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TERMINUS, TOUT LE MONDE DECENT !

Publie le dimanche 5 octobre 2008 par Open-Publishing
2 commentaires

TERMINUS, TOUT LE MONDE DECENT ?

Citoyens, amis, camarades,

Mardi s’annonce une journée de mobilisation dont on sent déjà qu’elle fait trembler le capital et tous les parachutistes dorés du monde.

Détrompez-moi si vous en avez la conviction, et me trouvez trop pessimiste, ou nourrissez et diffusez cette réflexion si vous la partagez.

La revendication du « travail décent » est le miroir des « offres d’emploi raisonnables » qu’elle prétend combattre ; le travail décent est un produit idéologique de la même veine que l’agriculture raisonnée des grands groupes agro-alimentaires, que le revenu de solidarité active, les partenaires sociaux, le capital santé, l’actionnariat-salarié, et tant d’autres.

Ça sent le compassionnel à plein nez, ça dégouline d’éthique.

Cette éthique même qui est le fonds de commerce actuel de Laurence Parisot ou de Nicolas Sarkozy, qui dit vouloir connaître les « responsables » de la crise financière et « refonder » le capitalisme.

Cette même éthique qui fait vibrer le faux retraité et néo-catholique Anthony Blair, qui vient de créer sa fondation pour la foi, et dispense à Yale des cours sur « la mondialisation et la foi ». Après 10 ans passés au pouvoir à consolider la doctrine de l’impuissance des Etats, il veut montrer que c’est « la foi en action » qui ramènera de l’ordre dans une « mondialisation chaotique ». Des « chaînes d’églises, de temples, de mosquées et de synagogues » vont rendre le monde plus décent et apporter des moustiquaires aux Africains pour endiguer la malaria.

Salariés, laissez une journée de salaire mardi et allez manifester pour un capitalisme à visage semi-humain ! Sortez vos mouchoirs pour larmoyer au vibrant appel de la remuante et ô combien dérangeante Confédération Européenne des Syndicats.

Le mouvement social se construirait-il sur les mots d’ordre de classe choisis par la bourgeoisie capitaliste, qui se range en ordre de bataille pour dédouaner son système morbide et anxiogène ?

Le partage des thématiques de classe de l’adversaire ne signe-t-il pas justement la ruine des mobilisations à court et moyen terme ?

Du côté des formations politiques euro-constructives, il n’y a qu’à voir ce que prône le Parti de la Gauche Européenne (PGE), qui semble bien avoir abandonné toute référence à la lutte pour le socialisme : les travailleurs, comme producteurs de la richesse, doivent « être suffisamment rémunérés », « le minimum en fonction de l’augmentation de leur productivité ». Cette formation réputée la plus à gauche des formations euro-compatibles d’échelle européenne ne baigne-t-elle pas en plein dans la thématique soporifique de la « décence » ? N’épouse-t-elle pas ainsi les stratégies néo-libérales et patronales ?

C’est l’exemple triste du renoncement démocratique, et de la fâcheuse généralisation d’une tendance à la subordination au capitalisme néo-libéral. au moment même où celui-ci se heurte ô combien brutalement à une fin de cycle. Une fin de partie pour laquelle le « remède » rique bien d’être, malheureusement, une nouvelle grande guerre.

Se battre sur la « décence » du système d’exploitation, c’est enjoindre -encore- les citoyens, les salariés, les travailleurs, à l’acceptation fataliste de la « légitimité » capitaliste et impérialiste.

Ratzinger-pape est-il contre le « travail décent » ? Non, certainement. Son ancêtre pape Léon XIII réclamait-il autre chose que cette « décence », lorsqu’en 1893 il prenait position dans son encyclique Rerum novarum pour protéger le capitalisme et le troupeau catholique de la montée du socialisme ?

Evo Morales subirait-il d’aussi violentes attaques de la part des autonomistes et des séparatistes des provinces de la demi-lune, épaulés par les Etats-Unis, s’il ne revendiquait que cette « décence » ? Non, évidemment. Les mots ont un sens, et le programme de retraites universelles qu’il veut bâtir grâce à la taxe sur le gaz porte le nom de Dignidad. On pourrait peut-être envisager que la dignité est un concept moins aisément divisible et moins élastique que celui de décence.

En allant plus loin (et tant pis si ça gueule !) n’est-ce pas une « décence » similaire que demandaient en 1944 aux nazis, certains responsables juifs hongrois, soucieux que l’extermination se déroule de façon « humaine » (ce qui correspondait finalement aux voux de Himmler, tout à sa recherche de moyens de tuer en masse qui puissent déresponsabiliser au mieux les bourreaux pour « humaniser » leur tâche) ?

Hannah Arendt pensait que les crimes du IIIe Reich reposaient sur l’absence de pensée, voire le refus de penser des acteurs de l’époque.

Un jour, devant le centre de rétention administrative de Geispolsheim, un officier de gendarmerie me confia qu’il s’agissait d’une « colonie de vacances », et que les conditions y étaient « plus que décentes ». Soulagé, je rentrai chez moi le cour léger. Sans plus y penser.

Le système néo-corporatiste en formation, auquel de nombreux syndicats acceptent malheureusement de participer aujourd’hui, n’est-il pas, en se chargeant d’inculquer lui-même aux salariés les mots du dominant, une machine à tuer la pensée ?

Le programme du Conseil National de la Résistance de mars 1944, lui, offrait de toutes autres perspectives que la prière oecuménique pour la « décence ». Il traçait le chemin d’une reconquête et d’un approfondissement démocratique, d’un progrès social véritable dans un cadre qui n’avait rien à voir avec la mollesse compassionnelle et la confusion moralisante, mais s’identifiait avec le combat contre l’injustice, par la conquête positive de droits.

En 2004, l’appel à la commémoration du 60e anniversaire du Programme du C.N.R, lancé par un groupe d’anciens résistants, se terminait par ces mots : « Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection : Créer, c’est résister. Résister, c’est créer. »

Et, créer, c’est sans doute autre chose que de chercher à rendre l’injustice décente, et donc tolérable !

Messages

  • Lu et approuvé : je veux plus accompagner la dégringolade généralisée dans ces tristes et inutiles manifs de chiens battus dont je rentre tristesse et rage au ventre mêlées... YA BASTA !!
    Mendier un travail décent ?... et puis quoi encore ??...
    Y’EN A MARRE !!!
    Riton

  • Ta réflexion est tout à fait partagée
    et sans me tromper d’objectif
    j’irais à cette manif demain, pour relayer une fois de plus le message
    à ces syndicalistes qui du haut en bas de la représentation syndicale
    sont des zélés rouages du systeme capitaliste dont ils profitent.
    A Locminé(56), une fois de plus, alors que le patron-volailler DOUX, licenciait
    plus de 600 personnes, le dernier mot d’ordre lancé par la CGT au haut parleur pour un défilé contre les licenciement a été : " restons dignes"

    QUEL INDIGNITE

    OUI ETATS MAJORS SYNDICAUX DE LA CGT, CFDT, FO ......
    à tous les échelons vous êtes biens devenus
    "les partenaires sociaux de ce systeme capitaliste pourri"

    < des kapos de la servitude volontaire.>>

    TERMINUS TOUT LE MONDE DESCENDS, CA VA PETER .........