Accueil > UNE NOUVELLE ATTAQUE CONTRE LA SOLIDARITÉ NATIONALE...

UNE NOUVELLE ATTAQUE CONTRE LA SOLIDARITÉ NATIONALE...

Publie le mardi 24 juin 2008 par Open-Publishing

Bonjour à tou(te)s,

Ce matin en lisant la version internet des échos, j’ai trouvé ce texte signé par Frédéric van Roekeghem, directeur de l’UNCAM (donc de la Sécurité Sociale) et zélateur des politiques ultra-libérales en matière de santé publique (n’avait-il pas en 2004 défendu les « avancées économiques de la réforme Douste-Blazy » ?) et qui pour revenir en 2011 à l’équilibre des comptes de la branche maladie ne propose ni plus ni moins que de dérembourser les médicaments aux malades souffrant de longues maladies de 100% à 35%. Ce n’est qu’un projet me direz-vous, mais comme dit le proverbe « entre la coupe et les lèvres il y a encore de la place pour un malheur » et même si Woerth se défend de vouloir appliquer ledit rapport l’idée est dans l’air... Je vous laisse juges :

FRÉDÉRIC VAN ROEKEGHEM - DIRECTEUR DE L’UNION NATIONALE DES CAISSES D’ASSURANCE-MALADIE

« Plus les mesures seront mises en oeuvre vite, plus le retour à l’équilibre sera conforté »

 [Les Echos (LE) ] : Le gouvernement veut équilibrer les comptes de la Sécurité sociale en 2011. Cet objectif est-il tenable ?

 [Frédéric van Roekeghem (FVR) ] : Cet objectif est légitime, souhaitable et tenable. Le déficit de l’assurance-maladie a été divisé par trois depuis 2004, mais il reste 4 milliards d’euros à apurer, soit 120 euros par foyer de soins financés à crédit. Et nous devons faire face à la hausse tendancielle des dépenses liée à l’accroissement de la prévalence de pathologies lourdes et chroniques : actuellement, 40 % de la population concentre 90 % des remboursements. Le retour à l’équilibre est néanmoins atteignable, car il reste des marges d’efficience importantes à tous les niveaux. Une hausse des dépenses limitée à 3,3 % en 2009, contre une évolution tendancielle de près de 5 %, constitue un objectif rigoureux mais raisonnable.

 LE : Comment y parvenir ?

 FVR : Nous allons renforcer le rôle du médecin traitant afin d’améliorer le suivi des malades et de mieux maîtriser les prescriptions. Nous visons 500 millions d’euros d’économies au titre de la maîtrise médicalisée en 2009. Les référentiels que prépare la Haute Autorité de santé sur les anticholestérols, les traitements de l’hypertension et les anti-ulcéreux vont permettre d’utiliser à meilleur escient les traitements coûteux. Le contrat de bonne pratique individuelle proposé aux médecins sera un des soutiens de cette politique. Autre priorité : la réduction des inégalités démographiques. Nous allons finaliser l’accord avec les infirmières et négocier avec les médecins afin d’appliquer les mesures de régulation définies lors des états généraux de l’organisation de la santé organisés par Roselyne Bachelot. Si nous trouvons un accord fin juillet, la hausse du tarif des généralistes pourrait intervenir au 1er mars 2009.

 LE : Où résident les principaux gains de productivité ?

 FVR : L’assurance-maladie doit pouvoir bénéficier, par l’évolution des tarifs, des gains de productivité qui ont été réalisés dans certains secteurs, tels que la radiologie et les analyses de biologie médicale. Même chose pour les médicaments : quand un produit n’améliore pas suffisamment le service médical rendu, il devrait être remboursé au prix du générique, et les tarifs des génériques devraient eux-mêmes être réexaminés quand ils sont supérieurs à ceux pratiqués dans des pays comparables. Nous proposons également d’expérimenter le remboursement sur la base du prix du générique pour une classe entière de médicaments, à savoir les anti-ulcéreux (IPP). Nous demandons un effort d’environ 500 millions d’euros aux industriels. C’est équilibré, car cet effort garantit la rémunération au juste prix des innovations.

 LE : Votre rapport contient beaucoup de préconisations sur l’hôpital...

 FVR : Il est normal de s’intéresser à la moitié des dépenses ! Nous proposons notamment de mieux contrôler la pertinence des actes et développer la procédure de mise sous accord préalable quand l’évolution de l’activité d’un établissement apparaît anormale. De façon générale, nous prônons une plus grande lisibilité des tarifs, intégrant une dimension de recherche d’efficience. Par ailleurs, les tarifs facturés à l’assurance-maladie par les hôpitaux dans le cadre de l’activité libérale des médecins hospitaliers devraient tenir compte du fait que les honoraires sont déjà payés directement par les assurés.

 LE : Comment limiter le coût des affections de longue durée (ALD), qui s’accompagnent d’une couverture à 100 % des soins ?

 FVR : Le nombre de bénéficiaires progresse de 4 % par an et le coût global de 6 %. Cela accroît mécaniquement la part de la dépense de soins prise en charge par l’assurance-maladie au titre des ALD, et plus généralement le taux de remboursement moyen du régime obligatoire.
La réglementation prévoit cependant que le dispositif est réservé aux maladies « longues et coûteuses », ce qui n’est plus toujours le cas, notamment dans le domaine cardio-vasculaire. Il faut donc adapter les conditions d’entrée en ALD tout en développant la prévention.
Nous proposons aussi de transférer aux organismes complémentaires le ticket modérateur des médicaments à vignette bleue (remboursés à 35 %). Compte tenu des baisses de tarifs concomitantes sur les médicaments, cette mesure pourrait être mise en oeuvre sans augmentation de leurs charges.

 LE : Comment améliorer la couverture des patients par les assurances et les mutuelles ?

 FVR : Beaucoup de bénéficiaires du RMI ne font pas valoir leur droit à la CMU complémentaire. L’assurance-maladie pourrait les affilier directement quand ils ne répondent pas aux sollicitations. En outre, de nombreux bénéficiaires potentiels de l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé ne l’utilisent pas, du fait du prix des contrats : nous pourrions leur proposer de souscrire des contrats à coût modéré.

 LE : Le ministre du Budget, Eric Woerth, a-t-il raison de vouloir prendre des mesures d’économies de court terme, sachant qu’il n’y a pas d’alerte sur les dépenses ?

 FVR : Plus les mesures que nous préconisons seront mises en oeuvre vite, plus le retour à l’équilibre sera conforté.

PROPOS RECUEILLIS PAR ÉTIENNE LEFEBVRE

La réponse du Ministre Eric Woerth ne s’est pas faite attendre :

Woerth ne veut aucune "remise en cause du remboursement des affections longue durée"

[ 24/06/08 - 10H25 - actualisé à 10:25:00 ]

Dans une interview aux Echos, le directeur de l’Assurance maladie, Frédéric van Roekeghem propose une réforme de la prise en charge des maladies graves, et notamment le déremboursement partiel de certains médicaments.

« Il n’y aucune remise en cause du remboursement à 100% des affections longue durée" (ALD), a assuré ce matin sur France Culture Eric Woerth. Le ministre du Budget et des Comptes publics réagissait aux propos du directeur de l’Assurance maladie Frédéric van Roekeghem recueillis par "Les Echos". Celui-ci a proposé qu’ un nouveau plan de redressement de l’ordre de 3,2 milliards d’euros à partir de 2009, passe notamment par une réduction du taux de prise en charge de certains médicaments des patients - ceux "à vignette bleue" - souffrant d’affections longue durée (ALD), qui ne seraient remboursés par l’assurance maladie qu’à 35% au lieu de 100% actuellement, les organismes complémentaires (mutuelles, assurance, etc) prenant alors en charge la différence (65%). »…

=> Je pose alors une question bête : quel organisme complémentaire prendrait en charge les malades souffrant d’une ALD sachant les « risques » (les coûts) que ces malades (pardon ! clients) feraient subir auxdites compagnie ? C’est la porte ouverte aux refus de prise en charge et au refus de souscription de contrats.

… « Huit millions de personnes sont atteintes en France d’une ALD.
Selon M. Woerth, la prise en charge des affections longues durée à 100% n’est pour autant "pas du tout" terminée. "Les affections dites de longue durée, la maladie coûteuse pour le malade, par principe elle est prise en charge à 100%. C’est bien évidemment cela qui doit être fait, il n’y aucune remise en cause bien évidemment du remboursement à 100% des affections longue durée", a-t-il assuré. "Ce n’est pas un plan, mais des propositions de l’assurance maladie", a ajouté le ministre. "Si on veut un modèle français de sécurité sociale durable il faut l’équilibrer, on s’est fixé comme objectif 2011", a-t-il rappelé. "Nous avons demandé avec Roselyne Bachelot à l’assurance maladie de nous faire des propositions", a-t-il expliqué, précisant que ces propositions seraient examinées "dans les semaines qui viennent". (source AFP) »

Plan ou pas, projet ou pas, quand on commence à entendre de tels propos, c’est que la réalisation n’est pas loin, qu’elle soit adoptée ouvertement ou en catimini (les vacances sont propices à ce genre de manoeuvre !) une telle procédure serait un coup de semonce énorme envers la Sécurité Sociale. Mais on connaît depuis longtemps la volonté des pontes institutionnels du libéralisme en matière de santé publique : un peuple mal instruit, mal soigné est un peuple servile. Il est vraiment temps d’expulser ces malades du profit !