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Un magot de 50 milliards pour l’emploi et la sécu

Publie le samedi 28 juin 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

Les entreprises bénéficient de 50 milliards d’exonérations de cotisations via des systèmes divers. Alors, c’est un vieux serpent de mer qui ressort : déjà Monsieur Gandois, patron des patrons dans les années 1980, avait dénoncé l’inefficacité des exonérations de charges ; certains économistes soulignaient même leur effet pervers : en allégeant artificiellement le coût du travail le moins qualifié, ces exonérations déqualifiaient le travail en France (la France avait tendance à se smicardiser, disait-on). Pour un gouvernement obsédé par l’efficacité de la dépense publique, il était temps de se préoccuper de l’efficacité des cadeaux fiscaux.

Quels sont ces cadeaux de cotisations sociales ? On pense d’abord au coût du fameux principe travailler plus pour gagner plus. Les exonérations concernant les heures sup coûtent quelques 4 milliards d’euros aux contribuables.

Il y a ensuite tout ce qui est participation, intéressement, plans d’épargne entreprise, 14.4 milliards d’euros de cadeaux, la prévoyance et la retraite supplémentaire, 13.6 milliards d’euros, les indemnités de licenciement, 5 milliards d’euros, les stock options, les tickets restaurants etc etc etc. Plus les exonérations ciblées : restauration, zones urbaines sensibles, zones de revitalisation rurale, DOM-TOM. On a calculé que dans les DOM et la restauration le coût par emploi créé ou maintenu est de l’ordre de 38000 euros (chiffre donné par les Echos) Ce qui fait du 3000 euros par mois. Ca fait cher l’emploi. Dans la restauration vous payez 2 milliards d’exonérations plus 800 millions d’aides directes. Mais ce n’est pas le pire...

Le gros paquet est représenté par les allègements entre 1 smic et 1.6 smic : 23 milliards d’euros. N’est-ce pas là que se situent les effets pervers d’un système qui n’incite pas les entreprises à faire les gains de productivité nécessaire ? Et surtout... Comment parler du déficit de la Sécurité sociale devant cet énorme manque à gagner ? Que pèsent les cinq milliards de déficit devant cette montagne d’exonérations dont l’efficacité est plus que douteuse, au dire même des patrons ? Avant de limiter les rembourses aux affections de longue durée, (cancer, Alzeimer, mucovicidose, sida, diabète etc) ne faut-il pas réfléchir aux exonérations ?

Bernard Maris, Marianne

La phrase du jour : « Qui veut être riche en un an, au bout de six mois est pendu » Cervantès

Messages

  • Loi Fillon 2004. Allègement des charges sur les bas salaires. Ca veut bien dire ce que ça veut dire.
    Si le patron augmente le salarié plus d’allègement. Donc salarié au SMIC ou bien à temps partiel s’il est un peu au-dessus du SMIC.
    Plus dans la restauration versement par l’ASSEDIC d’une aide calculée par employé. Cette aide devait s’arrêter fin 2007 mais a été reconduite en 2008.
    Les caisses sont vides mais le gouvernement continue de donner aux gros groupes hôtellerie restauration. Rien n’est trop beau. L’action grimpe mais pas les salaires, les charges sont allégées, les salaires aussi et ainsi de suite.
    Bravo aux 53% de votants ayant voté comme des pieds.
    Pendant ce temps là reduction de cotisations de sécurité sociale et de retraite.
    D’où les déficits, d’où le discours pour une couverture des salariés par le privé.
    C’est y pas beau tout ça.
    53% des votants ont cru à ce discours néolibéraliste. A qui va profiter tout cela aux plus riches, à ceux qui en ont le moins besoin, aux copains de Sarko.

    • C’est bien de le dénoncer. 50 milliards c’est ENORME ! Il ne faut pas chercher bien loin le déficit de la Sécu. On a d’un côté des patrons qui font du chantage au licenciement s’ils ne peuvent pas appliquer les exonérations sur les petits salaires, et de l’autre un pouvoir qui cherche par tous les moyens à fiche en l’air la Sécu. Et les deux de converger de toutes façons vers moins d’état.

  • L’Etat-providence est providentiel pour les multinationales, la grande bourgeoisie, le capital, les financiers... Alors que depuis 30 ans le gogo croit que c’est son voisin chômeur ou sicard qui bénéficie des attentions sonnantes et trébuchantes du gouvernement, il va peut-être enfin s’apercevoir avec la déferlante de la crise qui approche en faveur de qui joue effectivement son action providentielle. A moins que la qualité de gogo ne soit la seule à se soustraire au temps, la seule éternité dans l’univers.