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L’avocat del Diablo

Publie le mardi 10 juin 2008 par Open-Publishing

L’avocat del Diablo

Faisons partir ce monologue depuis la citation qui m’a été assénée avec un aplomb à couper le souffle, ce qui est une spécialité de l’ignorance.
La vieille dit : "c’est une question de sécurité, vous devez en savoir quelque chose vous qui êtes dans l’informatique".

Et comme ceci n’est pas la manière dont je nommerais ma principale préoccupation de théoricien de la topologie des systèmes, j’ai pu avoir le loisir, dans la fraction de seconde, d’explorer ce sur quoi repose ce discours, avant bien sûr de préparer la réponse à cette accusation qu’il est inutile de formuler autrement que par écrit, posément, et avec soin, surtout si on parle à des ignorants.

Tout d’abord le punch de l’assertion fait renvoyer le résultat préliminaire suivant : "allons donc, je ne savais pas que la sécurité c’était cela en fait, peut-être ne suis-je pas même en droit d’être qualifié d’informaticien ?"

Les gens veulent toujours avoir l’air les plus malins afin de faire le plus mal possible avec leur bouche, tout en donnant une sonorité à leur discours typique des gens qui lèvent les mains pour dire "je n’’ai rien fait ! je ne l’ai même pas touché ! c’est lui qui est hypocrite, pas moi !".

Ainsi l’informaticien est sensé être le fer de lance de la société totalitaire moderne où tout n’est que sécurité.
Ou plutôt les non informaticiens qui ont les idées pompeuses et confuses à propos de ce qu’ils ignorent et dont ils veulent dissimuler leur ignorance, afin de paraître "à la page", ne peuvent prouver tout cela qu’avec force et qu’en utilisant l’argument le moins critiquable possible, le plus philosophique, comme s’il émanait d’un grand savoir et en ayant découvert depuis longtemps à quel point la synthèse de leur grand savoir coïncide avec ce que de simples philosophes auraient acquiescé.

Un seul argument, à peine maîtrisé mais assez générique pour ne pas être faux, proclamé avec le maximum de force et de conviction, afin de contenter son propre égo, telle est la procédure de l’ignorance qui se refoule.

Et ainsi, se dégage une atmosphère ultra contemporaine post-moderne où l’on vit en effet tous dans une société de l’informatique (ça voulait seulement dire les systèmes de transport de l’information), et que non ignorant de ce fait, il leur apparaît normal que le concept de sécurité soit promu au premier plan des préoccupations.

Alors que le réel motif du locuteur est de refouler son ignorance, le principal dessin qui se profile à l’horizon quand on a le loisir de tomber sur un discours à ce point politicien, est une société totalitaire orwellienne tellement bien décrite qu’on se demande si ça a servi à quelque chose de si bien le décrire, ou si au contraire ça a déservi.

Il n’y a qu’armé d’ignorance que le savoir le plus puissant peut déservir ; réciproquement, si un savoir puissant fini par déservir, c’est qu’il aura été employé dans l’ignorance.

 

Alors bien évidemment une société d’égalité d’accès à l’information ne peut plus exister si il est question de délivrer les recettes qui permettent la fabrication de bombes, ok, d’accord, mais quand même il aurait fallu ausculter quand même un peu les raisons de vouloir fabriquer des bombes, avant de conférer à certaines sciences le cachet de "top-secret".

Car en premier lieu et avant tout discours supplémentaire, qui ne sera que bavardage stérile si ce n’est pas relié à la connaissance de la topologie des systèmes, il faut comprendre ce qu’est en vérité le concept de sécurité.

Cela peut éviter un grand nombre de délires, et dans ce cas précis, il s’avère que le savoir qu’il faut instiller à la masse des peuples, contrairement à ce qui est top-secret, sera grandement salvateur.

El Diablo, c’est lui qui est prêt à jaillir de la boîte qu’on lui aura construite sans faire exprès dès l’instant où on lui tournera le dos.
C’est lui l’ennemi numéro 1 du programmeur, le seul et unique et générique ennemi, multiforme et relativement insistant, pour lequel on sacrifie du temps de calcul alors qu’il aurait été plus utile ailleurs, dans une première approximation.

Ce n’est pas le bien - le mal, un mal à éliminer et un confort à sauvegarder. Ce qui se passe au cours de la vie de la croissance en complexité d’un système est beaucoup plus biologique, où les attaques sont parfois comme des bénédictions si tant est qu’elles sont la goutte qui fait déborder le vase d’une structuration qui était latente, et dont par la suite on retire beaucoup de bienfaits.

Quand on domine un système on attend avec impatience la prochaine agression de la logique, afin qu’elle montre ce qui doit être résolu et potentiellement, les futures voies d’accès au développement.

Et si rien ne se passe alors on rajoute des trucs, et dès lors, on augmente les chances d’une attaque.
(réciproquement s’il n’y a aucune attaque c’est qu’il n’y a aucune évolution)

Mais quand même au cours de cette expansion systémique, la principale source d’inspiration reste un désir constant d’optimisation, dont le soin-soin que ça suscite peut aller jusqu’à l’art décoratif, c’est à dire des structures faites juste pour être jolies.

Celles-là, qui sont des summums évolutifs, qui auront nécessité le plus de paix et de temps-libre, sont sans aucun doute les meilleures promesses pour les développements futurs.

Et quand les problèmes de sécurité interviennent, c’est toujours un peu contrariant quand même, mais à la fois, si on a assez progressé, on peut les résoudre rapidement.

Par corollaire, si on résout rapidement un problème, c’est la preuve que les dévelopements antérieurs étaient judicieux.

 

Le concept de sécurité est dû au fait que le système, en premier créé dans la masse imaginaire, a subi une grande perte de ses capacités lorsqu’il a eu besoin de devenir fonctionnel sur le plan de la logique, qui propose comme principales contraintes les outils dont on dispose.
Bon, c’est déjà une étape.
Mais quand le système est confronté à l’utilisation, alors à nouveau une énorme perte de capacités doit obligatoirement avoir lieu, c’est cela la sécurité.

Si encore l’utilisateur était savant, sage, instruit, méticuleux, observateur, et précautionneux, le système pourrait fonctionner dans toute sa splendeur en rendant possible un grand nombre de combinaisons fonctionnelles, et en laissant le libre court à l’imagination de l’utilisateur pour qu’il participe, démocratiquement, à l’expansion du système.

Cela, c’est le rêve.

Car l’utilisateur, pour ce qu’il est non-instruit, brutal et préhistorique, mécontent et de mauvaise foi, sera toujours considéré (dans une première approximation) par le programmeur comme étant le diable lui-même, c’est à dire spécifiquement malveillant.

Ainsi dans l’écriture on va s’entourer de précautions de sécurité, comme la coquille d’un oeuf sur les principales fonctions, avec des systèmes de vérification de l’ordre et de l’autorisation de l’accès à certaines fonctionnalités, pour ne laisser à l’utilisateur qu’un conduit balisé d’automatismes à peine très légèrement paramétrables.

Pour être sûr qu’il ne nous fasse pas chier.

Oui, en somme, c’est un peu de cette violence numérique que se proposent de transfigurer les gens qui tiennent des discours politiciens dans un but malveillant.

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