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La MC93 peut être sauvée !

Publie le vendredi 10 octobre 2008 par Open-Publishing

Il n’est de batailles perdues que celles que l’on ne mène pas. Cet enseignement des luttes se vérifie encore ces jours-ci.

Malgré les prises de position convergentes de la Ministre de la Culture, de l’Administratrice de la Comédie Française, du Pésident du Conseil général de la Seine-Saint-Denis, de la Maire de Bobigny - tous réunis dans un oecuménisme qui fera des dégats-, malgré cette offensive préparée dans le secret, la résistance au diktat marque des points.

Après les messages de soutien venus de France et de l’étranger, venus des artistes et du public, après la manifesation pendant la conférence de presse présidée par la sarkoziste Albanel dans les murs de la mairie de Bobigny, voici que l’assemblée des sociétaires de la Comédie Française exprime son refus du plan concocté :

Communiqué à la presse de la Troupe de la Comédie-Française.

« Nous, la troupe de la Comédie-Française, refusons que les théâtres publics entrent en guerre les uns contre les autres. Nous n’irons pas à Bobigny, sans une concertation préalable de l’ensemble des directeurs des théâtres de la Région parisienne, dans la mesure où ces établissements sont liés les uns aux autres par la même mission de service public. Nous refusons de nous installer dans un théâtre contre ceux qui le dirigent, le font vivre.

Il est vrai que la Comédie-Française fait vœu d’obtenir, depuis des années, une grande salle modulable qui lui permette de mieux répondre aux dramaturgies contemporaines, aux avancées scénographiques, aux évolutions de l’art de la mise en scène. Le projet Bobigny vient dans ce cadre, et fut proposé par l’État à titre de projet à étudier, sans décision d’aucune sorte, pour un avenir lointain qui ne signifiait en rien une quelconque annexion de la M.C 93. Nous en étions encore là il y a quelques semaines. La publication de ce projet, annoncé comme décidé et imminent, a plongé les uns dans la stupéfaction, l’incompréhension, les autres dans la colère, la révolte. On le comprend aisément.

La situation est telle aujourd’hui qu’il nous paraît nécessaire de décliner la proposition de l’État, dans un premier temps, de nous concerter dans un second temps, avec l’ensemble des personnes concernées, directeurs de théâtre subventionné, responsables politiques — la liste n’est pas exhaustive, bien sûr — afin d’étudier les moyens de ne pas laisser la M.C 93, riche d’histoire, d’exigence et de vie, disparaître peu à peu, purement et simplement, comme il semblerait programmé. Il y va bien sûr de la cohésion, de la diversité et de l’avenir de l’ensemble des théâtre publics, dont la Comédie- Française affirme aujourd’hui être à la fois non seulement solidaire, bien évidemment, mais aussi, comme chacun de ces théâtres, responsable, tant il est vrai que la mission artistique que nous entendons défendre nous engage les uns et les autres, les uns envers les autres. Nous refusons d’être des entreprises concurrentes et prédatrices, nous voulons être des institutions particulières, différentes et différenciées, mutuellement respectueuses et loyales. »

Comme l’écrit fort justement René SOLIS sur le site de Libé, :
« Dans l’histoire de la Comédie-Française, c’est une règle tacite : guerres des clans, coups bas et autres croche-pattes ont beau faire rage, on lave son linge sale en famille. Bien sûr de temps à autre une voix discordante se fait entendre, un sociétaire choisit de faire connaître publiquement les raisons de son départ tel, ces dernières années, un Philippe Torreton. Mais une fronde publique de la majeure partie de la troupe contre son administrateur et contre le ministère de la Culture, cela ne s’était jamais vu. »

Patrick Sommier, le directeur de la MC93 a réagi en ces termes au communiqué à la presse de la Troupe de la Comédie-Française :

« Beaucoup d’émotion à la lecture du communiqué de la troupe de la Comédie Française disant sa solidarité et son estime pour la MC93 et notamment lorsqu’elle appelle à "étudier les moyens de ne pas laisser la MC93 , riched’histoire, d’exigence et de vie, disparaître peu à peu, purement et simplement, comme il semblerait programmé". J’aime ce beau mot de "loyauté" qui conclut ce texte des Comédiens Français. J’espère pouvoir un jour travailler avec cette grande troupe. »

Ceux qui ont à coeur la création, le service public et ses établissements doivent désormais se manifester. Donnons de l’ampleur à la pétition de soutien à la MC93 et au-delà d’elle aux équipes des théâtres nationaux et aux artistes de théâtre : pour signer la pétition, voici le lien, rubrique La MC93 menacée

La victoire est possible !

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