Accueil > Scénario catastrophe craint à Cannes
La semaine prochaine, la Croisette sera-t-elle subermergée par la vague de colère des intermittents ?
La direction du célèbre festival tente d’éviter le pire.
Des artistes montant les marches du Palais des festivals sous les sifflets. Des ministres hués en public. Des vedettes qui se joignent à la mobilisation et fustigent la politique culturelle du gouvernement Raffarin. Des cocktails, fêtes et réceptions tenus sous la haute protection des CRS. Toutes les affiches de cinéma de la ville taguées. Des manifestations. De la casse. Des bavures. La cohorte des mécontents de tout l’Hexagone qui descend sur Cannes : intermittents, « recalculés » du chômage, enseignants, activistes antipub, altermondialistes. Des plateaux de télé envahis en direct. Des projections interrompues par des coupures de courant manigancées par les électriciens d’EDF en colère. Les cérémonies d’ouverture et de proclamation du palmarès perturbées sous l’oeil des caméras du monde entier.
C’est le scénario catastrophe pour le prochain festival international de cinéma de Cannes, qui se déroule du 12 au 23 mai prochains. Et il est déjà dans toutes les têtes, sur la Croisette comme à Paris.
Pour tenter d’éviter le pire, la direction du festival fait les yeux doux aux intermittents. Ces dernières semaines, elle a bien précisé n’employer aucun employé sous ce statut parmi les 1500 membres de son personnel, et a jugé légitime leur revendication que soit remise en cause la réforme de leur régime d’assurance chômage. Vendredi, un pas de plus en leur direction a été franchi. Le président du festival et sa directrice générale ont confirmé que « des modalités d’expression » seraient proposées aux intermittents, « pour que les débats puissent avoir lieu sans perturber le bon déroulement de la manifestation et la réception des équipes de films invitées ».
« Du grabuge » annoncé
Les intermittents se contenteront-ils de ces tribunes qui, on l’imagine, seront très encadrées ? Rien n’est moins sûr.
Leur coordination a d’ores et déjà lancé un « appel à occuper la ville-entreprise Cannes » pendant dix jours. Le syndicat des artistes musiciens a promis « des expressions fortes » pendant toute la durée du festival. Le syndicat communiste CGT, qui veut faire du festival un lieu « d’expression et de lutte sociale pour tous les professionnels », promet « du grabuge » et menace : « Il y a des gens qui ont des choses à dire et qui ne vont pas se gêner pour le faire. Cannes va très mal se passer ». La municipalité a réquisitionné des centaines de policiers. Des cinéastes comme Bertrand Tavernier ont apporté leur soutien à des « happening » spectaculaires. Et les manifestants ont déjà réservé des cars par dizaines pour converger vers la cité balnéaire.
Manifestement, les appels à la raison - et les menaces à peine voilées de rétorsion - lancés par le nouveau ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, et par le Premier ministre Raffarin lui-même n’ont pas été entendus.
http://www.lalibre.be/article.phtml?id=5&subid=587&art_id=165601
Messages
1. > Scénario catastrophe craint à Cannes, 11 mai 2004, 15:12
LETTRE OUVERTE A MR CHEREQUE
par Charles Hoareau
J’ai cru comprendre en lisant la presse que vous étiez inquiet au
sujet de l’équilibre financier de l’UNEDIC, suite à la décision de
Marseille.
Je tiens à vous rassurer : n’ayez aucune inquiétude.
Peut être dans votre désarroi n’avez vous pas pu prendre connaissance
des attendus du jugement ?
Je vous en livre un extrait : « il apparaît que le résultat financier
de l’assurance chômage était particulièrement excédentaire (excédent
de 1,3 milliard d’euros en 2000, estimation de 220 millions d’euros
en 2001). Ce n’est qu’à la suite d’une réduction volontaire des
cotisations patronales et salariales constituant ses recettes,
intervenue postérieurement, que le régime d’assurance chômage est
devenu déficitaire. »
Vous voyez, comme le disent les juges, il suffit de revenir au taux
de cotisation antérieur et le déficit disparaît. D’ailleurs cela a
été confirmé sur les ondes de France Inter où quelqu’un disait que la
réintégration dans leur droits de tous les recalculés coûterait 1
milliard d’euros. Tout va bien ! il resterait même 300 millions pour,
par exemple, rétablir le fonds social que « dans son inquiétude »
Nicole Notat nous avait enlevé.
A la réflexion, je me dis que si vous aviez eu le temps de prendre
connaissance de ce problème de cotisations votre inquiétude d’alors
ne vous aurait pas contraint à signer un accord mauvais sur les
retraites. Pensez donc, « Les Comptes de La Nation », publication que
l’on ne saurait taxer de partialité ou d’inexactitude, indiquent au
chapitre IV : Financement de la protection sociale, que la baisse des
cotisations entre 1990 et 2000 représente 2% du PIB soit 30 milliards
d’euros par an ! Et encore je vous passe le rapport FRIOT qui a mis
en évidence que, dans un pays comme la France où la richesse double
tous les 40 ans, il y aurait aujourd’hui de quoi indemniser tous les
chômeurs (seuls 4 sur 10 le sont) et qu’il y aura dans 40 ans encore
plus d’argent pour financer les retraites.
Donc soyez rassuré.
Pour être franc avec vous je dois vous avouer que moi aussi j’ai mes
inquiétudes.
Quand, un des 35 de Marseille, radieux depuis jeudi, chômeur
recalculé de plus de 55 ans, m’a dit en janvier « si ça continue je
vais me pendre », quand un chômeur breton a écrit à l’Huma pour dire
qu’il allait se suicider dans une ASSEDIC, quand une chômeuse du nord
a fait une grève de la faim.j’étais très inquiet. Et vous ? Où étiez
vous ? On ne vous a pas entendu.
Il faut croire que nous n’avons pas les mêmes inquiétudes.
A la Ciotat, où le comité chômeurs 13 est né, on a connu un ministre
du « déménagement du territoire » nommé Chérèque, s’opposant à la
réouverture du chantier naval au nom des choix européens. « Il faut
passer à autre chose » disait-il. 15 ans et plusieurs marées noires
après La Ciotat ne construit toujours pas de pétroliers double coque
et compte toujours autant de chômeurs. Je ne sais si l’adage tel
père, tel fils est juste, mais j’en viens à me dire que l’autisme
social est une maladie héréditaire.
Charles Hoareau
Le 18 avril 04