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Misère et décadence du communisme en France - Congrès du PCF

Publie le lundi 8 septembre 2008 par Open-Publishing
27 commentaires

de Vladimir Illitch

J’ai lu la base commune de discussion pour le 34 ème congrès. Et je suis perplexe. Pour ne pas dire outré.

Je ne pensais vraiment pas que l’idéologie dominante avait pénétré à ce point au coeur du PCF.

Nous sommes au cœur de la lutte d’appareil. Franchement, en adhérant au PCF, ce n’est pas ce à quoi je m’attendais ; disons-le, c’est le PS, mais en pire (je ne pensais pas que cela fut possible, mais cela est).

Nous sommes en plein dans le règne du faux semblant, de la démagogie et de la boursouflure.

En guise de l’analyse marxiste de la société et de la politique française ces 30 dernières années, si nécessaire, vitale, pour un parti communiste, à ce moment de notre histoire, on nous sert d’indigestes tartines sur les nouvelles technologies, la mondialisation, les "dominés"...Des trucs que ne renierait pas Wikimachin, l’encyclopédie pour les nuls.

Pardon, mais, si je suis bien une exploitée, je ne me sens pas du tout "dominée". Je refuse d’avoir un maître. J’ai un patron, cela me suffit amplement, et c’est déjà trop d’ailleurs.

On revient carrément, avec ce vocabulaire, au pré-marxisme, à Hegel avant Marx et Engels. On balaie tout le travail théorique marxiste et communiste du siècle passé. Tranquillement. Mais sur quel fondement ?

Je suis une femme, oui, je n’ai pas les mêmes droits que les hommes , c’est un fait, à travail égal, je gagne moins, ni les mêmes moyens, mais je ne me sens pas "dominée" pour autant. Je me sens exploitée, encore plus exploitée, oui, qu’un prolétaire masculin blanc et français, exploitée comme les personnes issues de l’immigration, comme les blacks, comme toutes les "minorités" . Exploitée doublement. Mais pas "dominée" !

Les exploités ne deviennent des dominés que s’ils consentent à leur patron le droit de devenir leur maître, que s’ils lui reconnaissent la légitimité morale de les dominer. Même pas foutus d’aller jusqu’au bout de la dialectique du Maître et de l’Esclave, les beaux penseurs qui nous ont pondu cette infâme base commune.

Où est l’analyse que nous devons avoir sur l’échec du programme commun, sur la fameuse "dérive droitière" du PS, notre "allié" principal, notre "allié" de toujours ? Pourquoi personne n’a le courage de dire aujourd’hui : l’analyse de Marchais et du comité central était nulle.C’est pour ça qu’il n’y a pas eu de programme commun, c’est pour ça que Mitterrand a tué le PCF. Le PS ; pourquoi ne dit-on pas enfin ce qu’est, ce qu’a toujours été ce parti ? Un parti petit-bourgeois, qui a trahi ses alliés objectifs à la faveur d’un retournement économique mondial, qui a fait que ce parti est devenu un moment celui des petits commerçants, des cadres, des petits patrons, des fonctionnaires aisés et embourgeoisés ? Que doit-on en faire alors ? Le congédier comme disent certains, ne plus avoir ni liens ni rapports ? Ou plus simplement, agir en le prenant comme il est, sans rien attendre de plus que ce qu’il peut nous offrir ? SOmmes nous en position de nous priver de certains outils ou devons nous peut être plutôt réfléchir à les utiliser plus judicieusement ?

Pourquoi n’y a t il rien sur le prévisible mouvement de balancier qui est en train de s’amorcer et qui va nous arriver dans la gueule ? On répète bêtement ce que disent les capitalistes eux-mêmes "c’est une crise du capitalisme financier" ! Qui parle de la classe moyenne en train de se constituer en Chine et en Inde ? Qui parle de ce que l’essor du capitalisme va apporter là bas (et qu’il a apporté chez nous ,en Europe et aux USA, quand il était plus rentable pour les capitalistes de nous préserver, nous les prolétaires, pour des tâches fondamentales auxquelles le lumpenprlétariat asiatique n’était pas encore formé à faire) ? De ce que ce grand mouvement va faire chez nous ? Notre "supériorité qualitative", ce qui nous sauvait avant de la compétition avec le sous prolétariat des pays dits "en voie de développement", nous ne l’avons plus ! Nous l’avons perdue. Pour différentes raisons.

Ce qui s’est passsé avec notre industrie, nos usines, nos ouvriers, cela va se passer avec le "secteur tertiaire", les services, l’informatique, les sciences. La révolution Internet, nous l’avons ratée dès le début !

Et pourtant il me semble que, dans les années 70, le comité central avait esquissé ce retournement des choses, en parlant de "nouveaux pauvres". Mais nous ne sommes même pas foutus d’avoir de la suite dans les idées.

Où est la critique de la base commune adoptée lors du dernier Congrès ? Comment se fait il qu’à chaque Congrès, on ait l’impression de devoir réécrire toute l’histoire, de partir d’une page blanche ?

Où est le bilan de la direction ? L’échec des collectifs unitaires ? L’échec de la candidature Buffet à la présidentielle ? L’échec des législatives ? L’échec (car c’est un échec, ne nous laissons pas jeter de la poudre aux yeux) l’échec des municipales et des cantonales ?

Que fait-on de toutes les critiques qui se sont élevées, de toutes les voix qui se sont opposées, contre la dégénérescence du communisme, depuis 25, 30 ans ? Elles étaient toutes sans valeur ? Elles sont toutes nulles et non avenues ?

Quelle partie de ce texte parle de la lutte des classes, du post-fordisme, de la démocratie prolétarienne, du combat d’importance que nous avons à mener contre la propriété privée ? Quelle analyse sur la "démocratie sociale" ? Le syndicalisme de classe ? Interdit d’en parler ? Et pourquoi donc ?

Pire que tout, où est l’opposition, la résistance face à ce carnage idéologique ?

Pourquoi pleurer, comme certaines, que "le dialogue est verrouillé" (et oui, il l’est mais ça ne date pas d’hier) - les anciens copains ont fini par se fâcher dans la course aux places ? On n’est plus d’accord entre soi ? Pourquoi se lamenter quand hier, on n’a rien dit sur l’organisation de l’assemblée extraordinaire de décembre 2007, que pas une voix ou presque ,parmi tous ces chefs, ne s’est élevée pour dire "rien de tout cela n’est statutaire, votre démocratie est de façade !" ? Pire, quand on a même profité de postes à la tête de "commissions" fantoches pour se faire mousser et faire grimper tel ou tel courant ? Ah tant qu’on a le nez dans la gamelle, c’est délicieux, mais aussitôt qu’on vous la retire, ça devient dégueulasse ?

Mais voilà aussi où nous amènent des mots d’ordre aussi stériles que "Garder le PCF" pour tenir lieu d’opposition communiste au sein du PCF (un comble !).

C’était évidemment la porte ouverte, la main tendue, à la direction sortante, prête à tout pour ne pas mettre en péril ses postes, ses mandats. Comment des communistes ne peuvent ils pas voir que quand l’opposition est tout à fait tolérée ( tolérée au point de faire partie de la Commission de transparence) c’est qu’elle est institutionnalisée et donc ,qu’elle fait partie intégrante de l’appareil ? Comment ne pas voir que cela, "garder le PCF", c’était se faire rouler dans la farine. Que la seule question à se poser c’était celle du communisme, d’un parti communiste, pas d’un parti qui s’appellerait "communiste".

Pourquoi toute cette opposition, ou prétendue telle, ne s’est pas réunie dès janvier de cette année pour travailler, collectivement, de la base, à une proposition alternative communiste unitaire ? Est-ce qu’on ne savait pas que le Congrès aurait lieu en décembre ? Nous voilà aujourd’hui démunis, désunis, obligés de nous compter dans l’urgence sur des rapports de force, dans des conditions inacceptables pour des communistes, pressés au 10 octobre dernier délai pour ,éventuellement, sortir une base commune alternative !

Ou est-ce que certains préféraient magouiller et négocier jusqu’au bout avec leurs soi disants ennemis ? Est-ce que d’autres ont préféré "rouler pour eux" ? Je ne sais pas - aujourd’hui, plus rien ne m’étonenrait et on peut s’attendre au pire.

Il faut être aveugle pour ne pas voir , pourtant, qu’il y a un désir révolutionnaire qui monte en France. Des révoltes des banlieues, à l’abstention grandissante aux élections bourgeoises, en passant par le vote FN en 2002, du succès de la "démocratie participative" de Royal, en passant par la multiplication des mouvements et coordinations sur tout les thèmes qui intéressent la Politique avec un grand "P". Ne pas le voir, le laisser au populisme, à l’extrême droite. Par avidité, par soif de reconnaissance sociale ? Par bêtise ?Erreur ? Tout cela en même temps ?

Non, ce n’est pas "aux gens" de venir vers nous, de grimper jusqu’à nos hauteurs tellement célestes que nous ne voyons plus nos pieds. Ce n’est pas nous qui sommes "trop en avance sur la conscience populaire". C’est à nous de prendre en considération les mouvements des travailleurs, des citoyens.A nous de les écouter. Pas pour les contrôler ou les étouffer, ou les suivre bêtement, par démagogie. Non. Pour les écouter, les analyser en marxistes, les traduire, et donc, les soutenir, les porter.

Quant à la proposition "d’ouvrir le PCF", elle est tout simplement ridicule. Je croyais qu’un parti communiste avait pour vocation d’accueillir des communistes, et pas "tout le monde". Car "tout le monde" n’est pas communiste. Beaucoup pourraient le devenir si nous faisions correctement notre travail. Mais nous ne sommes même pas foutus de rassembler les communistes en notre sein ! Nos camarades sont sans doute aujourd’hui plus nombreux dehors que dedans, ce n’est pas un échec, ça ? Notre moyenne d’âge, ce n’ets pas un échec ? Notre absence flagrante de diversité culturelle, ethnique, ce n’est pas un échec ? L’instrumentalisation des luttes dites, à tort, "sociétales", à des seules fins électoralistes, ce n’est pas un échec ça ? Et le tout, plus cuisant encore que le 1.93% à la présidentielle ?

Alors nous les communistes, nous n’avons pas le choix ? Nous devons soit subir un parti social-démocrate stalinien, soit supporter des communistes nationalistes et électoralistes, qui préfèrent la souveraineté nationale à la souveraineté populaire et rêvent du retour d’un "Etat fort" ? Mais Marx, Lénine et Luxemburg doivent se retrouner dans leurs tombeaux !

Misère et décadence du communisme en France - voilà comment devrait s’intituler cette base commune.

Tant que cela continuera comme ça, tant que nous serons dans l’idéologie dominante, dans la gestion des dégâts du capitalisme, tant que nous serons dans un appareil et pas dans une organisation de masse qui oeuvre à la démocratie prolétarienne, nous ne pourrons plus prétendre être communistes. Ce parti est un parti réformiste, anti-révolutionnaire et conservateur.

Il est temps de refonder le communisme en France et de laisser la place aux prolétaires, aux marxistes, aux libertaires et aux révolutionnaires.

Un seul conseil aux camarades dirigeants et autres apparatchiks permanents ; retournez au turbin ,ça nous fera des vacances et ça vous remettra les idées en place.

Avec vous, la bourgeoisie peut dormir sur ses deux oreilles. Vous êtes les Kautski du 21ème siècle.

Messages

  • "Il est temps de refonder le communisme en France et de laisser la place aux prolétaires, aux marxistes, aux libertaires et aux révolutionnaires."

    Voeu pieux, je le crains. Mais je partage ton sentiment à 100%.

  • Un seul conseil aux camarades dirigeants et autres apparatchiks permanents ; retournez au turbin ,ça nous fera des vacances et ça vous remettra les idées en place.

    Cette phrase montre que celui, ou celle qui l’a écrite connait mal le PCF de 2008. Si la moitié du siège a été loué, et que les locaux, partout, ont rétrécit, c’est que le nombre de permanent a baissé, et leur poids politique aussi.

    En fait le texte proposé n’est qu’un canevas dont on peut faire aussi bien un manifeste marxiste, qu’un patchwork social démocrate. A nous, sachant que les mots ne sont pas neutres, de jouer. Par exemple le mot "dictature" ne dit pas la même chose en 1848 qu’en 1976, fallait-il alors jeter le mot ou le concept qu’il désignait ou les deux ? et aujourd’hui il en va de même pour pour "exploité" "exploiteur" "dominé" " dominant" " prolétaire" "bourgeois" "capitalisme" "libéralisme" "ouvrier" "classe ouvrière" "bourgeoisie" etc...etc. Les mots bougent, les concepts aussi. Un congrès ça sert aussi et surtout à faire la clarté dans les têtes des militants. Or ce texte, comme bien d’autres avant lui, peut, si nous n’y prenons garde, semer encore plus de confusion. Avec le résultat que l’on connait bien maintenant : + de confusion=- de forces !

    Il en va aussi de la qualité de l’action de notre direction, à une centralisation exéssive a succédé une maxi pagaille, le seul parti français capable de soutenir simultanément plusieurs candidats à la présidentielle.

    Le texte nous propose :mieux garantir, y compris entre les congrès, la souveraineté des adhérents pour trancher ces débats quand cela est nécessaire Est-ce suffisant ? je dis NON, les votes majoritaires doivent être appliqués par tous un point c’est tout ! Pour moi ce parti ne saurait, sans dommage, se comparer à une amicale bouliste.

    CN46400

    • Je ne te pige pas CN - Alors elle te va, finalement, à toi, cette base commune (bien qu’il n’y ait "ni bourgeois ni prolétaires" ;-)) ? Tu vas faire quoi, concrètement ? Tu vas la voter, amendée ?

      "SOS coco en détresse" :-) quelqu’un peut il éclairer ma boussole ? les comportements politiques de certains de mes camarades dans le parti me dépassent...

      "Je suis contre, mais je vote pour" ? Perso, je ne suis plus assez souple pour faire ce genre de grand écart tenant lieu de dialectique....

      LL

  • Ah mais ce texte n’est pas si contradictoire que cela.

    C’est peut-être sa structure qui donne une impression un peu éclatée, il semble avoir été écrit dans le feu d’une réaction, mais à bien y regarder tout y est ou presque .

    La critique d’une démocratie interne très en deçà de principes clairs . Les zigzags de courants politiques qui vont d’attitudes social-démocrates en n’ayant pas oublié d’être staliniens, jusqu’aux clameurs de claques partidaires pour faire taire les critiques trop secouantes, du nationalisme rampant émergeant depuis des dizaines d’années (je vais chercher plus loin dans l’histoire l’origine de cette déviation malheureuse), etc.

    Les alliances dans des débats formatés, des dizaines d’années de formation politique Pif le chien qui n’avaient d’autres ambitions en général que de justifier une ligne politique (on fait quelque chose et ensuite on cherche à le justifier théoriquement)...., la persistance d’une bureaucratie anti-communiste, ceux qui ont nostalgie de cette dernière, ceux qui rêvent de retourner aux coupes de crème fraiche, ceux qui sont venus au PCF quand celui-ci était puissant sans connaître ce qui l’avait fait puissant (la mobilisation sociale, la classe ouvrière levée et occupant des usines, de 1936 à 1945, à 1968), et en finissant de croire que ce qui compte c’est de retrouver cette puissance d’appareil, bref des tas de courants sont dans des états de confusion profonds, qui raisonnent trop en rond dans un champ trop délimité, au point de n’être plus capables, pour l’essentiel, de se rendre compte que des communistes ne sont plus dans le PCF, qu’il existe des courants révolutionnaires puissants extérieurs, qu’il faut lever la tête du guidon.

    Il peut y avoir des alliances entre courants qui traitent clairement (et brutalement) :

     Comme premières mesures d’urgence indispensables même si elles en a des traits un peu outranciers ,mais il faut quand même cautériser la plaie au fer rouge :
    La lutte contre la bureaucratie qui nécessite des mesures d’exception dans le PCF , en tordant le bâton dans l’autre sens (exclusion du PCF des dirigeants professionnels, cette direction, au travers de ces différents visages a failli complètement, réintégration au cas par cas ensuite par la preuve de leurs capacités dans leurs entreprises à construire le parti d’un côté , et surtout la mobilisation sociale d’un autre), rotation des postes de dirigeants, renouvèlement de toute la direction qui a failli, etc, de manière générale, traquer tout ce qui construit une base matérielle à l’existence d’une nomenclatura par postes venant soit de places dans l’appareil d’état, soit de postes concédés par la bourgeoisie, soit de postes payés avec les moyens du parti. Tous les postes de permanents (de professionnels) devront ensuite être réinvestis avec précaution et contrôle étroit de la base d’un parti.

     La démocratie interne dans le parti ,passant par une stricte égalité de tous les courants politiques, avec interdiction de profiter des moyens de l’appareil ou de telle autre situation pour avoir des avantages "administratifs" dans le débat. Proportionnelle intégrale de tous les courants dans les responsabilités après congrès .

     La place centrale de la lutte des classes dans la stratégie d’un parti. Concrètement c’est pousser à ce que l’intervention dans le prolétariat et les couches sociales populaires, dans les minorités les plus exploitées et opprimées, soit considérée comme colonne vertébrale de l’activité, non pour un supplément d’âme, non pour s’en servir pour avoir des postes dans les différents maroquins qu’offre le système, mais pour y implanter le coeur d’un parti au service de la mobilisation sociale, pour pousser à ce que la classe ouvrière soit dirigeante au travers de ses organisations démocratiques.

    C’est pousser à ce que des initiatives soient prises pour unifier dans le temps et l’espace les combats des travailleurs. A quoi sert d’avoir 130 000 adhérents si il ne s’en trouve plus que quelques dizaines ou centaines pour se battre réellement pour l’unification des luttes contre Sarko, si des centaines ou des milliers de membres du parti dans des appareils (par exemple syndicaux) tirent dans l’autre sens ? Un parti doit choisir !

    La place centrale de la classe ouvrière c’est également se poser la question de ce qui peut l’unifier dans ses combats : l’unité des travailleurs et la démocratie.

    Se contenter d’avoir en France 8 à 9 syndicats concurrents et ne pas traiter au fond la question (en croyant que par des alliances par en haut construites sur des logiques de collaboration de classes soit une solution, ou s’imaginant qu’un syndicat en suçant bien Sarko pourra niquer les autres, ou bien par paresse sur l’inertie de la situation) de comment sortir de cette situation par l’auto-organisation impulsée et soutenue par les communistes (vade retro satanas) , car c’est l’outil d’unification des travailleurs qui nous manque , et cerise sur le gâteau, ça entraine la masse des travailleurs (pourvu que nous en soyons respectueux ) à décider et diriger directement (et pas une minorité infime).

     C’est donc l’autre point : la place centrale de la démocratie prolétarienne dans une stratégie (on peut l’exprimer avec d’autres mots....) qui est l’objectif de fond d’un parti communiste . L’objectif de fond d"un parti communiste n’est pas d’avoir le pouvoir, mais que la classe ouvrière ait le pouvoir, réellement. Quiconque prétend l’inverse a peut-être une position honorable mais n’est pas marxiste, ni communiste.

     La critique des alliances miteuses et anti-sociales. Chasser ce que sous-tends le retour actuel à lavant 2002 avec ses alliances honteuses.

    Autrement dit, ce qui est dit, c’est qu’on peut s’allier avec le diable du moment qu’on a une longue cuiller. Et je suis d’accord avec cela. Pas des alliances permanentes sans principes autres que d’avoir des postes, le social là dedans ne servant que pour le décor.

    Qu’une alliance doit être pensée et réfléchie en fonction d’objectifs précis que perso je ne placerai pas en termes de bonnes mesures que cela permettrai (la connerie du programme commun et des dosages connards du bon nombre de nationalisations grassement indemnisées, ou bien les 100 et quelques propositions du moment d’unité des anti-libéraux de gauche ) mais comment ça renforce l’activité indépendante et autonome de la classe ouvrière (aspirant au pouvoir en tant que classe !!!!!!!!!!). Bref un catalogue de mesures ne peut servir que comme assaisonnement du plat principal du festin : l’organisation unitaire des travailleurs qui aspire au pouvoir par ses organisations indépendantes.

    Une alliance ça doit servir à la mobilisation contre le capitalisme et à la montée en puissance de l’organisation de la classe ouvrière (organisation qui ne se confond pas avec un parti révolutionnaire qui lui est délimité), bref la montée en puissance de la démocratie prolétarienne (autre façon de le dire : conseils, coordinations, syndicats unifiés démocratiquement par la base, comités, cordons, associations , etc, toutes les formes d’organisation qui permettent la démocratie la plus entière, un contrôle strict des représentations et qui ont vocation à unir l’ensemble de la classe, de bas en haut).

    Là dans le bromuge du PCF la place de la classe ouvrière dans une stratégie politique : Quand l’accent n’est mit essentiellement que sur des élections et les mesures que l’on prendra , la classe ouvrière n’est plus à la fête, elle est priée d’attendre qu’on la serve , elle est supplément d’âme, elle et son tumulte mal-sonnant. Sociétale.... Point zéro. Les combats "sociétaux" sont autre chose, très importants, car ils traitent de multiples aspects d’oppressions parasitaires existantes dans le cadre des sociétés, qui affaiblissent la marche vers un monde débarrassé pour l’essentiel des oppressions, exploitations et aliénations . Il sont indispensables et permettent d’une autre façon d’amener d’autres couches sociales de la classe ouvrière au combat commun.
    Luttes contre le racisme, pour l’égalité, droits des femmes au concret, égalité entre jeunes et moins jeunes, droits des homosexuels, transports, écologie , etc, sont des batailles essentielles, avec un grand degré d’autonomie mais doivent être intégrées pour un parti dans un combat cohérent contre le capitalisme.

    L’intervention de la notion de démocratie prolétarienne est l’élément qui donne sens et compréhension au reste du texte.

    La mobilisation des communistes, dont une belle partie est dans le PCF, peut prendre forme logique si ces questions sont traitées sans attendre,, avec ou sans l’appareil, sans accepter des délimitations fondées seulement sur des patriotismes organisationnels mais sur des délimitations fondées exclusivement sur le projet et les tâches .

    Et ça change tout.

     enfin....- Penser l’organisation des révolutionnaires en France comme membre de l’internationale à construire afin de penser et faire :

    1) d’une part les batailles de solidarité avec les peuples en butte à notre impérialisme (en premier) et aux autres impérialismes et colonialismes, en défendant sans ambigüité le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, en exprimant et organisant notre solidarité avec les luttes de la classe ouvrière partout sur la planète, en ne reconnaissant aucune frontière qui ne soit pas respectueuse des peuples .

    2) en aidant concrètement à la construction du parti mondial de la révolution (pas trouvé d’autres mots que celui là), par l’aide à la construction de partis révolutionnaires partout dans le monde, par l’aide concrète aux militants révolutionnaires partout (notamment quand le malheur de leurs peuples les conduits à l’émigration. N’oublions pas comment naquirent les Ho Chi Minhs, et l’aide politique que constitua l’émergence du communisme), en traitant les militants révolutionnaires d’autres pays comme les nôtres, mieux que les nôtres car étant en butte à + de répression en France que le militant français.

    3) en impulsant et popularisant les batailles sociales transfrontalières (dans l’UE comme ailleurs) et internationales.

    4) en favorisant les liens avec les regroupements internationaux, partis, courants et militants révolutionnaires dans le monde, mondialement, continentalement, régionalement. Trouver des liens , des lieux de débat communs, des batailles ajustées communes sont un enjeu important.

  • Un grand bravo pour cet article de Budapest !
    Le Parti Communiste est mort, vive enfin le communisme !

  • Trop négative !
    Trop sombre !
    Trop triste aussi que cet avis !
    N’est-ce pas trop naif en faite ?

    Qui y a t-il de neuf dans le fond ?
    Pensait-on que nous redresserions la barre comme ça en deux coups de cuillère à pot ?
    Sous la conduite de quel sauveur suprême ?
    Une parenthèse, il devient quoi José Bové ?

    Pensait-on qu’il suffirait de gueuler un bon coup pour voir s’évaporer deux ou trois décennies d’errance ?

    Ne faut-il pas d’abord être lucide (bon je raille !), ne nous faut-il pas déjà appliquer à nous même ceux que nous pointons si facilement dans la société de consommation.
    C’est pas "bon", il faut jeter !
    Et si "on" garde au contraire, et que un peu pas grand chose par petite touches, par le faite de ne pas l’avoir balancer justement, d’avoir accepté de "faire avec", n’est-ce pas prendre le risque de faire que ça change tout de même un peu !?

    Obtenons que nos statuts interdisent le cumul "responsabilité élective" & "responsabilité dans notre organisation », et là nous aurons malgré tout, malgré tous, progresser et redonner de l’espoir.
    Rendre l’espoir, pouvoir le fabriquer, le donner, n’est-ce pas là aussi le travail du communiste que nous voulons ?
    Allez camarade Illitch, n’oublions pas l’amour et le rire.
    La tache le travail sera dure, il sera long aussi, mais c’est ça la Vie, la vrai, la seule !

    SAd

    • Slt SAD, mon cher , comme toujours sur ce point précis, je ne partage pas du tout ton avis - et je finis par penser que vous les "vieux" militants (sans méchanceté tu me connais) vous manquez tout simplement de recul et de "froideur" sur le PCF.

      J’ajoute que quand on vit dans le nid de vipères parisien où malgré tout tout se joue ( et où ils sont toutes et tous toute la moitié de l’année même quand ils habitent Lyon ou Vénissieux....), on voit les choses avec encore plus de sens critique et, j’ose le mot, de dégoût...

      T’inquiète Sad moi je ne me sens pas pessimiste ni naive ni triste, loin de là ; et au contraire ! la différence entre moi et d’autres c’est que je refuse de faire de l’affectif, du souvenir, du symbole, de "l’honneur" etc des raisons suffisantes ou en tout cas exclusives pour déterminer mes choix politiques individuels et collectifs.

      Donc ça me permet d’être plus lucide et peut être un peu "en avance" ( bien qu’étant de toute manière déjà largement en retard et cela me désole)...

      LL