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Pourquoi les dirigeants "altermondialistes" et syndicaux laissent Sarkozy privatiser EDF

Publie le jeudi 20 mai 2004 par Open-Publishing
2 commentaires


"Donne moi un réacteur nucléaire et je te laisse tranquille…"

de Stephane Lhomme Militant antinucléaire, citoyen altermondialiste,
usager en sursis du Service public

Cela fait des mois que nous soutenons qu’il n’est pas possible d’être à la fois
altermondialiste et pro-nucléaire. Aujourd’hui, le mouvement alter paye cash
le fait de s’être laissé infiltré, voire même dirigé, par des pro-nucléaires.

En effet, et nous l’avons aussi annoncé depuis des mois, un scandaleux « donnant-donnant » est
mis en œuvre actuellement : le pouvoir offre un nouveau réacteur nucléaire (l’EPR)
aux chefs syndicaux d’EDF et, en échange, ceux-ci s’arrangent pour que l’ouverture
du capital d’EDF se passe sans trop de remous. Certes, il y a en ce moment d’importantes
manifestations des salariés d’EDF et de GDF qui, eux, sont de toute évidence
de bonne foi. Mais est-ce le cas de leurs dirigeants ?

Déjà, lors du référendum interne à EDF organisé en 2003 pour casser les retraites
des électriciens et gaziers, la direction de la CGT-Energie avait appeler à voter « oui ».
Heureusement, les salariés n’avaient pas tenu compte de cette trahison et avaient
voté « non » à 55%.
Aujourd’hui, la CGT-Energie a changé de « chef » (l’ancien a été recyclé au Parti
communiste, comme responsable du… développement
durable !).

Le discours a été lissé (on fait même mine de combattre !) et, par ailleurs, l’affaire de la CCAS* a éclaté entre-temps. A la CGT-Energie et au PCF, dans le collimateur, on dénonce une affaire qui tombe « comme par hasard » au moment où le pouvoir veut casser le statut d’EDF. Sur ce point précis, nous les rejoignons : bien sûr que ça tombe au « bon » moment ! Et bien sûr que le message du pouvoir en direction des dirigeants syndicaux est très clair. Mais, s’ils font preuve de « responsabilité », tout pourrait s’arranger et ils auront au joli réacteur nucléaire (l’EPR) en récompense…

Tout va se jouer maintenant : les manifestations prévues ce mercredi 19 mai se poursuivront-elles jusqu’à l’abandon du projet de loi scélérat ? Ou bien les chefs syndicaux expliqueront-ils en sous-main que, somme toute, les « garanties » obtenues sont importantes ? Voyons ça : « Non seulement le statut des personnels (hormis les retraites) ne sera pas modifié, mais Sarkozy envisage de l’étendre à la sous-traitance, en particulier dans le nucléaire. Le financement du comité d’entreprise CCAS, exceptionnel en France (1 % du chiffre d’affaires), est même conforté par l’exposé des motifs de la nouvelle loi. » (Libé, 19 mai 2004). Est-il besoin d’en rajouter ?

Venons-en maintenant au mouvement altermondialiste. Il devrait être mobilisé à 100% contre la privatisation d’EDF et GDF. Sinon, est-ce la peine de faire d’interminables débats contre le libéralisme lors des Forums sociaux ?
Mais les salariés d’EDF et GDF sont bien seuls à manifester. Pendant que Sarkozy privatise, Cassen et Nikonoff sont très occupés (à diriger en sous main de ridicules listes « 100% altermondialistes » pour les élections européennes). Il est vrai qu’ils sont favorables au nucléaire et qu’ils « draguent » depuis quelques temps la CGT pour unifier le mouvement social : le mouvement altermondialiste et le mouvement syndical réunis derrière le panache de Bernard Cassen ?

Toujours est-il que la riposte du mouvement altermondialiste n’est pas au rendez-vous. Il est même totalement absent. EDF et GDF vont être privatisées et le processus de construction d’un nouveau réacteur nucléaire va être lancé.
Qui sont les perdants ? Les salariés d’EDF et GDF, les citoyens en général, les générations futures qui auront à assumer encore plus de déchets radioactifs et encore plus de réacteurs nucléaires à démanteler. Et le mouvement altermondialiste, muet au moment précis où il pouvait (devait) justifier son existence.

Nous l’avions bien dit, il n’est pas possible d’être à la fois altermondialiste et pro-nucléaire…

* Caisse centrale d’activités sociales des personnels des industries électriques et gazières. la CCAS a une puissance financière phénoménale. Les procédures judiciaires en cours dénoncent des détournements au profit de la CGT et du PCF. A suivre…

19.05.2004
Collectif Bellaciao

Messages

  • Que vous ne partagiez pas l’enthousiasme de la direction de la CGT EDF sur le nucléaire en général et l’EPR en particulier, c’est bien sûr votre droit. Mais quand vous affirmez que la direction de la CGT a négocié la privatisation avec le gouvernement, puis que vous glissez quelques insinuations sur la CCAS, on finit par se demander si on n’est pas tombé sur le site du Figaro...

    Philippe Bourdet - Valbonne

  • Libre à chacun d’être opposé au nucléaire. mais pourquoi affirmer qu’il est impossible d’être altermondialiste et pronucléaire. Sur quelle définition d’altermondialisme se base l’auteur pour disqualifier l’opinion favorable à la technique de l’atome. L’altermondialisme est-il un refus de certaines techniques ? Il faut apprendre à discuter et éviter ce genre d’affirmation qui ne sont logique que dans l’esprit de leur auteur ( dont l’analyse paranoiaque de l’action de la CGT est inquiétante).
    La séparation entre la gentille base Cgt et la direction Cgt préte à toutes les compromissions est idiote et est contredite par la réaffirmation par la base des orientations de la direction dans toutes les élections professionelles.
    La vision du monde syndicale est étrangement semblable aux éditoriaux du Point ou du Figaro. La dénonciation des autres dans un discours tous pourris sauf moi le pur est stupide et dangeureuse. Il faut éviter les amalgames. Le citoyen altermondialiste Lhomme a certes le droit d’avoir un avis, il faut néanmoins qu’il apprenne à écouter celui des autres et qu’il cesse de penser le monde comme un vaste complot (analyse stérile et souvent dangereuse).