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L’OLAF et les liaisons peu vertueuses des écologistes

Publie le vendredi 28 mai 2004 par Open-Publishing

Le Comité de surveillance de l’office de lutte anti fraude (OLAF) de l’Union
européenne est mécontent de la gestion de ce dernier. Il est à peu près
tombé des nues quand il a appris que le dossier de la comptabilité douteuse
du groupe des Verts au Parlement européenne avait été enterré.

Même les Verts en conviennent. Ils estiment avoir « toujours préconisé une
politique de transparence et regrettent que les problèmes de comptabilité se
soient posés dans [leur] propre groupe ». Pourtant à plus de 3,3 millions
d’euros sur deux ans, l’erreur comptable n’est plus un simple défaut. Dans
ces conditions, pourquoi l’OLAF s’est-il bouché yeux et oreilles ?

Chargé de défendre les intérêts financiers de l’Union, il est à ce titre
mandaté pour surveiller la bonne gestion des fonds alloués aux groupes
politiques du Parlement européen. Aussi, quand en l’an 2000, via son
directeur Lazaro Cuenca, la Cour des Comptes de l’Union tire la sonnette
d’alarme à propos de la comptabilité pour le moins défectueuse du groupe des
Verts, l’OLAF se devait de réagir efficacement.

Pratiques illégales

La trésorière des Verts qui a hérité de ce dossier, Heidi Rhüle, a
elle-même convenu que ces pratiques, distinctes de cas de fraude, étaient
illégales ». Il semble qu’elles contribuaient à bien améliorer l’ordinaire
des bénéficiaires.

Mais après un début d’enquête et des changements d’inspecteurs, le dossier
des Verts a pendant un temps disparu. Mal rangé peut être, classé
prématurément dans les archives, dit-on aussi, enterré certainement. C’est
le Comité de surveillance, département chargé de contrôler l’OLAF, qui vient
d’exhumer le dossier.

Les raisons invoquées par Franz Hermann Brüner, directeur général de l’OLAF
pour ne pas intenter de poursuite laissent pantois : « l’OLAF a considéré
qu’en raison du décès du comptable du groupe en 1999, les éléments relevés
ne paraissaient pas pouvoir donner lieu à des poursuites ». Que l’on sache,
en pareil cas d’irrégularité, le comptable n’est pas seul responsable. Le
trésorier au moins a aussi son rôle à assumer. Une source proche du dossier
estime qu’en l’absence d’enquête poussée à fond, cette hypothèse n’a pu être
écartée.

Dès lors, tous les soupçons sont permis. Alors que le slogan des Verts aux
européennes est en Grande Bretagne, « You decide. Your vote stops
corruption » (Vous décidez, votre vote stoppe la corruption), l’affaire
contribue à affadir le blason des écologistes. Ceux-ci n’apprécient pas
qu’on la ressorte et la traitent dédaigneusement de « neige d’antan ».

Il n’y a qu’un pas à franchir pour trouver curieux que le supérieur
hiérarchique de Franz-Hermann Brüner, le commissaire européen Michaele
Schreyer, une Verte aussi, ne s’émeuve pas de la lenteur de l’enquête de
l’OLAF et de ses oublis.

De même, difficile de ne pas faire un parallèle
avec l’hostilité manifestée par le président du groupe des Verts au
Parlement, Daniel Cohn-Bendit, face à Hans-Martin Tillack, correspondant du
Stern à Bruxelles, et spécialiste de la traque des informations sur les
fraudes européennes.

Philippe de Casabianca