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Birmanie : La junte entrave l’intervention onusienne

Publie le mercredi 7 mai 2008 par Open-Publishing
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Birmanie : La junte entrave l’intervention onusienne

Le Temps, 7 mai 2008

par Alain LALLEMAND

Une vague de 3,5 mètres, a emporté quelque 63000 personnes dont 22464 sont officiellement décédées. Le bilan définitif du cyclone Nargis qui s’est abattu sur la Birmanie dans la nuit de vendredi 2 mai à samedi 3 mai pourrait, selon Save The Children, dépasser 50000 morts. Les télécommunications sont hors service depuis vendredi 2 mai 2008 au soir. On constate la destruction des routes et des ponts d’un pan entier du pays, laminé par un tel raz de marée que les photos satellites de la NASA montrent une côte maritime dont le dessin s’est modifié. L’histoire bégaye. Comme à Aceh, en Indonésie, en décembre 2004, après le tsunami, le pouvoir birman a reçu de l’étranger, notamment de l’Inde, les messages d’alerte qui annonçaient, dès jeudi 1er mai 2008, l’arrivée prochaine du cyclone Nargis. Et, répétant le drame indonésien, la junte n’a pas pu -pas voulu ?- en tenir compte.

Mardi 6 mai, comme ce fut le cas, à Sumatra, il y a plus de trois ans, une seconde vague monte vers la ville sinistrée de Rangoon : celle des déserteurs, fonctionnaires et militaires qui, malgré l’interdiction formelle de quitter leur poste avant le référendum constitutionnel de samedi 10 mai 2008, ont choisi de défier le pouvoir en place et de courir au secours de leurs proches, de leur famille. Au ministère de l’Education, les abandons de poste s’effectuent « avec l’approbation tacite des supérieurs », note le quotidien Irrawaddy. Nos confrères birmans révèlent que du personnel militaire, dont certains officiers peu gradés, a bravé les probables sanctions disciplinaires et déserté un dépôt de la nouvelle capitale, Naypyidaw, située à 320 kilomètres au nord de Rangoon. Ce mouvement spontané est compréhensible : pour rappel, Naypyidaw, cœur du régime, est une ville artificielle, construite de toutes pièces et imposée aux fonctionnaires en novembre 2005. Les familles de ces individus, leur histoire, reste cependant enracinée à Rangoon. Or ils n’en reçoivent plus aucune nouvelle depuis cinq jours.

Ces désertions trahissent deux autres choses : d’une part, le manque de confiance inquiétant des fonctionnaires dans leurs propres secours publics ; d’autre part, la fragilité objective de la junte qui, dans l’immédiat, doit ignorer de quels services publics, de quelles unités militaires elle dispose vraiment. Ainsi, la Birmanie traverse à son tour ce vide de pouvoir, cet appel d’air qui, à Aceh, a imposé, en neuf mois, la fin de la guerre et une révolution sans coups de feu. Cet enjeu à peine crypté peut expliquer pourquoi la junte a, depuis lundi 5 mai, largement ouvert ses frontières à l’aide bilatérale d’urgence des pays « amis » et voisins -Thaïlande, Inde, Chine- mais obligeait encore, mardi 6 mai 2008, les « équipes d’experts étrangers [venant en Birmanie] à négocier avec le ministère des Affaires étrangères et les plus hautes instances », dixit le ministre birman de la Protection sociale.

Deux bâtiments de la marine indienne devraient atteindre Rangoon mercredi 7 mai et commencer à distribuer leur aide d’urgence. L’armée thaïlandaise a expédié des rations alimentaires vers la Birmanie, et la Chine voisine a promis une aide d’urgence substantielle, à hauteur d’un million de dollars. En revanche, la première offre américaine d’aide d’urgence est restée sans grand effet, la junte insistant sur le contrôle des experts américains envoyés dans leur pays. Les Nations Unies ne sont guère mieux loties : le Programme alimentaire mondial (PAM) a éprouvé, mardi 6 mai 2008, des difficultés persistantes à obtenir les visas requis pour ses experts venus de l’étranger, et ce n’est qu’en toute fin de journée, quatre jours après le début du sinistre, que Genève a pu annoncer un déblocage fragmentaire de la situation : avec l’aide de MSF-Pays-Bas, trente tonnes d’aide alimentaire ont commencé à être distribuées dans la zone de Rangoon, sur base des stocks du PAM prépositionnés dans le pays. Une première évaluation du PAM parle pourtant de dégâts « terribles » et d’un « défi logistique énorme ». L’Organisation mondiale de la santé (OMS) craint, pour sa part, des vagues de malaria, troubles respiratoires, diarrhées. Si la Birmanie ouvre ses portes, c’est un nouveau « tsunami de l’humanitaire » qui s’annonce : les principales offres d’assistance viennent de l’Union européenne (2 millions d’euros) et des Etats européens (plus de 5 millions d’euros) ainsi que du Canada. Mais la Birmanie sera-t-elle prête pour cette « autre vague » ?

Alain LALLEMAND

http://www.interet-general.info/article.php3?id_article=10823

Messages

  • De la même façon qu’en Louisiane les Etats-Unis n’étaient pas prêts à accepter l’aide médiclae du Venezuela et ne l’ont pas laissée entrer.

  • Birmanie Après le cyclone Nargis, la culture du riz menacée

    LEXPRESS.fr
    mardi 6 mai 2008, mis à jour à 17:06

    Le cyclone meurtrier Nargis qui a dévasté le sud de la Birmanie a inondé la principale région rizicole du pays. Ce qui pourrait menacer des exportations censées compenser des pénuries dans d’autres pays d’Asie comme le Sri Lanka et le Bangladesh.

    Les inondations qui ont frappé les rizières dans le sud de la Birmanie, à la suite du passage du cyclone Nargis, pourraient entraîner sur le long terme une insécurité alimentaire. Non seulement pour la Birmanie mais aussi pour d’autres pays pauvres.

    Parce que les inondations et des routes impraticables ont rendu plusieurs régions inaccessibles, il est à ce stade impossible d’évaluer l’étendue des dégâts sur la production agricole causés par le cyclone Nargis qui s’est abattu sur la Birmanie dans la nuit de vendredi et samedi, faisant plus de 22 000 morts et 41 000 disparus, selon un dernier bilan officiel.

    Des terres lessivées

    Mais "les précipitations et la vague de 4 mètres qui ont touché notamment le delta de l’Irriwaddy ont lessivé les terres", affirme déjà Antoine Petibon, responsable Moyen-Orient Asie Pacifique à la direction des relations et des opérations internationales de la Croix Rouge, interrogé par LEXPRESS.fr.

    Un phénomène qu’il compare à celui du tsunami de 2004 qui avait touché notamment l’Indonésie ou l’Inde. "Les terres, salines, n’étaient plus cultivables. C’est un vrai problème pour l’avenir agricole de la région".

    Risque pour la Birmanie et pour la région

    Or, d’après un porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), Paul Risley, toute interruption ou perturbation dans l’offre de riz pourrait être désastreuse. "Cette année, alors que d’autres pays d’Asie du Sud-Est ont imposé des interdictions d’exportation ou réduit leurs exportations de riz, la Birmanie a commencé à exporter vers le Sri Lanka et le Bangladesh", explique-t-il à l’AFP.

    Le Sri Lanka, comme le Bangladesh, où une partie de la production rizicole avait elle-même été détruite par un cyclone en novembre, ne produiront eux-mêmes pas assez de riz en 2008 pour subvenir à leurs besoins.

    Les deux pays, qui ont vu les prix du riz respectivement grimper de 55% et doubler en un an, s’étaient tournés vers la Birmanie, l’un des pays les plus pauvres et isolés du monde, pour résoudre leur problème de pénurie.

    Avant que le cyclone ne s’abatte sur le pays, l’Organisation des Nations Unies pour pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estimait que la Birmanie pourrait exporter jusqu’à 500 000 tonnes de riz cette année.

    Mais "à long-terme, il y a des inquiétudes sur la capacité de la Birmanie à rester auto-suffisante et également à continuer à remplir ses engagements envers d’autres pays", estime Paul Risley.

    Les conséquences seraient d’autant plus graves que la population de ces pays, souvent pauvre, se démène déjà pour faire face à la flambée mondiale des prix du riz.

    http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=470985&xtor=RSS-96