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AFFLUENCE SYNDICALE RECORD AU MONDIAL DE L’AUTO (Reportage photo + video)

Publie le vendredi 10 octobre 2008 par Open-Publishing
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Salariés en colère Porte de Versailles

de Bellaciao

Les salariés de très nombreuses usines de la filière auto en France s’étaient donné rendez-vous pas loin de France Télévisions "histoire que cette fois les journalistes nous voient bien" dit Jean-Jacques (CGT Renault).

Derrière le pont du Garigliano, environ 4.000 salariés principalement des syndicalistes de la CGT (fédérations métallurgie, verre, chimie), de Renault (Flins, Sandouville...) Valéo, Goodyear (Amiens), Peugeot PSA, Ford (Blanquefort), Autolav, Automotiv, Bosch etc... se rassemblaient avant que soit donné le départ d’une manifestation qui s’annonçait déjà comme déterminée. "On n’a pas fait des centaines de bornes en bus ou en train pour enfiler des perles" lâche une salariée. "On veut rentrer au Salon et on VA rentrer au Salon, min tiot" me dit Gérard, du Nord, l’oeil pétillant. Quelques drapeaux CFDT et Sud font des taches de couleur dans ce cortège rouge.

Le cortège imposant, s’ébranle. La musique de la sono fait rapidement place à des slogans répercutés par 4.000 voix d’employés, d’ouvriers et même de cadres, extrêmement en colère. A l’évidence ce n’est pas une manifestation de témoignage, personne n’a l’intention d’être violent mais il est évident que les salariés en ont ras le bol de demander "poliment" et sont décidés à prendre de force ce que les négociations leur refusent. C’est une manifestation d’engagement. "On est là pour nos familles, pour nos gosses, on veut bosser et être bien payés", scande un groupe.

"Ils ferment nos usines, ils ferment nos écoles, on en a marre de ces guignols" hurle une centaine de militants de Peugeot.Certains camarades font aussi part de leur désarroi face à la direction confédérale : "Thibault, t’es où ?". "Ca fait 18 mois qu’on est en grève, nous glisse un camarade de chez Goodyear, et on a perdu presque 5 mois de salaire... On n’a toujours pas reçu le soutien de Bernard Thibault..."

Mais le slogan du jour c’est définitivement "Carlos (Ghosn) enc...", à égalité avec "Sarko démission".

http://www.cgt.fr/IMG/flv/salon_auto.flv

Devant les portes du Salon, une quinzaine de gendarmes casqués et bottés.

Trop peu nombreux. Certains salariés vont leur parler "les CRS avec nous !" , "Hé, vous allez pas taper sur des ouvriers hein ?". Un vieux type acariâtre passe devant nous en pestant : "sales gauchistes, emmerdeurs, retournez donc au boulot" et il se fait siffler et huer copieusement. Une manifestante dit "On n’est pas d’la merde papy, respecte nous". Mais globalement, l’accueil des passants est plutôt bon. Même si nombreux sont ceux qui ne comprennent pas, ou qui ne savent pas. Et c’est l’occasion de discuter.

Puis, les portes du salon s’ouvrent, on nous demande d’être gentils et de poser drapeaux et banderoles pour entrer. Une quinzaine d’ouvriers entraînent les autres derrière eux "C’est ça ouai, tu rêves ! On rentre avec nos drapeaux et avec nos banderoles" . Dépassés et largement sous-numéraires, les services d’ordre laissent filer, bien obligés.

Une marée humaine, rouge, gueulante, envahit littéralement les allées du Parc des Expositions de Versailles : "on casse pas les gars, on casse rien, mais on fout le bordel".

Maryline, du Mans, nous dit dans un souffle : "Les gens se rendent pas compte mais aujourd’hui c’est nous, demain ce sera peut être eux ! C’est la crise il paraît et Sarkozy veut tout casser". Une petite délégation de salariés du notariat, venue en signe de solidarité, et pour témoigner, opine du chef : "Pour nous, la réforme Darrois risque d’envoyer des dizaines de milliers de salariés actifs et retraités sur le carreau... Et personne n’en parle...Alors on est solidaires des autres luttes ; maintenant, on comprend".


Goodyear Amiens salon de l’automobile

Le stand Renault est immédiatement envahi "Ici on est chez nous ! Licencions les licencieurs ! Dehors les exploiteurs ! Carlos t’es foutu"...

Ce sera ensuite le tour du stand Peugeot, qui connaîtra le même traitement. Les autocollants et les drapeaux de la CGT ornent les derniers modèles d’exposition, de pettis groupes se répandent sur le stand : " sans nous, pas d’bagnoles" et interpellent les quidam : "elle vous plaît cette voiture Madame ? Regardez la bien, elle est faite avec la santé des ouvriers".

Un groupe de type en costard-cravate, genre dirigeants, passe, affolé : "Faut appeler la police hein, c’est n’importe quoi là..."

Les visiteurs, parfois étrangers, du Salon regardent stupéfaits, amusés, apeurés pour certains, ce cortège de syndicalistes déterminés et unis, venus défendre leurs vies et celles de leurs famille. De nombreux visiteurs nous applaudissent sur le chemin et nous témoignent leur solidarité, parfois même en levant le poing.

Une bande de jeune s’approche de nous : "M’dame, M’dame,éh, la vérité... quand est ce qu’on l’vire, l’aut’ là ...Sarko !?"

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Les photos sont en ordre chronologique, du départ a l’entrée dans le salon...

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