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L’USTKE fait salle comble à Paris

Publie le mercredi 23 avril 2008 par Open-Publishing

L’Union syndicale des travailleurs kanaks et exploités (USTKE) organisait un meeting le 21 avril à Paris en soutien à 23 de ses militants condamnés par le tribunal correctionnel de Nouméa à des peines de prison.

de Timothy Mirthil

L’organisation kanak a pu compter sur la présence d’éminents syndicalistes comme José Bové ou Alain Mosconi (STC).

Les militants de gauche sont venus en masse hier soir à la Bourse du travail à Paris pour soutenir les syndicalistes calédoniens de l’USTKE. Hier matin 23 d’entre eux ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Nouméa à des peines de prison allant de 6 mois à 1 ans avec, pour certains, de la prison ferme. Quant au président, Gérard Jodar, il a écopé de douze mois de prison dont six mois ferme. Ces condamnations font suite à douze heures d’affrontements qui avaient opposé à Nouméa le 17 janvier dernier, les forces de l’ordre aux adhérents de l’USTKE, dans le cadre d’un long conflit à la société de transport urbain, Carsud, filiale de Véolia. Manifestations lors desquelles Gérard Jodar n’était pas présent.

Entre la diffusion sur grand écran de petits films amateurs sur les affrontements du 17 janvier et la mobilisation des militants contre la répression, se sont succédés à la tribune des syndicalistes et des politiques, assurant leur plein soutien. Jacky Foureau de la CGT a, dans un premier temps, exposé l’histoire du syndicalisme radical sur le Caillou et expliqué ensuite quelle était sa ligne. Le syndicaliste a également évoqué la situation actuelle : « Avec l’élection de Nicolas Sarkozy, la droite coloniale a été très décomplexée et la répression s’abat. Et elle n’est pas nouvelle (...) La violence a toujours été du côté du pouvoir colonial et du patronat local ».

Plus tard Raphaël Mapou du Rheebu Nuu a longuement rappelé les enjeux économiques, sociaux et syndicaux du pays : « Combat autochtone et combat syndical, il s’agit d’abord de former les nouvelles générations car les partis politiques traditionnels n’ont pas eu ce souci de former et de l’impliquer sur un combat, une pratique militante de tous les jours. » Il a aussi expliqué au public l’importance du nickel sur le territoire et comment le précieux minerai se trouvait au centre d’intérêts divergents.

Dans un discours bref et concis, Olivier Besancenot le porte parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a déclaré : « Les camarades de Kanaky ont besoin de cette solidarité qu’on avait pu faire entendre il y a pas mal d’années (...) Dès qu’on touche aux intérêts de la mondialisation, ce qu’ont fait les camarades de l’USTKE, et bien ça réprime et ça réprime dur (...) Tout le symbole de la journée d’hier où la classe politique à l’unisson, avec monsieur Sarkozy en tête, s’est rassemblée pour célébrer la mémoire d’Aimé Césaire. Et le même jour on a cette peine inacceptable, révoltante, avec des peines de prison ferme. L’Etat colonial sévit et sévit dur. »

Ce fut ensuite au tour d’Alain Mosconi, secrétaire national pour la section « Marins » du Syndicat des travailleurs corses (STC), de prendre la parole pour expliquer : « La diversité, la diversité culturelle, la diversité ethnique, c’est autant de richesses qui appartiennent à l’Universel, qui appartiennent à l’Humanité. » Comparant la situation de la Kanaky et celle de la Corse, il a évoqué les liens unissant les deux îles.

« C’est eux et nous, au-delà de nos pigmentations respectives, dans un même combat. Hier, ils peuvent en témoigner, aujourd’hui, de par ma présence, et demain, tant que nos peuple n’auront pas reconquis le droit à vivre libres sur leur terre, à définir eux-mêmes un schéma économique et social en tenant compte de leur culture, de leur environnement, de leur démographie et bien nous serons contraints de nous inscrire dans un schéma de résistance pour que nos enfants n’aient pas à le faire à noter place ! ».

Après des applaudissements nourris, ce fut à José Bové de monter à la tribune. Ce dernier, qui avait soutenu le syndicat lors de la campagne présidentielle de 2007, a déploré la « justice à deux vitesses » en Nouvelle-Calédonie puis a dénoncé le non respect des accords Oudinot par la droite locale. « L’USTKE sont les seuls fidèles à la parole qui a été donnée. Il y a eu un accord, une négociation, l’Etat français ne le respecte pas mais la droite colonialiste à Nouméa le respecte encore moins ! (...) La solidarité en Kanaky s’organise au delà des différentes branches et à partir de là, les gens sont forts parce qu’ils peuvent aller jusqu’au bout. C’est ça le message de l’USTKE ! ».

Corinne Perron, représentante du syndicat en France, a conclut la rencontre en remerciant les intervenants pour cette mobilisation et en appelant de nouvelles actions le 7 mai face à l’entrée de l’Assemblée générale des actionnaires de VEOLIA à la Grande Arche de la Défense pour "exiger des négociations et l’arrêt des poursuites contre les syndicalistes".

http://nouvellecaledonie.rfo.fr/article365.html