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Les absents du congrés du Pcf : le prolétariat et la bourgeoisie

Publie le lundi 8 septembre 2008 par Open-Publishing
7 commentaires

de CN46400

Ceci est un chapitre de la base commune approuvée par le CN du Pcf avant d’être soumise à la base pour le 34° congrés

Unité des exploités et des dominés

Nous voulons aussi faire reculer en toutes circonstances les divisions qui affaiblissent le salariat et le mouvement populaire. Combattre toute forme d’exploitation, d’oppression, de domination suppose de rassembler toutes celles et tous ceux qui en sont victimes, dans la lutte pour s’en libérer.

Or, les conditions de cette lutte se sont considérablement modifiées. La mondialisation rapproche les humains en même temps que la domination capitaliste aiguise les antagonismes, divise les exploités. L’affirmation de l’individu est l’enjeu d’un affrontement sur le sens du collectif. Le renouvellement du monde du travail avec le doublement du nombre des femmes salariées depuis les années soixante et le développement du secteur des services, les nouveaux modes d’organisation du travail rendus possibles par les nouvelles technologies de l’information, l’explosion de la précarité, de la parcellisation, des emplois à temps partiels, la mise en concurrence exacerbée à l’échelle européenne et mondiale ont brouillé les repères anciens.

Pourtant la domination du capitalisme mondialisé est le fait d’une classe sociale, celle des grands capitalistes, qui a conscience d’elle-même, et qui exerce son pouvoir sur l’immense majorité par des choix politiques.

Face à elle, il ne s’agit donc pas de courir après la « conscience de classe » telle qu’elle s’exprimait dans la culture ouvrière d’antan. En donnant à la lutte des classes son contenu contemporain, nous voulons aider à construire l’unité de toutes celles et ceux qui ont intérêt à s’émanciper des dominations actuelles, la conscience de leur intérêt commun à partir de leurs différences de situation – ouvriers, techniciens, employés ou cadres, femmes et hommes salariés de toutes catégories, précaires, intellectuels, travailleurs sans papiers, sans-emploi, paysans, étudiants, retraités –, de leurs engagements multiples, de l’affirmation de leurs aspirations à l’autonomie et à l’épanouissement individuel. Dans cette bataille, l’unité du salariat, qui représente en France 92% de la population active, est un enjeu d’importance. La mise en concurrence généralisée des travailleurs crée des obstacles à cette unité, mais elle n’est pas la seule logique à l’œuvre. Parallèlement et en contradiction avec elle, se créent aussi progressivement les conditions objectives de l’émergence d’une nouvelle conscience de classe. Travailler au rapprochement de ces salariés est un défi quand tant d’entre eux estiment, parfois pour le regretter, que leur avenir se construira non pas avec les autres, mais contre les autres ou tout au moins en se protégeant d’eux.

Le pb c’est que personne, à partir du moment où aucune définition n’est donnée, ne sait ce que sont les "exploités et les dominés" ! Le Manifeste faisant partie de la "conscience ouvrière d’antan", il faudrait, pour pouvoir comprendre quelque chose à ce texte, aussi redéfinir les exploiteurs et les dominants d’aujourdhui. Pour le Pcf, le prolétariat et la bourgeoisie existent-ils toujours ?

Messages

  • Ils doivent bien exister, mais on t’expliquera qu’il y a encore un potentiel progréssiste ou une anerie de ce genre dans une partie de la bourgeoisie, et que par conséquent, l’heure de la "deuxième phase" comme dirait l’oncle Joe n’est pas encore préte d’arriver et qu’entre temps il faut soutenir la bourgeoisie francaise contre l’européenne, ou l’européenne contre l’américaine hégémonique etc...

  • Certes, tout n’est pas dans ces lignes, mais on ne va pas quand même réécrire et commenter tous les chapitres du livre 1 du Capital dans une déclaration d’orientation. On peut toujours trouver tout ce qui n’est pas dit dans un texte, mais hors polémique le débat consiste précisément à en préciser les concepts.
    Léon

  • DOMINANTS ET DOMINES

    Cette dénomination m’interroge. On se croirait chez « les psy » ou dans l’étude des rapports entre animaux.

    CN46400 se pose cette question, me semble t’il : pourquoi n’est pas bien précisé qui est dominant et qui est dominé.

    Pourtant le texte l’esquisse sans bien mettre l’accent dessus mais avec une particularité : celle de faire une différence entre capitalistes ; et je cite :

    « Pourtant la domination du capitalisme mondialisé est le fait d’une classe sociale, celle des grands capitalistes, (en gras par moi) qui a conscience d’elle-même, et qui exerce son pouvoir sur l’immense majorité par des choix politiques.

    Face à elle, il ne s’agit donc pas de courir après la « conscience de classe » telle qu’elle s’exprimait dans la culture ouvrière d’antan, en donnant à la lutte des classes son contenu contemporain, nous voulons aider à construire l’unité de toutes celles et ceux qui ont intérêt à s’émanciper des dominations actuelles, la conscience de leur intérêt commun à partir de leurs différences de situation – ouvriers, techniciens, employés ou cadres, femmes et hommes salariés de toutes catégories, précaires, intellectuels, travailleurs sans papiers, sans-emploi, paysans, étudiants, retraités – »…

    Michel Simon Sociologue et communiste dans sa contribution nous dit :

    La « conscience de classe » ne passe-t-elle pas d’abord par la conscience de la réalité de cette classe là et de sa capacité de nuisance ? Ne faut-il pas mettre mieux en lumière l’ampleur des prélèvements qu’elle opère, collectivement et individuellement, sur les richesses créées par le travail collectif et, partant du vécu, rendre sensible la logique mortifère qu’elle imprime à l’ensemble de la vie sociale ?...

    Je commente : Peut-on considérer qu’il y a que les grands capitalistes qui emploient cette logique et ce serait nouveau en termes marxistes -d’exclure ou de rendre marginal- de l’exploitation, une partie importante de ce que l’on appelle les petites et moyennes entreprises industrielles et financières ou de services qui comme chacun sait ne sont que des rouages du système capitaliste.

    Puis :

    « Sur l’autre versant, la « classe productive », que Marx dans les Considérants ne réduit pas au seul salariat (pas plus d’ailleurs que dans le Capital), n’est plus non plus celle d’hier. Pour autant, nier ses différenciations internes, et perdre de vue le cumul de nuisances que subissent, plus que d’autres, les catégories ouvrières et populaires (employés et ouvriers représentent ensemble au moins 55% de la population) n’est soutenable ni en termes de connaissance, ni en termes d’action. En même temps, sous des formes et à des degrés très divers, les autres couches et catégories qui constituent la très grande majorité de notre peuple subissent le laminage évoqué plus haut dans leur situation matérielle, leurs droits et, ce qui n’est pas secondaire, l’idée que les intéressés se font du sens de leur mission. Ces facteurs objectifs de rapprochements ne sauraient masquer les différences et contradictions potentielles entre groupes et individus, induites par leurs positions respectives dans le système complexe des classes et stratifications sociales. Types et vécus de travail, revenus, patrimoines, statut (« indépendant » ou salarié), position hiérarchique, diplômes, chances scolaires des enfants (d’où la question centrale de l’école), possibilité de choisir sa résidence (versus relégation territoriale), goûts et modes de vie, reconnaissance sociale… Plutôt que de vouloir tout englober dans une « classe salariale » (ce qui, de plus, ne tient pas compte des clivages et proximités réels), ne faut-il pas partir de cette diversité pour contribuer à l’émergence de rassemblements pour de nouvelles avancées émancipatrices, où chacun trouve concrètement son compte, en fonction de ses intérêts, aspirations et urgences propres ? Identifier clairement l’adversaire, ne pas se tromper d’ennemi et mesurer les possibles en sont les conditions indissociables. »

    Je pense que Michel Simon met le doigt sur la réalité de l’exploitation d’aujourd’hui et des possibilités d’union auxquelles les communistes peuvent jouer un rôle d’entraînement à condition, je le pense, que soit identifiée, non pas une classe salariale, mais cette nouvelle classe d’exploités (es) et donc je ne changerai en rien le mot exploité pour le remplacer par le mot dominé pour tous ceux qui participent à la création de richesses par le travail.

    J’entends bien ne pas ignorer par classe productive celle des non salariés mais cela ne peut se résumer qu’à ces petits producteurs agricoles, ces pêcheurs, ces personnes indépendantes qui s’occupent des personnes âgées et cela ne veut pas dire que l’on y mettrait des petites et moyennes entreprises, même si elles sont sous la coupe des grands donneurs d’ordres que sont les multinationales.

    J’insiste parce que je remarque que le document se borne à viser une classe capitaliste particulière : les grandes entités industrielles et financières.
    Cela n’est pas acceptable à un communiste adepte de la pensée Marx.

    Par contre dans le document, l’affirmation de la nécessité de redonner tous son sens au communisme et à ce parti m’apparaît juste face à ceux qui actuellement déraillent au point de de se contenter d’un tri entre bon capitaliste et mauvais.

    Je pense que les communistes vont profondément modifier ce texte pour transformer ce PCF au moment où d’autres dans le crépuscule « des anti ceci et des anticela » n’ont aucune recherche pour placer les exploités en situation de se battre pour créer du communisme dans la vie de tous les jours et dans le système lui-même en le contredisant par dans de nouvelles conquêtes collectives et l’unité.

    BABEUF42

    • Merci Babeuf de redonner espoir !

      Il est vrai qu’on a cette fois-çi pas oublié les exploités. Mais combien de fois revient cette phraséologie douteuse de dominés dominants.

      Imaginons un peu ce texte / debout les damnés de la terre, debout les damnés de la faim. Remplaçons le mot damnés par celui de dominés et lisons : debout les dominés de la terre debout les dominés de la faim : ça ne passe pas n’est ce pas ? C’est même ridicule.

      Proposition : remplacer le terme dominés par celui de damnés.

      Union de tous les exploités et damnés de la terre : ça a une autre gueule ? non ?

      Une autre perle dans le texte c’est le titre : Impliqué dans la gestion :

      la gestion de quoi ? des petites affaires courantes du capitalisme ?

    • Un ingénieur qui se suicide au travail, c’est quoi, un exploité ou un dominé ?

      Un ouvrier qui grâce à un ordi fabrique plusieurs pièces simultanément, un exploité ou un dominé ?

      Un autre qui, à force de faire le même mouvement, est perclus de troubles "musculo-squelettiques", exploité ou dominé ?

      Un paysan qui doit larguer ses salades en dessous du prix de revient ? un exploité ou un dominé ?

      Et l’autre qui se paie, sur son salaire, 100km par jour pour aller bosser ?

      Etc...etc

      Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Tous sont des prolos qui doivent travailler pour vivre, c’est une "immense majorité" (KMarx) qu’il faut unir. Pendant qu’une "infime minorité", qui possède, qui jouit, peut vivre, et bien, sans travailler, c’est encore et toujours la bourgeoisie qu’il faut combattre !

      CN46400

    • Slt bernard

      Chacun, bien sur, a le droit d’exprimer son avis. Moi aussi, même si ça ne plaît pas, mais il paraît que, enfin, le débat est "sans tabou" !

      Alors, c’est au tour des "dominés" de servir de chair à canon électoral ?

      Et bien sans doute, à l’évidence nos dirigeants sont des dominés, oui , et jusqu’à l’os, ce sont des dominés idéologiques - ils ont été dominés par Staline et le "socialisme réel" , par le révisionnisme marxiste venu de l’URSS pendant des dizaines d’années. Pas de Gramsci chez nous.

      Ils ont été dominés par cet écrasant appareil qu’on nomme "PCF" et ils sont dominés aujourd’hui par l’idéologie bourgeoise, préférant citer Rosanvallon ou Gauchet plutôt que Marx Engels ou Luxemburg.

      Bref, en France, à de rares exceptions historiques près, la pensée communiste est dominée par la bourgeoisie, le mouvement est asservi et contrôlé par elle. Plus qu’ailleurs en Europe. Pourquoi ?

      Moi je ne me sens pas dominée. Je suis exploitée, mais pas dominée. Ca fait une différence ENORME. Je ne reconnais pas le droit à une personne de devenir mon maître. Mais je ne crois pas que cela intéresse la direction sortante de la connaître, de l’analyser.

      Après du faux Marx, on fait du faux Hegel. C’est vraiment lamentable.

      Quant à la soi disant opposition "communiste" au Parti, j’aimerais bien qu’elle m’explique pourquoi elle n’a pas commencé à se réunir ou à travailler dès janvier pour produire , à la suite de débats, de discussions d’amendements collectifs, une motion unitaire ?

      Qu’elle m’explique aussi pourquoi leur premier réflexe, c’est de faire rejaillir le nationalisme au cœur de notre réflexion, en prenant prétexte de la question européenne ? De se demander si elle n’a pas aussi sa part de responsabilité dans ce bordel immonde ?

      De toute manière, tout ça ne fait pas envie. Et quand je lis ou entends qu’on assimile systématiquement "PCF" avec "parti communiste" et vice versa... Ca me glace. Mais j’espère que tous les camarades qui sont "dehors" prennent acte qu’ils ne sont plus cocos !

      Pour conclure et évidemment , je partage grandement le point de vue de CN - malheureusement, il y a en a bien d’autres des absents.

      Tout à fait désespérant, je suis pessimiste et je crois que nous ne sommes pas sortis de l’auberge.

      LL

    • Dominants-Dominés ça sort des textes de Bourdieu et probablement de la plume de P. Cohen-Séat notre idéologue, un concept qui économisant la lutte des classes met en avant le "sociétal" comme moyen privilégié de "dépasser" le Capitalisme sans lui , et sans se faire mal, par le simple jeu de revendications démocratiques. Qui a donc intérêt encore aujourd’hui à une révolution ? Certainement pas le Peuple qu’on semble confondre avec les classes moyennes influencées par le PS et tel qu’il semble dépeint dans ce concept de sociologue. JdesP