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De la pollution au PCB à la coulée verte à Reims. Quelques considérations au fil de l’eau.

Publie le mercredi 11 juin 2008 par Open-Publishing
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www.pcfreims.org

Pourtant ce polluant est connu pour sa dangerosité. Le PCB ne connaît ni les frontières, ni les panneaux sens interdit (un peu comme le nuage de Tchernobyl ...) et une fois répandu dans les rivières il peut être porté très vite et très loin par les courants et les sédiments en aval jusqu’aux estuaires et milieux maritimes. Sa durée de vie, extrêmement longue, le rend encore plus nocif. Une fois ingéré par les poissons et plus sûrement par les poissons de fond comme les brèmes, anguilles, carpes, barbeaux, silures, il est stocké dans les graisses et se retrouve après consommation en haut de l’échelle alimentaire des piscivores dont on fait partie. Il faut certes ingérer des produits contaminés pour se trouver en danger, un simple contact avec les poissons ou même des sédiments ne nuisent pas. Espérons-le !

Il n’en demeure pas moins que cette catastrophe écologique est aussi une catastrophe pour la pêche sportive ou de loisir sans parler de la pêche professionnelle en eau douce.

Les effets du PCB sont connus. Ils jouent un rôle favorable dans les processus cancérigènes, entraînent des problèmes de fertilité, de croissance et une dégradation du système immunitaire. Les effets sont connus, l’impact sur l’environnement repéré il y a déjà une vingtaine d’année par l’Agence de l’eau elle-même mais les autorités tout comme le scandale de l’amiante ou même le nuage de Tchernobyl ne se sont pas vraiment alarmées des dangers encourus par les populations et l’environnement. Dans les années 80, certaines industries chimiques de la vallée du Rhône avaient les autorisations officielles de déverser dans le fleuve plus d’un kilogramme de pyralène par jour. En 2001, 200 litres de pyralène ont été déversés accidentellement dans la Marne (très difficile d’obtenir des informations sur cet accident comme pour toute autre pollution).

Encore aujourd’hui des analyses effectuées sur le Rhône révèlent des rejets continus de pyralène. L’intérêt industriel et financier, on le sait, est largement supérieur à l’environnement. Seule l’intervention citoyenne et associative, un dépôt de plainte en particulier, a réveillé le gouvernement. Et on s’amuse de l’agitation de la secrétaire d’Etat à l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet (calendrier d’études, comité de pilotage, analyses diverses) alors que la France a signé la Directive Cadre sur l’Eau en octobre 2000 sur le bon état écologique de l’eau à atteindre en 2015 (eaux souterraines, eaux superficielles, eaux côtières), et qu’elle ne cesse de demander des délais et dérogations. Les éleveurs de porcs hors sol de Bretagne lui en sont d’ailleurs assez reconnaissants...

L’amélioration de nos rivières n’est pas pour demain. Au-delà des difficiles problèmes techniques et écologiques, le dragage de sédiments contaminés à 100 euros le m2 fait réfléchir... ne vaudrait-il pas mieux laisser tout cela enfoui, sédimenté, enterré ? Il y a près de 300 sites hautement contaminés et pour le reste des cours d’eau on ne sait rien ! Si-non, le principe de précaution pour 12 départements avec un « no kill » forcé (il va y avoir de gros brochets dans nos rivières...). Il ne faudrait pas non plus que la pollution au PCB serve d’écran aux autres pollutions. Les 700 litres de fuel déversés dans la Vesle par exemple ont vite étaient oubliés par les autorités concernées et l’information est toujours volontairement parcimonieuse.

Reste que sans la mobilisation des usagers des rivières, des promeneurs sur les berges, des pêcheurs (ne parlons plus des baigneurs, où sont les « bains froids » de la Vesle où bien des Rémois ont appris à nager ?) il n’y aura pas d’amélioration de la qualité des cours d’eau. Cette amélioration passe aussi par la prise en compte de la qualité environnementale et paysagère des rivières. La Vesle encore elle, pauvre Vesle, se voit corsetée, canalisée et même bétonnée par la construction du nouveau stade Auguste Delaune. Il est temps d’envisager sérieusement l’amélioration paysagère de la Vesle et son intégration et non sa juxtaposition dans la coulée verte. Cela devrait permettre une complémentarité des usages et non pas leurs concurrences. Que deviennent les pêcheurs au bouchon le long du canal quand les promeneurs au pas lent et les joggeurs du dimanche jouent à saute-mouton entre les cannes ?

J’insiste sur la présence du pêcheur, non pas seulement parce qu’il représente la figure contemplative presque romantique d’un temps ralenti, parce qu’il est le lecteur du fil de l’eau, cherchant le signe divinatoire dans l’oscillation du bouchon mais parce que dans les usages de l’eau, des rivières et des canaux , il est celui qui par sa pratique associative et sportive, reste le plus attentif, finalement, à la qualité de l’eau et de son environnement.

Il serait vraiment profitable pour Reims et pour la coulée verte de rendre cohérent Vesle - canal - plan d’eau du parc Léo Lagrange dans un ensemble paysager et halieutique. Des empoissonnements sélectifs, truites dans la Vesle, sandres et perches en canal et black bass en plan d’eau redonneraient vitalité à la pêche et certainement un coup de jeune à cette activité.

Au promeneur nonchalant, au joggeur pressé, aux enfant joueurs, on ajouterait, enfin, la posture aux aguets du pêcheur sportif, la silhouette immobile et silencieuse du pêcheur au bouchon, dans les frondaisons d’un paysage redessiné, d’une campagne romantique qui s’inviterait à la ville.

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