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EDF-GDF : la CGT décidée à "coller à la base"

Publie le mardi 8 juin 2004 par Open-Publishing

Les récentes coupures de courant sur le réseau ferré francilien témoignent d’une radicalisation des agents d’EDF et de GDF engagés, avec le soutien de la CGT soucieuse de "coller à la base", dans une course contre la montre pour obtenir le retrait du projet de loi modifiant le statut des deux entreprises, à une semaine de sa présentation devant l’Assemblée nationale.

Une action de cette ampleur, ouvertement revendiquée -et qui a fortement perturbé durant plusieurs heures la circulation des trains principalement sur le réseau de la gare Saint-Lazare à Paris- est en effet inédite depuis janvier 1987.
A cette époque, suite à une grève au cours de laquelle plusieurs milliers d’usagers avaient été privés de courant, les syndicats avaient décidé de ne plus mener d’actions de ce genre, très impopulaires.

"L’action qui a été menée lundi n’a pas vocation à être généralisée à l’ensemble du réseau ferré, mais a été décidée ponctuellement et localement lors d’une assemblée générale", a expliqué mardi à l’Associated Press Maurice Marion, l’un des porte-parole de la Fédération nationale des mines et de l’énergie-CGT (FNME-CGT).

"C’est d’ailleurs le cas de toutes les actions menées depuis plusieurs semaines et qui auront lieu dans les prochains jours. Ce sont les salariés qui décident dans des assemblées générales souveraines", a-t-il ajouté, "même si nous faisons des propositions".

La fédération explique ainsi que des coupures de courant "ciblées" vont se multiplier en direction des membres du gouvernement et des représentants de la majorité, des permanences des élus "qui auront par exemple refusé de recevoir des délégations", des chambres patronales ou encore des "zones industrielles où il y a des patrons qui licencient".

Si la FNME peut être en désaccord avec certaines actions jugées trop "impopulaires", outre un souci affiché de démocratie, il lui est difficile d’aller contre l’avis des salariés d’EDF et de GDF, ne serait-ce que d’un point de vue électoral.
Majoritairement opposés au changement de statut, les agents ont en effet renforcé, lors des dernières élections professionnelles au sein des deux entreprises début mai, la CGT dans sa position de première organisation syndicale avec 56,46% des voix à EDF, et 58,51% à GDF.

La CFDT, qui s’est d’ailleurs prononcée contre les coupures et a dénoncé celles de lundi, employant le terme "d’exactions", est le deuxième syndicat dans les deux entreprises, très loin derrière la CGT avec 17,65% des voix à EDF et 15,55% à GDF.

La CGT n’est toutefois pas prête à tout cautionner, dénonçant parfois des "actes isolés", comme à Rouen le 8 avril dernier lorsque plusieurs dizaines de milliers de particuliers ont été coupés durant une 90 minutes lors d’une journée d’action.
Mais dans ce cas, la CGT ne se prive pas de pointer du doigt en premier lieu la responsabilité d’un gouvernement "intransigeant".

"Si le gouvernement refuse de nous entendre, il peut y avoir ici ou là des actions intempestives plus radicales. On ne contrôle pas tout. Mais pour le moment, ce n’est pas ce qui pointe majoritairement dans nos équipes", explique ainsi Eric Cachin, coordinateur de l’action fédérale au sein de la FNME-CGT. (AP)