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Tous à Rouen (antinucléaire) ! pour des énergies renouvelables...

Publie le mercredi 19 mai 2004 par Open-Publishing
2 commentaires

Débat le Vendredi 4 juin à 20H30
Bistro alternatif
84 rue Daguerre
Paris 14ème M° Gaité, Denfert

pour des énergies renouvelables
Aujourd’hui : Quelles alternatives au Nucléaire ?
Qu’en est-il chez nos voisins européens ?
avec le réseau « Sortir du Nucléaire » et un militant des Alternatifs

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Quelles ENERGIES POUR DEMAIN ?
LE NUCLEAIRE, LA BOUGIE OU LE SOLEIL ?

Il est symptomatique d’entendre autour de soi que « le nucléaire, c’est l’avenir », voire que « sans l’énergie nucléaire, dans les années 70, la France aurait été un pays du tiers monde ». Ces phrases caricaturales, entendues parfois de la bouche même de cadres d’EDF, montrent à quel point le lobbying de l’industrie nucléaire a bien fonctionné et fonctionne encore bien dans l’opinion. Or, cette exception française ne découle pas directement d’un choix énergétique qui se veut rationnel, mais historiquement d’une orientation gaulliste visant à l’indépendance militaire de la France vis à vis de l’OTAN. Les industries nucléaires civile et militaire ont toujours été étroitement liées.

Présentée comme LA source d’approvisionnement énergétique de la France, l’énergie nucléaire ne satisfait dans la réalité qu’une partie des besoins en énergie primaire : la production d’électricité, dont elle assure de fait 80 % de la fourniture, le reste étant en grande partie issue de l’énergie hydraulique des barrages (15 %).

L’énergie nucléaire ne répond donc nullement aux besoins énergétiques des transports et du chauffages autres qu’électrique, le chauffage électrique étant une aberration. De plus, nous sommes aujourd’hui importateur d’uranium, et l’énergie nucléaire ne nous permet donc nullement d’avoir notre indépendance énergétique.

· L’énergie nucléaire est elle incontournable ?

La réponse est clairement, NON. La France est le seul pays au monde à produire son électricité à 80 % à partir de l’uranium. Et de nombreux pays européens comme l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, la Grande Bretagne, ont fait le choix de sortir du nucléaire, à plus ou moins long terme. Les Etats Unis eux-mêmes n’ont construit aucun nouveau réacteur depuis l’accident dramatique de Three Miles Island en 1973.

Quant aux ressources que recèlent le sous sol de la planète, soyons clairs :

Þ Les réserves d’uranium prouvées sont aujourd’hui de 40 ans, à un niveau économique rentable, sur la base d’une consommation actuelle de 40 000 t d’uranium par an, et de 70 ans en fonction des réserves estimées. Quant aux perspectives de la fusion nucléaire, il est absolument impossible d’affirmer aujourd’hui que nous maîtriserons cette énergie dans 50 ans. Cela relève de la plus pure science fiction, et témoigne d’une certaine arrogance scientiste et technocratique. Les sommes à investir dans cette recherche sans issue sont de surcroît colossales.

Þ Les réserves de pétrole sont de 70 ans, celles de gaz de l’ordre de 90 ans

Þ Les réserves de charbon sont de 200 ans, à la condition de techniques de combustion respectueuses de l’environnement

Cela signifie que dans moins d’un siècle, nous aurons tourné une page sans doute amère sur l’utilisation des matières fissiles et fossiles dont disposait notre planète.

· L’énergie nucléaire permet-elle d’éviter de rejeter des Gaz à Effet de Serre (GES) ?

Si on veut prendre le lobby nucléaire au mot, autant que dire que pres de 80% de l’énergie thermonucléaire part à l’atmosphère sous forme de vapeur. Or, la vapeur d’eau est le premier constituant des Gaz à Effet de Serre (pour les 2/3), le reste venant du gaz carbonique, puis des autres GES :CO, CH4, Nox, COV...

Bien sûr, le cycle de la vapeur est beaucoup plus rapide et plus simple que celui du CO2, et ne tend sans doute pas à s’accumuler dans l’atmosphère comme les autres GES ; mais en toute rigueur, aucune étude sérieuse ne peut affirmer aujourd’hui que les émissions de vapeur en provenance des activités humaines n’ont aucun effet sur le climat, même si cet effet est éventuellement négligeable.

D’autre part, on voit combien est médiocre le rendement de l’énergie nucléaire (20 à 30 %), qu’il faut associer aux pertes en lignes sur le réseau Très Haute Tension (par ailleurs non dénué d’effets sur la santé des riverains...), ainsi qu’aux pertes liées au chauffage électrique ou aux climatiseurs. Ainsi, lors des périodes de grand froid ou de canicule, cela impose de relancer des vieilles centrales tournant aux énergies fossiles, pour répondre aux besoins exceptionnels...Or, il n’est pas possible de faire de la cogénération (chaleur, ou froid, et électricité) avec une centrale nucléaire, en raison de son éloignement (évident !) des villes.

· Quelles énergies pour demain ?

Pour répondre aux enjeux de demain, il est primordial de prendre deux orientations :

Þ réduire notre consommation énergétique de pays riches, dans le sens d’une décroissance soutenable. En effet, augmenter la part d’énergie renouvelable impose de maîtriser nos consommations et donc changer notre mode de vie. Un exemple : la mise en place des centres d’hébergement informatique pour le réseau internet a accru les consommations d’électricité de 8 %.
Or, le nombre de nouveaux appareils électroménagers augmente dans chaque foyer. De plus, les modifications du climat déplacent les pics de consommation de l’hiver vers l’été, par la recherche d’un certain confort de vie par forte chaleur (climatisation), ou à contrario en hiver (appartements chauffés à plus de 19 °C). On est loin aujourd’hui de la « chasse au gaspi » des années 70 !

Þ intégrer le coût environnemental global de chaque énergie : quelle émission de GES, ou d’autres polluants chimiques, de l’extraction au traitement (uranium, fossiles, mais aussi silicium...) jusqu’a la production ? Ici, il est possible que le coût environnemental de l’énergie photovotaïque ne soit pas aussi bon, mais ceci est vrai aussi de l’uranium. A contrario, le bilan carbone de l’énergie bois est considéré comme nul, car les végétaux captent le carbone de l’atmosphère pendant leur croissance.

Passons en revue les différentes alternatives énergétiques au nucléaire, du plus au moins émetteur de gaz carbonique :

Þ les énergies fossiles : fortement émettrices de GES. Néanmoins, les turbines à cycle combiné à gaz (CCG) ont un rendement supérieur à 50 %, ce qui génère moins de pollution. C’est aujourd’hui l’alternative la plus facile à mettre en place. 5 grosses turbines auto-contrôlées n’ont besoin que de quelques techniciens (malheureusement pour l’emploi) au contraire d’une centrale nucléaire, grosse pourvoyeuse d’emplois. D’où une baisse évidente des coûts d’exploitation.

Þ La cogénération : par turbine ou moteur, le plus souvent au gaz, moins polluant, mais aussi au bois, le rendement de ces installations atteint 85%, car malgré une forte consommation de combustible, elle produit simultanément chaleur et électricité pour une collectivité

Þ L’usine d’incinération, ou U.I.O.M. : bien que la récupération de chaleur et d’électricité se généralisent aujourd’hui, et bien que les traitements de fumée soient plus performants, c’est probablement l’alternative la plus dangereuse pour la santé, compte-tenu des rejets en dioxines. Les déchets ultimes, les REFIOM, sont vitrifiés comme des déchets nucléaires, ce qui en dit long sur leur toxicité... Un autre handicap de l’incinération, est que les terres agricoles françaises s’appauvrissent, et ont besoin d’un amendement organique qui pourrait provenir du compost des déchets végétaux, du lisier, des boues des stations d’épuration (STEP).

Une autre solution peut venir de :

Þ la méthanisation, avec en amont du tri sélectif, et c’est souhaitable, une réduction des déchets la source, car le gaz de déchets doit être épuré des polluants (venant des cosmétiques, voire de notre alimentation), pour produire un biogaz de qualité pour des moteurs, et du compost valorisable en agriculture.

Þ Le biogaz de décharge : on capte le méthane des décharges, qui doit être brûlé plutôt qu’émis dans l’atmosphère. Après épuration, on peut produire de l’électricité, voire de la chaleur (chauffage si les logements ne sont pas trop éloignés -ce qui est malheureusement souvent le cas- et serres), avec des moteurs ou des turbines. Des exploitations agricoles peuvent très bien le valoriser (lisier) et être autonomes en chaleur, séchage, électricité.

Þ L’énergie bois et la biomasse : la bonne gestion des ressources forestières permet de valoriser une filière bois renouvelable de préférence local et régional (pour réduire la pollution des transports)

Þ L’énergie hydraulique : on préférera aux grands barrages ayant un impact majeur sur l’environnement, la micro hydraulique respectueuse des écosystèmes

Þ le solaire photovoltaïque : bien que très populaire, 1 à 2 m2 de panneaux solaires ne fournissent que 60 W, soit une ampoule. Ce n’est pas pour l’instant une énergie de substitution, elle dépend de l’ensoleillement. Elle est par contre tout à fait adaptée à des milieux ruraux isolés et faibles consommateurs

Þ L’énergie solaire thermique : d’un bon rendement, de réalisation simple et peu polluante, elle permet de réduire les factures de combustible de 80%, dans le Sud et de 35 % dans le Nord et l’Est, pour la production d’Eau Chaude Sanitaire, voire du chauffage

Þ La géothermie : l’énergie du sous sol répond à 80% des besoins de l’Islande. En France, elle alimente l’équivalent de 170 000 logements en chauffage et Eau Chaude Sanitaire. Bien que sa maintenance soit complexe (acidité des puits), elle peut encore être développée, et un projet pilote d’injection d’eau en grande profondeur à Soultz sous forêt (Alsace) permettra d’envisager de produire de l’électricité comme en Indonésie, en Islande, au Mexique, en Allemagne.

Þ L’énergie éolienne : souvent décrié, c’est un mode de production propre et facilement démantelable, et déjà soumis à une logique spéculative. Critiquée pour son impact sur le paysage, pourtant dérisoire par rapport aux antennes relais et aux 200 000 pylônes électriques, l’éolienne peut pourtant être mise en place en zone désertique, voire au large en mer. Rappelons que 14 000 MW sont en place en Allemagne, pour 200 MW en France...

En résumé, les énergies renouvelables répondent plus particulièrement à des besoins énergétiques raisonnables, maîtrisés, et à une production d’énergie décentralisée, évitant la pollution visuelle et électromagnétique de nombreux pylônes. Elles sont créatrices d’emploi, compensant au moins en partie la perte que rencontrerait l’industrie nucléaire, et respectueuses de l’environnement.

Mais pour répondre demain à un taux de couverture de 100 % en ENR, il faut à présent s’engager sur une politique de maîtrise de l’énergie voire de décroissance soutenue (pour ce qui est de la consommation des pays riches). Pendant une période de transition, les cycles combinés à gaz, la cogénération, peuvent se substituer à la production nucléaire, au moins provisoirement car elles restent productrices de GES. Les enjeux européens pour la France en production d’électricité sont de :

Þ 18% en cogénération (France : 3%)

Þ 21 % en ENR (France : 15 %, compte tenu des barrages)

Mais la production d’électricité n’est pas la principale industrie émettrice de GES, car les transports et le bâtiment (isolation) y contribuent à hauteur de 40 % Sans une remise en cause profonde de nos modes de consommation, notamment en ce qui concerne le transport individuel, notre développement ne sera jamais durable, et constitue une fuite en avant suicidaire et criminelle :

Þ 5 000 décès annuels en raison de la pollution atmosphérique

Þ 2 à 3 000 décès annuels dus aux dioxines

Þ 15 000 décès lors de la canicule de l’été 2003

Þ 150 000 décès annuels par cancer, essentiellement en raison de l’environnement

Þ 300 000 atteintes du cancer chaque année

Þ Incendies, inondations, tempêtes, pertes de récoltes, épidémies

by Thierry
 www.alternatifs.org

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