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Producteurs , sauvons-nous nous-mêmes (suite )

Publie le mercredi 8 octobre 2008 par Open-Publishing
2 commentaires

Michel PEYRET
9 octobre 2008

PRODUCTEURS , SAUVONS-NOUS NOUS-MEMES
( SUITE )

Il y a quelques jours , je diffusais sous le titre rappelé ci-dessus , un texte que qui se concluait par l’évocation du Manifeste du parti communiste dont les auteurs rappellent que , selon eux , « l’émancipation des travailleurs doit être l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes . »Ils ajoutaient que toute lutte de classe est politique et qu’en conséquence le prolétariat devait s’organiser en classe et donc en parti politique et ils interrogeaient : »Quelle est la position des communistes par rapport à l’ensemble des prolétaires ? » Ils répondaient tout aussitôt : « Les communistes ne forment pas un parti distinct opposé aux autres partis ouvriers .Ils n’ont point d’intérêt qui les séparent de l’ensemble du prolétariat . Ils n’établissent aucuns principes particuliers sur lesquels ils voudraient modeler le mouvement ouvrier... »

Pour ma part j’ajoutais pour terminer mon texte que je pensais que nous aurions l’occasion de revenir sur ces thèmes . De nombreux lecteurs m’ont fait part de leur intérêt . Aussi , pour alimenter le débat , j’ai pensé pouvoir reproduire un texte de mon ami Pierre Assante dont je viens de prendre connaissance .

Contribution de Pierre Assante
Section du 8ème arr. de Marseille.
3 juillet 2007

Les contributions de Michel Carrière et de Patrick Candela et d’autres, ont le mérite de dire que le marxisme n’est pas à sacraliser mais à continuer.

Pour continuer, les fondements sont nécessaires, même si la comparaison à la construction d’une maison peut être trompeuse car les fondations d’une maison ne sont pas en mouvement. La comparaison à une ville est un peu plus appropriée, dans laquelle les constructions s’accumulent, se superposent, sont détruites ou transformées, s’imbrique, se stratifient en périodes de vies humaines, reflets de la vie humaine qu’elle contient et qu’elle est avec et dans son devenir.
C’est la conception marxiste qui a fait les partis communistes. Où le marxisme continue, en un mouvement que décrivent "la contribution à la critique de l’économie politique" et "le capital", et dans ce cas une organisation communiste reste nécessaire, ou il ne continue pas et alors, n’importe quelle organisation, parti, union, honnêtes, suffiront à répondre au développement humain.

Je suis partie prenante, au risque de me tromper, de la vision marxiste du développement social, qui, si elle demande une mise à jour, de multiples mises à jour permanentes, est la vision la plus avancée de l’humain sur lui-même, et en ce sens une organisation communiste est absolument nécessaire, non pour imposer son point de vue et son action, mais pour dialoguer dans l’action avec la société dont elle est partie prenante.

Encore faut-il, dans la double volonté d’identité et d’ouverture, avoir les capacité de ne pas sombrer à la facilité des idées à la mode, pas plus que de ne pas rejeter tout ce que la vie invente dans et hors de(s) l’organisation(s) qui rassemblent les actions de devenir.

Voici quelques questions que ce type de vision entraîne. Leurs formulation est casse-croûte, car elle condense en une seule question, tout un travail de réflexion à accomplir collectivement, en relation avec les luttes au quotidien.

Je les donne quand même en pâture à mes copains, qui se posent certainement les mêmes questions, sous une forme ou sous une autre :
DE LA QUESTION DU POUVOIR DES PRODUCTEURS
1 Y a-t-il crise de la démocratie bourgeoise dite représentative ?

2 La crise de la démocratie met-elle en péril la démocratie ?

3 Les limites devenues évidentes aujourd’hui et qui à travers la crise de la démocratie non élargie à toutes les populations, met en péril la démocratie, pose-t-elle plus que jamais la question de l’Etat ?

4 Comment l’Etat pourrait-il représenter toutes les populations dans leurs intérêts dits matériels et moraux ?

5 Quels sont les mouvements, tous les mouvements-activités de toutes sortes (qui forment un mouvement général) de la population et comment l’Etat assume-t-il la gestion de ces mouvements en étant représentant d’une part de la population, part dominante en face d’une part dominée, part « exclue » contre part « intégrée », part homme contre part femme, part pauvre contre part riche, part sans parole contre part « savante » ?

6 Faut-il qu’il y ait l’extinction de l’Etat pour que les limites de la démocratie dite représentative soient dépassées ?

7 Qu’est-ce que l’extinction de l’Etat ?

8 Que vaut l’idée d’instituer une « dictature » du salariat qui en approfondissant le pouvoir des producteurs (de biens tangibles comme symboliques, les uns sont dans les autres) généraliserait la démocratie à toute la société et donc disparaitrait finalement elle-même avec l’Etat pour faire place à l’administration collective de la société humaine ?

9 Henri Lefebvre a eu l’intuition que dans l’opposition entre la vision éléate du monde et sa philosophie, d’une part, et la vision du devenir et sa philosophie d’autre part, la solution n’est pas dans la destruction de l’une par l’autre, mais leur interaction pour les dépasser en une autre contradiction motrice du mouvement de société. Quel sort à faire à cette intuition ?

10 Le lien qu’il fait entre les questions religieuses, le christianisme en particulier, par rapport à l’éléatisme et la philosophie du devenir est-il un élément de l’action ?

11 La métaphore de la plante que fait Marx pour exprimer la continuité et l’unité de la production-distribution-consommation ne donne-t-elle pas aussi une vision claire du mouvement qui se reproduit dans la pensée en tant qu’abstraction ?

12 Les éléments distincts (cellules des racines ou des feuilles, neurones ou cellule gastrique….), éléments discrets et durée ne sont-ils pas l’image, la représentation, le calque du concret dans la pensée (dialectique de la nature), qui illustrerait qu’il n’y pas destruction de la philosophie de l’éléatisme et de la philosophie du devenir l’une par l’autre ?

13 L’extinction de l’Etat, dans ces conditions n’est-elle pas incluse dans le processus de la coexistence-lutte des éléments concrets qui suscitent ces philosophies contradictoires ?

14 Et dans ce cas, L’extinction de l’Etat, n’est elle pas aussi la cohabitation contradictoire des éléments de pourvoir représentatif et de pouvoir des producteurs jusqu’à substitution-dépassement des deux dans une démocratie généralisée ?

15 Dans la situation du moment, les éléments de pouvoir des producteurs (syndicats, partis communistes….., travailleurs et collectifs dans leur activité en général et leur exercice salarié en particulier…..) sont-ils au contraire en difficulté face à la démocratie représentative en voie de pourrissement ?

16 N’est ce pas là l’illustration des contradictions et la lutte pour la coexistence des deux pouvoirs n’est-elle pas, justement le cœur de la lutte de classe ?

17 Dans le phénomène de pourrissement de la démocratie représentative, n’y a-t-il pas, contradictoirement, développement des conditions du développement des éléments du pouvoir des producteurs ?

18 L’ergologie (science du travail et de l’activité humaine, dont Yves Schwartz est un animateur éminent) démontre-t-elle que c’est en s’élevant du particulier au général que l’abstraction réelle répond au concret réel ?

19 La réalité n’est-elle pas QUE mouvement, mouvement de mouvements, continuité-rupture, durée-quantum ?

20 La décomposition du mouvement en mouvementS, la recomposition de mouvementS en mouvement, l’aller-retour du particulier au général, de la « racine » de l’arbre humain-social à sa « feuille » et à sa « fleur », n’est-elle pas nécessaire à la représentation du réel ?

21 La représentation du réel n’est-elle pas nécessaire au mouvement humain ?

22 Le mouvement de l’espèce humaine dans son environnement ne nous est-il pas essentiel, parce que cette espèce est la notre et que c’est notre particulier dans le général ?

23 Les transformations après 1968, en particulier en politique et dans les partis ne procèdent-elle pas plus de la volonté de donner une autre image de soi et de son groupe que de la volonté d’analyse et de l’action sur le réel ?

24 La volonté de donner une autre image peut-elle paradoxalement être aussi volonté d’analyse et de l’action sur le réel ?

25 Pour qu’il y ait héritage, ne faut-il pas que le patrimoine ne soit pas mort ?

26 Se poser des questions sur un héritage ne confirme-t-il pas qu’il est vivant, fait partie de l’arbre vivant ?

27 Près de la moitié des citoyens des Etats-Unis d’Amérique remettent en cause la théorie de l’évolution de Darwin, non pour la poursuivre et l’améliorer, mais au profit du créationnisme, c’est-à-dire de la croyance que la Genèse est la description exacte, scientifique de la création de la terre, de l’homme, centre de l’univers, opposant ainsi foi et science. Le marxisme n’a-t-il pas subi ce sort quelques décennies plus tôt dans le monde ? Y compris par certains de ceux qui prétendaient s’en réclamer ?
Où bien la crise du capitalisme et le raidissement meurtrier de ses représentants va-t-elle lui ouvrir un renouveau ?

28 Le dernier marxiste déclarera-t-il, comme Galilée « Eppur’ si muove » devant le tribunal de l’opinion, après avoir plaidé avec la « contribution à la critique de l’économie politique » en demandant que se poursuive cette recherche. Finira-t-il, par sa déclaration par « « les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de diverses manières ; ce qui importe c’est de le transformer » ?

Pierre Assante, 3 juillet 2007

Messages

  • Entourloupe : Séparer le bon capitalisme (productif) du mauvais (financier)

    1 - La crise frappe : Ecofin

    http://www.ue2008.fr/PFUE/lang/fr/accueil/PFUE-10_2008/PFUE-07.10.2008/ECOFIN_results

    2 - Nous entrons dans un monde nouveau Denis Collin

    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article420

    3 - Ne pas croire le bonimenteur et son entourloupe !

    Sarkozy, lui, prétend séparer le bon capitalisme (« l’entrepreneur » ou « le producteur ») du mauvais (« le spéculateur »). Il n’est pas le seul y compris "à gauche" !

    4 - Comme le GB je dis Oui il faut exproprier ! mais ce n’est pas tout de le dire !

    http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article72284

    Le Parti socialiste ne doit pas être le parti du rachat, mais de l’expropriation. (Jules Guesde, Discours au congrès de St Quentin, 1911)

    La nationalisation des banques, grande production, transports et assurances, est la condition préalable d’une économie dirigée vers le bien-être des grandes masses travailleuses, du peuple tout entier. Cette nationalisation doit se faire sans aucune indemnisation des grands capitalistes qui se sont enrichis en saignant les prolétaires pendant des dizaines d’années, et qui n’ont pu engendrer que la misère et l’anarchie économique. (Pierre Naville, Programme d’action du Groupe bolchevik-léniniste, 1934)

    5 - Unité syndicale, Unité à gauche du PS (avec la gauche du PS sans le PS, avec la gauche du PCF sans le PCF du PS !)

    La seule alternative crédible face au désastre capitaliste, ce n’est pas l’aménagement ni la réforme. C’est la rupture. Le capitalisme ne se moralise pas. Il se combat et doit être remplacé par une nouvelle organisation de la société, un néo-socialisme démocratique et écologique.

    Vers un néosocialisme vert : Etendre le marché ou le circonscrire ? -

    C Delarue

    http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article354

    • Rappel par Michel Peyreteudi 2 octobre 2008 (06h05) :
      Producteurs , sauvons-nous nous-mêmes
      2 commentaires

      Michel Peyret 2 octobre 2008

      PRODUCTEURS , SAUVONS-NOUS NOUS-MEMES !

      « La fin du monde » , a lancé Sarkosy à Lyon . « Le commencement du monde » , avait écrit Jean-Claude Guillebaud sans attendre qu’une crise financière explose pour décrypter des évolutions en profondeur marquées par la doxa néo-conservatrice américaine , le règne de la géofinance , la dilution du « principe d’humanité » , cet individualisme possessif de masse qui nous a fait manquer la chance historique qu’offrait voilà vingt ans l’implosion de l’Empire soviétique et qu’offrent toujours des évolutions technologiques qui serviraient un progrès véritable si nous avions pris conscience à temps que bien des progressions sont des régressions . » Je ne partage pas tout de ce début d’exposé que fait Daniel Riot mais sa dialectique m’apparait de grande portée . Nous avons déjà fait l’expérience de ce que les annonces de « fin de l’histoire » ne pouvaient correspondre à aucune réalité sinon à des fins idéologiques destinées à justifier la perduration du système capitaliste et à l’inscrire dans l’éternité politique et économique de l’humanité .

      DE VRAIES ET DE FAUSSES CONTRADICTIONS .

      Depuis , d’ailleurs , d’autres se sont essayés à créer de fausses oppositions afin de laisser penser que d’autres contradictions travailleraient le monde a contrario des énoncés du marxisme relatifs à celles caractérisant les rapports entre bourgeois et prolétaires . Ainsi Daniel Riot évoque-t-il « l’imbécile prédiction ravageuse du « choc des civilisations » qui , avec « la fin de l’histoire » , constituent « deux des piliers » de la défaite de la pensée dite « occidentale » contemporaine . » . Voilà quinze ans , dit-il , que le professeur Huntington nourrit , par sa perfide « défaillance de l’intelligence » , des conflits , des guerres , des politiques , des réflexes orchestrés par le « tintamarre des propagandes » . Et , évoquant le travail de Guillebaud , il considère qu’il était temps « de détricoter sérieusement ces thèses qui ont fait le bonheur d’un hypercapitalisme déshumanisant , en folie et de politiques liberticides . Des thèses exploitées en partie grâce aux retombées de ce « nouveau sac de Rome » que fut l’effondrement des tours du Wordl Trade Center et l’attaque du Pentagone ... » . Un effondrement survenu suffisamment opportunément pour justifier les doutes , sinon les certitudes de certains , quant à la nature et à l’identité réelle des instigateurs d’un événement destiné à impressionner puissamment l’opinion publique mondiale et à permettre ainsi l’enclenchement de guerres qui se confirment sans issue tandis que leurs financements se révèlent exhorbitants , Stiglitz n’a-t-il pas estimé à trois mille milliards le coût de l’engagement en Irak , milliards récupérés pour leur plus grande part par le complexe militaro-industriel étanusien .

      LE MONDE DOIT CHANGER DE BASES.

      Il y a déjà quelques années , le PDG d’AXA , Claude Bébéar , parlant de ses confrères constatait avec effarement : « Ils sont devenus fous ! » De toute évidence , la folie s’est accentuée au fil du temps et généralisée jusqu’à ce que le système fasse eau de toute part . La financiarisation forcenée dénoncée par Bébéar , dans ses formes les plus infinies et les plus indéfinies , les plus alambiquées et les plus éloignées de toute vie économique concrète et encore plus sociale , connait un « atterrissage » prévisible :c’est la crise ! Pour Frédéric Lordon , dans L’Humanité , « la crise présente se distingue de la série des crises financières ouverte depuis deux décennies de dérèglementation en cela que , comme aucune autre auparavant , elle signale l’arrivée aux limites du régime d’accumulation en vigueur . Le capitalisme de dérèglementation à dominante financière est structurellement à basse pression salariale du fait des contraintes combinées de la concurrence et de la rentabilité actionnariale . Ne restent que deux moyens de solvabiliser la consommation – 70% de la demande finale -... l’allongement de la durée du travail et l’endettement des ménages . Pour avoir poussé la deuxième « solution » à d’invraisemblables extrémités , la forme actuelle du capitalisme étasunien périt , mais par la finance , de ses contradictions générales . » Et Frédéric Lordon poursuit logiquement : « Ramener la finance à la raison ne fait donc qu’une partie du chemin : il n’y a pas de solution cohérente hors d’une refonte complète des structures économiques – celles de la concurrence et du marché du travail démantelé – qui , en dernière analyse , ont donné naissance au problème . » Certes : mais , dit Frédéric Lordon , rien de tout cela ne fait sortir du capitalisme -juste passer d’une configuration à une autre – N’y a-t-il donc rien de pensable « au-delà » ? Comme Guillebaud , il évoque « l’individualisme » dans lequel il y a « l’égalité en dignité des hommes » , laquelle , « bafouée partout , est pourtant dans les têtes comme idéal »... « Aussi faut-il la rappeler sans cesse pour tracer deux lignes d’horizon : 1.qu’une chose dont l’usage affecte profondément une multitude d’autres soit la propriété d’un seul , cela n’est pas tolérable ; 2.les rapports d’autorité hiérarchiques dans l’entreprise sont médiévaux : les producteurs associés doivent être pleinement maîtres de leur destin collectif . »

      POUR QUE LE VOLEUR RENDE GORGE .

      Depuis , la « crise » a explosé , proche de semer la panique . Elle s’est transformée en ajoutant à ses agitations initiales l’embourbement significatif du monde politique washingtonien . Et puis , le 25 septembre , est venue , du côté français et du côté allemand , une déclaration de guerre contre le capitalisme tel que nous le connaissons . « Il est évident , dit-on à De Defensa , que le discours de Sarkosy a touché un nerf capital , dans tous les cas au Financial Times , et déclenché une fureur épouvantable quoique dissimulée dans ses excès , parce que l’on sait se tenir... Il n’est pas assuré que Sarko ait été heureux , dans l’instant , du bouleversement auquel l’histoire le contraint...Le chevalier blanc qui allait transformer la France en fleuron néo-libéral s’est mué en chevalier tout aussi blanc déchaînant l’affirmation contre-offensive de la fureur française , dirigiste , colbertiste , contre ceux qui ont installé le plus formidable foutoir que l’histoire ait jamais pu mettre en scène... Qu’importe , on connait la mécanique sarkozienne . La cause importe moins que l’énergie qu’elle permet de développer ; la pensée n’est jamais qu’un faire-valoir de l’action . Puisque l’histoire a tranché , Sarko s’aligne . Puis il fonce . Il y mettra autant de rage qu’il en mit à proclamer le changement dans les sens néo-libéral...

      NI DIEU , NI CESAR , NI TRIBUN .

      De toute évidence , ce n’est pas sur Sarko que l’on peut compter « pour que le voleur rende gorge » quel que soit le fracas qui a résulté de ses discours . Peut-on compter pour autant sur les autres forces politiques qui ont conduit la France ces dernières décennies qui ont connu la succession de majorités et de gouvernements de « droite » , de « gauche » ou de « cohabitation » ? Poser la question est y répondre ! A l’évidence , le modèle de démocratie représentative qui a accompagné la gestion du capitalisme n’est jamais parvenu à enclencher le processus de changement de société . Par contre , il est parvenu à l’enrayer , à le stopper quand le mouvement populaire en exprimait l’exigence comme cela a été le cas à la Libération , en mai 68 ou en 1981 . Et sans parler du résultat du référendum de mai 2005 laissé en friches de nouveau , nouvelle expérience de ce que ses exigences pouvaient être enterrées dans une sorte de conjonction de la quasi-totalité des forces politiques se retrouvant pour ne pas donner les prolongements attendus , espérés , à cette forme d’insurrection populaire qu’exprimait le NON majoritaire contre les préconisations du monde politique . Tout cela débouchant, à l’encontre des attentes , à ce qui aurait pu constituer une farce de la Comedia d’el Arte si cela n’avait été la mise en scène tragique de l’élection présidentielle . Et je regrette de ne pas être capable d’exprimer aujourd’hui ce que je ressens quand je lis dans Bellaciao cette supplique pathétique d’un militant communiste , qui signe Baboeuf42 , un article intitulé : « La crise prend de l’ampleur , le PCF doit réagir » et où il déclare : « Il me semble que le parti communiste se doit d’intervenir et d’éclairer les gens . » Et c’est un autre militant communiste qui montre que l’intervention du gouvernement , la régulation plus sévère des monopoles et des pratiques plus « prudentes ne peuvent surmonter la contradiction fondamentale du capitalisme : la propriété privée des moyens sociaux d’une production mondialisée . C’est une contradiction irréconciliable qu’une infime minorité contrôle la production de la richesse mondiale à son propre profit . C’est une contradiction irréconciliable que cet appareil mondial s’arrête de fonctionner quand il y a une crise de profitabilité pour les patrons . Cette crise surgit toujours , tôt ou tard , en raison de l’anarchie capitaliste... »

      LE GRAND PARTI DES TRAVAILLEURS

      Il est également d’autres évidences . Ainsi , Philippe Jurgensen , qui lui n’est pas communiste , faisant récemment le constat que la politique monétaire de la BCE , plus restrictive que ne l’impose l’inflation sous-jacente somme toute encore modérée , à contre-courant de ce qui serait souhaitable en contribuant à la hausse de l’euro , à l’insuffisance des investissements et à un niveau du chômage trop élevé : plus de 7% pour la moyenne européenne , près de 8% en France . « Cette situation , poursuit Philippe Jurgensen , n’est pas anodine sur le plan politique . On peut y voir une des causes de la montée de l’extrème-droite dans la plupart des pays d’Europe . On ne peut qu’être consternés , en tout cas , de découvrir qu’elle conduit à des réactions de rejet de l’économie de marché elle-même . » Et il fait part d’un sondage , initié par l’Université du Maryland , qui indique que seulement 36% des Français seraient favorables à la libre entreprise et à l’économie de marché . Philippe Jurgensen le regrette : « C’est , malheureusement pour nous , le plus faible taux mondial . » D’autres données viennent cependant donner consistance à l’existence de ce « grand parti des travailleurs »en dehors des résultats mêmes du référendum ,récusation des politiques et liberticides européennes .Une étude d’opinion , de fin 2005 , venait confirmer ces constatations : 61% des Français , davantage encore s’agissant des jeunes , considéraient le capitalisme comme négatif . Pourquoi ne pas leur demander à nouveau leur opinion aujourd’hui ? Pour qui veut bien y réfléchir : il y a dans ces études concordantes de quoi alimenter la réflexion et l’activité de forces politiques qui voudraient oeuvrer à mettre fin au capitalisme dans notre pays comme ailleurs . Dès lors , comment interpréter le refus de s’y prêter sinon comme un refus d’ordre plus général , celui d’une volonté qui consiste à considérer que « le grand parti de travailleurs » aurait tort de vouloir se sauver lui-même et que la délégation de pouvoir qu’il donne , ou a donné , à l’occasion d ’élections ou de référendums , est faite pour être violée ! Sans doute , ce constat-là est-il significatif d’un déni qui ne devrait pouvoir se prolonger plus avant si ce « grand parti » veut réellement s’assigner les objectifs que les auteurs du Manifeste communiste lui assignaient : « L’émancipation des travailleurs doit être l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes . » « Mais , disaient ces auteurs , toute lutte de classe est politique . Et l’union que les bourgeois du Moyen-Age mettaient des siècle à établir avec leurs chemins vicinaux , les prolétaires modernes , avec leurs chemins de fer , la réalisent en quelques années . Cette organisation du prolétariat en classe et donc en parti politique , est sans cesse détruite par la concurrence que les ouvriers se font entre-eux . Mais elle renait toujours , toujours plus forte , plus solide et plus puissante... » Et afin qu’il n’y ait plus d ’équivoque , ils ajoutaient : « Quelle est la position des communistes par rapport à l’ensemble des prolétaires ? Les communistes ne forment pas un parti distinct opposé aux autres partis ouvriers . Ils n’ont point d’intérêt qui les séparent de l’ensemble du prolétariat . Ils n’établissent aucuns principes particuliers sur lesquels ils voudraient modeler le mouvement ouvrier... » Je pense que nous aurons l’occasion d’y revenir !

      De : Michel Peyret
      jeudi 2 octobre 2008

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