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Et puis vint le tour du Soudan…

Publie le mardi 15 juillet 2008 par Open-Publishing
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Le président américain George W. Bush s’est déclaré “profondément inquiet” de l’insécurité grandissante au Darfour et les Etats-Unis examinent désormais les possibilités de renforcer les effectifs et les moyens de la force de maintien de la paix. Dans le même temps la Maison Blanche affirme que les USA vont examiner la demande de mandat d’arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir.

Cette intervention n’est pas le fruit du hasard. En effet, la volonté de l’administration américaine de remodeler le Soudan ne date pas de la crise du Darfour qui a éclaté en 2003. Elle remonte à la première guerre du Golfe en 1991, le Soudan étant ciblé pour ses positions pro-irakiennes et accusé de détenir des missiles irakiens de longue portée, susceptibles d’atteindre Israël. Ça c’est pour la légende.

Dans les faits, une usine de lait en poudre infantile, El Shifa sera bombardée au lieu d’une hypothétique fabrique d’armes chimiques en 1998 et le pays accusé de pactiser avec un nouveau venu sur la scène internationale : Al Quaïda.

Le prétexte invoqué aujourd’hui par les faucons de la Maison-Blanche pour étendre leur influence est évidemment humanitaire. Un bilan de plus de deux cent mille morts et de deux millions de réfugiés au Darfour interpelle, bien sûr, toutes les consciences.

Mais concrètement, qu’est-ce qui alimente la campagne poussant aujourd’hui les États-Unis à vouloir « arrêter le génocide au Darfour » ? Sur les campus universitaires, des organisations se sont brusquement mises à lancer pétitions, rassemblements et appels en ce sens.

Mobilisation des foules

Un article du Jerusalem Post du 27 avril 2007, intitulé « Les juifs américains dirigent la planification du rassemblement en faveur du Darfour », a décrit le rôle des principales organisations sionistes dans la mise sur pied du rassemblement du 30 avril. Dans le New York Times, une publicité d’une page entière en faveur du rassemblement était signée par bon nombre d’organisations juives, y compris UJA Affairs.

Mais il n’y avait pas que des groupes sionistes, dans cet appel. Le rassemblement était sponsorisé par une coalition de 164 organisations comprenant l’Association nationale des évangélistes, l’Alliance évangéliste mondiale et d’autres groupes religieux qui ont été les plus fervents supporters de l’invasion de l’Irak décidée par l’administration Bush. Le groupe évangéliste Sudan Sunrise, du Kansas, a contribué à affréter des cars et à fournir des orateurs, à effectuer de très larges collectes de fonds et a mettre sur pied un dîner rassemblant plus de 600 riches personnalités américaines.

Les organisateurs ont bénéficié d’une entrevue personnelle avec le président George W. Bush juste avant le rassemblement. Il leur a notamment dit : « J’accueille favorablement votre participation. Et je tiens à remercier les organisateurs d’être présents ici aujourd’hui. »

À l’origine, la manifestation projetait d’attirer plus de 100.000 personnes. La couverture médiatique fit état de « plusieurs milliers de participants », allant de 5.000 à 7.000. Elle rassemblait une écrasante majorité de Blancs. En dépit de son assistance clairsemée, elle reçut une large couverture médiatique qui se concentra sur des orateurs vedettes comme le lauréat de l’Academy Award, l’acteur George Clooney. Des démocrates et des républicains de premier plan lui ont d’ailleurs donné leur bénédiction. Parmi ces politiciens, le sénateur démocrate de l’Illinois et candidat à l’élection présidentielle Barack Obama, le secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines Jendayi Frazer et le gouverneur du New Jersey John Corzine.

Le musée de l’Holocauste à Washington a lancé une « alerte au génocide ». Des dirigeants chrétiens ont signé une lettre réclamant avec insistance du président Bush qu’il envoie des troupes américaines pour mettre un terme au génocide du Darfour. Un cours national spécial à l’attention des étudiants a été instauré afin de générer un soutien de masse à une intervention américaine.

De nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) financées par le National Endowment for Democracy (NED – Fondation nationale en faveur de la démocratie) ont pleinement soutenu la campagne. Des voix libérales, comme Amy Goodman, de Democracy Now, le rabbin Michael Lerner, de TIKKUN, ainsi que Human Rights Watch ont également fait la promotion de la campagne pour « Sauver le Darfour ».

Les véritables intentions de Washington

Le Soudan est le plus vaste pays d’Afrique en superficie. Il est situé stratégiquement sur la mer Rouge, immédiatement au sud de l’Égypte et il a des frontières communes avec sept autres pays africains. Il a grosso modo les dimensions de l’Europe occidentale mais sa population n’est que de 35 millions d’habitants.

Le Darfour est la région occidentale du pays. Il a la taille de la France, avec une population de 6 millions d’habitants.

Des ressources récemment découvertes ont suscité parmi les compagnies américaines un intérêt très grand pour le Soudan. On croit qu’il possède des réserves en pétrole rivalisant avec celles de l’Arabie saoudite. Il possède également de vastes poches de gaz naturel et son sous-sol abrite en outre l’un des trois gisements les plus importants au monde d’uranium de haute pureté, sans oublier qu’on y trouve aussi le quatrième gisement le plus important en cuivre.

Au contraire de l’Arabie saoudite, toutefois, le gouvernement soudanais a conservé son indépendance vis-à-vis de Washington. Incapable de contrôler la politique pétrolière du Soudan, le gouvernement des États-Unis a multiplié les efforts pour entraver le développement par ce pays de ses précieuses ressources naturelles. Par ailleurs, la Chine a travaillé avec le régime d’Omar el Bachir en lui fournissant la technologie nécessaire pour la prospection, les forages, le pompage et la construction d’un pipeline. Elle achète en outre une grande quantité du pétrole soudanais.

La politique américaine vise à bloquer les exportations de pétrole via des sanctions et l’attisement des antagonismes nationaux et régionaux. Durant plus de deux décennies, la CIA a soutenu un mouvement séparatiste dans le sud du Soudan, où l’on avait trouvé du pétrole pour la première fois. Cette longue guerre civile a épuisé les ressources du gouvernement central. Lorsqu’un accord de paix a enfin été négocié, l’attention américaine a tout de suite glissé vers le Darfour, dans le Soudan occidental.

Récemment, un accord similaire entre le gouvernement soudanais et des groupes rebelles au Darfour a été rejeté par l’un des groupes, de sorte que les combats se poursuivent. Les États-Unis jouent aux médiateurs neutres et continuent à exercer des pressions sur Khartoum en vue des concessions supplémentaires mais, « par le biais de leurs alliés africains les plus proches, ils ont contribué à entraîner les rebelles darfouriens de la SLA et de la JEM, ce qui a engendré de violentes réactions de la part de Khartoum ». (www.afrol.com)

Sur le plan ethnique, le Soudan présente l’une des populations les plus diversifiées de la planète. Plus de 400 groupes ethniques ont leurs propres langues et dialectes. L’arabe est la seule langue commune. Le grand Khartoum, la plus grande ville du pays, compte une population de quelque 6 millions d’habitants.

Cela n’empêche pas les médias traditionnels américains de décrire de façon simpliste la crise du Darfour comme étant une série d’atrocités commises par les milices jawid du Jan, soutenues par le gouvernement central de Khartoum. Et on parle dans ce cas d’une agression « arabe » contre le peuple « africain ».

Le rôle de l’ONU et de l’Otan au Soudan

Actuellement, 7.000 militaires de l’Union africaine sont au Darfour. Le soutien logistique et technique est assuré par les forces des États-Unis et de l’Otan. En outre, des milliers de membres du personnel de l’ONU supervisent les camps de réfugiés accueillant des centaines de milliers de personnes déplacées en raison de la sécheresse, de la famine et de la guerre. Toutes ces forces extérieures font bien plus que de distribuer la nourriture nécessaire. Elles constituent également une source d’instabilité et la première force de frappe lors du déclenchement des hostilités.

Messages

  • Je ne sais pas comment nous pouvons tolerer un chose pareille. le monde parle de droits de l’homme et on juge à grands cris des soit disant terroristes et génocidaires et on oublie de loin les commanditaires.

    Selon la loi humaine, en cas d’acte criminel, aussi bien le bras qui l’a commis que la voix qui l’a demandé est sanctionné.

    Pour le Darfour et le reste du monde ou se déroule autants d’atrocités, les journalistes et médias se la ferme serré quand t il s’agit des USA.

    On ne fait que se répéter.