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Exposition Babylone au Louvre : derniers jours ! (+ doc video, 52’)

Publie le samedi 31 mai 2008 par Open-Publishing

Site du Louvre

La plus ancienne référence textuelle évoquant Babylone remonte à l’époque des dynasties archaïques de Sumer ; en akkadien ancien, le gouverneur d’un lieu appelé Bar-bar (retranscription phonétique de Ba(b)bar ou Ba(b)bal, probable écriture ancienne de Babylone) se décrit comme le constructeur du temple du dieu Marduk. Vers 2500 avant J.-C., il existait donc vraisemblablement une ville, siège d’une principauté, peuplée par des Akkadiens ; nous n’en savons pas plus, puisque ces niveaux anciens de Babylone sont inaccessibles aux fouilles archéologiques. Ce temple dont il est question était probablement situé sur la rive Est, la rive gauche de l’Euphrate, lieu des ruines actuelles ; c’est là que furent retrouvés les vestiges d’Esagil (le temple de Marduk) de l’époque néo-babylonienne ; la localisation privilégiée d’Esagil et le poids de la tradition permettent de penser que ce premier temple de Marduk devait se trouver en dessous ou tout proche.

Le nom de Babylone apparaît trois cents ans plus tard, sur une tablette d’argile, écrit par les idéogrammes sumériens KÁ.DINGIR.KI, à lire en akkadien : bāb-ilu ou bāb-ilim : ce qui signifie « Porte de dieu/des dieux ». Dans ce document, il est question de la construction de deux temples à Babylone, temples jumeaux, faisant partie d’un même ensemble, dédiés à deux divinités guerrières, Anunîtum fille du dieu-Lune, et le dieu akkadien Il-aba : « Année dans laquelle Sharkalisharri posa les fondations du temple d’Anunîtum et du temple d’Il-Aba, à Babylone... ».

Cent ans après, à l’époque de la IIIe Dynastie d’Ur (l’empire sumérien d’Ur III) –entre 2100 et 2000 avant J.-C. environ-, nos informations sur la ville deviennent plus nombreuses sans être cependant très abondantes. Des documents administratifs mentionnent Babylone, siège d’un gouverneur de l’empire d’Ur ; les fonctionnaires portent des noms akkadiens et appartiennent à l’aristocratie locale. Capitale provinciale, Babylone verse des offrandes au temple de Nippur, le sanctuaire fédéral de Sumer, dédié au dieu Enlil, le roi des dieux.

Après la chute d’Ur, on ne connaît presque rien de Babylone pendant cent ans (de 2000 et 1890 avant J.C.). La situation politique en Mésopotamie, à la fin du XXe siècle avant J.C., est marquée par un affaiblissement de la force et des influences politiques de la dynastie d’Isin ; certains chefs de tribus amorrites sédentarisées tirent avantage de la situation et se saisissent des villes de la Babylonie du nord ; le chef de l’un de ces groupes, Sumu-la-El, prend possession de Babylone en -1894 ; c’est probablement son successeur , qui fonda, vers -1880, la première dynastie de Babylone.

Les grands souverains d’Akkad, Sargon et Naram-Sin, son petit-fils, allaient rester les modèles ultérieurs du roi héroïque. La représentation de Naram-Sin, à la tête de ses troupes, lors de sa victoire contre les montagnards du Zagros sur sa stèle de victoire, inspira l’attitude et le costume militaire des souverains conquérants ultérieurs : un vêtement court avec un long pan tombant. Les stèles de victoire royales paléo-babyloniennes sont inspirées de l’héroïsme de l’Empire d’Akkad et la position des bras et des armes du roi d’Akkad est la même que celles du roi héros guerrier représenté sur les sceaux paléo-babyloniens.

L’iconographie du roi dans l’exercice de ses fonctions officielles remonte à l’époque de la renaissance sumérienne de la IIIe dynastie d’Ur. Si l’attitude de respect et d’attention à la divinité existe de toute antiquité, le vêtement long et drapé, ouvert sur le devant et laissant l’épaule gauche découverte, fut imposé dans l’iconographie royale à la fin du IIIe millénaire. Il est porté par le prince Gudéa de Lagash (vers 2120 avant J—C.) , qui fut un modèle du souverain sage et pacifique. Le souverain porte sur la tête une sorte de bonnet à large bandeau, posé bas sur le front. Ce costume – manteau long et couvre-chef - caractérise la pérennité de la fonction royale mésopotamienne.

D’autres modèles relèvent de l’iconographie sumérienne liée à une fonction royale essentielle : celle du roi bâtisseur et l’on peut y voir l’origine du motif des insignes du pouvoir : le bâton et le cercle qui occupe le centre du bas-relief figuré au sommet du « Code de Hammurabi ». A la fin du IIIe millénaire, Gudea porte, comme des éléments essentiels de la cérémonie de fondation des temples, un piquet de bois et une corde d’arpentage enroulée.

Ces mêmes instruments sont transmis au roi par la divinité - dans une iconographie dont s’inspirera le sculpteur de la scène figurée au sommet du code de Hammurabi -, sur une grande stèle de calcaire, érigée par un roi de la troisième dynastie d’Ur. On y voit le dieu d’Ur, la Lune : Nanna/Sin, assis sur son trône, portant dans la main gauche un instrument utilisé pour creuser la terre lors des fondations, une sorte de houe ou d’herminette. Il tient, dans la main droite, un bâton ou piquet et une corde serrée et enroulée formant un cercle. Il tend ces instruments au roi, reconnaissable à son bonnet et à au vêtement, représenté en train de faire une libation. La barbe longue apparaît alors comme signe distinctif du pouvoir. Le roi Ur-Namma, le fondateur de l’empire d’Ur III, le dernier royaume sumérien, et qui est très probablement le souverain qui a dédié cette stèle où il est représenté lors de la construction du temple et de la ziqqurat d’Ur, fut l’auteur du plus ancien "Code", ou grand recueil juridique connu, préfigurant donc de plus de deux cents ans celui de Hammurabi.

Sur le sommet d’une stèle cintrée, en calcaire, dont le traitement stylistique et iconographique permettent de dater la sculpture de la fin du IIIe ou du tout début du IIe millénaire, la scène conservée est de nature semblable à celle qui est figurée sur la stèle d’Ur-Namma d’Ur, qui dépeint le roi versant une libation devant un dieu assis ; la plante arrosée est un palmier ; le dieu est vraisemblablement le dieu-Soleil dont le disque radié domine la scène. Il tient le bâton et le cercle, mais il ne s’agit plus d’une représentation réaliste d’un piquet et d’une corde mais une baguette et un cercle, un anneau, tels qu’ils sont représentés au sommet du Code, en tant qu’insignes du pouvoir. Le rituel de libation évoque le roi dans son rôle de garant du maintien de la fertilité du pays. La composition générale de la scène, proche de celle qui orne le sommet du Code de Hammurabi, et l’association du roi et du Soleil, suggèrent qu’il pourrait s’agir d’un monument en relation avec l’administration de la justice, tel un modèle iconographique et peut-être littéraire pour la stèle des lois de Hammurabi.

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Informations pratiques

Hall Napoléon

Ouvert tous les jours, de 9 h à 18 h, sauf le mardi.
Nocturnes jusqu’à 22 h les mercredi et vendredi.
Nocturnes exceptionnelles jusqu’à 20 h le samedi.

DERNIERS JOURS : nocturnes supplémentaires du jeudi 22 mai au dimanche 1er juin, jusqu’à 22 h, sauf le jeudi 29 mai.

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