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Michael Moore : les dix propositions de Mike

Publie le samedi 11 octobre 2008 par Open-Publishing
10 commentaires

de Michael Moore

Amis…

Les 400 américains les plus riches (oui, seulement 400 personnes) possèdent plus que les 150 millions que les plus pauvres ont ensemble. 400 riches américains ont plus dans leurs coffres que la moitié du pays. Le richesse cumulée vaut plus de 1600 milliards de dollars. Durant les huit ans de l’administration Bush, leur richesse a augmenté de plus de 700 milliards de dollars la même somme qu’ils demandent aujourd’hui pour se tirer d’affaire.

Pourquoi ne dépensent-ils pas tout simplement l’argent qu’(ils se sont faits sous Bush pour si tirer d’affaire eux-mêmes ? Ils auraient encore près de 1000 milliards de dollars à se partager

Bien sûr, ils ne vont pas le faire, du moins, pas volontairement. George W. Bush a reçu un excédent budgétaire de 127 milliards de dollars des mains de l’équipe de gauche de Bill Clinton. Parce que cet argent était le NÔTRE et pas le sien, il a fait ce que les riches aiment le plus- le dépenser sans scrupules. Nous avons aujourd’hui une dette de 9500 milliards de dollars. Pourquoi diable penserions-nous une seule seconde à donner à ces barons du crime un peu plus de notre argent ?

J’aimerais proposer mon propre plan de sauvetage. Mes suggestions, énumérées plus bas, reposent sur la conviction simpliste et saugrenue que les riches doivent se tirer d’affaire par leurs propres moyens dorés. Désolé, les mecs, vous nous l’avez trop enfoncé dans la tête : il…n’y…a…rien…de gratuit.

Et merci de nous encourager à haïr les personnes dépendantes de l’aide sociale ! Nous ne vous tendrons donc aucune main charitable. Le Sénat, ce soir, va tenter de précipiter le vote de sa version d’un « sauvetage », Il doit être arrêté. Nous l’avons fait lundi avec la Chambre des représentants et nous pouvons le refaire aujourd’hui avec le Sénat.

Il est clair cependant que l’on ne peut tout simplement pas continuer à protester sans proposer exactement ce que nous pensons que le Congrès devrait faire. Donc, après avoir consulté de nombreuses personnes plus intelligentes de Phil Gramm, je livre ici ma proposition, désormais connue sous le nom de « Plan de sauvetage de Mike ». Elle tient en dix points simples qui sont :

1)NOMMER UN PROCUREUR SPECIAL POUR POURSUIVRE QUICONQUE A WALL STREET A SCIEMMENT CONTRIBUE A CET EFFONDREMENT.

Avant toute dépense supplémentaire, le Congrès doit s’engager par une résolution à poursuivre en justice quiconque a été impliqué dans la tentative de pillage de notre économie. Cela signifie que quiconque a commis un délit d’initié, des fraudes à la sécurité ou toute action qui a contribué à conduire à ce désastre doit aller en prison. Ce Congrès doit nommer un procureur spécial qui poursuivra vigoureusement quiconque a foutu le bordel et quiconque tente à nouveau d’entuber les gens.
2)LES RICHES DOIVENT PAYER LEUR PROPRE SAUVETAGE. Ils auront peut-être à vivre dans cinq maisons au lieu de sept. Ils auront peut-être à conduire neuf voitures au lieu de treize. Le cuisinier de leur caniche aura peut-être à changer de tâche. Mais pas moyen que les travailleurs et la classe moyenne se laissent avoir d’un centime pour diminuer la facture du prochain yacht, après que ces gens aient imposé une baisse de plus de 2000 dollars du revenu des ménages pendant les années Bush.

S’ils ont vraiment besoin des 700 milliards de dollars dont ils disent avoir besoin, eh bien voici la façon de les récolter facilement :

a)Chaque couple qui se fait plus d’un million de dollars par an et chaque célibataire qui touche plus de 500 000 dollars annuels paiera 10% d’augmentation d’impôts par an. (C’est le plan du Sénateur Sanders [voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernie_Sanders , ndt]. Il est comme le Colonel Sanders [http://fr.wikipedia.org/wiki/Colonel_Sanders, ndt], à ceci près qu’il essaie de plumer les bons pigeons). Cela signifie que les riches continueront à payer moins d’impôts que quand Carter était président. Cela rapportera un total de 300 milliards de dollars.

b)Comme presque toutes les autres démocraties, imposer tous les échanges d’actions à hauteur de 0,25%. Cela rapportera un total de 200 milliards d’euros.

c)Parce qu’ils sont tous des patriotes américains, les actionnaires vont renoncer au quart de leur chèque de dividende et cet argent ira à la place au trésor public pour financer le sauvetage.

d)25% des principales grosses compagnies des Etats-Unis ne paient AUCUN impôt sur le revenu. Les recettes des impôts sur les grosses compagnies représentent actuellement un total de 1,7% du PIB, contre 5% dans les années 50. Si on augmente l’impôts sur le revenu des grosses compagnies jusqu’au niveau des années 50, ça nous donne 550 milliards de plus.

Tout cela combiné devrait suffire à arrêter la calamité. Les riches pourront garder leurs manoirs et leurs domestiques et notre gouvernement des Etats-Unis (« Le pays d’abord ») aura un petit reste pour réparer quelques routes, ponts et écoles.

3)TIRER D’AFFAIRE LES GENS QUI PERDENT LEUR MAISON, PAS CEUX QUI VONT EN CONSTRUIRE UNE HUITIEME.

Il y a 1.3 millions de maisons hypothéquées en ce moment. C’est là qu’est le cœur du problème. Par conséquent, au lieu de donner l’argent en cadeau aux banques, rembourser chacun à hauteur de 100 000 dollars. Forcer les banques à renégocier les prêts immobiliers de façon à ce que les propriétaires paient leur bien à sa valeur actuelle. Pour s’assurer que cette aide n’aille pas aux spéculateurs et à ceux qui ont essayé de se faire de l’argent en faisant tourner des maisons, ce sauvetage sera réservé aux résidences principales. Et en contrepartie des 100 000 dollars remboursés sur le prêt existant, l’Etat obtient des parts du prêt, afin de récupérer une partie de son argent. De cette manière, le coût initial de la résolution de la crise, prise à la racine (au lieu d’aider les prêteurs cupides), est de 150 milliards, non 700 milliards.

Et disons le haut et fort, les gens qui ont failli à leurs obligations de remboursement ne sont pas des « prêts à haut risque ». Ils sont nos compatriotes américains, et tout ce qu’ils voulaient, c’est ce que la plupart d’entre nous veulent et obtiennent : une maison à eux. Mais durant les années Bush, des millions d’entre eux ont perdu les emplois décemment payés qu’ils avaient. Six millions sont tombés dans la pauvreté. Sept millions ont perdu leur couverture santé. Et chacun d’entre eux a vu ses revenus réels diminuer de 2000 dollars. Ceux qui osent mépriser ces américains, qui ont été frappés par les ruptures successives, devraient avoir honte. Notre société est meilleure, plus solide, plus sûre et plus juste quand tous nos citoyens ont les moyens de vivre dans une maison qu’ils possèdent.

4)SI VOTRE BANQUE OU VOTRE COMPAGNIE D’ASSURANCES TOUCHE DE L’ARGENT A NOUS DANS UN « PLAN DE SAUVETAGE » ? ALORS VOS FESSES NOUS APPARTIENNENT.

Désolé, mais c’est comme ça que ça marche. Si la banque me donne de ‘l’argent pour que j’achète une maison, la banque est « propriétaire » de la maison jusqu’à ce que je rembourse tout- avec des intérêts. Pareil pour Wall Street. Quelles que soient les sommes dont vous avez besoin pour rester à flots, si votre gouvernement considère que vous êtes solvables- et indispensables au bien de la nation- alors vous pouvez obtenir un prêt, mais vos fesses seront à nous. Si vous nous faites défaut, nous vous vendrons. C’est ainsi que le gouvernement suédois a procédé et ça a marché.

5)TOUTES LES REGULATIONS DOIVENT ËTRE RESTAUREES. LA REVOLUTION REAGANIENNE EST MORTE.

Cette catastrophe a eu lieu parce que nous avons autorisé le renard à avoir la clé du poulailler. En 1999, Phil Gramm a rédigé une proposition de loi pour retirer toutes les régulations qui ont gouverné Wall Street et notre système bancaire. Cette loi est passée et Bill Clinton l’a signée. Voici ce que le sénateur Phil Gramm, le conseiller économique en chef de McCain, a dit quand la loi a été signée :

« Dans les années 1930,,,on croyait que l’Etat était la solution. On croyait que la stabilité et la croissance venaient d’un Etat supervisant le fonctionnement de marchés libres.

« Nous sommes ici aujourd’hui pour abolir [cela] parce que nous avons appris que l’Etat n’était pas la réponse. Nous avons appris que l’on promeut la croissance et la stabilité en acceptant la compétition et la liberté.

« Je suis fier d’être ici parce que cette loi est importante, c’est une loi de dérégulation. J’ai la conviction que c’est la vague de l’avenir, et je suis terriblement fier d’avoir participé à sa réalisation. »

Cette loi doit être abolie. Bill Clinton peut aider en dirigeant l’effort pour abolir la loi Gramm et la (re)fondation de régulations encore plus fermes concernant nos instituions financières. Et quand ils en auront fini avec ça, ils pourront restaurer les régulations concernant les compagnies aériennes, le contrôle de notre alimentation, de l’industrie pétrolière, de l’OSHA [agence gouvernementale chargée de la santé publique, ndt] et de toutes les autres entités qui affectent notre vie quotidienne. Toutes les prestations d’un quelconque sauvetage doivent faire l’objet d’une application surveillée et attachées à des peines pour tous les contrevenants.

6)SI C’EST TROP GROS POUR LA FAILLITE, C’EST TROP GROS POUR EXISTER.

Autoriser les méga-fusions sans renforcer les lois sur les monopoles et contre les trusts a permis à un certain nombre d’institutions financières de devenir si grandes que la simple idée de leur effondrement signifie une série d’effondrements encore plus grande dans tout l’économie. Aucune compagnie ou paire de compagnies ne devrait avoir ce genre de pouvoir. Le soi-disant « Pearl Harbor économique » ne peut arriver lorsque vous avez des centaines -des milliers- d’institutions où les gens ont leur argent. Quand vous avez des dizaines de compagnies autonomes, sil ‘une d’entre elles mange les pissenlits par la racine, nous ne faisons pas face à un désastre national. Si vous avez trois quotidiens de propriétaires différents dans votre ville, alors une seule compagnie ne peut pas faire la pluie et le beau temps. (Je sais, qu’est-ce que je raconte ? Qui lit encore le journal ? Heureusement que toutes ces fusions et acquisitions nous ont laissé avec une presse solide et libre !). Des lois doivent être promulguées pour empêcher les compagnies de devenir si grandes et dominantes qu’un tire de lance-pierre dans l’œil suffise à faire le géant tomber raide mort. Et aucune institution ne devrait être autorisée à mettre en place des combines monétaires que personne ne comprend. Si vous ne pouvez pas vous expliquer en deux phrases, vous ne devez pas prendre l’argent des gens.

7)AUCUN CADRE DIRIGEANT DE DEVRAIT ÊTRE PAYE PLUS DE QUARANTE FOIS SON EMPLOYE MOYEN ? ET AUCUN CADRE DIRIGEANT NE DEVRAIT RECEVOIR LE MOINDRE « PARACHUTE » AUTRE QUE LE SALAIRE TRES GENEREUX QU’IL OU ELLE S’EST FAIT EN TRAVAILLANT POUR LA COMPAGNIE.

En 1980, le PDG américain moyen se faisait 45 fois ce que ses employés touchaient. Avant 2003, il se faisait 25 fois ce que son employé moyen gagnait. Après 8 années de Bush, ils se font désormais 400 fois ce que gagne leur employé moyen. Que ça puisse se passer dans des compagnies publiques défie l’entendement. En Grande-Bretagne, le PDG moyen gagne 28 fois ce que gagne son employé moyen. Au Japon, c’est seulement 17 fois ! La dernière fois qu’on m’a parlé du PDG de Toyota,, il vivait la belle vie à Tokyo. Comment fait-il avec si peu d’argent ? Sérieusement, c’est horrible ! Nous avons créé la situation dans laquelle nous sommes en laissant les gens au sommet se gaver démesurément de millions de dollars. Cala doit cesser. Non seulement aucun dirigeant qui reçoit de l’aide dans l’actuel merdier ne devrait pas en profiter, mais ceux qui se sont chargés de conduire leur compagnie dans le mur devraient être virés avant que la compagnie ne reçoive le moindre secours.

8)CONSOLIDER LE FDIC [fond de garantie des dépôts, ndt] ET EN FAIRE LE MODELE NON SEULEMENT DE LA PROTECTION DE L’EPARGNE DES GENS,MAIS AUSSI DE CELLE DE LEURS PENSIONS ET DE LERUS MAISONS.

Obama avait raison hier de proposer l’extension de la protection FDIC de l’épargne bancaire des gens à 250 000 dollars. Mais la même sorte d’assurance d’Etat devrait être donnée aux caisses de retraite de la nation. Les gens ne devraient jamais avoir à s’inquiéter de savoir si oui ou non l’argent qu’ils ont mis de côté pour leurs vieux jours sera là. Cela signifie que l’Etat devra superviser de façon stricte les compagnies qui gèrent la caisse de retraite de leurs employés – ou peut-être que les compagnies devraient confier ces fonds et leur gestion à l’Etat. Les caisses de retraites privées doivent aussi être protégées, mais peut-être qu’il est temps d’envisager de ne plus tolérer que la retraite de certains soit investie dans le casino connu sous le nom de marché des titres. Notre Etat devrait avoir le devoir sacré de garantir que personne qui vieillisse dans ce pays n’ait à s’inquiéter de finir sans rien.

9)TOUT LE MONDE DEVRAIT INSPIRER PRONFONDEMENT, SE CALMER, ET NE PAS LAISSER LA PEUR TOUT CONTRÔLER

Eteignez la télé ! Nous ne sommes pas dans la Seconde Grande Dépression. Le ciel n’est pas en train de nous tomber sur la tête. Les spécialistes et les politiciens nous mentent tant et si vite qu’il est difficile de ne pas être affecté par toute ce battage de la peur. Même moi, hier, je vous ai écrit et répété ce que j’ai entendu aux infos, que le Dow Jones avait connu sa plus forte baisse en un jour de l’histoire. Eh bien, c’est vrai en termes de points, mais ces 7% de baisse ne s’approchent même pas du Lundi Noir de 1987, où le marché des titres a perdu 23% de sa valeur en un jour. Dans les années 80, 3000 banques ont fermé, mais l’Amérique n’est pas entrée en faillite. Ces institutions ont toujours eu eu leurs hauts et leurs bas et finalement, ça s’arrange. Cela doit s’arranger parce que les riches n’aiment pas que leur richesse soit perturbée. Leur intérêt bien compris est de calmer les choses pour retourner dans le Jacuzzi.

Aussi folles que soient les choses en ce moment, des dizaines de milliers de gens ont obtenu cette semaine un crédit pour acheter une voiture. Des milliers sont allés à la banque et ont obtenu un crédit immobilier pour s’acheter une maison. Les étudiants retournent a aux prêts de banques plus qu’heureuses de les posséder pour les quinze ans à venir. La vie a continué. Pas une seule personne n’a perdu d’argent placé à la banque, sous la forme de bons du Trésor ou de collection de disques. Et la chose la plus admirable est que l’opinion publique n’a pas avalé le mensonge de la campagne de peur. Les citoyens n’ont pas bronché, et ont plutôt demandé au Congrès de prendre le plan de sauvetage et de se le mettre là où vous savez. CA, c’était impressionnant. Pourquoi la population n’a-t-elle pas succombé aux avertissements chargés de crainte du président et de ses acolytes ? Eh bien, vous pouvez répéter « Saddam a c’te bombe » un nombre limité de fois avant que le peuple ne réalise que vous êtes un sac à merde et un menteur. Après huit longues années, la nation est épuisée et ne peut plus supporter de se faire entuber.

10)CREER UNE BANQUE NATIONALE, UNE « BANQUE DU PEUPLE ».

Si on se décide vraiment à imprimer des millions de millions de dollars, au lieu de les donner à quelques gens riches, pourquoi ne pas nous les donner à nous-mêmes ? Maintenant qu’on possède Freddie et Fannie, pourquoi ne pas fonder une Banque du Peuple ? Une banque qui pourrait fournir les prêts à faible taux d’intérêts à des gens de toute sorte, qui voudraient posséder une maison, lancer une petite entreprise, aller à l’école, dénicher un remède contre le cancer ou créer la prochaine grande invention. Et maintenant qu’on possède AIG, la plus grande compagnie d’assurance du pays, sautons le pas et fournissons l’assurance maladie à tout le monde. L’assurance maladie pour tous, ça nous fera faire tellement d’économies sur le long terme. Et nous ne serons plus douzièmes dans le classement des espérances de vie. Nous serons capables de vivre plus longtemps, de profiter de nos pensions garanties par l’Etat, de vivre jusqu’au jour où les criminels en col blanc qui ont causé tant de misère sortiront de prison, le jour où nous les aiderons à se réadapter à la vie normale -une vie menée dans une jolie maison et avec la voiture sans essence qu’on aura inventée grâce à la Banque du Peuple.

Bien à vous
Michael Moore

MMFLINT@aol.com

MichaelMoore.com

traduction de Marc harpon pour changement de société

Messages

  • Un drôle de coco ce Moore...

    CN46400

    • Il me plaît bien et ce qu’il dit est tellement censé dans ce foutu pays qui marche sur la tête, qu’on ne peut qu’abonder dans son sens.

      Son plan est aussi valable pour chez nous, que dans tous les autres pays.

    • Pour en finir avec ce capitalisme il faut ouvrir des perspectives qui mènent vers le socialisme.

      Il est des périodes ou il faut choisir. L’iirationnalité du système nous dit François Chesnais (1) nous pousse vers la barbarie . Il nous faut faire des grands choix et non à vouloir faire la synthèse illusoire du feu et de l’eau. Il ne s’agit pas pour autant d’invoquer le socialisme de façon incantatoire sous prétexte d’un approndissement de la crise. Souvent cela passe par l’affirmation de propositions transitoires combinées diversement en fonction de la situation. Une démarche peut par exemple prendre appui sur les difficultés quotidienne à "remplir le caddy" pour l’entretien de la force de travail actuelle et future de la famille en se fondant sur l’évolution du rapport profit /masse salariale (cf M Husson) sans même évoquer la la crise financière et ce pour aider à une reprise de "l’offensive contre le néolibéralisme" (2) . Si la lutte idéologique a bien son importance alors cette démarche ne devrait pas à mon sens omettre d’évoquer le débouché qui n’est pas électoral mais sociétal : la nécessité d’aller vers un néo-socialisme. Les altermondialistes parlent eux d’un "autre monde" nécessaire et possible qui n’est pas celui-ci en un peu mieux !

      1 - En finir avec ce capitalisme, ce n’est pas en vouloir un autre "en mieux" .

      Autrement dit, aller vers le socialisme suppose de penser qu’aucun accommodement pour un alter-capitalisme meilleur que la mouture néolibérale est réellement possible. Or il ne manque pas d’idéologues ou d’experts qui préconisent des demi-mesures pour sortir de la "crise financière" sans sortir du capitalisme. Certains vont plus loin et préconisent des solutions plus offensives et plus pertinentes comme les nationalisations des banques ou un pôle financier public mais dans une perspective de compromis social plus avantageux pour les couches populaires et non dans une perspective de transformation socialiste. Cela n’est ni méprisable ni négligeable tant que le rapport de force est maintenu pour la mise en place des réformes. Les fondamentaux du capitalisme n’autorise plus de formes régulées réduisant les inégalités et la place du marché. Aller vers un autre capitalisme revient à vouloir en quelque sorte à changer de pardigme social et sortir du mode de production capitaliste qui est dominant dans quasiment tous les pays de la planète. Néanmoins, ces réformes peuvent faire problème sur le contenu ou sur les modalités s’ il s’agit dans la conception même ou dans le feu de l’action sinon de protéger les capitalistes du moins de les ménager quand au cout de l’expropriation ou de leur ménager des places de contrôle dans les nouveaux processus décisionnel .Il faudrait ici aller dans le détail de ce qui est proposé. Cela va se faire prochainement.

      2 - Il faur dire franchement vers ou on veut aller et ce qu’est le socialisme du XXI siècle !

      En finir avec le capitalisme suppose aussi et surtout de savoir quel socialisme nous voulons. Que les patrons et les privilégiés n’en veulent pas, la chose est entendue . On sait même qu’ils prendront les armes et tous les moyens à leur disposition pour empêcher que cet autre monde surgisse. Mais les autres ? Le peuple-classe (3) avec ses paysans et ses couches moyennes salariées cherchera lui à savoir si ce socialisme sera hyper-productiviste et destructeur de la nature. Plus soucieux de libertés et de démocratie, ce peuple-classe cherchera aussi à savoir s’il sera au plus près des décision politique via une alterdémocratie ( ) ou si il restera en position d’infériorité face à une élite ou une bureaucratie d’Etat . N’imaginant pas la fin immédiate de toute division du travail ni l’accès immédiat à la société communiste sans classe on peut penser que la question n’est pas idiote. Il y a plus de moyens d’y répondre aujourd’hui que jadis. Enfin, s’il y a un aspect qui intéresse au plus haut point tout salarié et notamment les ouvriers et employés dès que l’on parle de socialisme, c’est le régime de travail. Pas question de proposer le stakhanovisme et le socialisme d’URSS avec les 3 X 8 heures. Le néo-socialisme propose une forte réduction du temps de travail sans commune mesure avec ce qui est possible sous la domination du capital. Et cette réduction du temps de travail ne signifie pas pauvreté financière puisque là encore la monnaie n’aura pas disparue. Le socialisme ce n’est pas le communisme.

      3 - Annoncer que le socialisme ne peut advenir que sur une large échelle mais le processus n’est pas écrit d’avance !

      Le socialisme ne peut advenir que dans un processus de transcroissance international . Au mieux on peut le concevoir comme continental. Il s’installe en Amérique latine puis en Europe sous des formes qui ont des points communs mais aussi des différences issues de la culture différente des peuples. Les tout premiers pas du socialisme peuvent évidemment se réaliser dans un seul pays en présence d’un Etat qui subsiste mais qui a changé de logique face à la démocratisation des institutions . Une démocratisation particulière, "de classe", car elle continue de s’exercer contre le capital résiduel et le marché résiduel. Le capital comme rapport social ne disparait pas totalement après la conquête du pouvoir d’Etat et la rupture révolutionnaire . Avec Gramsci on peut penser que la conquête de l’hégémonie se poursuit dans la société civile après le basculement du rapport de force au sein des appareils d’Etat , basculement au profit du peuple-classe au détriment de la bourgeoisie et du capital.

      4 - Aller vers le socialisme n’est pas un long fleuve tranquille mais rester sous le capitalisme c’est choisir la barbarie, la misère, la guerre et le fasciste !

      C’est une phase transitoire complexe ou un retour en arrière - la réaction thermidorienne s’est généralisée - est toujours possible car la réaction use des contradictions maintenues pour reprendre le pouvoir tant dans la société civile que dans les structures étatiques transformées ou en cours de transformation. En effet si des structures étatiques subsistent c’est essentiellement pour les besoins de "l’administration des choses" - planifications ou/et dotation des moyens d’accès aux services publics et aux droits. L’administration est soumise non à des "politiques" mais à l’intérêt général compris comme satisfaction des besoins sociaux du peuple-classe dans la préservation de l’avenir de l’humanité (thèse de l’alterdéveloppement plus écologique et distributif de beaucoup de valeur d’usage et de moins de valeur d’échange )

      Christian Delarue

      1) L’irrationalité du capitalisme au coeur de la crise de civilisation planétaire

      http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article188

      2) [Amitié entre les peuples] Vers un néosocialisme vert : Etendre le marché ou le circonscrire ? - C Delarue

      http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article354

      3) Pour une approche du peuple-classe - C Delarue

      http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article408

    • J’aime bien son ton....

      Il a un solide humour.

    • 4 - Aller vers le socialisme n’est pas un long fleuve tranquille mais rester sous le capitalisme c’est choisir la barbarie, la misère, la guerre et le fasciste !

      Certes C.D., mais quand un historien de l’économie se plaît à dire que la naissance du capitalisme après 1789 a permis à toute la société d’accéder aux richesses, ben ça va être difficile de secouer le cocotier.

      De plus, je note qu’il y a eu ces derniers jours un achat anormal de coffres-forts portables pour que certains citoyens puissent mettre à l’abri, croient-ils, les quelques liquidités qui n’étaient pas garanties par l’Etat. Je ne pense pas que c’était la classe dominante ni les plus pauvres qui ont procédé ainsi. Ca veut donc dire ce que ça veut dire que les français dans leur ensemble ne sont pas prêts de lâcher le capitalisme.

      Alors, il faut s’interroger sérieusement sur ce que le capitalisme a apporté de bien et/ou de mal à la société. C’est un travail sans complaisances, ni dénigrements, donc en toute objectivité, qu’il convient de faire pour aller de l’avant, afin de convaincre un maximum de citoyens, qu’il est possible d’emprunter une autre voie que celle d’aujourd’hui. Pour être efficace et pas pris au dépourvu par les voyoux convaincus de ce capitalisme actuel, il s’agit de vulgariser jusque dans les cités les questionnements et réponses possibles pour une autre voie.

    • Oui, je pense qu’il faut penser concrètement à par quoi remplacer le capitalisme.
      Effectivement, il y aura une transition, et on peut aussi la penser et l’organiser, même si évidement, certaines personnes au pouvoir seront contre...

      Je vais alors moi aussi faire ma petite liste !

      1/Au niveau de l’organisation de la production, je pense qu’il faudrait aller vers l’autogestion, et des structures coopératives. Donc des entreprises ou structures autres démocratiques, et si patron il y a, il doit être élu par les personnes qui travaillent dans la structure. Ainsi les conditions de travail ne pourront être décidées de façon arbitraire mais décidées par les principaux intéressés.

      2/ Que les services et produits proposés répondent aux réels besoins de l’humain, tels qu’il sont résumés par exemple dans la pyramide de Maslow (http://fr.wikipedia.org/wiki/Pyramide_des_besoins_de_Maslow). Et ainsi quitter la logique de la société de consommation qui invente des besoins bien souvent absurdes en négligeant les besoins fondamentaux, créant ainsi une frustration permanente qu’elle manipule et instrumentalise pour nous pousser à la consommation.

      3/ Que certains de ces services soient assurés par l’Etat ou toute autre instance régulatrice qui represente l’interet général et non la domination de quelques uns sur les autres. Dans ce sens l’Etat ou autre instance doit être transformé, repensé, réorganisé pour vraiment représenter le peuple et être à son service et aller vers quelque chose de plus en plus démocratique, vers des formes de démocratie de plus en plus participative, quitte peut être à décentraliser et faire de l’état un point de rencontre, de coordination d’assemblées locales...
      A voir comment peut s’articuler démocratie participative et représentative, en essayant de corriger les défauts de cette dernière, avec peut etre plus de garde-fous, de garanties, de contres-pouvoirs ect...

      4/Idem pour les services publics : Peut-être aller vers plus vers l’autogestion par les employés et usagers, en mettant en place des systèmes de coordination...

      5/ A mon avis, la garantie pour qu’un système soit démocratique est qu’il puisse être remis en question, rediscuté, amélioré, régulièrement et démocratiquement et non vérouillé et immuable, donc c’est un principe à garder en tête ...

      6/Que les produits et services proposés respectent bien entendu l’environnement tout comme la santé humaine (mentale et physique), ce qui est tout de même la moindre des choses...

      On peut developper chaque point et surement en ajouter plein d’autres et c’est ça qui est passionnant...
      Pratiquant moi même l’autogestion je peux rentrer dans le vif du sujet avec qui est interessé...

      Bien à vous

      François

  • avec d’autres mots , mais dans le même sens que MORALES ou CHAVEZ

    Il ferait un très bon Président US , ça nous changerai des "va t’en

    guerre" merci Mike

  • Cette charte est valable pour tous les pays et pour tous les nantis .

  • Merci pour l’effort magnifique de cette traduction !
    Ce texte est formidable !