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La disparition du monde ouvrier et ses conséquences.

Publie le dimanche 19 octobre 2008 par Open-Publishing
11 commentaires

de Michel MENGNEAU

Ceci est l’ébauche d’une petite analyse tout à fait personnelle. Elle demandera à être peaufinée et approfondie. Certains auront d’autre vue et conception de l’effritement du concept : monde ouvrier, tant mieux, car c’est de la confrontation que sortent souvent les meilleurs analyses.

Le monde ouvrier dans le sens historique et social de l’expression était le pourvoyeur de voix pour les partis de gauche, puis inéluctablement diverses raisons ont œuvré à son effritement, voire sa disparition. Il existe toujours des ouvriers mais plus de monde ouvrier à proprement parler et ainsi qu’on le concevait il y a encore quelques décennies.

Sans aborder toutes les différentes causes profondes de ces désagrégations, il est possible toutefois d’en dégager certaines qui apparaissent comme essentielles.

L’une des premières, à priori la moins évidente, est une question de sémantique liée en partie aux tribulations de mai 68. Nous relativiserons donc le fait que le monde ouvrier ait pris le train en marche de la révolte étudiante dont par la suite ses syndicats ont voulu se l’approprier, pour finir par le saboter avec l’aide d’un parti communiste conscient d’avoir été débordé, qui en l’occurrence amorcera dans ses circonstances le début de son déclin. On sait ce qui l’advint, dans la foulée après que De Gaulle eut dissous l’assemblée ce sera alors un raz de marée de la droite. Ebranlé le PC voulant alors gommer sans doute l’image de Staline et de Thorez qui malgré leurs disparitions laissaient encore dans les esprits comme une sorte de rejet, les instances dirigeante du parti ont pris la décision en 1976 de ne plus parler de dictature du prolétariat. Pour ma part je pense que ce fut une erreur, sans doute eut-il fallu en restant dans cette ligne de pensée élargir à tous les exploités et défavorisés le concept de prédominance de ces classes sociales sur les capitalistes. On serait resté dans l’un des fondements de la pensée de Marx.

Revenons aux mutations sociales. En effet, même si des accords de Grenelle négociés en catimini ont apporté certains avantages non négligeables aux sorts des travailleurs ou peut-être à cause de tout cela, à la suite de cette révolution en partie intellectuelle sous prétexte de redonner un semblant de qualification soi-disant plus acceptable et plus dans l’air du temps à diverses professions l’on a alors appelé celles-ci : Technicien de machin, Technicien de truc, Agent de truc, Agent de machin et ainsi de suite ; même le traditionnel facteur est devenu le préposé.

L’honneur des travailleurs s’en est sentit revigorées, minimisant de fait des avantages sociaux et des salaires encore insuffisamment revalorisés.
Pourtant il n’y avait pas de quoi pavoisé, puisque l’on avait subitement oublié que le terme ouvrier vient d’œuvre, donc celui qui conçoit ou exécute une œuvre. Et que l’ouvrage ainsi effectué porte un nom simple : celui qui tourne une pièce métallique est un tourneur, celui qui fond de la fonte est un fondeur et celui qui balaie est un balayeur, sans que ces qualificatifs soit péjoratifs. Au contraire, c’est la dénomination, vrai, du travail réalisé auquel, quelque soit la tâche, on doit la même considération et respect. A la suite de quoi, sans que cela paraisse, déjà ces appellations subliminales avaient déstabilisé la cohésion du monde ouvrier.

Parallèlement à cette prétendue embellie de la condition ouvrière, une autre mutation était en gestation : celle du patronat traditionnel. Le capitalisme à la « papa » allait disparaître, absorbé lui aussi par le monde moderne.

Certes on aura toujours du mal à encenser les grands patrons d’antan, car se fut après de dures tractations dont ils tentaient d’atténuer l’âpreté par un paternalisme bon enfant, puis devant leurs intransigeances il aura fallut des grèves innombrables et longues pour permettre aux travailleurs de conquérir quelques avantages ; ils ont donc le plus souvent privilégié l’enrichissement de leurs patrimoines au dépend de la qualité de vie de leurs ouvriers. Mais, pour beaucoup, ils étaient les descendants de ces nouveaux patrons qu’avaient façonné la révolution industriel de la fin du XIXème siècle - particulièrement dans l’industrie lourde et le textile - et portaient en héritage un certain savoir faire, connaissaient leur métier, perpétuant le sens de l’œuvre qu’avaient légué leurs ancêtres, en quelques sortes des hommes de l’art. D’ailleurs certains se complaisaient à se faire appeler, par exemple : « Maître de Forge ». Pour ces raisons, malgré une primauté en direction de leurs bas de laine, on les vit réinjecter des capitaux dans les entreprises, favoriser la technologie et la recherche, ne passant pas nécessairement au premier plan la rentabilité d’un quelconque cours boursier.

Seulement voilà, dans les années 70, la société de consommation est en pleine expansion. Pour satisfaire les besoins des populations, les industriels durent augmenter les capacités de production des entreprises, par là même, les agrandir, voire les moderniser à outrance – entre parenthèse, si la robotisation réduisit les accidents corporels, elle engendra chez les travailleurs d’autres sortes d’accidents du travail, liées en particulier au stress et autres traumatismes psychiques et qui sont de plus en plus exacerbés. Un besoin de capitaux importants se fit sentir. Pressés par l’explosion du marché, et devant une alternative alléchante permettant de s’enrichir encore davantage, ils vont oublier allègrement le traditionalisme industriel de la vieille Europe et s’inspirer des capitalistes américains en faisant appel à des investisseurs. Le pas était franchit, un siècle de savoir-faire finissait entre les mains de financiers qui n’en avaient cure, seuls les dividendes de l’argent investi allaient devenir primordiaux. Et qui de plus vont emmener le capitalisme dans les rouages infernaux d’une spéculation sans foi ni loi.

Cependant, la mutation ne se fit pas brutalement, les investisseurs ont joué, dans un premier temps, le jeu de la croissance du pays dans lequel ils avaient investi. Puis, peu à peu, la mondialisation aidant, concrétisée en 1995 par la mise en place définitive de l’OMC (une forme similaire existait depuis 1947) ils ont été cherchés où il était possible d’engranger dans un temps record le maximum de profits.

Se ne sont pas là les seules raisons de l’éclatement de la classe ouvrière française – par exemple l’abandon d’énergie traditionnelle comme le charbon, etc. Qui sera lié aussi à une mondialisation économique déplaçant les pôles de production des capitalistes vers les pays émergeant, où la main-d’œuvre est encore taillable et corvéable à merci.
Aussi, le rapport à la politique à évolué rapidement et notre pays en est devenu un pays de service, avec en prime, une vocation touristique aléatoire.

L’union que constituait le monde ouvrier n’est plus, avec comme corollaire l’amoindrissement du Parti Communisme dans lequel celui-ci puisait sa principale force et son électorat. L’individualisme est de rigueur. Avant, même si ce ne fut pas toujours facile, face à des conditions de travail difficile on regardait la valeur de l’homme avant la couleur de sa peau ou celle de son origine. Maintenant qu’il y a moins de travail, et plus diversifiés, les liens sociaux qui auraient pu se créer n’existe plus. Le voisin est le concurrent. On pourrait parler de l’aspect social s’articulant autour de l’individualisme dont par exemple la télé fut l’une des principales causes. Même si parfois le petit tour au bistrot à la débauche favorisait l’alcoolisme, on ne peut pas le nier, il n’en reste pas moins que l’on s’y retrouvait pour propager des informations et cela favorisait souvent les discutions sur la société, et il n’était pas rare d’en voir un s’étant bien fait expliquer le fonctionnement de tel ou tel parti, voire syndicat, et qui allait alors en toute connaissance de cause prendre sa carte. Maintenant c’est chacun pour soi abêti devant la télé.

C’est en partie à travers toutes ces thématiques nouvelles que Le Pen va piocher, ainsi que les néo-populistes de la droite, afin de récupérer des électeurs déstabilisés et qui sont prêts à concevoir qu’une solution extrême comme celle qu’il propose va régler leurs problèmes. Le score réalisé par Marie-Perrine le Pen lors des dernières législatives en est le meilleur exemple. Même si elle n’a pas confirmé au municipale, c’est probablement chez Sarkozy qu’une parte de ces gens déstabilisés se sont tournés. Aussi, tant mieux si d’autres ont réfléchi et sont revenus vers la vraie Gauche ( il s’agit naturellement des partis que les biens pensants classeront à l’extrême gauche) où sont les valeurs de leurs passés, mais cela demande une confirmation.

Par ailleurs, j’ai bien peur pour l’avenir du parti communiste qui ayant du mal a cerné véritablement la disparition de la classe ouvrière et qui aurait du sentir que les prémices d’une montée d’opposition à ultralibéralisme venait d’ailleurs, du plus profond du peuple et ceci en dehors des partis politiques traditionnels.

Mais il n’empêche que l’on doit remettre au gout du jour le débat idéologique, et pourquoi ne pas rouvrir les ouvrages de Marx, Trosky, Marcusse, etc. et tenter de faire sortir de ces réflexions philosophiques un enseignement pour notre société moderne.

C’est pourquoi, malgré les inclinaisons que l’on ait, nous avons besoin d’un parti communiste fort, porteur et divulgateur de la pensée de Marx afin que chacun réfléchisse en connaissance de cause sur son avenir.

Messages

  • Je ne suis pas persuadée que le patronat ait entamé sa mutation pour répondre aux besoins des gens, ils ont imaginé la consommation parce qu’il y avait de l’argent à gagner, ils ont créé des besoins et cela a très bien marché, il faut le leur reconnaitre .Les ouvriers n’ont pas disparu, les exploités encore moins, il suffit d’apprendre à employer les bons mots : Un exploité, des exploiteurs etc...

  • Tout est dans la définition. Tout travail comporte une part de force physique est une part de force intellectuelle. Un tourneur qui pilote un tour à commande numérique n’est pas moins ouvrier que celui qui s’active sur un tour traditionnel. En fait la classe ouvrière moderne est la classe de ceux qui n’ont, pour vivre, que leur force de travail à vendre. Elle est de plus en plus nombreuse mais les conditions de vie(travail du couple, télé...), de mobilité (auto), et de travail (unité plus petites) ont déconcentré cette classe et compliqué, momentanément, son organisation. Mais sa place dans la production est encore plus décisive que par le passé.

    Au delà de la classe ouvrière, le prolétariat moderne, ceux qui doivent travailler pour vivre, sont toujours plus, une "immense majorité", dont l’union est la condition, siné qua non, du renversement de la toujours plus "infime minorité" bourgeoise !

    Toute la subtilité politique d’un parti communiste réside dans sa capacité à réaliser l’union du prolétariat.

    CN46400

    • Pour la petite histoire, lorsque j’ai terminé mes études, il y a quelques années de cela, mon premier emploi a été dans une usine de fabrication de tours de productions -qui d’ailleurs à l’époque équipaient une grandes partie des lycées techniques-, 15 jours aprés l’embauche l’usine débrayait et l’on me comptait au nombre des grévistes, et bien ils m’ont gardé quand même. Dans le même cas de figure on peut toujours essayer de nos jours, le nouvel embauché ne fera pas long feu. Il y a donc indéniablement une détérioration du respect du travail et aussi dans le même ordre d’idée, celui du droit de grève.

    • La classe ouvrière au sens marxiste du terme,c’est les salariés directement liés à la production.

      Et ce sont ceux qui produisent la plus-value tel que défini par Marx.Ce sont les conditions de vie de travail qui ont raproché les catégorie de salariés.

      Que le patronat ai voulu camoufler cette réalité en les appellant de nom divers,agent d’atelier,technicien de machine,et autres .

      Un camouflage utile pour pouvoir continuer l’exploitation.

    • Ce directement lié à la production me laisse perplexe. Lis le post de Copas, pour comencer puis demande toi qu’est que ca change oncrétement, d’être directement lié à la prod ou pas ?

      Est-ce qu’une infirmiére, une caissière, un éboueur, un guichetier de la poste, ont moins de raisons de se mettre en gréve, ou de vouloir exercer un controle sur leurs conditions de travail ? Non.

      Est-ce qu’on chosis son metier en toute liberté ? non plus.

      Est-ce que tous les gens font le même métier que leur conjoint, leurs parents ? encore moins.

      Donc il y a une unité du salariat, et même d’une partie des "travailleurs indépendants" qui ne sont pas si indépendants que ca (certains taxis, petits paysans tellement endétés qu’ils doivent faire tout ce que leur dis leur banque), et discuter des divisions comme si l’impulsion initiale de la révolution ne pouvait venir que du fond d’une mine ou des chaines de montage de Renault me semble exagéré.

  • "Monde ouvrier" n’est pas une notion marxiste. Prolétaire est celui qui vend sa force de travail. Il y a plus de prolétaires que jamais.

  • Bjr Michel

    Des choses intéressantes dans cet article mais de mon point de vue 2 ou 3 choses qui coincent dans cette démonstration - vision franco-française (combien d’ouvriers en Europe ? dans le monde ? Sur 10, 15, 20 ans ?) point de vue implicitement pris seulement dans la toile de la classe comme "réservoir de voix" électorales - donc pb en soi.
    "monde ouvrier" pour moi = notion de "socio" - "classe ouvrière" différente.
    A articuler avec le prolétariat.

    Fraternellement
    La Louve

    • Bon, là...

      Rajouter le fait de se documenter sur ce que recoupent les catégories qui ont augmenter comme les (ne pas éclater de rire sur la notion d’intermédiaires comme les instituteurs, les secrétaires médicales, etc) :

       "Professions intermédiaires " (regarder la série de toutes les professions qui commencent par 4xx et vous en aurez le contenu, pas rire...)
       "Cadres et professions intellectuelles supérieures"
       "Artisans, commerçants, chefs d’entreprise" (étudier au plus près ce que ça recoupe notamment l’apparition de professions indépendantes totalement assujetties)
       "les sans activité professionnelle"

      Croiser ces notions "maths modernes" de l’INSEE avec les éléments sur les revenus médians réels (50%, 80%, etc), pour en voir les contenus réels recoupés.

      Le monde qui se dessine alors est bien dans le sens de celui tressé par CN46400 qui écrit :

      Tout est dans la définition. Tout travail comporte une part de force physique est une part de force intellectuelle. Un tourneur qui pilote un tour à commande numérique n’est pas moins ouvrier que celui qui s’active sur un tour traditionnel. En fait la classe ouvrière moderne est la classe de ceux qui n’ont, pour vivre, que leur force de travail à vendre. Elle est de plus en plus nombreuse mais les conditions de vie(travail du couple, télé...), de mobilité (auto), et de travail (unité plus petites) ont déconcentré cette classe et compliqué, momentanément, son organisation. Mais sa place dans la production est encore plus décisive que par le passé.

      Voilà qui est dit.

      La classe ouvrière au sens moderne du terme (j’estime correcte sa version mendelienne, Ernest pour les intimes) est beaucoup plus grosse en proportion qu’en 1936 (le rapport est écrasant) et probablement qu’en 68.

      Sur les séries statistiques on voit ces dernières années une légère régression des ouvriers et des employés (grosso-modo de 58% à 56% en 6 ans) compensée par une poussée des dites "professions intermédiaires" qui pour moi ne sont rien d’autres que du prolétariat un peu plus qualifié sauf quelques asticots glissés statistiquement au milieu.

      Le prolétariat ou la classe ouvrière, au sens moderne du mot, représente toujours + de 80% de la population active. Bourgeoisie et professions libérales aisées, très hauts cadres de la nomenclatura bourgeoisie moins d’une dizaine de %, le reste étant des petits morceaux comme les 2% d’agriculteurs qui restent, quelques professions indépendantes , quelques curiosités statistiques comme les éclésiastiques (dont on pourrait quand même des fois signaler leur exploitation dans certaines fabrications), des personnels de répression , etc.

      Bref, une grande nouvelle :

       La classe ouvrière au sens moderne du terme , le prolétariat, écrase en France numériquement maintenant l’ensemble de la société (la classe paysanne a été liquidée presque totalement, les artisans et commerçants sont peu nombreux).

       Le prolétariat est largement dominant malgré l’émergence de prolétariats puissants dans des pays émergents (Chine et Inde, Brésil et Vietnam, etc) ou qui sont passés à l’économie capitaliste de marché (Russie, Europe de l’Est, etc).

       La classe ouvrière directement productive au sens restreint du terme demeure importante (et quand même toujours infiniment + puissante qu’en 36. Je subodore qu’on n’ait pas perdu sur 68,mais c’est à vérifier).

       A ce maintien du prolétariat de ces dernières dizaines d’années en France et probablement dans l’UE, se rajoute maintenant une poussée mondiale énorme du prolétariat sur le planète, au détriment des autres classes (artisans, une partie des commerçants, paysannerie, etc).

       La bourgeoisie ne peut plus s’allier à une classe contre une autre. La paysannerie est devenue trop riquiqui , il lui faut trouver des alliés autrement (dans la nomenclatura, les très hauts cadres, plus qu’avant encore, par exemple) et dans une domination militaro-idéologique renforcée (surpuissance des médias, nouveau renforcement des dispositifs de répression et de guerre).

      Dans un débat avec des camarades français et italiens d’il y a quelques mois, j’indiquais à l’affirmation qu’on ne pouvait plus se battre en France car la classe ouvrière était trop morcelée ; "Comment a fait le Parti Communiste Italien pour se créer et devenir si puissant dans les années 50 et 60, dans un pays où les grosses concentrations ouvrières étaient très localisées et où le tissu de PME était énorme et la paysannerie encore puissante ?"

      (cf région où le PCI était le plus puissant, pas de grandes concentrations ouvrières).

      La force du prolétariat, les données objectives sur sa puissance, son extension dans le monde lui rajoutant de nouveaux éléments par milliers chaque jour, nous amène à optimisme sur le potentiel.

      Nous sommes bien au delà de ce dont parlait Marx, au delà de toutes les autres périodes historiques.

      Le morcellement de la classe et du prolétariat, la bataille contre la domination idéologique, contre les outils répressifs mis en place , nous pousse au dépassement intellectuel pour entrainer nos frères de classe dans la bataille, à trouver les organisations de lutte (syndicats , assosses, pseudos-soviets, etc), les partis politiques adéquats, les façons de s’adresser qui correspondent à ces changements dans les processus de production, dans la formation professionelle, dans la structure des lieux de travail, etc...

      Point à point les questions doivent être traitées en partant du prolétariat tel qu’il est , pour que nous avancions avec lui.

      Mais pas de doute sur l’importance de celui-ci dans notre société.

      A l’heure où une grenade dévaluatrice violente , une recession dure, s’approchent, ces questions doivent susciter débats et réflexions pour tous et toutes, afin d’être prêts au mieux.

      Merci Mengneau Michel d’avoir ouvert le feu.

    • A lire l’ensemble des réflexions, je pense que l’on peut faire un distinguo entre le monde ouvrier et la classe ouvrière telle qu’elle était encore au début des années 70. Avec la disparition des grands centres industriels et miniers, ceux du textile, les chantiers navals, etc., l’éclatement d’une certaine classe ouvrière bien structurée est indéniable. Mais si le monde ouvrier dans sa capacité a augmenté, il est beaucoup plus difficile de fédérer des exploités épars, comme des employés de petites unités de restauration, des ouvriers de moyennes entreprises du bâtiment, voire des employés de banque disséminés au gré des agences, persuader et faire comprendre à opératrice de saisie d’une mutuelle, par exemple, qu’elle fait partie de la classe ouvrière, donc cette diversité est un frein à une cohésion revendicatrice. Pour ne rien arranger comme l’on sent de plus en plus l’abandon d’une véritable culture politique au profit d’une sorte de média-show articulé autour du concept de la pensée unique, on assiste à des effets revendicatifs sporadiques, souvent de castes, qui sans une réflexion idéologique resteront que du coup par coup et ne permettront peu d’avancées sociales profondes.

      Certes dans l’état actuelle des choses l’urgence de se regrouper, de définir une stratégie de combat pour mettre fin à l’hégémonie du capitalisme est nécessaire, mais néanmoins doit rester que de circonstance. En effet il serait dangereux pour la diversité de la gauche qu’elle perde ses particularismes de pensée, ceux qui se veulent de Marx, ceux qui préfèrent Strosky, de Jaurès, Fourrier, etc, car on pourrait se retrouver dans le même cas de figure que le parti le parti socialiste qui à force de motions et se consensus à fini par sombrer dans l’uniformité de la pensée unique.

      Non, unissons nous le temps de la lutte, mais gardons des formes de pensées différentes afin d’avoir toujours en l’esprit beaucoup d’ouverture permettant de mieux appréhender l’avenir.

      Pour cela il faut créer une dynamique intellectuelle pour combattre ce qui à mon avis est le plus grand risque, c’est celui de la pensée unique !

  • La classe ouvrière a disparu disent certains. Ce doit être le cas de messieurs gayssot et hue qui proclamèrent lors du trentième congrès que le pcf ne se déterminerait plus en fonction du marxisme et de la classe ouvrière.
    Certes, l’on a assisté ces dernières décennies à la disparition de grosses unités de production où étaient rassemblés de gros bataillons d’ouvriers qui se réclamaient d’une identité ouvrière : les mines, la sidérurgie, la métallurgie.
    Des statistiques dignes de foi indiquent que le pourcentage d’ouvriers en France représente 27% environ de la population active, soit entre six et sept millions de personnes, avec en sus un nombre important d’anciens ouvriers retraités, du fait de l’allongement de l’espérance de vie. En outre, dans la trance d’âge de 55 à 64 ans, un salarié sur deux n’est plus en activité. Si l’on ajoute tous ces ouvriers en retraite ou préretraite aux ouvriers en activité, l’on constate que le monde du travail représente une force non négligeable.
    Sans parler de la catégorie définie comme "employés" par les statistiques. Nombre de personnes appartenant à cette catégorie peuvent être classées comme "ouvrier" : les caissières des grandes surfaces, les femmes de ménage, le personnel de l’hôtellerie, les agents de service des hôpitaux, les fonctionnaires d’état etc. En ceu qui est des cadres et des techniciens, ils subissent eux aussi de plein fouent la chômage et une surcharge de travail qui en a conduit quelques uns au suicide.
    Le poète italien Eduardo Sanguinetti écrit : "Que le prolétariat existe et qu’il est exploité est un secret de polichinelle. Les patrons nous haïssent toujours, mais nous ne haïssons plus les patrons". Certains les trouvent même fréquentables. Dans "La grande initiative, Lénine écrit : "On appelle classe de vastes groupes d’homme qui se déterminent en fonction de la place qu’ils occupent dans un système de production sociale historiquement défini, par leurs rapports avec les moyens de production (la plupart du temps fixés et consacrés par la loi), par leur rôle dans l’organisation sociale du travail et par conséquent par les moyens d’obtention de l’importance de la part de la richesse sociale dont ils disposent.
    On appelle classe de vastes groupes d’hommes dont l’un peut s’approprier le travail de l’autre, par suite de la place qu’il occupe dans un système d’économie sociale historiquement défini."

  • Et oui les réalités ont changés et les termes employés en politique doivent changer.
    L’économie du primaire du début du siècle puis du secondaire s’est après la seoncde guerre mondiale transformée en économie de service. N’importe quel cours sur d’histoire de seconde vous l’apprend. Aujourd’hui il suffit de le constater.
    De ceci on déduit que dans un pays développé comme la France la population ouvrière tend à décroitre. Les ouvriers ne sont plus en majorité dans la classe moyenne. Ce terme correspond à une réalité historique différente de celle d’aujourd’hui.
    Il n’est plus assez pertinent et fédérateur en France. Car le monde ouvrier est florissant dans les pays en voie de développement dont l’économie est basée sur l’industrie.
    En France l’industrie est dans les mains des groupes. Ce sont eux qui font et défont le monde ouvrier. Tout simplement en délocalisant. Malgré cet état de fait, le discours n’a pas changé et les orateurs où les militants ne sont pas conscient de cette réalité.
    Ainsi, du type d’économie dépend les enjeux et les politiques.

    En 2008, l’économie à changé. Les préoccupations politiques ne sont plus les mêmes. Et les ouvriers qui ont bâtis la sociétés de consommation ont, sans le savoir, mit un terme à leur économie et à leur revendications.