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De la critique des médias au procès : à propos de l’Acrimed et PLPL

Publie le dimanche 23 mai 2004 par Open-Publishing
20 commentaires


De : Philippe CORCUFF

Philippe Corcuff est sociologue et philosophe.
Maître de conférences à l’Institut politique de Lyon, il est l’auteur de plusieurs
ouvrages de sociologie et de philosophie. Chroniqueur à "Charlie Hebdo", il
est également coscénariste de "Nadia et les hippopotames", un film de Dominique
Cabrera.
(NDLR)

CherEs camarades,

Je voulais vous tenir informé, en vous apportant des éléments vous permettant de juger sur pièces,
de la polémique qui m’oppose depuis quelques temps à l’ACRIMED (site internet de critique des
médias, animé notamment par Henri Maler), et depuis plus longtemps à PLPL (journal de critique des
médias, dont les papiers sont anonymes, mais auquel participe entre autres Serge Halimi). Cette
polémique concerne le mouvement altermondialiste au sens large sur deux plans :

* celui du contenu de la critique des médias dominants ;

* celui de la possibilité même d’un débat argumenté et rationnel au sein de la galaxie
altermondialiste, qui peut être vif (incluant polémiques et ironie), mais qui risque de glisser vers
l’insulte et la diabolisation si l’on suit certains procédés de PLPL et plus récemment de l’ACRIMED.

Les deux niveaux ne sont pas nécessairement liés, car les divergences quant à la critique des
médias pourraient tout à fait s’exprimer publiquement dans une logique pluraliste, sans insultes, ni
procès. Ainsi ceux qui seraient en désaccord sur le premier plan avec mes analyses ne suivront pas
automatiquement PLPL et l’ACRIMED sur le deuxième.

Je vous mets dans la suite de ce message les différents textes de la controverse : un premier
compte-rendu de livre que j’ai fait dans Charlie Hebdo, la réaction de Patrick Champagne sur le site
de l’ACRIMED, ma réponse dans Charlie Hebdo et la réaction d’Henri Maler sur le site de l’ACRIMED.
J’ajoute, l’article critique que j’avais écrit sur PLPL dans la revue
bordelaise Le passant ordinaire (n°36, septembre-octobre 2001), car c’est à partir de là que PLPL a
commencé à m’insulter régulièrement dans ses colonnes et à diffuser des informations fausses à mon
propos (comme celle selon laquelle je serais conseiller de la rédaction du Figaro, information non
démentie par la suite). A l’époque, la rédaction du Passant ordinaire avait proposé aux rédacteurs de
PLPL de répondre dans la revue à mes critiques, proposition qu’ils avaient décliné.

Je ne compte plus m’impliquer directement dans cette polémique (mon dernier texte dans Charlie
Hebdo inclue la possibilité que la logique du "procès" perdure), mais simplement apporter les
différents éléments d’information à celles et ceux qui pourraient en n’avoir qu’une partie. Car on me dit
que le texte de Patrick Champagne contre moi se diffuse sur internet. Henri Maler lui a d’ailleurs
fait une publicité positive dans le dernier n° du Monde Diplomatique (n°602, mai 2004) dans son
article "Face à l’ordre médiatique" (pp.22-23, sans doute parce qu’il considère que je suis un des
pivots de cet "ordre médiatique"). J’ai déjà pu tester les premiers effets de la diffusion de ce
texte, car par deux fois il a été distribué sous la la forme d’un tract à l’entrée d’interventions
publiques que je faisais à Montpellier (le 12 mai alors que j’intervenais à l’Université et le 14
mai lors d’une rencontre organisée par une librairie autour de mon dernier livre). Je ne crois pas
ici à "un complot" contre moi, mais à l’agrégation de logiques et de passions assez diverses,
voire potentiellement contradictoires en elles (des divergences académiques quant à l’interprétation
de la sociologie de Pierre Bourdieu, ma participation à Charlie Hebdo, la question de la place et
du contenu de la critique des médias dominants dans le mouvement altermondialiste, mon appartenance
partisane à la LCR, notamment), nourrissant un processus de diabolisation.

Au-delà donc des analyses des uns et des autres sur les médias (qui pourraient s’affronter
autrement), c’est la possibilité même d’un espace commun doté d’un minimum éthique au sein de la galaxie
altermondialiste qui me semble en jeu.
bien à vous
Philippe Corcuff


Dossier polémique Acrimed/Corcuff (avril-mai 2004)
Textes de Philippe Corcuff, Patrick Campagne et Henri Maler


Paru dans Charlie Hebdo
N° 617, mercredi 14 avril 2004

Philippe Corcuff
Les journalistes sont-ils tous des vendus ?

« Propagande », « connivence », « manipulations », « mensonges », « vendus au Capital »… : la critique
gauchiste des médias nous a appris le sens de la complexité. Le nouveau Petit manuel de l’observateur
critique des médias (diffusion Co-Errances, 45, rue d’Aubervilliers 75018 Paris) rédigé par Henri
Maler (pour l’association Acrimed : Action-Critique-Médias) et Pierre Rimbert (pour le journal qui
pue : PLPL) s’inscrit dans un tel firmament de subtilité. « Surveiller la presse » est son mot
d’ordre ! Mais pourquoi le mouvement altermondialiste, si critique à l’égard de la malbouffe,
apparaît-il friand d’une nourriture intellectuelle pauvrement standardisée ? Pourtant une autre critique
des médias est possible. Tournons-nous vers les investigations philosophiquement passionnantes du
livre de Géraldine Muhlmann, Du journalisme en démocratie.

Philosophe politique, Muhlmann s’efforce d’éclairer l’un par l’autre le projet démocratique et le
statut d’un journalisme critique. Dans une veine sociologique, Cyril Lemieux avait déjà emprunté
un chemin analogue (dans Mauvaise presse – Une sociologie compréhensive du travail journalistique
et de ses critiques, Métailié, 2000). Au nom de quels « idéaux-critiques » peuvent se déployer nos
dénonciations des médias, demande Muhlmann ? Une telle question lui permet de pointer « la confusion
des critiques actuelles du journalisme ». Dans ces critiques, elle distingue deux catégories
distinctes. La première, la plus simpliste, est incarnée par Noam Chomsky ou Serge Halimi : c’est la
figure des « journalistes au service des puissants ». Bien que n’hésitant pas à recourir à l’expression
« idéologie », cette variété de critiques est fort éloignée du concept marxien d’idéologie (qui,
rappelle-t-elle, renvoie à « une domination anonyme et diffuse sur tous, domination qui n’est pas
réductible à de la "manipulation" de certains par d’autres »), lui préférant un schéma indigent :
« public innocent/journalistes malfaiteurs ». Muhlmann ne perçoit d’ailleurs pas qu’entre ces
contempteurs de « la pensée de marché » et leurs adversaires néo-libéraux, il y a une convergence
intellectuelle : le monde social serait avant tout une affaire de choix et de volonté individuelles, à la
manière de l’homo œconomicus.

La deuxième série de critiques est théoriquement plus construite et, bien qu’il y ait eu
conjoncturellement des « alliances » avec la première, elle pourrait servir de point d’appui pour sa mise en
cause. Il s’agit d’une critique structurelle des médias, où la volonté « malfaisante » des dominants
(et de leurs « laquais » journalistes) est mise de côté au profit d’un décryptage des mécanismes
collectifs de domination, entretenant inconsciemment des stéréotypes dans l’activité journalistique.
C’est notamment le schéma des « manipulateurs eux-mêmes manipulés par leur manipulation » esquissé
par Pierre Bourdieu. Muhlmann a certes raison de noter chez Bourdieu une tonalité tragique
pourvoyeuse de pessimisme vis-à-vis de l’espace public démocratique. Mais elle oublie, dans une lecture
philosophique trop homogénéisante, qu’un autre fil, émancipateur cette fois, est aussi présent. Un
fil, puisé dans Spinoza et les Lumières du XVIIIe siècle, qui parie sur une liberté relative au
moyen de la connaissance des déterminismes sociaux.

Mais la critique des critiques n’est qu’un préalable à des voyages philosophiquement riches dans
les contrées de trois « idéaux-critiques » du journalisme démocratique : le « journaliste-flâneur »
(inspiré de Baudelaire et de Walter Benjamin), le « journaliste-en-lutte » (exprimé par Marx) et la
figure, plus exploratoire qui a sa préférence, d’un journaliste qui participe à « l’institution d’une
communauté conflictuelle » propre à la visée démocratique moderne. De quoi rassasier notre appétit
de réflexion, en évitant de ressasser.

. Géraldine Muhlmann, Du journalisme en démocratie, Paris, Payot, collection “Critique de la
politique”, 2004, 350 p.


Observatoire des médias
ACRIMED
Action –Critique-Médias

LES JOURNALISMES
LES CRITIQUES
2003-2004 : HARO SUR LA CRITIQUE DES MÉDIAS

A PROPOS D’UNE PUBLICITÉ COMPARATIVE

Philippe Corcuff, critique “ intelligent ” de la critique des médias

Enrôlé par des journalistes qui prétendent soustraire les médias qui les emploient à toute
critique qui n’aurait pas obtenu leur certification préalable, le livre de Géraldine Mulhmann - Du
journalisme en démocratie - a recueilli une adhésion dithyrambique. Après Nicolas Weill (Lire : Le Monde
contre “ les critiques antimédias ”, antidémocrates et antisémites) et avec bien d’autres, c’est
Philippe Corcuff qui prend le relais.

Dans la chronique qu’il tient à Charlie Hebdo, Corcuff, dans le numéro en date du 14 avril 2004,
sous le titre, très journalistique et faussement provocateur, “ Les journalistes sont-ils tous des
vendus ? ”, écrit :

“ "Propagande", " connivence ", "manipulations", " mensonges ", "vendus au capital "… : la
critique gauchiste des médias nous a appris le sens de la complexité. Le nouveau Petit manuel de
l’observateur critique des médias (diffusion Co-Errances, 45, rue d’Aubervilliers 75018 Paris), rédigé par
Henri Maler (pour l’association Acrimed : Action-Critique-Médias) et Pierre Rimbert (pour le
journal qui pue : PLPL), s’inscrit dans un tel firmament de subtilité. “ Surveiller la presse ” est son
mot d’ordre ! Mais pourquoi le mouvement altermondialiste, si critique à l’égard de la malbouffe,
apparaît-il friand d’une nourriture intellectuelle pauvrement standardisée ? Pourtant, une autre
critique des médias est possible. Tournons-nous vers les investigations philosophiquement
passionnantes du livre de Géraldine Muhlmann, Du journalisme en démocratie. ”

L’objectif de cette publicité comparative est patent : se débarrasser de la critique des médias en
faisant passer ceux qui la mènent pour des imbéciles. Et, dans ce but, il suffit de faire dire au
Petit manuel de l’observateur critique des médias, co-produit par Acrimed et PLPL, ce qu’il ne dit
pas et même l’inverse de ce qu’il dit. Ce que tout lecteur, pour 2 euros seulement (le modeste
prix de la brochure), pourra lui-même constater.

Corcuff… encore

Ce donneur de leçons est donc un faussaire [1]. Mais c’est aussi un opportuniste. Depuis trois
ans, Philippe Corcuff, totalement silencieux sur les médias qui lui accordent l’hospitalité et sur
ceux dont il espère sans doute qu’ils ne vont pas tarder à le faire, s’est lancé dans une croisade
héroïque (et un tantinet narcissique) contre la critique des médias [2]. C’est ainsi que, tour à
tour ou simultanément, Noam Chomsky et PLPL, Philippe Cohen et Pierre Péan, Pierre Bourdieu et Serge
Halimi et, désormais, Acrimed ont bénéficié de son affectueuse attention et de sa “ politique de
la caresse ”.

Si, jusqu’alors, nous nous sommes tus, non sans une certaine impatience, c’était pour pouvoir
suivre de plus près l’ascension d’un simple aspirant au statut (curieusement envié de la part de ce
prétendu admirateur de Pierre Bourdieu) “ d’intellectuel médiatique ”. Désormais, l’espace
médiatique lui étant largement ouvert, on peut le voir poursuivre son activité de protecteur de ses
tenanciers, déverser sa prose dans Charlie Hebdo, multiplier un peu partout les entretiens où il n’omet
presque jamais de dénoncer la critique prétendument “ gauchiste ” des médias et d’en profiter, au
passage, pour faire son autopromotion ainsi que celle de ses amis du moment.

Parasite de l’œuvre de Pierre Bourdieu, Philippe Corcuff tente de se faire passer, auprès des
médias, à la fois pour le principal interprète et pour le meilleur critique de la pensée du
sociologue. Il peut ainsi encaisser deux fois les dividendes médiatiques : en tant que bourdieusien “ free
lance ” (par rapport aux “ bourdieusiens institutionnels ”) et comme “ critique ” qui peut croire,
et faire croire, qu’il dépasse le maître. Une telle prétention peut prêter à sourire, mais
lorsque, s’agissant de l’analyse de médias, Corcuff déforme ou redresse ce que Bourdieu et d’autres ont
pourtant, sans ambiguïté, écrit ou fait, voilà qui mérite pour le moins, comme on dit dans la
presse, un “ rectificatif ”.

Corcuff… toujours

Quelques exemples ? En voici…

Pierre Bourdieu a-t-il publié, dans sa collection militante, Les Nouveaux Chiens de Garde de Serge
Halimi ? Notre chroniqueur tous médias décrète qu’il s’agit d’une alliance provisoire entre le
sociologue et un prétendu théoricien du complot médiatique !

Serge Halimi, dans Les Nouveaux Chiens de Garde, propose-t-il une description lucide et “ tonique
” (pour reprendre l’adjectif que lui attribue … Géraldine Mulhlmann, la philosophe que pourtant
notre chroniqueur encense à l’excès) des connivences et des révérences ordinaires qui règnent au
sommet du journalisme ? Pour n’avoir pas à se prononcer sur ces faits, établis et indiscutables,
Corcuff dénonce alors une interprétation “ conspirationniste ” sans jamais pouvoir citer la moindre
phrase sur laquelle fonder une telle “ critique ” [3].

Pierre Bourdieu, dans Sur la télévision, analyse-t-il, l’emprise de la télévision assujettie à
l’audience commerciale sur l’ensemble du journalisme et l’emprise du journalisme sur la vie
culturelle ? Philippe Corcuff préfère n’y voir que l’expression d’un mouvement d’humeur contre les
intellectuels médiatiques, …au moment où, il est vrai, lui-même tente de devenir l’un d’entre eux !

Pierre Bourdieu a-t-il soutenu, sans y participer, la constitution de notre association et appelé
de ses vœux depuis longtemps un observatoire des médias ? Philippe Corcuff préfère n’en rien
savoir pour ne pas avoir à associer le nom de Pierre Bourdieu à une critique qui ne peut être que
simpliste !

Notre chroniqueur (qui aime à se parer du titre de conseiller scientifique d’Attac n’importe où et
à n’importe quel propos) prétend ainsi dicter sa loi à une action collective qu’il mesure à
l’exercice solitaire de la pensée : il ne tolère donc pas qu’une association regroupant des chercheurs
et des universitaires, des journalistes et des professionnels des médias, des militants et des
acteurs du mouvement social puisse faire, au niveau qui est le sien, un travail critique et précis sur
la production de l’information.

Ignorant tout de l’activité d’Acrimed, Philippe Corcuff espère sans doute pouvoir compter sur
l’ignorance des auditeurs ou des lecteurs des médias dans lesquels il se répand. Qui, en effet, a
jamais dit, ou même suggéré, à Acrimed, que “ tous les journalistes [seraient] des vendus ” ? Acrimed
s’est précisément constitué contre ce type de simplification journalistique et aussi militante qui
interdit par avance tout débat et donc tout progrès. Les centaines de recensions et d’articles qui
se trouvent aujourd’hui sur le site ainsi que l’adhésion de nombre de journalistes qui nous ont
rejoints ou qui nous lisent, témoignent du travail accompli par Acrimed qui n’a rien de commun avec
cette affirmation dont on ne sait si elle est seulement malveillante ou plus banalement stupide. A
moins qu’elle ne soit à la fois stupide et malveillante. Mais depuis qu’il a colonne ouverte dans
les médias, Philippe Corcuff a pris pour mot d’ordre “ Touche pas à mes journalistes ! ”. C’est
qu’il espère bien être entré au sein de “ l’élite ” de la corporation qui a pour devise : “ On ne
crache pas dans la soupe ! ”.

Ces attaques récurrentes contre la critique des médias veulent en fait rendre impossible toute
critique. Mais ces mêmes attaques ne peuvent que renforcer notre conviction : le pouvoir d’imposition
des médias, et surtout leur puissance de diffusion, sont tels qu’il nous semble légitime, pour ne
pas dire indispensable, qu’un regard critique puisse être porté sur la production journalistique
quotidienne. Nous pensons que le travail critique que nous avons engagé depuis plusieurs années ne
déroge en rien aux exigences de la rigueur et de la précision parce qu’il recourt à l’humour et au
trait satirique. Plutôt que de s’abriter derrière les “ hautes réflexions philosophiques ” sur la
contribution (générale) que le journalisme (en général) peut apporter à la démocratie (en
général), notre travail critique veut se soumettre à l’épreuve de la réalité quotidienne du métier de
journaliste d’aujourd’hui. Et plutôt que de se gargariser de l’invocation de la “ complexité ” pour ne
rien dire, en fait, des vérités les plus triviales et les plus simples quand elles dérangent, nous
essayons de mettre au service d’une critique collective les savoirs de la sociologie du
journalisme et de l’économie des médias, mais aussi les savoirs professionnels des salariés et des
syndicalistes des médias ainsi que les savoirs militants de toutes celles et de tous ceux qui, dans leurs
actions, sont confrontés aux médias dominants.

On sait désormais qu’il faut aussi prendre en compte les effets de pollution qu’exercent sur ce
débat aujourd’hui essentiel ceux que Bourdieu appelait les “ intellectuels négatifs ”.

Patrick Champagne

[1] Un seul exemple suffit ici à le montrer, que l’on trouvera dans la note 3

[2] Il n’est pas le seul. Lire, par exemple, dans notre rubrique “ Haro sur la critique des médias
”, les articles consacrés à Dominique Wolton et Philippe Val.

[3] Le mot complot apparaît une fois dans l’ouvrage de Serge Halimi. Dans le passage suivant : “
Noam Chomsky ne cesse de le répéter : l’analyse du dévoiement médiatique n’exige, dans les pays
occidentaux, aucun recours à la théorie du complot. ” (Les Nouveaux chiens de garde, Raisons d’agir,
page 32.)

De même, dans le Petit manuel de l’observateur critique des médias, il est également fait allusion
au thème du complot. De la manière suivante : “ Il n’est pas besoin de recourir aux fantasmes d’un
complot, de multiplier les écoutes téléphonique et les caméras cachées, pour mettre en évidence
les liens entre les locataires de toutes les positions de pouvoir, les rapports de connivences, les
renvois d’ascenseurs. Il suffit, plus souvent, qu’on ne le croit de relever et de connecter des
informations publiques.[…] Cette précision est d’autant plus importante qu’un certain nombre
d’essayistes de second rang et de journalistes ne cessent de reprocher mensongèrement aux critiques des
médias, dont Noam Chomsky, d’être des partisans de la " théorie du complot ". Ils espèrent ainsi se
défausser eux-mêmes des soupçons naturels que leur vaut leur refus intéressé de critiquer des
organes de presse auxquels ils font appel en permanence pour leur auto-promotion. ” (p. 13.)

Ces rappels permettent de prendre la mesure de la probité intellectuelle de l’universitaire
Philippe Corcuff quand il reproche sans relâche à Noam Chomsky, Serge Halimi, PLPL et Acrimed d’avoir
défendu une " théorie du complot. "

Mise en ligne : lundi 19 avril 2004 - Par Patrick Champagne

http://www.acrimed.org


Paru dans Charlie Hebdo
N°619, mercredi 28 avril 2004

Philippe Corcuff
Au bon sens stalinien

“Dans son parti, les choses avaient pris une telle tournure que celui qui n’acceptait pas en bloc
tout ce qui en venait était traité d’ennemi et condamné sans appel. Celui qui exprimait un doute,
si léger fût-il, prouvait qu’il était au service de l’ennemi, qu’il appartenait à son avant-garde.
Josmar ne pouvait donc pas discuter, lui non plus : il proclamait et condamnait.”
Manès Sperber, Et le buisson devint cendre, 1949-1955 (trad. franç. chez Odile Jacob, 1990).

Le sociologue Patrick Champagne, prétextant une note de lecture publiée dans Charlie (14-04-2004)
sur un livre de Géraldine Muhlmann (Du journalisme en démocratie, Payot, 2004), m’a aimablement
qualifié de “faussaire”, d’“opportuniste” et d’“intellectuel négatif” obsédé par la gloire
médiatique dans un texte mis en ligne sur le site de l’ACRIMED (Action-Critique-Médias) le 19 avril 2004
(http://www.acrimed.org). Dans un premier temps, cette prose m’a rappelé, comme celle de ses amis
de PLPL, la rhétorique nauséabonde des procès staliniens, dont l’autobiographie romancée de Manès
Sperber pointe les mécanismes.

Je me posais alors toutes sortes de questions naïves : comment des staliniens de papier, à
l’allure prétendument “libertaire” (de quoi faire se retourner dans sa tombe un Bakounine !), ont-ils pu
avoir un relatif écho dans les mouvements sociaux et la gauche radicale ? Comment une version
gauchiste d’Entrevue et de Voici a-t-elle fini par se faire passer pour un must de la critique
“intelligente” ? Comment des dégénérescences sectaires et dogmatiques ont-elles pu donner une impression
de “liberté” ? La sociologie de Bourdieu ne nous a-t-elle pas livré des armes de résistance contre
de telles formes d’intimidation symbolique ? L’émancipation individuelle et collective souhaitée
par le mouvement altermondialiste vise-t-elle un au-delà (plus de démocratie et de pluralisme sans
le capitalisme) ou un en deçà (à la manière des expériences dites “communistes”) à “la démocratie
de marché” ?

Mais, après mûre réflexion, je crois que Champagne, l’ACRIMED et PLPL ont raison. Les ennemis du
Peuple sont tellement puissants (le Capital, le Néolibéralisme, le Pouvoir Médiatique…) ! Tout
pluralisme, toute critique, tout débat ne sont-ils pas des ruses diaboliques du Système pour empêcher
les Masses d’atteindre le Bonheur suprême ? Il faut se débarrasser des branches pourries, avancer
en épurant. Foin de mon narcissisme d’intellectuel petit-bourgeois ! Je veux bien faire mon
autocritique lors d’un procès public, sans les trompe-l’œil de la justice bourgeoise. Je ne veux ni
avocats, ni journalistes, en dehors des honnêtes camarades de la chaîne de télévision unique du Parti
Unique de l’Anti-Pensée Unique. Voici mon projet de confession soumis au Bureau Politique de
l’Avant-Garde éclairée :

“Oui, je l’avoue : je suis une hyène dactylographe. Je conspire contre le Prolétariat depuis ma
misérable naissance.
Je l’avoue : je n’ai jamais fait d’enquête de sociologie, j’ai fait semblant. Je n’ai jamais lu de
livres de philosophie, j’ai seulement parcouru quelques sommaires de "Que sais-je ?". Je n’ai
jamais vraiment écrit d’articles de recherche, j’ai tout pompé sur mes voisins. Je ne connais l’œuvre
de Pierre Bourdieu que par ouï-dire. Je suis un falsificateur.
Je n’ai jamais réellement milité nulle part : ni dans une association, ni dans un syndicat, ni
dans un parti. Je ne sais pas ce qu’est pratiquement un collage d’affiches, une distribution de
tracts, la participation à une action directe, une grève de la faim…J’ai ignominieusement utilisé une
fausse identité "militante" pour me hisser aux sommets de la renommée médiatique. Hypocrisie
ultime, je me suis glissé dans SUD, ATTAC et la LCR pour les gangréner de l’intérieur.
En fait, je n’ai jamais existé. Je suis le produit de connivences inavouées (d’abord entre ma mère
et mon père), de manipulations secrètes, d’un obscur complot, d’un mensonge médiatique (pléonasme
 !). Je ne suis qu’une marionnette dans les mains de la CIA, du baron Seillière et d’Edwy Plenel.
Il est grand temps que le public légitimement indigné me jette des pierres.
Bien qu’ignoble vermine purulente qui n’a droit à rien d’autre qu’au mépris généralisé,
j’émettrais un souhait : que ma mise à mort symbolique soit prononcée par de grandes voix éprises de Vérité,
de Justice et de Pureté. Je veux parler des Aigles rayonnants de la Pensée que sont Patrick
Champagne (seul habilité au monde, et jusqu’à la fin des temps, à parler de Pierre Bourdieu) et Serge
Halimi (Grand maître de PLPL). Ma propre saleté me dégoûte. Ils sont si beaux, si propres, si
clairvoyants…”


Observatoire des médias
ACRIMED
Action –Critique-Médias

LES JOURNALISMES
LES CRITIQUES
2003-2004 : HARO SUR LA CRITIQUE DES MÉDIAS

Une crise de nerfs de Philippe Corcuff

Un chroniqueur intempérant, victime des procès de Moscou ? Tel serait le sort de Philippe Corcuff
selon lui-même, si l’on en croit le monologue paru dans Charlie Hebdo le 28 avril 2004, sous le
titre « Au bon sens Stalinien ». Il vaut le détour...
Les lecteurs de Charlie Hebdo ont bien de la chance ! Grâce à Philippe Corcuff, ils savaient, sans
avoir à le lire, tout le mal qu’ils doivent penser du « Petit Manuel d’Observation critique des
médias » auquel notre zélé chroniqueur fait dire exactement l’inverse de ce qu’il dit.
Ils savent désormais, sans pouvoir en lire une ligne dans l’hebdomadaire, qu’ils doivent vomir la
mise au point - « Philippe Corcuff, critique « intelligent » de la critique des médias »- rédigée
pour Acrimed par Patrick Champagne.
Notre grand pourvoyeur de débats démocratiques, non content d’inventer les propos de ses
contradicteurs, préfère sans doute ne pas être pris en flagrant délit [1]
Cela ne suffit pas. Par un procédé qu’il qualifierait sans doute de stalinien, notre chroniqueur
émérite tente de faire croire que les critiques précises et argumentées que Patrick Champagne a
opposées aux affirmations du penseur intelligent étaient des accusations iniques, voire crapuleuses.
... que Philippe Corcuff rédige lui-même pour tenter de se faire passer pour la victime d’un
procès stalinien dont il est, en vérité, le seul procureur. Ce réquisitoire bouffon qu’il dresse contre
lui-même - cette parodie indécente des aveux des vraies victimes des vrais procès de Moscou - a
pour seule fin de tenter de discréditer tous ceux qui oseraient émettre la moindre critique contre
un « Intouchable » la caste médiatique. Il suffit pour cela de prêter à ces audacieux des propos
scandaleux qu’ils n’ont jamais tenus et qui n’appartiennent pas à leur manière de penser ou de
débattre. Miroir, mon beau miroir...
Ce faux qui se présente comme un pastiche relève des procédés que Philippe Corcuff nous attribue
en toute démesure. Il est sans doute le produit d’une crise de nerfs. Mais c’est, malgré tout, un
document. C’est pourquoi nous le reproduisons intégralement pour que chacun puisse comparer ce
qu’Acrimed écrivait et ce que Corcuff prétend avoir lu, avant que cette prose exemplaire ne figure,
comme elle le mérite, dans une anthologie...
Henri Maler

Voici le texte intégral de la chronique de Philippe Corcuff :
……………………………………

Note : A comparer avec « Philippe Corcuff, critique « intelligent » de la critique des médias ».

[1] Dès la première phrase, comme on le lira plus loin, Philippe Corcuff tente d’accréditer une
légende : il n’aurait rédigé qu’une simple « note de lecture » destinée à rendre compte du livre de
Mulhmann. Premier faux : la quasi-totalité de la « note » est consacrée à la critique des médias
qu’il abhorre ou qu’il réprouve : celles d’Acrimed et de PLPL, de Serge Halimi et de Pïerre
Bourdieu. Du livre lui-même, on ne saura presque rien sinon qu’il faut le lire... Ce pur compte-rendu
n’aurait été qu’un « prétexte » à la mise au point rédigée par Patrick Champagne. Deuxième faux : La
mise au point était une réponse précise à des accusations précises et totalement inexactes que
Corcuff, depuis longtemps et un peu partout, porte et colporte sur une certaine critique des médias
et qu’il formulait une nouvelle fois... en prenant le livre de Mulhmann comme ... prétexte. Une
phrase, deux affirmations, deux mensonges. Et ce n’est qu’un début...
[2] Voir la note 1 (note d’Acrimed)

Mise en ligne : mercredi 5 mai 2004 - Par Henri Maler

http://www.acrimed.org


Paru dans la revue Le Passant Ordinaire,
N° 36, septembre-octobre 2001, pp.11-13

De quelques problèmes des nouvelles radicalités en général et de PLPL en particulier

Philippe Corcuff
(militant de la gauche radicale et maître de conférences en science politique à l’IEP de Lyon)

“ Le comble de la confiance en soi ? Péter quand on a la chiasse. ”
Bluette anonyme

Quand on demande “ que faire ? ” aujourd’hui, à un moment où une gauche dans le coma est paraît-il “ au pouvoir ” et que des centaines de milliers d’anciens militants et sympathisants de cette gauche sont déboussolés par une succession de désenchantements entremêlés (désenchantements communiste, gauchiste, socialiste...en attendant le proche désenchantement vert), on peut difficilement ne pas jeter un oeil dans le rétroviseur de nos erreurs, de nos impasses et de nos désillusions, mais aussi de nos légitimes aspirations émancipatrices non assouvies. Bref, se dessine ici la question de la réélaboration critique de notre passé.

Ce passé se présente au moins sous deux aspects : passé-poids mort susceptible de plomber nos perspectives d’avenir et passé-aiguillon porteur de rêves non aboutis. Dans le premier cas, “ le mort saisit le vif ” (Marx), le passé de nos conneries pourrait, tel un virus informatique, contaminer les nouveaux logiciels du futur. Dans le deuxième cas, on a à résister à l’histoire des vainqueurs que nous rabâche la vulgate néo-libérale : “ l’économie de marché ” (nom plus cool du capitalisme) est notre passé, notre présent et notre avenir ; vulgate reconduite sous la forme atténuée du social-libéralisme par Lionel Jospin avec sa distinction bancale entre “ économie de marché ” (qui serait nécessaire) et “ société de marché ” (“ excès ” qui serait condamnable). Radicalement mélancoliques, il nous faudrait alors chanter avec Charles Aznavour : “ Et mon passé revient du fond de sa défaite... ” (“ Non, je n’ai rien oublié ”). Le chanteur retrouve des accents de la philosophie de l’histoire de Walter Benjamin : les défaites ne sont jamais définitives, car elles peuvent prendre la forme des bonheurs de demain, si l’on sait saisir l’occasion, la mémoire en bandoulière. La tâche est ardue pour les nouvelles radicalités qui travaillent depuis quelque temps les mouvements sociaux, le champ intellectuel et même la politique électorale : ne pas se contenter de recommencer “ comme avant ” en surfant simplement sur la vague anti-libérale, donner un sens actuel aux utopies de la tradition.

PLPL et le renouveau critique

Pour identifier quelques-uns des problèmes que nous rencontrons dans ce défi, je m’arrêterais sur PLPL (Pour Lire Pas Lu), le journal de critique des médias lancé depuis juin 2000, sous la houlette notamment de Pierre Carles, Thierry Discepolo et Serge Halimi. Bien que se situant à l’écart des engagements de terrain, il a l’intérêt, comme souvent les productions intellectuelles, de systématiser et de cristalliser des postures qui apparaissent plus diluées dans les pratiques militantes quotidiennes. Ce premier décryptage de certains des écueils qui nous menacent renvoie bien à un nous, c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’une vue en surplomb, mais d’un débat critique mené de l’intérieur des nouvelles radicalités, par quelqu’un qui a été et est partie prenante de ses composantes syndicales (SUD Éducation), associatives (mouvement des chômeurs, comité lyonnais contre la double peine, Attac, etc.), politiques (des Verts à la LCR) et intellectuelles (club Merleau-Ponty, revues Mouvements et ContreTemps) depuis 1995. Débat critique aussi avec moi-même et mes camarades les plus proches, car les limitations repérées sont aussi, pour une part au moins, les miennes et les nôtres.

Mais il serait injuste de ne pas commencer par ce en quoi l’initiative PLPL témoigne d’une renaissance de la critique sociale. La liberté de ton, le recours à l’ironie, voire l’espièglerie redonnent vie au combat sans le figer dans les anciennes langues de bois. PLPL montre en acte, dans une certaine veine situationniste, que le langage politique, même critique et radical, est trop souvent plombé par une paresse rhétorique, par des précautions tactiques à destination d’un public de spécialistes ou par des connivences quotidiennes qu’on préfère pieusement taire. En choisissant principalement pour cibles les médias, les journalistes et les personnalités médiatisées, les rédacteurs de PLPL signifient clairement qu’il n’y a pas de lieu social privilégié qui pourrait échapper par essence au travail de la critique, et qu’il serait bien mal venu de la part de journalistes d’instituer “ le quatrième pouvoir ” comme un pouvoir intouchable, sans contre-pouvoir envisageable, et de faire du principe de “ la liberté de la presse ” une protection quasi-religieuse contre la liberté de la critique. Des hypocrisies peuvent s’en trouver irrémédiablement fissurées. C’est pourquoi nous conseillons aux journalistes qui sont habituellement ridiculisés dans PLPL (Sylvain Bourmeau, Jean-Marie Colombani, Jean-Michel Helvig, Laurent Joffrin, Serge July, Edwy Plenel, Daniel Schneidermann, Philippe Val, etc.) de s’y abonner le plus vite possible , si ce n’est déjà fait, pour manifester leur pleine adhésion aux valeurs pluralistes du libéralisme politique, et notamment à cette remarque de Montesquieu dans De l’esprit des lois (1748) qui n’a pas fini de titiller salutairement conservateurs comme radicaux : “ Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ”. Quant à ceux qui sont mis, de manière plus ou moins éphémère, sous les feux de la rampe médiatique, y compris parmi les moins conformistes, la douche froide de la satire n’apparaît-elle pas comme un antidote bienvenu face aux excès du narcissisme, de nos penchants narcissiques ? Nous avons donc à apprendre positivement de l’expérience PLPL, et d’abord sur nous-mêmes.

Cours, cours camarade : la nouvelle critique est derrière toi ?

Mais c’est également du négatif d’une expérience, de ses errements et de ses fausses solutions trop évidentes, qu’on est susceptible de tirer nombre d’enseignements. Je m’intéresserai moins, d’ailleurs, à PLPL en soi qu’à la part de ses présupposés qui sourdent plus ou moins explicitement à travers les nouvelles radicalités, et qui pourraient les ramener en arrière.

* La nostalgie de la totalité - La gauche et le mouvement ouvrier ont hérité avec la catégorie hégélienne de “ totalité ” de prétentions religieuses antérieures aux Lumières, mais prolongées d’une certaine façon dans les Lumières conquérantes. Avec la notion de “ totalité ” ou de “ système ” on avait l’impression de “ maîtriser ” : maîtriser l’amont dans la critique du “ système capitaliste ” et maîtriser l’aval avec la perspective d’une société “ réunifiée et transparente à elle-même ” (“ socialiste ”, “ communiste ” ou ”anarchiste ”). Aujourd’hui, alors que les référents positifs de l’avenir ont été brouillés, ne reste plus, nostalgiquement, que l’amont avec la critique du “ système ”. Dans PLPL, ce “ système ” apparaît omniprésent, cohérent, fonctionnel, doté d’un pouvoir de “ récupération ” immense. Les “ faux critiques ” (“ les faux impertinents ” selon la terminologie du n° 0 de juin 2000) qui peupleraient les médias, jusque dans les rangs d’une gauche “ apparemment ” radicale, sont montrés sous leur “ vrai ” jour : leur “ corruption ” par “ le système ” et leur contribution masquée à son “ fonctionnement ”. Ainsi Sylvain Bourmeau et Les Inrockuptibles, Philippe Val et Charlie Hebdo, “ les vedettes parisiennes du radical-chic ” comme...Daniel Bensaïd ou “ le BHL de la contestation ”, Christophe Aguiton, seraient (enfin !) démasqués comme des “ traîtres au service du système ”. Parfois, ce systémisme prend une tonalité économiste chère aux “ marxismes ” les plus caricaturaux. Le sociologue Cyril Lemieux est ainsi qualifié de “ sociologue rampant ” pour avoir invoqué “ la complexité du réel ” et oublié “ la dernière instance ” : “ le fonctionnement dans la presse du totalitarisme de l’argent ” (n°2/3, février 2001). Toutefois, le plus souvent, c’est le schéma du “ complot ”, c’est-à-dire d’une intentionnalité organisée et cachée (entre journalistes, intellectuels médiatiques, politiques et patrons), qui a le dernier mot. Il est vrai que le style satirique s’y prête tout particulièrement comme le roman policier.

Une puissante sociologie critique comme celle de Pierre Bourdieu, qui constitue pourtant une des rares références positives de PLPL, nous a appris depuis longtemps à assouplir et à pluraliser notre vision du monde social. Tout d’abord, elle a irrémédiablement récusé la thématique du “ complot ” - dont Maurice Merleau-Ponty a écrit qu’elle “ est toujours celle des accusateurs parce qu’ils partagent avec les préfets de police l’idée naïve d’une histoire faite de machinations individuelles ” - en nous montrant que les mécanismes de domination étaient plus intelligents que les plus intelligents des dominants et plus efficaces que leurs tentatives explicites de concertation. Et surtout elle a avancé une vision pluri-dimensionnelle de la société, organisée autour d’une diversité de modes de domination (exploitation économique, domination masculine, domination politique, domination culturelle, domination technocratique, domination journalistique, etc.), à la fois autonomes et imbriqués de manière complexe dans une formation sociale comme la société française. Certes, toutes les types de domination n’ont pas le même poids dans les processus socio-historiques - et on peut penser que, par exemple, l’exploitation capital/travail et la domination masculine sont plus générales et l’oppression des homosexuels ou de la culture basque plus localisées - et elles entretiennent bien des relations entre elles, mais on ne peut pas pour autant les réduire, même "en dernière instance", à l’une d’entre elles. Ensuite, dans le sillage critique de Bourdieu, Claude Grignon et Jean-Claude Passeron nous ont mis en garde contre la tentation “ domino-centrée ” de voir l’ensemble de la réalité à travers la notion de “ domination ”, et de ne saisir le populaire que sous le regard du dominant, sans autonomie ni capacités critiques, simplement “ aliéné ”. D’autre part, ouvrant d’autres pistes, les travaux initiés par Luc Boltanski et Laurent Thévenot ont mis en évidence qu’il y avait, déjà dans la société telle qu’elle est, des relations sociales (morales, principes de justice, amour, compassion, etc.) dont n’arrivait pas à rendre compte la notion de “ domination ”. C’est dans cette perspective justement que Cyril Lemieux , à partir d’enquêtes, a repéré une autonomie de l’activité journalistique vis-à-vis des contraintes économiques, notamment à travers des savoir-faire et des morales professionnels. Cela n’élimine pas les contraintes économiques, mais évite de croire que tenir le seul fil du “ système économique ” suffit pour comprendre ce que font les gens et pourquoi ils le font. Or, avec l’à-peu-près des pensées de “ système ”, on ne voit plus les différences, et, par exemple, on confond Le Monde, Libération, Les Inrockuptibles ou même Charlie Hebdo avec TF1 ou plus abstraitement avec “ Le Capital ”, monstre froid auquel rien n’échappe sauf une poignée de “ vrais ” critiques . La propension, commune aux gauchistes et aux intellectuels, à faire du plus proche l’ennemi principal favorise la pratique d’un tel amalgame.

“ Les choses sont simples ” répète inlassablement PLPL, comme jadis les détenteurs de “ lignes justes ”, non elles sont éminemment complexes répondent les sociologies critiques contemporaines. Elles nous invitent alors à trouver une autre inspiration : la recherche d’une cartographie globale du monde qui abandonne la nostalgie de la totalité, en accueillant la pluralité, la discordance et l’aléatoire.

* L’illusion de la pureté - Le “ système ” aurait un dedans et un dehors strictement établis : nos “ vrais ” critiques sont dehors, les “ faux impertinents ” ont été pris la main dedans le sac. Mais qu’est-ce que cette étrange position du “ dehors ”, cette “ pureté ” qui ne serait pas contaminée par “ le système ” ? Si l’on suit Maurice Merleau-Ponty, je suis d’abord “ au monde ”. Par tous les pores de ma peau, par mes gestes, par mes mots, etc., je suis pris dans la société dans laquelle je vis : dans ses institutions, dans ses stéréotypes, dans son histoire. Ce constat merleau-pontien est renforcé par les sciences sociales avec la notion de “ socialisation ”. C’est pourquoi je n’articule de position critique qu’à partir de cette présence première au monde. J’ai donc les pieds en plein dans "l’impureté". Et pour vivre, je passe chaque jour des compromis avec le monde ou plutôt dans le monde. Il y aurait donc une illusion sur soi-même dans la mise en scène de soi comme personne surhumaine échappant aux prises du monde sur soi et en soi. Une analyse convergente a amené Rosa Luxemburg dès le début du 20° siècle à mettre au coeur de tout processus de transformation sociale une dialectique indépassable du dedans/dehors : nous sommes de ce monde, nous lui ressemblons (nous, en tant que personnes, mais aussi les associations, les syndicats, les partis, les journaux, etc. que nous forgeons, jusqu’aux plus radicaux ou libertaires) et c’est pourtant à partir de ce monde que nous voulons aller au-delà, vers une autre société. Il faut assumer cette dynamique contradictoire, cette “ impureté ”. D’autant plus qu’il s’agit de tenir compte d’une autre dimension révélée par Machiavel : une part importante des circonstances de notre action nous échappe et peut nous entraîner dans des directions opposées à nos intentions (de bonnes intentions pouvant produire de mauvais effets et de mauvaises intentions de bons effets). Ce faisant, l’action humaine doit admettre sa fragilité, ses faiblesses constitutives.

Certes, il est fort utile de retenir de PLPL la vigilance à l’égard des fortes capacités de “ récupération ” des ordres établis, comme l’ont montré une fois de plus Luc Boltanski et Éve Chiapello dans leur analyse du processus d’incorporation des critiques soixante-huitardes par le néo-capitalisme. Mais il n’y a pas de position d’extériorité radicale qui permettrait à quelques-uns - une nouvelle “ avant-garde ” ? - de tracer définitivement la frontière séparant les compromis ordinaires de tout un chacun de la compromission avec les logiques dominantes. Il n’y a pas de garantie ultime dans ce combat avec le monde et avec soi, mais seulement l’appui fragile d’une inquiétude éthique. Et, humains, simplement humains, tentons justement d’humaniser cette morale de l’inquiétude en trouvant quelque gaieté dans ce qu’Antonia Birnbaum nomme “ les vertus héroïques du défaut ” et que Patrice Novotny a appelé un jour “ le bonheur d’être imparfait ”, plutôt que de se gonfler d’importance comme dans un mauvais western, en laissant le ressentiment nourrir nos coliques !

* Un narcissisme de la critique - L’omniscience malfaisante du “ système ” à un bout, la pureté du critique à l’autre : il y a peu de place pour l’auto-analyse critique dans ce dispositif discursif. L’enfer, c’est nécessairement “ les autres ” ! L’énonciateur de la critique a oublié de s’interroger lui-même, pire, en creux, il s’est en quelque sorte magnifié : en montrant d’un doigt inquisiteur combien “ ils sont sales ”, j’indique subrepticement combien “ je suis propre ”. “ L’homme moral a toujours des retours pleins de tristesse sur lui-même. L’homme léger demeure content de lui-même et accuse Pierre, Paul, Jean de ses déconvenues ” écrivait Georges Sorel , en visant le Péguy de Notre jeunesse (1910) qui accusait notamment Jaurès de la “ corruption ” parlementaire de l’idéal dreyfusard. L’homme fragile, porteur d’erreurs et d’hésitations face à un cours historique pour une part incertain, n’a pas de place chez Péguy ou dans PLPL : ni du côté des “ accusés ”, ni du côté des “ accusateurs ”. À l’omniscience supposée du “ système ” et de ses “ complots ” permanents répondrait l’omniscience du critique pur, qui n’a jamais de comptes à rendre : “ le journal qui mord et qui fuit ” tel est le sous-titre de PLPL, dont les articles sont...anonymes. Le genre satirique porte-t-il nécessairement en lui-même la protection et le confort de celui qui le manie ? Non, répond l’écrivain Claudio Magris : “ le rire le plus franc est celui qui mêle ironie, auto-ironie et respect : le rire de celui qui, tout en se moquant des autres (...), se moque aussi de lui-même, dissipant toute suffisance et jouissant de cette gaieté qui n’appartient qu’à ceux qui sont libres de toute présomption à l’égard d’eux-mêmes ”. Non, répond aussi en pratique le “ sous-commandant ” Marcos, qui est un des premiers à avoir mis l’auto-ironie au programme du renouvellement du langage politique radical.

Il appartient sans doute à une nouvelle politique de la fragilité, qui reste à inventer au contact des certitudes désenchantées du passé, de donner sa part au retour critique sur soi, ses préjugés, ses aveuglements et ceux de ses familles politiques et intellectuelles.

* Le combat contre la recherche - “ Système ” plutôt que formation sociale plurielle, “ pureté ” plutôt que fragilité, critique auto-protectrice plutôt qu’auto-analyse critique : c’est la dynamique du combat qui oriente principalement la démarche de PLPL, comme d’autres secteurs des nouvelles radicalités surtout polarisés par la prégnance de “ l’anti- ” (“ anti-libéralisme ”, “ anti-mondialisation ”, etc.). La priorité donnée au combat tend à oblitérer une série de questions, à les ramener au “ secondaire ”, ou même à voir en elles une “ faiblesse ” face à “ l’adversaire ” (ce “ système ” tout-puissant), l’amorce de “ la compromission ” ou de “ la trahison ” (surtout lorsqu’on va jusqu’à reconnaître que c’est parmi les “ adversaires ” que de bonnes questions ont été posées et parmi les “ alliés ” que des stupidités ont été énoncées). Ces questions, dont nous avons commencé à formuler quelques-unes, s’inscrivent dans une autre logique : celle de la recherche. Sa mise entre parenthèses pouvait passer (même si cela a été dévastateur, à plusieurs reprises, pour le mouvement ouvrier) quand les cadres intellectuels et les perspectives politiques de la gauche étaient stabilisés. Mais aujourd’hui que les référents éthiques et politiques du combat émancipateur sont devenus plus flous, cela a encore moins de sens. Ne sommes-nous pas enjoints à esquisser un équilibre instable entre deux pôles également nécessaires : la logique du combat et la logique de la recherche ?

J’ai sans doute trop pris au sérieux le discours de PLPL, en sous-estimant son caractère potache, n’engageant pas à grand-chose si ce n’est à s’amuser en jouant à “ épater le bourgeois ”. Cette initiative se révélerait décevante seulement si on y cherchait des points d’appui afin de reconstituer une politique radicale, car elle apparaît trop proche du passé que nous nous efforçons de mettre à distance. Par contre, en tant que pièce dans l’équilibre libéral des pouvoirs et des contre-pouvoirs, alors que les médias ont parfois des prétentions à l’intouchabilité, elle a sans doute un avenir. Bref, son apport à la radicalité est à relativiser, mais sa portée pragmatique est à réévaluer.

A-t-on pour autant beaucoup avancé quant au “ que faire ? ” du départ ? Un début de signalisation des routes les plus empruntées et de leurs écueils n’est pas rien, mais l’essentiel demeure devant nous, avec pas mal de pain sur la planche...

Messages

  • Lisant trés régulièrement les articles d’Acrimed, je ne peux que t’approuver : j’y constate de plus en plus de haine, de moins en moins d’objectivité.

    Leur critique ressemble de plus en plus à une chasse aux sorcières...

    Trés décevant.

    • Tout à fait d’accord, mais ça ne date pas d’hier. Travaillant pour un quotidien régional, je constate depuis longtemps, d’après ce que je connais de près, que l’arsenal déployé dans sa critique par Acrimed est essentiellement constitué d’invectives, de lieux communs anti-médias débités sur un ton d’une lourde ironie, d’approximations, de contre-vérités, d’amalgames, de citations tronquées... Bref, ce qu’ils reprochent à la presse, mais en pire.
      Franchement, ceux qui croient Acrimed sont des nigauds.

  • Le problème du discours de Serge Halimi est que son analyse est - sommairement - la suivante : les transformations à l’oeuvre dans notre société sont la résultante d’un long travail d’infiltration et de manipulation des esprits par les tenants du libéralisme.

    C’est ainsi selon lui le poison néo-libéral qui serait la cause de tous nos problèmes.

    Et de "démontrer" selon cette logique que toute critique de son discours ou du discours de ses affiliés est partie prenante d’un vaste complot.

    Bourdieu doit se retourner dans sa tombe !

    Je pense également aux "enquêtes" de Pierre Carles sur les médias dominants, dans les documentaires ’Pas Vu Pas Pris’ et ’Enfin Pris’, qui représentent à mes yeux le même type de manipulation stalinienne.

    Connaissant un peu la religion, ceci me rappelle furieusement la conception de Satan chez les intégristes chrétiens. En fait, c’est exactement le même schéma.

    Zedrx.

    • Cortuff le tartuff tu a choisis tes maitres garde les

      Les médiarques officiels nous méprisent et nous pissent dessus toute l’annèe en roulant pour les francedenhauts et le medef

      Et bien qu’il ne s’ètonnent pas de ne pas êtres aimès ou pris a partis lors de nos manifestations et action par nos sardons et nos sardonnes

      Dehors les caniches , et les chiens chiens a son medef

      Anarcho Punks paris

    • Tiens, Punkie Brunster, je croyais que tu cuvais ta bière sur Indy essentiellement ?

    • "Anarcho Punk Paris"

      Tout un poème...

      Le ridicule ne tue pas, hélas.

    • Bonjours les clichés messieurs les soces dems Punk = bière = chien pourquoi pas sdf indésirables pendant que vous y êtes , enfin passons vous vous croyez toujours au dessus de la mêlée et " représenter " le peuple , alors que depuis 1981 vous n’avez fait qu’essayer de faire " mieux " passer la barbarie ultra libérale , a coup de réformettes soit disant " sociales

      Vous voulez qu’on vous rappelle comment vos amis Jospin , Fabius , et Strauss Kahn ont autant privatisés que les Balladur et chirak 1 er , vous voulez qu’on vous rappelle Danone , lu , cellatex , et Vilvoorde , Vous voulez qu’on vous rappelle que votre loi sécuritaire dites Lsq n’était qu’un hors d’œuvre pour les lois fascistes du sarkosme sécuritaire et du Perben la casserole . Vous voulez qu’on vous rappelle a vous aussi toutes vos compromissions que vous avez eues avec les appétits démesurés du medef , quand vous avez signés avec vos ministres le Pare a l’aide de " syndicats " couchés comme vos amis de la cfdt , Vous voulez qu’on vous rappelle les salopards ultra libéraux , qui frayent a vos cotés au sein de la fondation st Simon de mme Aubry , vous voulez qu’on vous rappelle les dérives sécuritaires de certain(es) de vos élu(es) et édiles comme celle du maire de Grenoble , ou de Lyon , ou comment vos élu(es) et édiles expulsent autant de gens en situation de grande précarité et de squatter(ereuses) que les pires des canailles u.haine.p , voulez vous qu’on vous rappelle que le sinistre Lamy alias le saigneur européen de l’omc , est toujours un membre et adhèrent de votre parti . Voulez vous qu’on vous raconte comment votre ami Kouchner a couvert moyennant 20 000 euros les exactions et les compromission de Total avec la junte birmane . Ou comment votre vieille garde les Rocard , le chèreque en bois , ou le allègre se sont rangés dans le camp des chiraffsark pendant la casse des retraites , que le " rapport " de votre ami charpin avait largement jeté les bases .

      Critiquer et dénoncer les médiarques collabos de la barbarie ultra libérale et non seulement un de nos droits les plus stricts , c’est même une nécessité dans l’océan d’apathie et d’aliénation sociale et mentale que ceux et celles-ci veulent nous imposer de force

      Nous haïssons et vomissons ce que nous appelons les médiarques officiels pour ce qu’ils sont , c’est-à-dire des " journalistes " Jaunes , serviles valets et propagandiste zélés de la pensée unique , et de l’ultra libéralisme , comment parler d’information " libre " quand sait que les trois quarts de la presse , des journaux , des TV appartiennent ou sont sous la coupe de barons de la finance ou de l’industrie , ou pire de l’armement comme la sinistre famille Lagardère . comment voulez vous que ce " journalisme " et ces médiarques crachent dans les mains de leurs maitres , qui les nourrissent et les payent grassement .

      Comment parler d’information libre quand on voit le pouvoir et la toxicité de ces armes d’aliénation massives que sont devenues des chaînes de tv soit disant " publiques " comme Rance 2 et les autres Rance télévisions , et quand on sait que comme aux pires heures de l’ortf gaulliste , celles-ci sont a la botte et aux ordres du palais , pardon du château de l’èlysèe et de celui du palais de maquignon

      Les experts " économiques " auto proclamés , les médias poubelles , les journaux payés et surtout achetés et propriétés quasi acquise par le monde de la pub , la sous " information " de marché , les connivences serviles avec les pouvoirs en place , le copinage et les renvois d’acsenceurs entre médiocres médiarques, et médiocres politicards plus soucieux de leur carrières que du bien commun , les radios vendues aux majors , les producteurs " concepteurs exploiteurs d’intermittent(es) et de précaires , les " débats " crottoirs et agences de pubs des chiens de gardes et des caniches du pouvoir , les " reportages " si tristement bidonnants de bidonnage IL Y EN A PLUS QUE MARRE

      NOUS SOMMES TOUS ET TOUTES CAPABLE DE VOIR ET DE PENSER PAR NOUS-MEMES

      QUE TOUT LES MEDIOCRES MEDIARQUES RETOURNENT DANS LEUR MONDE DE MERDE ET LES POUBELLES MEDIATIQUES QUI LEURS SERVENT DE MODELES

      DEHORS LE "JOURNALISME " JAUNE DE MARCHE

      Dehors les rèformards , et les faux et fausses amies valets des ultra libéraux et du baron de medef

      Anarcho Punks paris

    • Je propose d’élire Anarphabète à la présidence de la République, on verra bien ce qu’il fera de différent ce môsieur pur et dur.

    • Hou le soce dem n’aime pas qu’on lui mette le nez dans ses contradictions surtout quand on lui dit ses quatres vèritès en face

      "Je propose d’élire Anarphabète à la présidence de la République "

      Ta " rèpublique " qu’elle soit de medef ou soce dem elle nous mèprise et nous opprime pareil on vous a vus a l’oeuvre toi et tes sbires

      Faiblesse des " arguments " mollesse du " rèformisme " tristesse et manque total d’humour du petit aliènè a la sauce le parti soce dem pense pour moi

      Dèbilitè crasse de l’èlecteur bobo de base qui croit que mettre son bulletin dans une urne fait " changer " la sociètè

      Je ne suis pas Alter mondialiste je suis contre la barbarie de la mondialisation ultra libèrale je ne veux pas " rèformer " cette barbarie pour soit disant la rendre plus " humaine " ou plus supportable Je n’en veux plus du tout , et c’est ça qui me sèparera toujours de tes amis d’attac ou soce dems

      Au revoir petit soce dem une chose est sure avec toi le capital et ses milices peuvent hèlas dormir encore tranquille longtemps

      Anarcho Punks paris

    • C’est sûr que tes interventions débordent d’humour et d’allégresse, Punkie Parigot...

      "je suis contre la barbarie de la mondialisation ultra libèrale, [...] je ne veux pas [la] réformer, [...] je n’en veux plus du tout"

      Enfin, pose-toi la question de l’utilité de ta position et de ton comportement, et on en reparlera.

      Pas trés productif d’aboyer à tout bout de champ, surtout du fin fond d’une arrière cour d’où personne ne t’entend...

      Je préfère ma social-démocratie, hé oui !

    • " Je préfère ma social-démocratie, hé oui "

      Ca c’est sur comme tout les bobos soce dems de base
      surtout ne pas changer grand chose " rèformer " en douceur
      ne pas faire de vagues

      " Pas trés productif d’aboyer à tout bout de champ, surtout du fin fond d’une arrière cour d’où personne ne t’entend "

      pourtant cela fait des annèes que je suis de toutes les luttes et de toutes les manifestations

      Par contre dans la rue vous les soces dems on vous voit pas beaucoup , a part quand il faut y venir tenter de piètre manière d’y faire de la rècupèration politicienne , et en particulier en pèriode prè èlectorale , ou la vous redevenez de " gauche " par miracle

      Ha les soces dems toujours les mêmes

      Punky Broutchoux

      Anarcho Punks paris

    • La critique des médias, comme le souligne Philippe Corcuff, semble affectée par le mythe de la pureté morale (qui concerne également les partis et organisations dont le sociologue prend part).
      Néanmoins le système médiatique ne doit pas échapper aux critiques. Le suivisme idéologique menace le pluralisme, le débat public et la démocratie. Les médias ne doivent pas etre considérés comme de simples industries capitalistes livrées aux seuls financiers. Les journalistes peuvent ne pas disposer du temps nécéssaire pour analyser les problèmes de la société pour informer le citoyen. Enfin, il ne me semble pas que notre démocratie souffre d’un excès de critique sociale et politique ou d’impertinence.

  • compromis ordinaires

    je baissais mon froc et,
    retrouvant ma confiance
    put péter et chier
    en toute convenance

  • Tout ce cirque pour confirmer ce que l’on sait déjà : corcuff est un vendu, et grâce à toute cette mise en scène on comprend bien qu’il a du mal à digérer que cela se sache...

    • Et c’est tout a fait ce que nous sommes beaucoup a penser ici et ce que je voudrais que le soce dem plus haut comprenne

      Anarcho Punks paris

    • eh app tu nous saoules avec tes soce dem. Soce toi-même.
      Vous faites pitié à vous bouffer le groin, avec vos complots et vos petites phrases tout droit sorties de vos bibles respectives. C’est parce-que vous partagez plus de vues et d’opinions avec les gens avec lesquels vous discutez que vous leur crachez dessus comme ça ? Pourquoi vous tournez pas tout simplement fn, comme ça vous viendrez pas polluer les messages des sites alternatifs qui vous laissent la parole ? Le pauvre anar opprimé qui poste sur le net, le sociologue journaliste blindé de connaissances littéraires qui ouvre un article de Charlie par "PLPL le journal qui pue" ... eh oh réveil, vous faites chier avec vos savoirs infus et vos querelles à deux francs. Je ne pense pas qu’Halimi vote Sarko, si ? Et Corcuff non plus, si ? Vous construisez quoi, là ? Savez pas discuter sans les ptites phrases assassines et les coups bas ? Vous en êtes oùùùù, les gens, làààà ?????

  • Autrefois, on réglait ça au pistolet ou à l’épée : c’était plus rapide et moins emmernuyeux...

  • Merci à Philippe Corcuff de nous avoir mis l’ensemble de la polémique en ligne, une aide précieuse pour se faire une opinion sur le conflit qui l’oppose à Acrimed et PLPL. Ma conclusion personnelle ? Monsieur Corcuff aimerait être une victime. Il n’est q’un escroc sans talent ni verve. Sa pseudo-posture d’intello attaqué pour le courage de ses "positions" dans un procès stalinien, c’est de la purée pour enfant. C’est beau comme du BHL...

    • Tout a fait d accord avec 14H56, COrcuff se pose en victime, pôvre petit, lui qui passe son temps a tirer dans les pattes de tout ce qui bouge ou attire l attention, quoi de meiux pour devier cette attention sur soi-meme. Le tout avec une visible meconnaissance, ou si c est volontaire c est des plus crapuleux, des ideologies, des courants, reelles composantes, etc... Bref ca sent l escroc a plein nez. Qu il retourne dons a la redac de son canard miteux de Charlie Hebdo a leche le redac chef comme ca se fait (c connu, c est pas pour rien que les gens les + interessants y sont plus depuis longtemps !) pour continuer a jeter de la poudre aux yeux aux bobos.

      A bon entendeur

      Salut

  • Msieur Corcuff veut pas "s impliquer personnelement dans la polemique" lui qui passe son temps a en faire, qui adore ca ! Ahahah ca fait bien rire. He oui c est dur de ramasser ce qu on a semer des fois. Faut juste regarder si les graines sont pas pourris c est tout... Que ce chantre du trotskisme libertaire/demaguo (sic !) vienne pleurnicher la me fait bien rire !