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La Poste : bougeons contre la privatisation

Publie le samedi 20 septembre 2008 par Open-Publishing

Bonjour,
Ci-joint un point de vue sur la Poste menacée de privatisation
Fredon


La Poste : bougeons contre la privatisation

Comment laisser passer la privatisation de la Poste, l’un des services publics symbole de l’égalité des usagers, où qu’ils habitent, pour l’acheminement du courrier, des colis et, pendant très longtemps jusqu’au paiement des mandats à domicile, aux fins fonds de nos campagnes, les chèques postaux étant reconnus comme l’institution bancaire la plus populaire, la plus démocratique parce que publique ?

Tous les syndicats (sauf la CGC) appellent à une grève nationale le 23 septembre. C’était bien la moindre des choses que les partis de gauche soutiennent les postiers et condamnent cette privatisation qui, comme pour d’autres entreprises publiques, répond aux exigences européennes de faire des Postes des entreprises privées.

Je ne voudrais pas jouer les rabat-joie mais simplement rappeler que si Sarkozy se fait un plaisir d’être celui qui aura livré la Poste au privé –si la riposte n’était pas à la hauteur- le processus a été engagé sous le gouvernement Rocard en 1990, la loi Quilès du 2 juillet mettant fin aux PTT, afin de les sortir du système administratif pour les inclure dans la perspective européenne de déréglementation et de mise en concurrence des opérateurs publics.

Cette loi avait été adoptée par 272 députés socialistes contre 45 dont les 26 députés communistes, le gros des troupes RPR, UDF, UDC s’abstenant. Au Sénat tous les groupes avaient voté pour…sauf le groupe communiste.

Six mois plus tard, séparation d’avec les Télécom, la Poste abandonne son statut d’administration et devient un « exploitant autonome de droit public ». Cinq ans plus tard, France-télécom devient une société anonyme avec ouverture du capital au privé qui détient 70%, L’Etat 27%. Merci qui ?

Conséquences : le service public n’a cessé de se dégrader, les usagers paient de plus en plus cher, que ce soit le courrier ou les colis, les délais de distribution s’allongent sous l’effet de la dégradation des conditions de travail et de rémunération des postiers, de moins en moins nombreux, comme les bureaux qu’on ferme pour cause de non rentabilité où ceux qu’on délocalise car de plus en plus la Poste est gérée comme une entreprise privée à l’instar de la Banque postale.

Il ne s’agit pas de gérer à la légère un service public sous prétexte qu’il est public mais de savoir si la finalité d’une entreprise publique c’est de faire du profit en vue de séduire de futurs actionnaires privés ou d’améliorer les services rendus aux usagers en embauchant les effectifs nécessaires et en valorisant les salaires et la qualification des postiers. La Poste, à travers son histoire, a beaucoup contribué aux recettes de l’Etat. De son côté France Télécom n’était-il pas le quatrième opérateur mondial…sous statut public !

Et il faudrait crier « vive la concurrence libre et non faussée » qui nous est vendue comme le principal facteur de la baisse des prix ! Alors qu’en 2008, la hausse des prix atteint des % record et que la croissance est quasiment nulle. Seuls les profits se portent très bien…si l’on se fie au CAC 40 ou au hit-parade des grandes fortunes qui ne contribueront pas au RSA.

Tant mieux, me dira-t-on, si le parti socialiste se joint à l’action contre la privatisation. Bien sûr, mais a-t-on entendu un de ses dirigeants, si préoccupés par l’investiture, regretter d’avoir pris ce chemin ? Ils ont même persisté en votant le traité simplifié après avoir appelé à voter pour la constitution de Giscard, rejetée par 53% des Français.

Au gouvernement, ils décident d’engager le processus de privatisation de la Poste en toute connaissance de cause et, 18 ans après, dans l’opposition, ils emboîtent le pas de la protestation ! On peut être dubitatif et considérer qu’il s’agit d’une posture (un électeur socialiste sur deux avait voté NON en 2005) plus qu’un revirement de fond. Le dire serait-il politiquement incorrect ? La clarté serait-elle un obstacle aux rassemblements les plus larges contre la liquidation méthodique de tous nos acquis sociaux en même temps que des valeurs qui fondent notre République : je ne le crois pas.

Je souhaite, évidemment, que la mobilisation pour le 23 et le 27, et au-delà, permette d’infliger aux tenants de l’Europe libérale une cinglante défaite et que notre pays conserve « sa » Poste, reconquiert et développe des services publics performants, au sens de la qualité des offres proposées aux usagers.

Un tel enjeu justifie l’exigence d’un référendum d’initiative populaire après une mobilisation exceptionnelle contre la privatisation.

René Fredon