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"La révolution est impossible sans une situation révolutionnaire (...)"

Publie le lundi 9 juin 2008 par Open-Publishing
9 commentaires

A méditer, pour la France, pour le Liban, pour l’Iran....

de Vladimir Ilich Lenin

"(...) Pour un marxiste, il est hors de doute que la révolution est impossible sans une situation révolutionnaire, mais toute situation révolutionnaire n’aboutit pas à la révolution.

Quels sont, d’une façon générale, les indices d’une situation révolutionnaire ? Nous sommes certains de ne pas nous tromper en indiquant les trois principaux indices que voici :

1) Impossibilité pour les classes dominantes de maintenir leur domination sous une forme inchangée ; crise du "sommet", crise de la politique de la classe dominante, et qui crée une fissure par laquelle le mécontentement et l’indignation des classes opprimées se fraient un chemin. Pour que la révolution éclate, il ne suffit pas, habituellement, que "la base ne veuille plus" vivre comme auparavant, mais il importe encore que "le sommet ne le puisse plus".

2) Aggravation, plus qu’à l’ordinaire, de la misère et de la détresse des classes opprimées.

3) Accentuation marquée, pour les raisons indiquées plus haut, de l’activité des masses, qui se laissent tranquillement piller dans les périodes "pacifiques", mais qui, en période orageuse, sont poussées, tant par la crise dans son ensemble que par le "sommet" lui-même, vers une action historique indépendante.

Sans ces changements objectifs, indépendants de la volonté non seulement de tels ou tels groupes et partis, mais encore de telles ou telles classes, la révolution est, en règle générale, impossible.

C’est l’ensemble de ces changements objectifs qui constitue une situation révolutionnaire. On a connu cette situation en 1905 en Russie et à toutes les époques de révolutions en Occident mais elle a existé aussi dans les années 60 du siècle dernier en Allemagne, de même qu’en 1859-1861 et 1879-1880 en Russie, bien qu’il n’y ait pas eu de révolutions à ces moments-là.

Pourquoi ? Parce que la révolution ne surgit pas de toute situation révolutionnaire, mais seulement dans le cas où, à tous les changements objectifs ci-dessus énumérés, vient s’ajouter un changement subjectif, à savoir : la capacité, en ce qui concerne la classe révolutionnaire, de mener des actions révolutionnaires de masse assez vigoureuses pour briser complètement (ou partiellement) l’ancien gouvernement, qui ne "tombera" jamais, même à l’époque des crises, si on ne le "fait choir".

Telle est la conception marxiste de la révolution, conception maintes et maintes fois développée et reconnue indiscutable par tous les marxistes et qui, pour nous autres Russes, a été confirmée avec un relief tout particulier par l’expérience de 1905. La question est de savoir ce que présumait à cet égard le manifeste de Bâle de 1912 et ce qui est advenu en 1914-1915.

On présumait une situation révolutionnaire, brièvement décrite par l’expression "crise économique et politique". Cette situation est-elle survenue ? Oui, sans nul doute. Le social-chauvin Lensch (qui assume la défense du chauvinisme avec plus de droiture, de franchise et de loyauté que les hypocrites Cunow, Kautsky, Plékhanov et consorts) s’est même exprime ainsi :

"Nous assistons à ce qu’on pourrait appeler une révolution" (page 6 de sa brochure : La social-démocratie allemande et la guerre, Berlin 1915).

La crise politique est là : pas un des gouvernements n’est sûr du lendemain, pas un qui ne soit exposé à subir un krach financier, à être dépossédé de son territoire et expulsé de son pays (comme le gouvernement de Belgique s’est vu expulser du sien). Tous les gouvernements vivent sur un volcan ; tous en appellent eux-mêmes à l’initiative et à l’héroïsme des masses. Le régime politique européen se trouve entièrement ébranlé, et nul ne s’avisera, à coup sûr, de nier que nous sommes entrés (et que nous entrons de plus en plus profondément - j’écris ces lignes le jour de la déclaration de guerre de l’Italie) dans une époque de grands ébranlements politiques.

Si, deux mois après la déclaration de guerre (le 2 octobre 1914), Kautsky écrivait dans la Neue Zeit [2] que "jamais un gouvernement n’est aussi fort et jamais les partis ne sont aussi faibles qu’au début d’une guerre", ce n’était qu’un des exemples de la façon dont Kautsky falsifie la science historique pour complaire aux Südekum et autres opportunistes.

Jamais le gouvernement n’a autant besoin de l’entente entre tous les partis des classes dominantes et de la soumission "pacifique" des classes opprimées a cette domination que pendant la guerre. Ceci, en premier lieu.

En second lieu, Si "au début d’une guerre", surtout dans un pays qui attend une prompte victoire, le gouvernement parait omnipotent, personne n’a jamais et nulle part au monde associé l’attente d’une situation révolutionnaire exclusivement au "début" d’une guerre et, à plus forte raison, n’ a identifié l’"apparence" avec la réalité.

Que la guerre européenne serait plus dure que toutes les autres, tout le monde le savait, le voyait et le reconnaissait. L’expérience de la guerre le confirme toujours davantage.

La guerre s’étend. Les assises politiques de l’Europe sont de plus en plus ébranlées. La détresse des masses est affreuse, et les efforts déployés par les gouvernements, la bourgeoisie et les opportunistes pour faire le silence autour de cette détresse échouent de plus en plus souvent. Les profits que certains groupes de capitalistes retirent de la guerre sont exorbitants, scandaleux.

Les contradictions s’exacerbent au plus haut point. La sourde indignation des masses, l’aspiration confuse des couches opprimées et ignorantes à une bonne petite paix ("démocratique"), la "plèbe" qui commence à murmurer, - tout cela est un fait.

Et plus la guerre se prolonge et s’aggrave, plus les gouvernements eux-mêmes développent et sont forcés de développer l’activité des masses, qu’ils appellent à une tension extraordinaire de leurs forces et à de nouveaux sacrifices.

L’expérience de la guerre, comme aussi l’expérience de chaque crise dans l’histoire, de chaque grande calamité et de chaque tournant dans la vie de l’homme, abêtit et brise les uns, mais par contre instruit et aguerrit les autres, et, dans l’histoire mondiale, ces derniers, sauf quelques exemples isolés de décadence et de ruine de tel ou tel Etat, ont toujours été en fin de compte plus nombreux et plus forts que les premiers.

Non seulement la conclusion de la paix ne peut mettre fin "d’emblée" à toute cette détresse et à toute cette accentuation des contradictions, mais, au contraire, elle rendra sous bien des rapports cette détresse encore plus sensible et particulièrement évidente pour les masses les plus retardataires de la population.

En un mot, la situation révolutionnaire est un fait acquis dans la plupart des pays avancés et des grandes puissances d’Europe. A cet égard, la prévision du manifeste de Bâle s’est pleinement justifiée. Nier ouvertement ou non cette vérité, ou la taire, comme le font Cunow, Plékhanov, Kautsky et consorts, c’est proférer un mensonge monumental, c’est tromper la classe ouvrière et servir la bourgeoisie. Dans le Social-Démocrate [3] (n° 34, 40 et 41) [4] , nous avons cité des faits montrant que les hommes qui craignent la révolution, les prêtres-philistins chrétiens, les états-majors généraux, les journaux des millionnaires, sont obligés de constater des symptômes de la situation révolutionnaire en Europe.

Cette situation se maintiendra-t-elle encore longtemps et a quel point s’aggravera-t-elle ? Aboutira-t-elle à la révolution ?

Nous l’ignorons, et nul ne peut le savoir. Seule l’expérience du progrès de l’état d’esprit révolutionnaire et du passage de la classe avancée, du prolétariat, à l’action révolutionnaire le prouvera. Il ne saurait être question en l’occurrence ni d’"illusions" en général, ni de leur effondrement, car aucun socialiste ne s’est jamais et nulle part porté garant que la révolution serait engendrée précisément par la guerre présente (et non par la prochaine), par la situation révolutionnaire actuelle (et non par celle de demain).

Il s’agit ici du devoir le plus incontestable et le plus essentiel de tous les socialistes le devoir de révéler aux masses l’existence d’une situation révolutionnaire, d’en expliquer l’ampleur et la profondeur, d’éveiller la conscience et l’énergie révolutionnaires du prolétariat, de l’aider à passer à l’action révolutionnaire et à créer des organisations conformes à la situation révolutionnaire pour travailler dans ce sens.

Aucun socialiste responsable et influent n’a jamais osé mettre en doute ce devoir des partis socialistes ; et le manifeste de Bâle, sans propager ni nourrir la moindre "illusion", parle précisément de ce devoir des socialistes : stimuler, "agiter" le peuple (et non l’endormir par le chauvinisme, comme le font Plékhanov, Axelrod, Kautsky), "utiliser" la crise pour "précipiter" la chute du capitalisme ; s’inspirer des exemples de la Commune et d’octobre-décembre 1905.

Ne pas accomplir ce devoir, voilà en quoi se traduit la trahison des partis actuels, leur mort politique, l’abdication de leur rôle, leur passage aux côtés de la bourgeoisie.(...)"

Extrait de : La Faillite de la IIè Internationale (dispo. sur Marxists.org)

Messages

  • C’est en fait un extrait de la "maladie infantile du communisme : le gauchisme" de Lénine si je ne m’abuse.
    Cela fait plaisir de voir un article de cette classe sur Bellaciao ^^

    • Non... :)

      C’est un extrait d’un ouvrage moins connu des "jeunes générations" intitulé

      "La Faillite de la IIè Internationale".

      Fraternellement,

      LL

    • Ce manifeste était certes vrai pour l’époque à laquelle il a été écrit ,mais je me demande s’il est encore valable de nos jours ,surtout depuis que le suffrage universel a été institué . Car cette dernière donnée change carrément les possibilités d’éviter une révolution ,Théoriquement du moins étant donné que le début du 21 ème siècle est marqué chez nous, et en Italie aussi ,par un nombre de plus en plus élevé de gens touchés par la misère ,pendant que contemporainement les partis de gauche et surtout les partis communistes sombrent comme peau de chagrin , et en contrepartie les partis représentant le Capitalisme le plus agressif possible prospèrent . Cette contradiction est révoltante et inexplicable si l’on ne fait pas entrer en ligne de compte d’autres concepts, car Hegel a bien dit ,en substance " A une période déterminée de l’Histoire TOUT n’est pas pensable " ,et je pense également à son hypothèse de l’évolution historique d’une nation ,dans "La raison dans l’histoire " selon laquelle un pays n’est "historique " qu’une fois dans son existence" ,ce qui équivaudrait à dire que la France et les autres pays occidentaux sont des pays décadents !! J’aimerais bien avoir votre opinion là dessus .

    • Réponse qui ne prétend pas tout dire :

      depuis que le suffrage universel a été institué

      Le suffrage ne date pas de 1981, ni de 1968, ni de 1958, ni de 1946 (les femmes auparavant étaient oubliées)

      Le suffrage permet de faire accéder des élus qui s’autonomisent relativement. C’est un problème. Mais ce problème cache surtout le fait que depuis qu’il y a le suffrage universel les changements importants ne sont pas venus des urnes "à froid" sans grands rapports de force.
      Et effectivement une crise révolutionnaire est nécessaire mais ne suffit pas pour le succès : exemple le printemps 2003

      Surtout certain appellent désormais révolutionnaire la moindre intervention qui s’oppose très marginalement au capital.

      cd

    • Preuve, ma louve, que tu sais bien lire... et que tu as l’oeil partout !

      Tendresse révolutionnaire [si cela est théoriquement et pratiquement possible !]... é-vi-demment ;-)

      RBBR

    • Cimourdain t’as pas l’moral... je sens !

      Qu’importe ‘le lieu national’ de la Révolution... pourvu qu’Elle ait LIEU !

      Non ?


      Ce texte de Lénine est CAPITAL ! ET GARDE UNE FORCE THÉORIQUE REMARQUABLE !

      > Merci à VIO, aka lénine < pour nous le mettre sous les yeux ! [même si je sens *une critique voilée* ’portée à notre vieux rêve d’enfance’ dans cette signature !] ;-D

      > MERCI SURTOUT À BELLACIAO OOOOOOOOO OH ! > que serions-nous sans toi ! <


      Cimourdain, je reviens vers toi : Penses-tu vraiment que le « suffrage universel » [l’est-il tant que ça ‘universel’ ?] ...

       VOIS EN FRANCE CE 4 FÉVRIER 2008... ET VOIS DEMAIN EN IRLANDE...

      [La démocratie en ce monde N’A ABSOLUMENT RIEN DE DÉMOCRATIQUE justement ! Et voilà bien un de nos ‘cheval de bataille’ à questionner ET À RENDRE RAPIDO *RÉELLEMENT DÉMOCRATIQUE* !

      VOIS -au contraire- comment LA SITUATION objectivement RÉVOLUTIONNAIRE -lentement mais sûrement- SE MET EN PLACE... jour après jour !
      [et, je ne parle pas de seulement de... LA FAIM ET LA MISÈRE QUI S’INSTALLE PARTOUT... ni de... CES multi-millardaires et leur PERSONNELS POLITIQUES QUI BRADENT LA PLANÈTE !!]

      SOYONS PRÊTS................. EN TOUS LIEUX ! et travaillons à la rendre effective.

      RBBR

    • "Ce manifeste était certes vrai pour l’époque à laquelle il a été écrit ,mais je me demande s’il est encore valable de nos jours ,surtout depuis que le suffrage universel a été institué"

      Allons camarade, est ce que pour autant depuis qu’il y a notre prétendu démocratie ( qui pour nous futurs travailleurs ou travailleurs est la Dictature de la Bourgeoisie) le rapport économique a changé ???Malgrès les réformes du CNR et tous les acquis sociaux des Trentes Glorieuses...

      Non ce n’est que de la poudre aux yeux, l’exploiteur est le même, l’exploité est le même. Le capitalisme marche de manière identique, quant à l’impérialisme, il en est de même, à part que la domination impérialiste se fait plus de façon semi coloniale (c’est à dire, que le pays semi colonisé garde l’illusion d’indépendance mais il est bien dépendant des puissances impérialistes.)

      Tu restes empétré dans des rêves idéalistes camarade...Pour comprendre que le socialisme ne peut s’imposer qu’après une révolution prolétarienne, il faut comprendre que le politique est forcément lié à l’économique et qu’un élu, un député n’est qu’un pantin du capital...
      La démocratie Bourgeoise n’est qu’un voile destinée à mystifier les travailleurs...

      Lénine disait déjà à propos des parlements : "prenez le parlement bourgeois. Peut on admettre que le savant Kautsky n’ai jamais ouï dire que plus la démocratie est puissament développée et plus la bourse et les banquiers se soumettent les parlements bourgeois.
      Pour comprendre cela, je te conseille la révolution prolétarienne et le renégat Kautsky de Lénine
      et le choix de la défaite d’Annie Lacroix Riz, pour montrer historiquement que malgré les politiques, la "démocratie" c’est le capital qui dirige nos pays...
      et enfin, impérialisme anti-impérialisme de Vincent Gouysse, ouvrage marxiste léniniste datant de 2007 : à télécharger
      http://communisme-bolchevisme.net/download/Imperialisme_et_anti-imperialisme_final.pdf

  • Il s’agit ici du devoir le plus incontestable et le plus essentiel de tous les socialistes le devoir de révéler aux masses l’existence d’une situation révolutionnaire, d’en expliquer l’ampleur et la profondeur, d’éveiller la conscience et l’énergie révolutionnaires du prolétariat, de l’aider à passer à l’action révolutionnaire et à créer des organisations conformes à la situation révolutionnaire pour travailler dans ce sens.

    Le parti ? Non, puisqu’il lui donne "mission" d’aider à la création d’organisations conformes à la situation révolutionnaire...

    Pas le parti alors.......... Mais quoi donc ? Les syndicats ? Si il y avait pensé il l’aurait dit... Le syndicalisme était déjà assez puissant dans un grand nombre de pays pour qu’il l’intègre à sa reflexion et le pointe du doigt si il estimait que celui-ci soit la matrice créant ces organisations du prolétariat conformes à la situation révolutionnaire. Lénine est quelqu’un de précis (même dans ses exagérations).

    Ce n’est donc ni le parti, ni le syndicat, et on sent par la référence à la révolution de 1905 ce vers quoi il tend à pencher.

    C’était juste un aparté sur les formes organisationnelles qui manquent en France et en Europe pour que la classe ouvrière puisse franchir un palier dans sa capacité de mobilisation et d’unification des courants qui la travaille.

    Le chemin pour y arriver ? Je n’en sais rien. Mais toujours est-il que celui-ci implique que la forme d’organisation naissante ne soit pas subordonnée à des positions électives .

    La description des conditions d’une situation révolutionnaire (qui n’implique pas forcement révolution, ça peut foirer et ça foire souvent) par lénine est intéressante, sur la combinaison de la crise d’en haut (ils n’y arrivent plus et sont bouffés par des contradictions internes), et de la poussée "d’en bas"...

    En fait, rétrospectivement, le XXeme siècle fut parsemé de situations révolutionnaires dont la plupart capotèrent, mais conjuguaient les conditions posées. Plus précisément sur la crise d’en haut , je parlerai d’un état qui n’arrive plus à fonctionner normalement (des généraux portugais par exemple ordonnant à leurs soldats de faire un contre-putsch et ces soldats les mettant en tole pour qu’ils se calment, des ministres français en 1968 qui pendant 2 ou 3 jours ont paniqué, brulant tous les papiers des ministères et certains commençant à se planquer, des troupes contre-révolutionnaires envoyées pour écraser le tout début de révolution russe et se dissolvant dans la nature en quelques dizaines de km parcourus, etc).

    L’attention portée à l’état est très importante dans un processus révolutionnaire, il ne suffit pas de crises inter-bourgeoises mais également que l’appareil d’état soit profondément divisé et ait peu d’unités putschistes à mettre en ligne.

    Le siècle des révolutions fut également le siècle de l’insuffisance du facteur politique (les partis) et du facteur organisationnel (pas ou peu d’organisations conseillistes démocratiques stables et centralisées pour être rivales à l’ordre bourgeois) pour le prolétariat.

    La question de la crise économique fournit d’énormes soubresauts dans les grands états capitalistes mais pas forcement des situations révolutionnaires. Le pays qui paya le plus fortement la crise de 1929, l’Allemagne, accoucha d’Hitler, et pas d’un processus révolutionnaire. Par contre en Espagne et en France il y eut d’énormes poussées populaires, des situations incontestablement révolutionnaires, manquant peut-être là des organisations adéquates pour se saisir des entreprises.... Tous les partis tentèrent de subordonner le mouvement de la classe ouvrière aux batailles partidaires . Alors qu’il fallait travailler à sa stabilité, sa permanence, sa démocratie et sa centralisation pour en faire l’armature rivale à l’état capitaliste.

    Après le choc de la fin de l’histoire , dans les années 1983 (inversion de la courbe des taux de profits) à 1990 , nous eumes un énorme coup de mou dans l’activité ouvrière dans le monde et les secousses intra-bourgeoises. Le résultat fut un affaiblissement historique du champ organisationnel de la classe ouvrière.

    L’inversion de cette courte "fin de l’histoire" commence par des mobilisations sociales (1995, phénomène alter-mondialistes avec ses énormes mobilisations) et commence à prendre une tournure plus âpre avec la crise boursière de 2000 (dite à tord crise des nouvelles technologies, le CAC 40 a perdu alors 60% de sa valeur, on ne peut donc dire que ce sont des entreprises internet, mais une énorme et terrible secousse)....

    2000, c’est la fin de l’euphorie de la bourgeoisie et l’entrée dans une guerre économique plus âpre où la classe dominante pratique la fuite en avant contre la classe ouvrière, en étroitisant sa base sociale et en accumulant de gigantesques contradictions économiques.

    Nous rentrons là dans des situations explosives dans un contexte de crise internationale rampante, les émeutes de la faim se propagent dans nombres de pays, les conflits du travail en Chine se comptent en dizaines de milliers, les USA perdent la guerre en Irak et se préparent à la fuite en avant contre l’Iran, alors que leur endettement fait peser sur le dollar le risque d’un écroulement explosif qui ferait sauter le système économique mondial.

    Enfin, des batailles péripheriques peuvent à tout moment dégénérer (la situation actuelle coréenne où la facteur révolutionnaire a manqué, mais il a suffit de l’appel à la grève générale des syndicats pour que le gouvernement saute aujourd’hui).

    Attendons-nous dans les jours et les mois qui viennent à des phénomènes d’émeutes en France qui ne seront pas là cantonnés dans un secteur étroit de la jeunesse.

    Ces phénomènes protestataires vont partir des plus déshérités, des travailleurs expulsés des centres villes, contraint de faire des kilomètres en bagnole pour aller travailler (faute de transports en commun) , attaqués par la hausse explosive des prix des denrées de base.

    Des mouvements de protestation spontanés vont émerger parmi les plus déshérités des travailleurs et des couches populaires, de façon probablement apolitique au départ et il faudra tout de suite en être !

    L’énorme frustration qui court actuellement dans la classe ouvrière (et qui peut tout aussi bien être utilisée par les fascistes si ils pensent tactiquement finement) peut provoquer des secousses sévères locales en partant de questions prosaïques ou d’abcès de fixation très délimités. L’histoire de l’hôpital de Carhaix
    est symptomatique d’un conflit pour preserver un service public qui dérape très vite en affrontements résolus , organisés, tenaces face aux déploiements policiers géants.

    Attention, nous sommes à nouveau dans l’ere des tempêtes.

    • Je pense qu’il ya malentendu car évidemment je voulais dire que le Suffrage Universel aurait du permettre un changement "Théoriquement " , et ce mot était une marque d’ironie dans mon esprit car je n’ignore pas que ce système électoral est sciemment conçu pour dénaturer et détourner les voix des citoyens les plus démunis . Il est évident aussi que que le système de vote actuel est tout sauf Démocratique ,si on le confronte à la définition que donne au concept de Démocratie son créateur ,PLATON , dans la "République " ,sans entrer dans les détails . Et en définitive j’ai grandement apprécié l’article de Copas qui apporte des précisions et des rectifications fort utiles pour bien situer la gravité du problème social actuel qui ne peut ètre éradiquée que par une lutte des travailleurs unis contre le patronat ,mais pour le moment comme Soeur Anne je ne vois rien venir !!