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À propos des suites judiciaires du G8 de Gênes : 1ère partie

Publie le jeudi 1er mai 2003 par Open-Publishing

D’après un texte de Laura Tartarini, avocate au du Genoa Legal Forum

Ceci est un essai de compte-rendu sur les cas judiciaires actuellement traités : sont concernés ici les événements qui ont eu lieu dans les rues de Gênes pendant le G8.

Les avocats du Genoa Legal Forum ont eu beaucoup de requêtes collectives concernant des poursuite pénale à l’encontre de l’usage du gaz CS par les forces de police. En plus des policiers poursuivis séparément au pénal, nous avons aussi porté plainte en justice au pénal contre ceux qui ont ordonné ces actes entre autres le ministre de l’Intérieur, le chef de la police local et des officiers de police.
De même des demandes pénales de poursuite comme celles-ci seront aussi entamées pour les événements concernant la via Tolomaide. Des demandes pénales de poursuite à l’encontre des policiers qui dans des conditions normales de manifestation ont abusé avec une violence extrême de leur pouvoir avec pour aboutissement la mort de Carlo Giuliani. Finir le travail d’investigation des preuves est non seulement difficile à cause des interprétations différentes qui peuvent être faîtes de chaque photo séparée ou des vidéos mais encore à cause de la complexité des cas qui oblige à les traiter séparément.

Sur l’usage du gaz :

Il y a eu des progrès concernant l’examen de l’usage illégitime du gaz CS, d’innombrables plaintes au pénal de la part de manifestants qui ont été victimes de blessures plus ou moins graves. Ces plaintes nous ont aidé à établir que les services publics de sécurité avaient pendant le G8 utilisé une substance chimique interdite par les lois internationales. Le syndicat de police argumente que l’usage du gaz dans certaines situations déterminées serait un moyen d’autodéfense. Avant tout nous avons inclus le fait que le ministre de l’Intérieur, au moment du Forum social de Florence en septembre 2002 avait expliqué que les forces de police n’étaient pas en possession d’un tel gaz puisque le niveau de sa toxicité n’était pas connu.
Sur l’agression et les interventions de la police contre les individus séparés : là il y a eu peu de développements, même pas dans les cas très clairs.
Un exemple pour mieux comprendre :
certains enregistrements vidéo montrent comment une manifestante sans protection au visage est agressée brutalement par un carabinier sur Corso Turino. Ces enregistrements nous ont permis d’identifier les fonctionnaires présents au moment des faits et d’engager des poursuites pénales. Mais la plainte a été classée en avril 2003 car la victime ne souhaite pas poursuivre la procédure.
Un autre exemple : l’agression dont a été victime un adolescent, évènement enregistré par des douzaines de caméras, est devenu un symbole de ce qui s’est passé à Gênes et ne laisse plus aucun doute sur la culpabilité des policiers. Des vidéos montrent un DIGOS (officier de police spécial habillé en civil) qui frappe le visage de l’adolescente immobilisée par quelques-uns de ses collègues. Cet événement a déclenché deux procès.
Le premier, la poursuite pénale à l’encontre du policier se trouve encore en l’état embryonnaire. Il est important de souligner que ce fonctionnaire NE SERA PAS SUSPENDU. Il a été muté à la direction de la logistique du grand quartier général de police de Gênes.
La deuxième à l’encontre de l’adolescent pour rébellion à agents. Bien sûr il plaide non coupable. Mais la plupart des DIGOS présents au moment de l’agression nient des faits filmés par des douzaines de caméras et certifient que le manifestant aurait attaqué les forces de police.

Sur les événements dans Bolzaneto

L’examen des faits monstrueux et intolérables qui ont eu lieu dans le grand quartier général des Carabiniers à Bolzaneto se trouve dans sa phase finale. Nous sollicitons des poursuites pénales contre trente personnes dont des agents spéciaux et des officiers. Ces personnes sont poursuivies pour leur responsabilité à propos des sévices psychiques et physiques infligés aux manifestants arrêtés.
La procédure d’identification formelle contre ces personnes a commencé en mars 2003. D’autres procédures sont entamées contre d’autres personnes comme le Ministre de la justice, le directeur du DAP (le service d’administration de la prison) qui sont moins "accessibles". Nous les tenons comme responsables des abus qui ont eu lieu à Gênes ; Ils les laissaient non seulement se passer ; ils ont admis aussi que les droits fondamentaux des prisonniers fussent ignorés. Tous ont bafoué le droit des familles et des avocats d’être informés de l’arrestation des manifestants incarcérés.
À notre avis ces plaintes pénales de poursuite sont vitales : elles permettront d’empêcher que cela se reproduise lors de prochains sommets.

Sur les événements dans l’école Diaz

Il y a deux rapports d’enquête sur ce qui s’est passé dans la nuit du 21 au 22 juillet 2001, Via Cesare Battisti.
Le premier concerne l’examen des événements qui se sont déroulés dans le collège Giovanni Pascoli. Ce rapport analyse l’intervention de la police, comme une opération de proximité sur ce qui se passait à l’intérieur du collège. Des plaintes pour vol et dommages aux biens publics ont été déposées à l’encontre de policiers présents sur les lieux, des disques durs d’ordinateurs ayant disparu. Ces plaintes devraient aboutir dans quelques mois après de multiples sollicitations auprès des juges instructeurs de Gênes.
Le deuxième rapport qui n’est pas encore complet. Il concerne les tabassages perpétrés à l’école Pertini. Le travail patient des avocats a permis de prouver que l’arrestation de quatre-vingt treize personnes par la police avait été complètement injustifiée. Le lancement de pierres contre des policiers qui aurait à l’origine de la descente, la résistance des activistes à l’intérieur de l’école, les armes supposées leurs appartenir tout cela s’est avéré faux. En conséquence nous avons déposé plainte contre vingt autres fonctionnaires qui sont intervenus dans l’arrestation de quatre-vingt treize personnes se trouvant dans l’école bien qu’ils sachent que ceux-ci aient été innocents.
Ils sont responsables ainsi qu’un médecin des lourdes blessures infligées aux militants.

Sur les événements Piazza Alimonda

Par rapport à ces événements deux plaintes sont en cours.
D’une part a été engagée une poursuite pénale pour tentative de meurtre contre trois militants accusé d’avoir attaqué un car de police. Les trois militants se sont volontairement mis à la disposition de la justice afin que soit établi clairement ce qui s’était passé. Les policiers les accusent de tentative de meurtre avec pour toute preuve les habits, pierres et bâtons que les accusés auraient eu sur eux.
D’autre part, un autre dossier concerne du meurtre de Carlo Giuliani (La part la plus importante des informations sur ce sujet a déjà été publiée).
La justice a déjà procédé à une conclusion de l’assassinat de Carlo, inacceptable à nos yeux. Non seulement parce qu’il y a beaucoup d’autres cas "connus et non résolus enterrés" dans l’histoire italienne, mais aussi parce que justice et politique se présentent ici sous un aspect négatif.
Dans les rapports publiés par la justice se trouvent des centaines des pages de vieux et nouveaux interrogatoires des militants.
Mais il y a seulement quelques lignes de témoignages des fonctionnaires, sur leur attitude au moment où ils se trouvaient dans la jeep. C’est claire qu’ici une grande part de vérité a été laissée dans l’ombre. Un exemple : il est établi que certains fonctionnaires présents Piazza Alimonda, étaient déjà opérationnels au début des années quatre-vingt-dix lors des opérations militaires en Somalie Etaient (pour certains ils auraient été impliqués dans le viol et le meurtre d’Ilaria Alpi). D’autre part Gênes aurait été un test de "maintien de la paix pour les unités armées" "ordre" avec pour mot "d’ordre" l’ introduction de stratégies de guerre urbaines parmi les officiers. Tous ces éléments réunis montrent que les explications fournies par la justice à propos des événements tragiques sur Piazza Alimonda sont insuffisantes et nous en connaissons tous les vrais raisons. Ainsi, nous attendons une reconnaissance de la part de la justice de ce qui s’est réellement passé Piazza Alimonda.

Sur les enquêtes judiciaires contre les manifestants

Pendant les événements de juillet 2001, plus de 300 personnes étaient arrêtées (y compris 93 de l’école Diaz). Dans un premier temps, cinq d’entre elles furent condamnées à huit mois de prison pour "lourde résistance aux forces de police". Pour quelques-unes, il nous a été possible de démontrer par présentation de vidéos, témoins oculaires que ces accusations sont fausses. De nouveau le travail que nous avons du faire a été très difficile car nous avons du réunir des vidéos et des témoignages pour chaque cas séparé.
Nous voudrions souligner ici encore une fois que pour nous CHAQUE vidéo, CHAQUE témoignage, présente énormément d’intérêt comme preuve.
Plus spécifiquement, en ce qui concerne les cent vingt première arrestations ayant eu lieu entre le20 et le 21 juillet 2001 elles ont été motivées par la grande résistance développée par les manifestants à l’encontre de l’autorité publique et les importants dommages causés aux biens publics, suite à une radicalisation du mouvement et à l’ arrestation au terrain de camping Via Redipuglia de 23 COBAS ( syndicat de travailleurs) conduits à Bolzaneto. Parce qu’aucune preuve justificative à l’encontre des 23 accusés n’a été apportée, la juge d’instruction a libéré les 23 personnes. Dans un premier temps, le ministère public les a poursuivis pour dommage aggravé de biens et pillage dans une "association de malfaiteurs à buts de dévastation et de crimes liés au Black Bloc ". Selon le paragraphe 416 et 419 du code pénal italien cela sous-entend une peine comprise entre 8 et 15 ans de prison. Les procès concernant ces personnes en sont encore au début. Néanmoins ces accusations absurdes ont été abandonnées concernant 93 personnes arrêtées à l’école Diaz.

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