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LE PARTI COMMUNISTE : PARTI ELECTORALISTE OU PARTI REVOLUTIONNAIRE ?

Publie le mercredi 18 juin 2008 par Open-Publishing
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de Habib ABBA-SIDICK

Depuis l’abandon par le XXII ième congrès en 1976, d’une certaine dialectique marxiste, où le PCF s’était prononcé pour une démocratie authentique, en référence à un positionnement antérieur oscillant, entre son indéfectible soutien à l’URSS et l’accession au pouvoir par un processus démocratique, le PCF s’est délité.

Les expériences des unions des gauches, ont eu comme conséquence d’amoindrir de façon durable les positions électorales du PCF, au profit du PS, lequel s’est trouvé en prédominance idéologique. Cette hégémonie, a certes favorisé un rassemblement des forces de gauche, ainsi qu’une alternance démocratique, mais n’a pas permis une inflexion réellement émancipatrice et révolutionnaire, dans ses prolongements électoraux.

On y affectera plusieurs raisons, le PCF en privilégiant la voie démocratique, ne s’est pas appliqué ces mêmes principes dans son fonctionnement interne. Répudiant toutes les pensées annexes en dérogation à une ligne politique dont les initiateurs, étaient aussi les utilisateurs zélés, sans rapport avec les desseins du peuple. Il s’agissait davantage d’un discours aux contours marxisants, que d’un véritable projet de transformation de la société.

La logique de l’union permettant l’avènement d’une gauche en capacité de gouverner, recélait un électoralisme abrogeant toute idée de transformation révolutionnaire, choyant l’électeur, lui dispensant un discours convenu, omettant de l’associer à son devenir, par l’obtention des moyens nécessaires à sa réflexion. Les périodes gouvernementales dans lesquelles le PCF s’est inséré, ont accrédité la thèse que la décision politique relevait de l’immanence et pas de la participation active du peuple dont on sollicitait uniquement les suffrages, érodant ainsi l’activité militante du PCF à travers la société et l’identité communiste.
Par ces options électoralistes délibérées, la social démocratie a dicté sa suprématie et a inversé le cheminement de l’histoire, en créant les conditions d’un congrès de tours, à contrario. Les communistes en négligeant leur vocation émancipatrice ont entériné l’avènement d’un social libéralisme, acceptant le diktat des forces d’exploitation et d’oppression.

La récente joute électorale a accentué ce constat, en impliquant le PCF dans des alliances avec des forces réactionnaires, au titre du réalisme électoral, exhibant ainsi la négation de son caractère originellement révolutionnaire, lui préférant une assimilation social démocrate l’autorisant à adopter la posture, reniée par un PS social libéral.

LA REVOLUTION EST L’INVENTION DE L’AVENIR

La dématérialisation partielle des biens produits, s’affirment comme l’axe principal du développement industriel ,la financiarisation de l’économie profitant de l’apport novateur de la technologie a permis le délitement du précédent outil de production, et autorisée l’obsolescence des luttes du mouvement social telles qu’elles s’affirmaient auparavant. Le PCF a l’obligation d’entériner ce constat au risque de disparaître.

Fondamentalement, le contexte politico-économique actuel met en exergue la lutte de classes, dont l’affirmation revêt une apparence peu conforme à la réalité, sur laquelle a été érigée le PCF. Les moyens de production traditionnels, ont été désagrégés, se traduisant par l’extinction des secteurs de productions sidérurgiques, métallurgiques, des sites houillers, véritables viviers du recrutement communiste. Les communistes dans leur ensemble ont omis, après avoir participé à l’initiation de ces processus transformateurs, d’analyser les conséquences et les lignes de forces rédemptrices de leur action, se départant de leur qualité originelle : organiser et émanciper les opprimés.

Dans l’absolu toute révolution, est l’aboutissement d’une logique endogène, matérialisée par le progrès. Mais celui-ci est la conséquence, de l’orientation des forces étant à son origine, en l’occurrence le capitalisme, car la novation est le gage de sa pérennité.
En conséquence, si les citoyens ne disposent pas d’une organisation exerçant son magister en proximité, il en résultera une surexploitation de l’individu, un accroissement de la profitabilité et un progrès dont l’usage, sera minoré, car réservé aux possédants.

Les forces à l’œuvre ne sont pas antagonistes, mais développent une synergie, dont le principal déterminisme est d’être antidémocratique, permettant à terme de s’adjuger la suprématie économique, financière, politique et institutionnelle. Une timocratie insidieuse, s’immisce par une dissolution des acquis sociaux, obtenus à la libération, ainsi qu’un péril oriental savamment instrumentalisé, autorisant la dissipation des libertés fondamentales des citoyens. L’effacement progressif de l’autorité publique et de ses domaines d’intervention économique au profit d’autant d’ensembles privés, traduit la résolution d’un libéralisme triomphant, à accaparer les biens et les individus dans leur intégralité.

La réaction des peuples, n’est pas de l’ordre de la spontanéité, mais relève davantage de la lignée de l’organisé et en cette matière le PCF, a le devoir d’être l’instigateur des luttes de la transformation révolutionnaire, autorisant à mettre en perspective un devenir solidaire. Avec et par le peuple s’accomplira la nécessaire mobilisation populaire, endiguant la tentative d’oppression d’un libéralisme néo fasciste. En inventant des formes de luttes en adéquation avec la situation présente, en se réappropriant des espaces de liberté, dont le PCF était à l’origine le garant.

Ne nous méprenons pas, l’adversaire s’est départi de ses ambiguïtés à la faveur d’un rapport de forces favorables, dû notamment à la désertion par une portion de la gauche, des idéaux socialistes et de leur ralliement au social libéralisme. Cette conjecture était sous-jacente dès l’actualisation du programme de la gauche en 1977 lorsque plusieurs conceptions du socialisme s’affrontèrent à propos des nationalisations, car au-delà de la maîtrise des moyens de productions, la question fondamentale de leur devenir ultérieure était apposée. Devaient-ils demeurer dans le domaine public et être au service d’une stratégie à caractère socialiste ou retourner à leur origine capitalistique en étant restitué à leurs détenteurs originels ? Cette gauche privilégia le symbole, puisant dans l’allégorie plutôt que de définir une réelle stratégie de développement au service du peuple et de remettre en cause l’appropriation des moyens de productions, par une légion de nantis.
En définitive les expériences gouvernementales de gauche, ont permis à un capitalisme moribond de se régénérer en un libéralisme fringuant, car les composantes de ces unions circonstancielles ne se situaient pas, dans une perspective révolutionnaire, mais davantage comme des alliés objectifs d’une physiocratie au service des multinationales. Il en est résulté une dérive idéologique dont l’épisode de l’élection présidentielle de 2007 met un terme à "une certaine idée de la gauche".

Le communisme un principe inédit

Si le PCF a incarné pendant un siècle l’exégète communiste, aujourd’hui nous ne pouvons qu’en convenir et déploré qu’il ne soit plus que la représentation d’un communisme unique dont les reliefs marxistes, certes immarcescibles, se sont détournés de leur vocation révolutionnaire.

La révolution, le bien inestimable dont l’accomplissement devient inéluctable dès lors que l’ensemble des forces productives a répandu des antagonismes insolubles. L’aporie consécutive à cette brutale iniquité est le déterminisme de la révolution, où le tout devient possible y compris les extrémités absurdes. Le libéralisme a intégré cette notion relevant de l’épique, en propageant le mythe de la révolution, comme un instantané, ultime témoignage de la révolte des opprimés triomphant des oppresseurs. Cette allégorie est devenue un vecteur de la mercatique mercantile ambiante, prônant la révolte du consommateur de façon à obtenir des avantages supplémentaires permettant la captation de l’individu par les entités capitalistiques. Ainsi par un savant processus dilatoire, les institutions démocratiques, résultantes expurgées des antagonismes naturels ou procédant d’un affrontement permanent entre les éléments constitutifs des forces productives, sont relégués à l’inexistence. Le libéralisme est la doctrine du capitalisme financier, il décrète, il promulgue, il met en œuvre et il asservit tout individu participant au tamis perpétuel de la profitabilité. L’ergolité est la délimitation de l’esprit humain, mais pas sa finalité rétributive, laquelle est à la discrétion des détenteurs des outils de production dont l’indicateur est financier et constitue l’unique mode d’appréciation des qualités des êtres humains. Le capitalisme financier en irradiant l’ensemble des sociétés, s’accapare l’individu dans toute sa dimension, car si tout auparavant était politique, devient présentement financier.
Le présent réhabilite les fondements de la société d’exploitation dans laquelle les seuls nantis, abrogent les lois démocratiques, par leur puissance financière. Le censitaire se substitue à la démocratie, déstructurant la représentativité de la société,

En l’occurrence, cette situation accentue le phénomène de classe sociale et de sa conséquence, la lutte des classes. La prétention de certains et non des moindres à gauche de dénier à cette réalité son caractère d’oppression d’une classe sociale sur l’ensemble des autres dissimulent, un renoncement aux principes fondamentaux du socialisme et une acceptation sans réserve de ces extrémités .On pourra ergoter sur le bien fondé d’initier des éco-pis-aller même durables il n’en demeure pas moins que nous devons d’abord résoudre la problématique primordiale : permettre à tout un chacun d’avoir une existence légitime ,décente et durable . Or le capitalisme est illégitime de par sa nature spoliatrice de la personne humaine et de sa déclinaison politique totalitaire, dès lors que la contradiction est absente. L’agrégation de l’ensemble des moyens de production et financiers, d’information, de loisirs et des institutions par des possédants émargeant au gotha des fortunes ne permet plus à la mouvance progressiste d’intervenir comme un régulateur de l’équité sociale, car le libéralisme est décidé à s’arroger le droit, les moyens et les individus.

Dans cette hypothèse, le PCF ne peut demeurer interdit et doit retrouver le chemin de la révolution ainsi que ses accents révolutionnaires. les communistes dans leur immense majorité désapprouvent, les orientations actuelles, lesquelles sont assimilables à de la collaboration de classe objective. La réalité est implacable, la régulation par le mouvement social est insuffisante par son nombre et sa qualité revendicatifs. »La révolution est un bloc » et se situe avec en perspective la conquête démocratique du pouvoir et son corollaire une alternative la dissociant du social-libéralisme. Tel est notre devoir et notre ultime objectif. A l’opposant régulateur se substituera l’opposant révolutionnaire et internationaliste, dans lequel les militants communistes se reconnaîtront. Au moment où les droits élémentaires des individus sont bafoués, la liberté syndicale et politique sont entravées, l’iniquité accomplit par décret et les institutions sont un trône sur lequel sont juchées les oligarchies régnantes, les communistes ont l’obligation de s’emparer de la dissidence transformatrice.

QU’EST CE QUE LA RÉVOLUTION

Elle ne se décrète pas, elle est la résultante d’un accroissement des potentialités d’une classe dominante laquelle par sa puissance s’extrait d’une collectivité dont elle était un élément constitutif. L’ampleur de la précarisation massive de la société est révélatrice de la disparition des ensembles de stabilisation antérieurs. Cette désolidarisation est un aboutissement d’ordre idéologique, le triomphe de la classe des exploiteurs dont le principal tourment fut l’organisation du prolétariat pendant le XXIème siècle. Par la grâce d’une social-démocratie pactisant avec un libéralisme subrogatif du capitalisme, de renoncement en capitulation, le socialisme dans son incarnation présente a livré le mouvement social à la préhension de ses adversaires .

Le délitement des organisations représentatives des salariés, dont le crépuscule est à l’ordre du jour, dont les actions sporadiques n’ont plus de traduction politique, dont la désunion systématisée est due à une différence d’appréciation d’ordre idéologique entre progressistes et sociaux-libéraux ,dont la proximité avec la pensée dominante témoigne de leur alliance objective. La liquidation des principes révolutionnaires et des acquis obtenus par les luttes populaires, telles sont les objectifs des gouvernants actuels. Qu’on y songe, les ensembles économiques de production sont l’apanage de la nation, aucun d’entre eux ne présentait de situation moribonde et ils ont permis d’expérimenter un modèle social que certaines nations ont encore le désir d’adopter, malgré l’opprobre. La capacité productive de la nation fut induite par les pouvoirs publics, représentant l’expression populaire et en aucune manière l’immixtion des forces prétendument libérales ne fut probante, dans le développement économique de la nation depuis 1945. Dans ces conditions peut on réellement prétendre à la supériorité du capitalisme, lorsque celui-ci s’empare d’acquis dont originellement le peuple en était le détenteur et l’initiateur ou ne serait il pas davantage patent de distinguer la revanche des vaincus d’hier ?

Nous devons réhabiliter le mouvement progressiste, mettre en exergue notre volition à une participation du peuple dans l’élaboration de la décision, régénérer l’autogestion par la nationalisation de certains moyens de production dans les secteurs économiques fondamentaux, car au-delà de l’aspect économique, le principe de l’appropriation populaire est une conception démocratique. La restitution des moyens de production, à la nation serait équitable. La solidarité entre les peuples favoriserait une coopération planétaire , autorisant une répartition des potentialités économiques, culturelles, scientifiques, fondée sur les besoins véritables de chacun .Cet accomplissement n’aura lieu que par la révolution, car l’esprit démocratique ayant autorisé le progrès jusqu’alors, a été abrogé par l’intronisation du libéralisme, lequel ne s’accommode pas de la démocratie quelque soit sa forme.

Habib ABBA-SIDICK
Militant communiste

Messages

  • La dématérialisation partielle des biens produits, s’affirment comme l’axe principal du développement industriel ,la financiarisation de l’économie profitant de l’apport novateur de la technologie a permis le délitement du précédent outil de production, et autorisée l’obsolescence des luttes du mouvement social telles qu’elles s’affirmaient auparavant. Le PCF a l’obligation d’entériner ce constat au risque de disparaître.

    Je partage cet avis mais il me semble qu’il ne faut quand même pas le surestimer car à l’échelle du monde je crois bien que cette dématérialisation n’est peut être pas forcément "gagnante" - cependant c’est évidemment un process crucial, largement poussé (on peut expliquer pourquoi) par la petite bourgeoisie et qui a fini par être accaparé par la bourgeoisie.

    LL

  • Texte un peu (trop) plein de formules ampoulées et à mon humble avis "intellectualistes" (dommage - nuit un peu à son "approche") MAIS absolument intéressant et qui doit faire partie je pense, d’un travail commun, d’un "pot commun".
    Une bonne contribution de fond qu’il faut relire et dont on doit s’emparer et débattre (je ne suis pas ok avec tout mais l’auteur ne me semble pas hostile à la critique ni à la discussion) - on va y revenir donc :)

    Merci camarade en tout cas.
    LL

  • Félicitations pour cet article dont je partage l’essentiel. Certes on peut toujours reprocher à Habib sa façon d’écrire, moi je ne le ferai pas car c’est son style (on aime ou on aime pas) et le connaissant bien je sais que cela correspond bien à sa personne. Il nous faut justement accepter que le discours politique ait du style et ne soit pas forcément calqué sur des expressions toutes faites. User d’un vocabulaire peu courant est parfois stimulant pour la pensée, la polysémie de notre langue est une richesse, alors ne nous gênons pas ! Usons de cette richesse acontrario des fadasses inepties télévisuelles.
    Et puis tout mon fraternel salut à La Louve dont j’apprécie aussi les papiers.

    Jean-Paul Legrand
    militant communiste
    membre du PCF

    http://creil-avenir.com