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Histoire de "L’Humanité". Bref survol historique

Publie le mardi 20 mai 2008 par Open-Publishing
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- Quand Jaurès fonde l’Humanité, le 18 avril 1904, son ambition est de créer un journal socialiste indépendant, n’appartenant à aucun des courants du mouvement ouvrier français qui s’unifieront un an au plus tard. Sa manchette porte l’appellation de " journal socialiste quotidien ". Jamais le journal n’appartiendra à la SFIO, (qui éditera son propre quotidien) bien qu’une crise financière grave, deux ans après sa fondation, l’amène à s’appuyer beaucoup plus sur les différentes tendances socialistes.

 Pendant les 10 ans qui vont de sa naissance à la 1ère Guerre Mondiale, l’Humanité s’affirme comme le grand quotidien représentant le mouvement ouvrier, syndical ou politique. Dès sa création, l’Humanité, animée par une pléiade d’intellectuels et d’écrivains engagés, affirme nettement ses ambitions culturelles et littéraires. Les plus grands noms des lettres françaises, d’Anatole France à Jules Renard en passant par Octave Mirbeau, y écrivent des critiques, des chroniques, des nouvelles. En août 1914, Jaurès tombe sous les balles du belliciste Villain.

 L’Humanité, suivant les socialistes français, soutient les gouvernements d’union nationale. Les années de l’après-guerre seront dominées par les débats issus de ce ralliement. Dans toute l’Europe, le mouvement ouvrier se fracture entre partenaires et adversaires de la révolution de 1917.

 En France, le Congrès de Tours consomme la fracture entre la majorité de la SFIO, qui décide d’adhérer à l’internationale communiste fondée sur l’initiative de Lénine et la minorité. L’Humanité devient "journal communiste" le 8 avril 1921, et gardera cette appellation jusqu’en février 1923, où apparaissent la faucille et le marteau ainsi que la mention " organe central du Parti Communiste ". Marcel Cachin, directeur depuis la fin de la guerre, est confirmé à cette fonction qu’il occupera jusqu’en 1958.

 Les années 20 voient les luttes politiques s’exacerber, et le parti communiste se trouve de plus en plus isolé. L’Humanité, toujours vulnérable, faillit ne pas survivre à la chute de la " Banque Ouvrière et Paysanne ". En 1929, la création des " Comités de Défense de l’Humanité " permet de desserrer l’étau : c’est le début de la longue tradition de vente militante. Dans la foulée, la première fête de l’Humanité se tient en septembre 1930, à Bezons.

 C’est avec le Front Populaire que l’Humanité connaît vraiment un réel essor. Cette période faste pour la presse politique vit d’ailleurs la naissance d’un " petit frère ", selon l’appellation de l’époque : " Ce soir " confié à Aragon qui était depuis 1934 journaliste à l’Humanité. La diffusion fait un bond, les plus grands intellectuels et artistes collaborent à l’un ou l’autre, pour le soutien aux grévistes en 36, aux républicains espagnols, aux antifascistes européens. L’embellie sera de courte durée.

 En août 1939, l’Humanité est saisie et interdite, à la suite du pacte germano-soviétique. De 1939 à 1944, plus de 300 numéros clandestins seront diffusés. Parmi ses rédacteurs, Gabriel Péri, chef du service international, et Lucien Sampaix, secrétaire général, seront fusillés.
* Le 21 août 1944, l’Humanité quitte la clandestinité, avant même la libération de Paris. Imprimée sur une feuille recto verso, elle coûte deux francs. La Libération et les années qui l’ont suivie représentent pour l’Humanité une période d’exceptionnel rayonnement. La guerre froide, l’éviction des ministres communistes du gouvernement en 1947 mettent fin à l’euphorie. Dès 1948, l’Humanité connaît ses premières saisies avant la guerre.

 La création de l’Humanité Dimanche, le 3 octobre 1948, ancre la diffusion du journal dans les quartiers populaires. L’Humanité n’en subit pas moins les contrecoups des turbulences de l’Histoire : guerre froide, guerres coloniales, déstalinisation : sa courbe de diffusion est ainsi un sismographe de la vie politique française.

 Elle parvient néanmoins à conserver ses atouts, se rend propriétaire de son siège, est présente sur tous les fronts, culturels et aussi sportifs : Cross de l’Humanité, Grand Prix sur Piste, Boucles de la Seine..

 Elle accompagne, cependant, et parfois précède les évolutions de la presse parisienne : de l’Offset en 1977 à la saisie des textes par les rédacteurs en 1989, une décennie de bouleversements techniques et sociaux marque son existence, comme celle de la profession, notamment l’impression en fac-similé en province, la photocomposition, le passage au tabloïd en 1985.

 En 1989, l’Humanité est à la croisée des chemins. Le " Quotidien de Paris ", qui assurait la rentabilité de son impression, a disparu. Les capacités d’impression de la presse parisienne sont excédentaires, le matériel doit être renouvelé, l’immeuble, vétuste, câblé : l’Humanité s’installe à Saint-Denis, fait construire un immeuble moderne dans une commune dont le développement est encore manifeste aujourd’hui.

 En avril 1990, l’Humanité-Dimanche fait le choix d’une formule magazine qui connaît la réussite, mais dont le succès s’érode vite. Une rénovation, en novembre 1997, ne suffit pas à enrayer un mouvement de baisse, notamment de la diffusion militante.

 En 1999, la fusion des deux titres, l’Humanité et Humanité Hebdo, malgré une brève embellie, ne réussit pas à inverser la tendance.

 En 2000, des décisions de transformation radicale de la structure et du capital de l’Humanité sont prises. En mai 2001, aux Assises de l’Humanité, à.l’issue d’un processus de redressement d’une sitution difficile, La Société des lectrices et lecteurs, la Société des Amis de l’Humanité, la Société du Personnel et la Société Humanité Investissement Pluralismes entrent dans le capital de l’Humanité.

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