, la technologie nucléaire !

Dimanche 25 avril 2004

Journée festive à Keysersberg (Alsace). Première sortie pour toutes les animations qui vont parcourir tout le Tour :

 une remarquable exposition sur les énergies renouvelables avec de jeunes animateurs compétents et motivés

 un bus écolo munis de panneaux solaires qui permettent de recharger tous les appareils (ordinateurs et téléphones portables et particulier) sans recours au nucléaire. Accessoirement, ce bus va aussi servir à… transporter a travers tout le pays une vingtaine de militants.

 un camion podium qui va permettre d’animer chaque étape (prises de parole, musique, concerts)

 une cantine mobile grâce à laquelle la quarantaine de personnes qui font le tour (mais aussi les participants locaux) pourront déguster chaque jour des repas bio

 la compagnie "Brut de béton" qui va jouer pratiquement tous les soirs la pièce "Tchernobyl now !" adaptée du remarquable ouvrage de Svetlana Alexievitch, "La supplication"

Le gymnase de Kaysersberg ne désemplit pas de toute la journée qui se termine en apothéose avec le théâtre. Entre temps, le maire de la ville et un de ses collègues voisins ont déployé sur une tour la gigantesque banderole (150 m²) du Réseau "Sortir du nucléaire" et on peut voir dans toute la vallée "Le nucléaire tue l’avenir".

Lundi 26 avril 2004, 18ème "anniversaire" de la catastrophe de Tchernobyl

Le Tour de France arrive à Nancy, ville régulièrement traversée par des transports ferroviaires de déchets nucléaires. Animations en ville, musique avec Achille et les "Stop Bure Brothers", puis manifestation jusqu’à la préfecture (place Stanislas). Dépôt d’une gerbe de fleurs puis "die-in" en hommage aux victimes de Tchernobyl. Au même moment, la même scène se déroule un peu partout en France. Repas puis théâtre "Tchernobyl now" à Pompey : salle pleine, émotion totale.

Mémo : 18 ans après, non seulement les conséquences de Tchernobyl ne s’estompent pas mais au contraire la situation s’aggrave ! C’est hélas la triste vérité : de nombreux enfants ont des maladies de vieillards (maladies cardiaques, rhumatismes), d’autres sont malformés ; les biélorusses mangent des produits contaminés (en particulier au césium). Le pire est encore à venir. Par ailleurs, le mensonge d’Etat en France n’a toujours pas été sanctionné (il est vrai que le premier ministre de l’époque était un certain… Jacques Chirac !).

Mardi 27 avril 2004

Dépôt de gerbe devant le Conseil Général de la Meuse, puis le Tour part à Bure (Meuse), devant le chantier du site d’enfouissement des déchets nucléaires. Animations, pique-nique, musique puis départ vers le moulin de Gourgeon (Haute-Saone) où l’association Adera démontre la réalité et la pertinence des énergies renouvelables.

Mémo : l’enfouissement des déchets nucléaires est un véritable crime contre les générations futures. Tôt ou tard, dans quelques centaines d’années, la corrosion ouvrira les fûts, la radioactivité se libérée. Elle contaminera les nappes phréatiques, trouvera son chemin vers la surface. Pendant des années, la propagande officielle a prétendu que l’enfouissement serait réversible. Les récentes directives européennes confirment nos craintes : les sites d’enfouissement doivent être définitivement refermés. C’est en effet la seule façon de se "débarrasser" au moindre coût de ces déchets (qui vont rester dangereux pour des centaines de milliers d’années) et de continuer à prétendre que le nucléaire est bon marché…

Mercredi 28 avril 2004 : étape de transition jusqu’à Dijon. Contrôle anti-dopage négatif : aucun des participants du Tour ne se dope à l’uranium ou au plutonium !

Jeudi 29 avril et vendredi 30 avril 2004

Dijon et Valduc (Côte d’Or)

Accueil formidable à l’espace autogéré des Tanneries (Dijon). "Tchernobyl now" le jeudi soir, animations, parade, repas populaire suivi d’un débat à la mairie annexe le lendemain. Le vendredi en journée, le Tour se rend devant Valduc, site stratégique pour la fabrication des armes nucléaires françaises. Autant le dire : l’horreur absolue. Un des responsables (si on peut dite) sort du site pour discuter un peu : il prétend travailler… pour la Paix. C’est la seule façon pour ce criminel potentiel (si un jour les armes nucléaires sont utilisées) de s’arranger avec sa conscience…

Samedi 1er mai 2004

Le Tour arrive dans le Jura à Lons-le Saulnier. Pas de site nucléaire particulier mais… le danger nucléaire est immense partout en France et même au-delà de nos frontières (qui n’arrêtent pas la radioactivité, faut-il le rappeler). Défilé, animations, repas, et une belle soirée avec près de 200 personnes pour la diffusion d’un film et la pièce "Tchernobyl now"

Dimanche 2 mai 2004

Le Tour arrive à Valence dans la Drôme, ville où se trouve la Criirad et son laboratoire qui fait des analyses et expertises indépendantes. Autant que le Réseau "Sortir du nucléaire", la Criirad a besoin de votre adhésion pour continuer à faire connaître les réalités de l’industrie nucléaire. Pour la première fois sur le Tour, quelques averses, mais heureusement après le défilé en ville. Le soir, encore un triomphe pour "Tchernobyl now" puis une conférence de Bruno Chareyron, ingénieur de la Criirad, à propos de la mission qu’il a menée il y a quelques semaines au Niger. Stupéfiant !

Mémo : comme on met de l’essence dans une voiture, il faut mettre de l’uranium dans une centrale nucléaire pour qu’elle fonctionne. Nous aurons l’occasion de revenir sur les scandales de la filière de l’uranium, mais occupons nous déjà de l’extraction :

 100 % de l’uranium utilisé par les centrales nucléaires françaises est importé. L’argument de l’indépendance énergétique est donc une invention totale pour "justifier" le nucléaire.

 une bonne partie de cet uranium est extraite au Niger par la multinationale française Areva-Cogéma. Malgré des menaces et la confiscation de ses appareils de mesure, la Criirad a pu démontrer que l’extraction de l’uranium se faisait dans des conditions scandaleuses pour les mineurs, les populations et l’environnement. Les instances nigériennes n’ont aucun pouvoir, aucune capacité de contrôle, la Cogéma se régale…

Lundi 3 mai 2004 : à Pierrelatte (Drôme)

Entrée dans le "Triangle des Bermudes" du nucléaire : Pierrelatte-Cadarache-Marcoule

Le Tour arrive à la mi-journée à Pierrelatte, devant la centrale nucléaire du Tricastin et l’usine Eurodif. Repas, musique, animations. Les militants locaux assemblent une "tour de refroidissement" de trois mètres, en bois. La police est omniprésente, mais reste à distance. En fin d’après midi, arrivée à Pertuis où l’association Médiane nous accueille. Animations, concert avec de formidables artistes locaux (et toujours l’excellent Achille). Nouveau triomphe de "Tchernobyl now", ça devient une habitude, mais ça reste à chaque fois aussi poignant. Débat en présence de notre ami Yannick Rousselet de Greenpeace, grand connaisseur de la filière française du plutonium.

Mémo : Tricastin-Eurodif : l’absurdité nucléaire !
Les quatre réacteurs de la centrale nucléaire du Tricastion fonctionnent presque exclusivement pour alimenter l’usine voisine Eurodif qui prépare… le combustible nucléaire ! Cette production est comptée dans les fameux 78% d’électricité française d’origine nucléaire : quelle absurdité. Par ailleurs, Tricastin fait partie des centrales nucléaires françaises inadaptées au risque sismique, et les installations de Pierrelatte sont menacées d’inondation en cas de problème avec le canal tout proche…

Intermède : voyage en ballon

Devant la centrale nucléaire du Tricastin, j’ai trouvé une petite carte portée jusque là par un ballon, lui-même expédié par les élèves d’une classe maternelle. Comme il était demandé, j’y ai répondu. Voici ce que ça donne :

"Bonjour. Je suis un élève de l’école maternelle de la Crau à Salon de Provence. Mon ballon a voyagé jusqu’à vous et je serais heureux de savoir où il est arrivé. Ecrivez-moi s’il vous plait, ou renvoyez cette carte à mon école. Ecole de La Crau Bel-Air, Chemin de la Chapelle, 13300 Salon de Provence"

"Bonjour. Je m’appelle Stéphane, j’ai trouvé ta carte devant la centrale nucléaire du Tricastin, dans un village appelé Pierrelatte. Une centrale nucléaire est une très grande maison où des gens fabriquent de l’électricité : ça sert à faire marcher des appareils comme la télévision ou la radio, où à allumer la lumière en appuyant sur un bouton. Malheureusement, cette grande maison, la centrale nucléaire, peut exploser et envoyer partout une sorte de poussière très dangereuse qui rend les gens malades. La centrale nucléaire fabrique aussi des choses, les déchets nucléaires, qui rendent aussi les gens malades et durent très longtemps : quand tu sera grand, ces choses seront encore très dangereuses.

Il faut fabriquer de l’électricité pour faire marcher les appareils et allumer la lumière, mais comme beaucoup d’autres gens, je pense qu’il ne faut pas la fabriquer avec la centrale nucléaire. Il y a d’autres choses qui peuvent fabriquer de l’électricité.

Quand tu auras grandi et que tu seras à la grande école, des gens de la centrale nucléaire viendront sûrement dans ta classe. Ils mentiront à tous les enfants pour leur faire croire que la centrale nucléaire n’est pas dangereuse. Il ne faudra pas les croire. Il faut que tous les gens arrêtent de salir la nature pour que tu puisses vivre heureux quand tu seras grand.

Stéphane"

Mardi 4 mai 2004 : Cadarache (Bouches-du-Rhône)

Deuxième site du "Triangle des Bermudes" du nucléaire français. Arrivé en fin de matinée devant l’entrée du site, le Tour de France s’installe pour déjeuner. Barrage filtrant pour donner de l’information aux salariés qui embauchent. Vers 13h, "die-in" : au son d’une sirène, les manifestants se couchent sur les voies d’accès du site. Au bout d’un moment, un gigantesque embouteillage se forme. L’équipe bleu marine (i.e. les gendarmes) commence à devenir nerveuse, laisse entendre que nous allons être responsables de terribles accidents de la circulation. Au bout d’une demi-heure, les véhicules disparaissent comme par enchantement, dirigés vers une autre entrée. Peu importe : il est temps pour nous de lever le camps et de nous rendre à Forcalquier : animations, musique, puis une nouvelle représentation de "Tchernobyl now" devant une salle archicomble : il a fallu refuser du monde !

Mémo : Cadarache. Ce site nucléaire, situé à Saint-Paul-lez-Durance (Bouches-du-Rhône) compte en tout 450 bâtiments sur 1600 hectares. Certaines installations ou entreposages font froid dans le dos :

 cinq tranchées en pleine terre, où sont stockés depuis 30 ans 3000 m² des déchets dont certains sont contaminés par du plutonium. Ils ont probablement ou peuvent encore contaminer la nappe aquifère située quelques mètres en dessous.

 le fameux Atelier de Plutonium de Cadarache : l’autorité de sûreté nucléaire a vainement « exigé » pendant 8 ans (de 1995 à 2003) la fermeture de ce très dangereux atelier (inadapté au risque sismique) où sont manipulées de grandes quantités de plutonium. En juillet 2003, cet atelier a enfin été officiellement fermé. Or, des activités industrielles y sont toujours menées et, pire, Areva va y traiter à partir d’août 2004 du plutonium américain. Incroyable pour une installation… fermée !

 Plusieurs autres installations du site de Cadarache vont continuer à fonctionner jusqu’en 2015 alors même qu’elles sont officiellement inadaptées au risque sismique :

Mercredi 5 mai 2004 : Marcoule (Gard)

Troisième "sommet" du "Triangle des Bermudes" du nucléaire français : Marcoule.

Après un pique-nique particulièrement sympa à Bagnols avec les militants locaux, nous nous rendons devant le centre nucléaire de Marcoule. Comme la veille à Cadarache, nous occupons les voies d’accès. Nous nous en doutions : pour éviter un nouvel embouteillage, le trafic a été détourné préventivement vers une autre entrée. Peu importe : la caravane du Tour déploie ses animations, et le soleil est de la partie. Espérons que ça durera jusqu’à la fin du Tour…

Le soir à Nîmes, belle manifestation en ville et nouveau succès de la compagnie Brut de Béton. Puis Gerd la finlandaise et Kumar l’Indien offrent une dernière fois leurs témoignages avant de regagner leurs pays respectifs. Courage les amis, et sûrement à bientôt !

Mémo : Marcoule. Créé en 1956, Marcoule (Gard) est un immense site (140 ha en bordure du Rhône) exploité par le CEA et la Cogéma. Les activités principales sont la production de combustible nucléaire MOX (contenant du plutonium) et l’exploitation du réacteur expérimental Phénix.

 Mélox, production de Mox - Plutonium, le risque maximal. Le Mox est un combustible nucléaire contenant du plutonium. Sur les 58 réacteurs nucléaires franaçais, 20 sont habilités à recevoir du Mox. Le transport du Mox vers ces réacteurs se fait par camions avec une protection minimale (« pour ne pas attirer l’attention », d’après les autorités). Un incident grave à Mélox ou au cours d’un des innombrables transports pourrait causer la mort de centaines ou même de milliers de personnes.

 Phénix : des disfonctionnements jamais expliqués ! L’histoire du réacteur de recherche Phénix est ponctuée par des arrêts en raison de fuites et "petits" feux de sodium, ainsi que de baisses anormales de réactivité dans le cœur que les chercheurs n’ont jamais réussi à expliquer. Pourtant, le 5 juin 2003, l’Autorité de sûreté nucléaire a autorisé le redémarrage de Phénix… aux deux tiers de sa puissance nominale. Sera-ce suffisant pour éviter un drame ? Phénix pourrait fonctionner ainsi, en dépit du bon sens, jusqu’en 2008.

Jeudi 6 mai 2004 : parc éolien d’Avignonet

Mémo : Novembre 2003 - Synthèse du sondage de l’Institut CSA commandé par la région Languedoc-Roussillon :"92% des touristes interrogés sur 25 sites en pleine période touristique considèrent l’utilisation des éoliennes comme « une bonne chose ». Seulement 16% estiment qu’elles « dégradent le paysage ». Les touristes qui ont des éoliennes y sont nettement plus favorables que ceux qui n’en ont pas vu." Est-il besoin d’en rajouter ?
Notons encore que l’Allemagne produit désormais l’équivalent de 6 réacteurs nucléaires rien qu’avec les éoliennes. Il y a 75 fois moins d’éoliennes en France qu’en Allemagne, et celle-ci pays n’a pas disparue...

Contact : stephane.lhomme@wanadoo.fr 06 64 10 03 33

La suite sur www.sortirdunucleaire.org

Grande manifestation finale samedi 22 mai, départ 15h, place de la cathédrale à ROUEN (près du site de Penly, favori pour recevoir le nouveau réacteur EPR)