Accueil > Le locuteur est un enculé et le locuté est électrifié

Le locuteur est un enculé et le locuté est électrifié

Publie le mercredi 4 juin 2008 par Open-Publishing

On devrait nommer mythomanie le fait d’accuser autrui de ce dont il n’est pas responsable.
Mais si ce caractère lui a été imposé par la force, du coup il sera préférable de nommer cela du cynisme.
Et si enfin ce caractère est imposé par le locuteur lui-même, alors dans ce cas on dira que c’est de la folie.

Dans tous les cas il s’agit d’une forme de folie mais au fur et à mesure qu’on incrémente ce qui fait contexte à une condamnation, on voit défiler tout un spectre de la folie, ainsi nommée seulement à la fin.

Dans tous les cas le locuteur est un enculé, mais regardons plutôt l’effet induit chez le locuté.
Il ne s’agit pas pour lui d’aboutir à ces conclusions pragmatiques sur un ton dépassionné, ces conclusions, sont le fruit de l’analyse d’après-guerre. Ce sont des commentaires, ou même, les dénominations les plus parlantes de l’analyse.

Quand un tel commentaire est le produit de toutes les directions prises par la pensée depuis l’émission de la bêtise, forcément il se place de façon extérieure et englobante à ce qu’il veut décrire.
Ceci est le fruit de la pensée et de la conscience.

Mais précisément ceci était aussi utilisé comme arme au moment de l’émanation défectueuse, un discours ou une politique, basés sur des conceptions fallacieuses.
Car quand l’orateur débile affirme ses accusations, la première posture dans laquelle il se positionne pour pouvoir clamer son verbiage est toujours celui d’une lourde distanciation, vécue par lui-même comme une externalisation d’ordre scientifique et atemporelle.
Alors que cette distanciation, en réalité, ne peut s’affranchir du temps auquel elle appartient, et encore moins de la débilité du cerveau dans laquelle elle a été conçue.

De même, l’orateur lui-même aura toujours du mal à admettre sa propre débilité, alors pourtant qu’avec le temps il est possible qu’il finisse par y consentir.
Le syndrome du "j’ai changé" est précisément un genre de posture morale qui admet sa précédente débilité, et qui pense qu’il suffit d’y mettre de la distance pour se croire dans un abris tel que serait celui de l’externalisation.

-

Revenons à l’effet produit sur le locuté, électrocuté par des paroles futiles. Comment cela se fait-il ?
Eh bien logiquement, tel que nous l’avons vu, le locuteur se croit extérieur, c’est à dire qu’il ne l’est pas en réalité, ce que le locuté voit très bien, et précisément, c’est ça qui l’effraie.

En voyant la frayeur du locuté, le locuteur n’hésite jamais à en rajouter une couche, pensant ainsi enfoncer le clou, en faisant tomber le sabre de son autorité sur le locuté.

Les gens, eux, sont du côté du vainqueur.
Mais comme le vaincu est en réalité dans le même camp que celui où croient ne pas être les accusateurs et leurs subordonnés, il s’avère que le coup peut être analysé, selon une vraie posture extérieure, comme un coup asséné à soi-même.

En vérité à chaque mensonge, chaque accusation fallacieuse, chaque coup porté même au travers des sous-entendu revêt une énergie-virus, qui prouve qu’elle est à l’œuvre, prête à se glisser partout où la réflexion et l’humanisme n’aura pas été établir le domaine de son étude morale et dépassionnée.

C’est tels des émissaires de l’intelligence que les aventuriers doivent diriger leur focus sur les problématiques les plus porteuses de désordre. De la même manière qu’il y a la croix rouge pour la médecine, la croix bleue pour l’alimentation, il faudra encore aussi une croix verte pour les analystes envoyés par les Sages, employés à ordonner les énergies à l’œuvre.

-

On peut nommer mensonger le fait qu’un propos soit tenu en se plaçant dans un contexte pour lequel il n’a pas été conçu.
Comment cela peut-il se faire ? demandera le témoin naïf de l’affaire, simplement, comme nous l’avons bien remarqué, que les propos tenus sont souvent rabâchés, et dès lors, le contexte dans lequel ils sont utilisés, ne peut jamais être identique, et même, il tendra à s’assécher.

Il ne reste qu’une structure de vérité, appliquée à des contextes inappropriés, du moins à des contextes qui n’auraient jamais pu donner naissance à de si beau dictons, ou qui n’en n’ont pas d’autre besoin, que celui de l’affirmation de l’autorité du locuteur.

La savoir est une technologie et ce qui compte n’est pas la quantité de puissance dégagée par un dicton destiné à rallier le maximum de neurones à sa cause, mais la pertinence avec laquelle il sera postérieurement jugé finement approprié à la situation ; ce dont seul l’esprit peut juger et non la masse.

Imaginons le locuteur qui présente son argument tel une badge avec écrit "CIA" dessus, laissant bien entendre que le "I" signifie l’intelligence à laquelle il est relié, et pour le moins, ainsi positionné de façon pseudo-extérieure. Ce gars-là par exemple explique avec son argument définitif que toute une troupe d’autres gars comme lui sont prêts à venir confirmer à quel point il a raison. Le badge, finalement, prend une signification qui tourne comme le vin au vinaigre, comme la preuve de la vérité de son discours, dont le discours lui-même peut s’exempter.
Non seulement le discours, non analysé comme fallacieux ou non, est d’avance présenté comme implacable et irréductible, mais en plus la présentation du "badge" (symbolique) qui est asséné comme un Joker, est en somme une tricherie.

Et là on voit comme le locuté peut être interloqué en discutant avec des gens qui présentent des badges super-brillants afin de conforter la moindre de leur émanations, extirpés avec douleur d’un cerveau atrophié par des années et des années de cette pratique virusée.

De là on pourra observer combien de ces badges sont en circulation, en réalité, des élixirs de la science qui sont détournés de leur fondement, et appliqués de façon impropre jusqu’à ce que l’inanité finisse par s’emparer de ces arguments ; y compris même pour le contexte seul valable d’où il est né.

On pourra même objecter que toute discussion avec des politiciens est perdue d’avance tant il est certain que chacun va rentrer chez lui après ça, tant il est certain que le politicien ne risque rien.

-

Dès lors le commentateur extérieur peut se demander, si celui qui se croit à l’abris et à l’extérieur, croit ne rien risquer, pourquoi aurait-il peur de l’affrontement des arguments ?

Eh bien encore une fois la logique est dans le discours, celui qui se croit à l’abris a bien une part de lui-même qui sait qu’il ne l’est pas. De plus, comme nous l’avons remarqué, les arguments-badgés qu’il croit approprié de sortir pour défendre n’importe quelle affirmation, ne sont pas illimités, ils risquent de s’entrechoquer et peut-être ainsi, sans faire exprès, d’envoyer un éclairage involontaire sur les soubassements d’une fondation morale complètement laissée à l’abandon.

Certains parmi même les historiens diront de Sarko comme de Hitler qu’il était un génie à sa manière, d’être capable de jongler ainsi avec les badges chromés, suffisamment pour embrouiller l’esprit de ses interlocuteurs le temps de passer des coups en douce.

Et sans doute il faudra encore quelques autres générations d’historiens supplémentaires pour affirmer en toute quiétude l’ampleur catastrophique de cette technique d’usurpation de la vérité, enseignée à coup de matraques verbales de toutes parts et en tous lieux, toute la journée, comme un bain duquel on n’imagine pas qu’il soit possible de s’extirper.

8119
 http://w41k.info/17476