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Traité de Lisbonne : les banques lui disent merci

Publie le dimanche 26 octobre 2008 par Open-Publishing
4 commentaires

Les banques ont sucé l’argent en masse dans des « caisses vides ». Contradiction nationale. Elles l’ont fait en flagrante contradiction avec le Traité de Lisbonne qui interdit, apparemment, d’aider les entreprises en difficultés. Contradiction internationale.

La logique eut voulu qu’on oblige ces banques à jouer le jeu qu’elles-même mettent en place, défendent becs et ongles et nous obligent à respecter : le jeu du marché.

D’autant qu’un texte fondamental de l’UE l’y oblige, le Traité de Lisbonne. Le dit traité arrimé à un principe majeur et fondamental du corpus et d’idées de réalisations néo-ultra-libérales, la concurrence. Concurrence dont tout éditorialiste de l’Obs à Radio-Courtoisie nous sature les oreilles avec un entrain légèrement lassant.

Article 107

Les aides accordées par les États

1. Sauf dérogations prévues par les traités, sont incompatibles avec le marché intérieur, dans la mesure où elles affectent les échanges entre États membres, les aides accordées par les États ou au moyen de ressources d’État sous quelque forme que ce soit qui faussent ou qui menacent de fausser la concurrence en favorisant certaines entreprises ou certaines productions.

Comment on a pu s’asseoir dessus pour aider les banques ?...

L’UE a géométrie variable refuse les référendums, inscrit pourtant dans les traités, quand ça l’arrange et, quand ça lui plaît, contrevient au graal de l’immense majorité de la gent politique et patronale UE, la concurrence,.

De quel droit ?...Selon quelle légitimité ?..

Les banques ne titubent pas au bord de la faillite, ni même dans de réelles difficultés. Elles se comportent simplement et naturellement comme les bulldozers de la finance qu’elles sont, bulldozers prêts à écraser toute prudence, toute règle et tout adversaire pour bâfrer dans ce nouvel eldorado des fortunés qu’est la Bourse.

C’est tout à fait logiquement qu’elle ne se font pas confiance parce qu’elles se savent, les unes et les autres, membres de l’internationale spéculatrices, grandes fabricantes de produits dérivés et de hedges funds. Totalement déconnectées du réel menaçant, même pour elles, sans parler de leur mission initiale : gestion raisonnée des biens en protégeant les avoirs du client.

On est donc rationnellement et moralement fondé à penser que les banques n’ont qu’à se débrouiller et que l’Etat devrait consacrer son énergie à les empêcher de nous poser problème avec leurs conneries.

En conséquence de quoi, Sarko et autres dirigeants décident d’...ouvrir une colossale ligne budgétaire d’argent frais pour les banques.

On est aux antipodes d’une saine évaluation de la situation ?!...Oui

On est surtout très loin des obligations européennes prescrites par le Traité de Lisbonne ?!..Non

Dans ce même article 107, sont mentionnées certaines dérogations « compatibles avec le marché intérieur ». Pour l’Allemagne en difficulté avec l’absorption de l’Allemagne de l’est, pour certaines autres régions en difficulté, pour la culture et le patrimoine.

Et surtout pour :

e) les autres catégories d’aides déterminées par décision du Conseil, sur proposition de la Commission.

Dans cet article 107 les banques trouvent leur blanc-seing. Il n’est pas le seul à être ainsi bâti de manière absolument illogique et pour tout dire fleurant la mauvaise plaisanterie.

Le traité est inutilisable, en l’occurrence – et sans doute dans beaucoup d’autres domaines, du fait d’une contradiction structurelle inscrite dans les articles, qu’il faudrait étudier systématiquement-, sans doute pour laisser les mains libres à la caste politique UE, tandis que pour la moindre heure d’ouverture des troquets ou la taille des préservatifs, sans parler du dumping salarial, l’UE se montre totalement intrusive et inflexible à l’égard du citoyen lambda hors des clous.

Difficile de ne pas en conclure que les convictions personnelles, la rigueur intellectuelle et le sens de l’intérêt général sont les choses les moins partagées chez nos politiciens modèle UE.

Difficile de ne pas juger non plus la substantifique moelle des zélites ultra-libérale, la loi européenne, comme un ensemble rhétorique truqué, plutôt que la robuste incarnation de principes et de valeurs fondées.

Ainsi, ce fameux article l’article 107 est totalement contradictoire puisqu’il interdit explicitement quelque chose de précis pour l’autoriser aussitôt, du moment que le Conseil UE veut que ce soit comme ça et que la Commission...veut que ce soit comme ça.

Comme n’importe qui, j’en déduis quelques raisons en béton pour renvoyer ce plan de centaines de milliards d’euros dans les poubelles des juristes financiers de banques guidant les petits doigts de nos petits politicards.

Le krach financier majeur est le résultat de l’œuvre mortifère des Zinzins, les « investisseurs institutionnels » qui font la pluie et le beau temps à la Bourse de Paris, de New-York et d’ailleurs. Les banques françaises sont aux tout premier rang de ceux-ci. Elles créent des produits financiers toujours plus délirants, ou la sophistication mathématique remplace la fiabilité, l’adossement à un intérêt, mieux : une activité réelle.

Les banques sont les incendiaires qu’on appelle pour régler les feux qu’elles ont elles-mêmes allumés, en témoigne la composition de la commission de gestion de l’argent affecté à leur « sauvetage ».

Les politiques contredisent les règles qu’eux-mêmes se fixent, pour renflouer les banques. Structurellement puisqu’ils s’autorisent toute magouille de ce type avec l’article 107, et d’autres du Traité de Lisbonne, qui installent la contradiction de la loi comme principe, et l’impunité du choix politique comme règle.

On peut donc s’attendre à tout et n’importe quoi de politiques prompts à nous imposer aux forceps les principes qu’ils brandissent, pour mieux les détourner en nous spoliant quand ils le souhaitent grâce à des Traités ineptes et trompeurs.

Ce, au profit des mêmes dont le comportement irresponsable et égocentrique est en train de multiplier la dimensions et les conséquences d’une crise déjà majeure. On appelle ça « effet de levier », c’est aussi une des composantes du succès des produits dérivés auprès des pirates boursiers.

Messages

  • Ces vautours se foutent pas mal de toutes les règles et ils ont raison puisque ces "conn..." de Français sont en train de se faire dépouiller sans rien dire et ce n’est que le début. Le pire est à venir avec son cortège de licenciements et de misère pendant que les charognards se goinfrent avec la complicité de leurs amis politiques. Ca va se terminer comme en Argentine et la classe moyenne et tous les abrutis qui ont élu naboléon vont se faire plumer. A lire d’urgence : " la stratégie du choc" de Naomi Klein. Cette pseudo crise n’arrive pas par hasard. Il est temps d’arrêter la prise d’abrutissants : foot, starac et autres conneries du même genre et que les veaux connectent les deux neurones qui leurs restent pour essayer de rallumer leurs cerveaux.

  • Précisions quand même :
    l’article 107-3b du traité de lisbonne indique que :
    "3. Peuvent être considérées comme compatibles avec le marché intérieur :

    b) les aides destinées à promouvoir la réalisation d’un projet important d’intérêt européen commun ou à remédier à une perturbation grave de l’économie d’un État membre ;"

    Je ne vois pas en quoi les différentes dispositions de l’article 107 sont contradictoires... A moins de les prendre en même temps, mais c’est justement pour pallier à différentes situations qu’il y’a autant de "sous articles".

    Par ailleurs, vous parlez ici du traité de lisbonne, pas appliqué avant un bon moment.... Il convient donc de parler plutot de l’article 87 du traité de Rome, et notamment du 87-3-b qui a été appliqué il y’a quelques temps :
    http://www.betapolitique.fr/Et-le-traite-de-Lisbonne-dans-tout-13127.html#forum19365