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Attac s’interroge sur le débouché politique de son action

Publie le mardi 18 mai 2004 par Open-Publishing
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Que signifie la crise que traverse Attac illustrée par la décision prise par certains de ses membres de présenter des listes dites "100 % altermondialistes" au scrutin européen du 13 juin ?

Plusieurs mouvements historiques de l’altermondialisme semblent traverser une période d’interrogations. OAS_AD(’Middle’) ;

En Grande-Bretagne, le mouvement Globalize resistance a connu une sévère crise interne. En Espagne, le Mouvement pour une résistance globale (MRG) s’est autodissout et, de l’autre côté des Alpes, le Forum social italien, né à l’occasion du G8 à Gênes, n’est pas non plus dans une forme époustouflante."Au niveau international, commente ainsi Gustave Massiah, vice-président d’Attac, le mouvement "alter" est dans une situation un peu difficile. Il a beaucoup progressé, mais n’a pas gagné. Il est confronté à des questions délicates : comment répondre à la guerre, à l’offensive néolibérale, à la montée de la barbarie ? Bref, nous sommes dans une nouvelle phase dont on ne se sait encore si elle correspond à un flottement ou à une respiration nécessaire."

Dans une contribution adressée au conseil scientifique de l’association, Christophe Aguiton, évoque "l’éclatement d’un certain consensus néolibéral". "Les élites se divisent sur les réponses à apporter entre ceux qui continuent à croire aux vertus d’un néolibéralisme contrôlé par les institutions internationales, ceux qui, derrière les néoconservateurs américains, poussent à des interventions armées unilatérales et ceux qui critiquent aujourd’hui ce qu’ils faisaient hier." Du coup, pour lui, "nous ne sommes plus dans la situation des années 1990 où, face à des politiques qui appliquaient les mêmes orientations, la seule réponse était le rejet et la protestation, dans la rue comme dans les urnes". Il ajoute que "le risque est cependant que le débat ne se situe très à droite".

En France, la configuration politique issue des régionales a avivé ces interrogations. "Les dernières élections, en France comme en Espagne, ont montré un infléchissement dans le rapport des citoyens au monde politique : pour la première fois depuis de longues années, l’abstention recule et la politique semble retrouver un sens", affirme M. Aguiton. "Il y a chez nous un large accord sur le fait qu’il faut à la fois confirmer l’échec de la droite - le mouvement altermondialiste a d’ailleurs joué son rôle dans le rejet par l’opinion publique de ses bases idéologiques - tout en empêchant l’hégémonie de l’aile la plus libérale du PS sur l’ensemble de la gauche", explique M. Massiah. D’où, pour atteindre ces objectifs, la question du "comment peser ?"

En réalité, trois positions existent. Ceux qui, à l’instar des promoteurs des listes "100 % alter", estiment qu’il faut aller dans l’arène électorale. Pour Bernard Cassen, le président d’honneur de l’association, leur démarche peut s’expliquer. " Les gens qui sont venus à Attac il y a cinq ans ne sont plus tout à fait les mêmes. Désormais, ils se posent la question : qu’est-ce qu’on peut faire de plus ?", indique-t-il. Selon lui, : "L’offre politique antilibérale n’est pas à la hauteur du sentiment antilibéral à gauche. On est dans un processus qui ne fait que commencer." Et de juger pour sa part que "cette évolution est tout à fait normale et bénéfique".

Il y a ensuite ceux qui pensent que les altermondialistes peuvent avoir un rôle d’aiguillon à jouer dans le rassemblement large d’un pôle antilibéral. "Des acteurs politiques agissent déjà sur des thématiques proches de celles portées par les mouvements sociaux et altermondialistes : l’extrême gauche, les Verts, le PCF, une partie du PS. Sans passer par la constitution de cartels, il faut pouvoir rallier des forces pour éviter une dispersion générale", écrit ainsi M. Aguiton, pour qui "après les européennes, il y aura trois ans avant de nouvelles échéances électorales. cela laisse le temps nécessaire à des démarches transparentes".

Enfin, il y a ceux qui estiment que la vocation des "alters" demeure celle de peser de l’extérieur, en tant que contre-pouvoir. Et de pointer le paradoxe suivant : comment un mouvement qui s’est bâti sur la crise de légitimité des institutions, qui a régulièrement affirmé - dans ses statuts, ses guides de bonne conduite et ses pratiques - sa neutralité par rapport au jeu électoral, peut songer aujourd’hui à investir ce même terrain des institutions, non plus seulement comme groupe de pression, mais pour certains de ses membres, directement, par la voie des urnes ?

En attendant, à gauche, les têtes de liste aux européennes se montrent très critiques sur les listes "alter". Numéro un de la liste PS en Ile-de-France, Harlem Désir, membre de la coordination Attac au Parlement européen, estime que "de telles listes font courir le risque de réduire les idées altermondialistes à un score que tout indique marginal". Pour Alain Lipietz, tête de liste des Verts dans la même région et membre d’Attac depuis sa création, "cette initiative de quelques-uns va peut être blesser à mort l’unité d’Attac. Ces listes auront un résultat minuscule. Elles ne visent que les listes de gauche dont plusieurs membres sont pourtant adhérents d’Attac". Et d’assurer : "La gauche plurielle était le débouché politique des altermondialistes."

Messages

  • toujours le meme refrain d’une mouvance alter mondialiste somme toute opportuniste
    qui nous fera croire que reverser 0,001 du capital au pays en voie de devellopement estla voie royale pour un monde plus juste
    la voie electorale est toute appropriée pour repandre le propos qu’équité equivaut à égalité
    que la charité est necessaire et qu’elle légitime le discours de certains alter mondialiste
    pour répondre enfin à cet article,il n’y a pas de crise de l’alter mondialiste mais plutot
    une différence idéoligique et pratique entre ceux qui seb situent dans la mouvance
    réformiste et les libertaires pour une réelle emancipation des individus qui se passent des tribuns de tous poils