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La privatisation et le démantèlement de l’Education Nationale

Publie le mercredi 26 novembre 2008 par Open-Publishing
11 commentaires

La privatisation et le démantèlement de l’Education nationale : revue de presse

Qui ?

Xavier Darcos a dit en octobre 2008 : « La plupart des mesures que je prends servent surtout d’habillage aux suppressions
de poste ». Une biographie sélective s’impose pour cerner l’auteur de cette citation. Dans les années 70, il
est secrétaire du Club de l’Horloge : ce club est encore aujourd’hui la boîte à idées de l’extrême droite, qui rêve de
l’intégration du FN dans une alliance avec le gouvernement. Ce club d’ultra-droite a pour mission de pourfendre le
monopole scolaire (comprendre l’école publique). En 1982, alors prof de lettres, il passe au tribunal administratif de
Périgueux pour avoir divulgué à ses élèves de 1ère les sujets du bac… En 1992 il fonde avec ses potes « Créateurs
d’école », dont le credo est la privatisation de l’éducation avec des mesures phare comme la suppression de la carte
scolaire. Parmi ses consultants, il faut citer aussi le non-moins craignos Vincent Laarman, président de Sos éducation,
qui a lancé entre autres la campagne pour le service minimum et en ce moment une nouvelle offensive sur la carte scolaire.

Rappelons aussi ses accointances avec « Enseignement et liberté », dans la mouvance de l’Opus dei. Bref tous ses conseillers sont
des ultras réactionnaires, souvent catholiques, et tous pour une privatisation de l’Education nationale, qu’ils considèrent comme une
« entreprise comme les autres ». Faut-il rappeler également que Sarkozy, intronisé à l’occasion chanoine de Latran, a affirmé il y a
moins d’un an que l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ? De cette nébuleuse qui tient actuellement les rênes de l’Education
découle tout ce qui suit.

Quoi ?

Supprimer au bas mot 50 000 postes d’enseignants en 3 ans.
Comme Darcos le dit lui-même, toutes les réformes n’ont qu’un seul but : supprimer des fonctionnaires
qui seraient trop nombreux. Il n’arrête pas de dire qu’il y a un prof pour 13 élèves. Son chiffre
vient de la division complètement débile de 12 millions d’élèves pour 870 000 enseignants. Mais
bon on sait qu’il est fâché avec le bon sens, les chiffres et la règle de trois en particulier.

Quelques
exemples non exhaustifs pour voir comment s’y prendre afin de supprimer à la hache tous ces enseignants
« inutiles » :

9 000 Rased : En supprimant deux heures de cours par semaine en primaire et maternelle ( = 3 semaines
de cours en moins), les instits sont censés se substituer à ces enseignants spécialisés soit à
7h45, soit entre midi et 13h, soit jusqu’à 17h30. « Economie » de 3000 postes dès la rentrée 2009,
puis les 6000 restant les deux années suivantes.

4 400 COP : Exemple au collège : notre nouvelle COP est contractuelle sur plusieurs établissements.

Elle découvre le métier et passe ses week ends à s’auto-former. Au mois de juin, lorsqu’elle
aura mieux compris les arcanes de l’orientation, son contrat sera terminé. Soit nous aurons quelqu’un d’autre l’année prochaine, soit
personne : l’idée de Darcos est d’essayer de redonner tout ce travail aux profs principaux de 3° ou de Terminale, qui bien évidemment
utiliseront plus la tronçonneuse que la dentelle. Les COP restant risquent de passer aux régions. Même logique pour les Assistantes
sociales. Quant aux TOS, ils ont déjà trinqué, avec les incidences qu’on connaît. Enfin viendra notre tour, mais nous serons
tous seuls pour nous défendre.

Tous les instits de maternelle : Le coup des instits avec bac + 5 censés changer les couches et surveiller les siestes est une façon
de préparer le terrain à la suppression de l’école maternelle jusqu’à 5 ans. Dans les cartons de Darcos se prépare en effet leur remplacement
par des Jardins d’éveil organisés par les municipalités et payés par les parents.

16 000 postes en lycée : en supprimant 5h par semaine aux élèves de seconde, la mal nommée « réforme des lycées »n’est qu’un
habillage grossier de 16 000 de suppression de postes en 2009, et à elle seule 50 000 dans les 3 ans à venir.

8 000 postes de Lycée professionnel : c’est le but avoué par Darcos du bac pro en 3 ans au lieu de 4 ans.

Disparition prochaine des CPE, « exception européenne », par la fermeture des postes au concours
La polyvalence. C’est une autre façon grossière d’économiser des postes. La « réforme » du lycée prévoit par exemple la fusion de
la Physique chimie avec les SVT, en « sciences expérimentales » : certains collèges l’ont déjà expérimenté en 6° depuis 2006.
Ne plus faire redoubler : Enfin, la « réforme » du lycée affiche également la volonté de ne plus faire redoubler les secondes, par le
jeu des modules, histoire d’évacuer les élèves par le haut.
* Privatiser l’Education Nationale : L’idée est de privatiser avec une stratégie de contournement : plutôt que d’attaquer
frontalement le problème, il faut pourrir le système de l’intérieur, afin que les parents aillent d’eux-mêmes inscrire
leurs enfants dans le privé. Les médias participent depuis de nombreuses années à cette stratégie sournoise, à
grand renfort de démagogie et d’endormissement. C’est une technique adoptée à l’échelle européenne.

Aujourd’hui,
sans complexe, le gouvernement ne semble même plus s’embarrasser de cette stratégie pas assez rapide. Tout s’accélère,
avec une arrogance sans précédent, dans toute la fonction publique, afin de mettre au pas et dégraisser dans les
hôpitaux, la police ou ce qu’il reste de la Poste par exemple.
Multiplication des contrats d’association avec les écoles privées. Ces contrats permettent dorénavant aux écoles catholiques d’être
prises en charge financièrement de façon quasi intégrale par les collectivités territoriales, tout en ayant toujours le droit d’exercer
leur catéchisme 2 heures par jour. Cela s’est passé en mars 2008 dans la plus grande indifférence.

Les coupes drastiques dans le milieu éducatif ont une répercussion directe dans les collèges et les écoles. De la suppression des
places en ITEP ou en IME par exemple découle l’arrivée en collège et en primaire d’élèves qui n’ont pas leur place dans des classes
déjà surchargées, avec des enseignants non spécialisés. Sous prétexte d’intégration de tous les élèves, on économise des postes dans
le système éducatif et on pourrit par la même occasion l’école publique, seule à être obligée d’accepter ces élèves en détresse.

Supprimer le bac : Un prof ou un élève de seconde ne pourra plus dire le 1er septembre 2009, « je suis [ou j’ai les] 2°3 ». L’année
est découpée en deux semestres avec 6 modules au choix en plus des enseignements « fondamentaux ». Chaque module sera évalué
en fin de semestre et les 36 modules sur trois ans remplaceront donc le bac : comme pour un empilage de lego, il y aura autant d’élèves
que de bac. Le Medef en rêvait : Darcos l’a fait. Dorénavant, il n’y aura plus un bac national, mais des médailles en toc que le
bachelier devra marchander pour obtenir son contrat de travail.

Profs comme élèves feront donc deux rentrées par an avec des emplois
du temps différents, des élèves ou des profs différents, y compris en maths ou en français. En fin de semestre ils devront faire
une semaine « bilan et orientation ». J’imagine le foutoir d’un tel dispositif où les élèves n’auront pas cours de la semaine et les
profs ne sauront pas quels élèves prendre en charge… C’est donc la programmation d’un bordel généralisé.

Comment ?

Pour parvenir à ses fins, le gouvernement n’hésite pas à déployer les
grands moyens, depuis plusieurs années, avec une nette accélération
depuis cet été.

Nous diviser : Le lexique utilisé par cette nébuleuse d’ultra-droite est
très agressif : Bataille , stratégie, réseau, alerte, contagion, belliqueux,
assiégé, guerre... Leur idée est déjà de diviser pour régner : en
ce sens on peut comprendre par exemple la multiplication des services
partagés, brisant les équipes et usant les collègues. On peut aussi
évoquer le hochet des heures sups qu’ils agitent pour faire disparaître
les esprits d’équipe. L’autre idée est de multiplier les attaques, car il
est plus difficiles de se battre sur plusieurs front à la fois.

De plus, on
a souvent du mal à suivre : c’est pour ça que j’ai essayé de faire une
synthèse rapide, même si l’exercice demanderait davantage de temps
et de documentation, mais aussi de place, car les mesures sont bien
plus nombreuses que celles que je rapporte ici. Ils jouent aussi à fond,
même si ce n’est pas nouveau, la carte de la division syndicale.

Nous précariser : Blocage des salaires à 0,5% pendant au moins 3 ans. Rappelons que l’Elysée a vu son train de vie
augmenter cette année de 170% ou que les 285 millions versés à Tapie correspondent à 15 000 postes d’enseignants.

Sans parler des 400 milliards de subventions aux banquiers. On a tous noté aussi la multiplication des emplois précaires
qui touche tous les personnels. Ce n’est pas pour rien que beaucoup d’entre nous hésitent de plus en plus à faire la grève
pour une question de moyens. Même si c’est une fuite en avant.
Nous flexibiliser : En 2010 le Capes et l’agreg seront supprimés, même si le nom sera gardé. La coquille vide consistera
à « dénationaliser » le concours car l’obtention du master sera laissé à la libre appréciation des universités devenues autonomes.

Ce qui implique que les profs de 2010 ne dépendront plus de la grille indiciaire de la Fonction publique. Le
jury sera même composé de personnes de la société civile et seulement une épreuve sur 4 concernera la discipline.

Depuis 2008, les TZR et les profs en ZEP n’ont plus de bonification pour les mutations. Les nouvelles règles de mutation
semblent pour cette année présager également le pire.

Quant aux instits, ils voient leur temps de travail annualisé avec les 108h. En plus de leur journée, ils doivent dorénavant
prendre les élèves en difficulté, déjà fatigués de leur journée. Cela donne des journées non stop.

Nous surveiller. Un appel d’offre hallucinant a été lancé par le ministère pour 220 000 €. Ils cherchent pour le 1er janvier
2009 un bureau d’étude pour repérer les leaders d’opinion, les lanceurs d’alerte et analyser leur potentiel d’influence
et leur capacité à se constituer en réseau. Ce bureau devra anticiper et évaluer les risques de contagion et de crise,
alerter quotidiennement et préconiser en conséquence. La chasse aux sorcières est ouverte.

Nous bâillonner. Les instits doivent désormais prévenir l’Inspection 48h ouvrables à l’avance s’ils ont l’intention de
faire grève, afin que les municipalités organisent un service d’accueil, pour briser la grève. C’est pourtant sous Napoléon
III (1864) que le droit de grève avait été reconnu.

Nous discréditer. Devedjian, un ancien d’Occident qu’on ne présente plus a récemment écrit un courrier à ses
potes. Il dit en substance que les profs sont endormis et que la droite a l’opportunité de se serrer les coudes
pour tout faire passer en force. Certes tout ne va pas bien dans l’Education, mais on peut mettre en valeur aussi
ce qui fonctionne : les seules mesures concrètes que Devedjian préconise sont l’obligation d’apprendre la Marseillaise
et la suppression de poste (il va sans vergogne jusqu’à dire que 100 000 profs ne servent à rien).

Nous enfumer : l’exemple récent de la médaille pour le bac est une idée du club de l’horloge. Ces petits hochets
sont tombés en pleine « réforme du lycée » pour donner un os à ronger aux médias et leur faire oublier
l’essentiel. De même pour la Marseillaise rendue obligatoire en primaire. Des pacotilles pour faire diversion.

Que faire ?

Les plus défaitistes d’entre nous disent que protester ne sert plus à rien. Personnellement
je préfère avoir mon mot à dire lorsque je me fais entuber. A force d’avaler des
couleuvres, la nausée monte vite aux lèvres. Et ce n’est pas parce qu’ils nous tiennent
par la baisse de notre pouvoir d’achat, qu’il faut baisser les bras.
On a réussi en 2006 à faire reculer De Robien qui voulait faire passer aux oubliettes le
décret de 1950 : C’est donc un démenti pour ceux qui pensent que les syndicats ou les
grèves ne servent à rien. La politique, contrairement à ce qu’on nous assène, peut se
faire ailleurs que dans l’hémicycle, ou qu’en mettant un chèque en blanc tous les 5 ans dans l’urne.

Vous l’aurez compris, j’estime qu’il est grand temps de rentrer en résistance sous peine de voir l’Education Nationale
complètement privatisée.

Cela passe déjà par la syndicalisation : comment les syndicats peuvent-ils être efficaces avec àpeine 8% de syndiqués. Plus nous serons nombreux, mieux nous nous défendrons.

Dans l’immédiat, il y a déjà la grève du 20 novembre qui est la première grève unitaire depuis toutes ces attaques frontales
 : c’est un moment crucial pour enfin relever la tête. Nous aurons aussi une heure syndicale le 27 novembre à
11h30 en salle de réunion pour discuter de tous ces points, même si le temps manquera. Le 2 décembre, il y a les élections
pour élire nos représentants dans les commissions administratives paritaires. A cette occasion, il me semble capital
de bien distinguer les syndicats qui défendent réellement nos intérêts et qui n’ont pas signé tout ce dispositif de démantèlement.

Sources : presse syndicale FO, Canard enchaîné, divers sites webs en particulier ceux résumant le bouquin Main basse sur l’école publique, Siné Hebdo bien meilleur que Charlie, Monde Diplo, Compte-rendu de l’assemblée nationale du 4 novembre...

Hervé Lamy

Messages

  • Il m’a fallu du temps pour "revoir" le slogan(que j’ai beaucoup répété moi aussi) :
    "Ecole publique=fonds publics, école privée=fonds privés"

    Ma conviction ,depuis toujours ,est qu’il ne doit y avoir qu’une seule Ecole dans notre République...mais je n’osais pas aller contre l’"opinion ".

    Pas d"écoles "privées" =pas de fonds(ni publics ni privés) et ,surtout,paix sociale sans oublier la qualité de l’enseignement !

    Il ne viendrait à personne l’idée de demander une "police privée"(encore que les polices municipales...)au prétexte que "mes" impôts donnent ce droit....et voyez ce qui est comparable :les Hôpitaux Publics sont actuellement sous équipés ,pendant que la Générale de Santé (alimentée essentiellement par les sous de la SECU)a fait son "entrée dans les cotations en bourse".....veillons à ce que la SNCF(1937) reste Société Nationale ..et redonnons-lui TOUS ses attributs ; idem pour EDF-GDF ! et l’EAU ?etc...La POSTE ??

    Je connais les "objections" à ma suggestion...mais si on en parlait ?

    L’Ecole est(dans les Textes ):GRATUITE, LAIQUE,OBLIGATOIRE !...on en est eloigné(e) à l’heure actuelle ... et ce n’est pas fini..."grâce" à Darcos,mais aussi à nous tou(te)s qui laissons faire !

    Pour commencer ,ne tombons pas dans les luttes fratricides entre "laïques" ...est-ce la peine de les importer à Bellaciao ?...(je dis ce que je pense ce qui n’engage que moi).

    • Le 20 il y a eu aussi des écoles privées sous convention avec l’Etat qui manifesté. Ces écoles sont mécontentes parce que elles aussi n’ont pas les moyens de recruter (36 élèves par classe au collège) et manquent de matos.

      Alors, que veut exactement DARCOS, s’il n’est même pas foutu de servir les écoles privées ???

      DARCOS DEMISSION, c’est encore le mieux à demander, surtout au regard de son parcours socio-professionnel. On ne peut pas confier un tel poste à un tel individu. Les parents doivent savoir à qui ils confient leurs enfants, il y va de leur avenir.

    • Santé, logement, éducation, protection sociale, justice ; poste etc...

      on fait un paquet, on boucle tout une semaine et on regagne 100 ans d’acquis sociaux :

      www.etatsgeneraux2009.fr

    • l’énseignement privé a perdu 5000 éleves car les parents n’ont plus les moyens de payer. Je pense que l’enseignement privé perdra encore des élèves surout en primaire et en Lycée

      avec cette crise financière , les gens auront les moyens de rien

      le 20 novembre, le privé a manifesté car la situation devient intenable pour eux

      je pense qu’il faut que les bahuts privés devinnent des bahuts publics avec les m^mes régles que ceux du public où la carte scolaire s’applique

    • avec cette crise financière , les gens auront les moyens de rien

      Oui, d’après ce que j’en sais, dans les écoles privées, les parents aux revenus modestes, paient le minimum pendant que ceux qui sont mieux lotis paient davantage, voire la différence. Reste à savoir si ces derniers vont accepter de payer la totalité pour ceux qui n’auront plus assez de fric pour payer l’école privée à leurs enfants ? La suite nous la connaîtrons en 2009, au moment du pic de la crise.

      Alors merci la droite, et Darcos, avec leurs idées de "libéralisme capitaliste", pas mal de foyers vont passer de sales moments, y compris Noël et 1er de l’an qui auront un goût amère.

      Tout de même, dans l’article je lis "club de l’Horloge" (groupuscule d’extrême droite) et Opus déï (tout sauf enfants de choeur) et "une école unique". Alors pourquoi Darcos s’entête à vouloir instaurer une "école unique" (pour une "pensée unique" dans son rêve ultra-libéral ? Bizarre, bizarre !) ? Qu’est-ce qu’il gagne au change ou au service qu’il rend à des "forces obscures" ? Il y a quoi derrière ? Du fric ? Des adresses ? Un réseau renforcé ? Ou QUOI d’autre ???

      Quand on aura répondu à ces questions, le paysage s’éclaircira pour beaucoup de parents et beaucoup risquent de se retrouver le cul par terre.

  • ils ont voté SARKOZY, le voila le résultat. LES FAMILLES AVEC DE NOMBREUX ENFANTS SCOLARISE EN PRIMAIRE OU EN COLLEGE, PAYENT LES FOURNITURES LES COOPERATIVES LES ASSURANCES SCOLAIRES ET POUR UNE ECOLE PUBLIC. CELA EST TROP CHERE POUR UN SALAIRE A LA MAISON.

  • Agissons !
    je suis pour la rétention de note de bac. Nous devons s’allier et durcir nos actions. Une grève d’un jour c’est gentillet et on sucite du mépris. Plus question de laisser mon salaire à sarko jusqu’à la fin de l’année. Nous avons le pouvoir des notes, pourquoi ne pas l’utiliser et expliquer au parents le sens de notre colère. Il serait en effet grand temps de se réveiller.

  • Choqué par l’article qui attaque sans connaître le fonctionnement de l’école privée hors les grandes écoles urbaines : (Dans mon secteur la mensualité est aux alentour de 15 euros...)
    1/ les supressions de postes sont aussi nombreuses dans le public que dans le privé sous contrat au prorata du 80% Public 20% privé
    2/ Notre contrat d’association dans mon établissement ne nous permet de financer que 70% de notre fonctionnement !!!
    3/ Nous ne proposons qu’une heure de catéchèse par semaine (loin des deux heures par jour....)
    4/ Nous galèrons largement autant que nos collègues du public car en plus les conseillers pédagogiques, les rased, les psychologues scolaires, les médecins scolaires n’interviennent pas dans nos écoles. Et les libertés que nous avons sont autant de responsabilités à endosser...
    5/ Le statut des maîtres du privé est loin d’être enviable (retraites, cotisation...)

    En lisant ces qq lignes, je me dis que not Xavier a bien gagné...Divisé pour mieux régner !

    • Je m’en vais répondre à Jaco qui a été choqué par l’article que j’avais distribué à mes collègues et qui se retrouve sur le net. Il pense que je ne connais que les écoles privées urbaines et s’interroge sur 5 points. On peut revenir sur chacun d’eux, car il semble bien que Jaco n’envisage le problème que par le petit bout de la lorgnette :

      Déjà Jaco parle de 15€ mensuel de cotisation des familles. D’après La Croix, qu’on ne peut guère soupçonner d’être d’obédience marxiste, les familles françaises payent entre 280€ et 1500€ par an et par enfant scolarisé en enseignement catholique. Ce qui est vrai dans l’école de Jaco ne fait pas force de loi : il est surprenant qu’on puisse encore raisonner sur des sujets aussi complexes à partir de son propre microcosme. Mais venons en aux cinq contre-vérités qu’il nous propose :

      1. Jaco affirme qu’il y a autant de suppressions de poste en privé qu’en public. Là encore, ses sources sont erronées. En réalité, il suffit de prendre une calculette : le budget 2009 a confirmé la suppression de 13.500 postes dont 12.600 suppressions au total dans le public et … 900 dans le privé : le rapport est donc de 94% contre 6% : on est loin du 80% / 20%. Même chose pour la rentrée 2008 avec 11 200 postes supprimés dont 9 800 pour le public… Le rapport qui pour l’instant avait été respecté dans des fourchettes acceptables, ne l’est plus du tout depuis quelques années.

      2. Jaco s’exclame, à grand renforts de points d’exclamation, que l’argent public ne finance « que » 70% de son établissement privé. Cela laisse déjà songeur. Il oublie de préciser que tous les enseignants sont payés par l’Etat. Savez-vous également que pour les crédits de fonctionnement, le financement public concerne obligatoirement : l’entretien des locaux, le chauffage, l’eau, l’électricité, le nettoyage, les fournitures, les cours de récréation et salles de sport, les contrats de maintenance, les assurances, le matériel collectif, le matériel informatique et les abonnements internet, les intervenants extérieurs, les agents, les transports, les frais de gestion, les équipements… La liste n’étant pas exhaustive, et on ne voit guère ce qui peut rester, à part l’investissement et la catéchèse. Quel patron d’une boîte privée ne rêverait qu’on lui paye non seulement les salaires de ses employés, mais également ses crédits de fonctionnement ? Privé, vous avez dit ?

      3. Pour la catéchèse, il y a une nuance entre avoir la possibilité de faire 2 heures par jour et les faire concrètement. Jaco semble ignorer le Décret n°2008-263 du 14 mars 2008, article 15 : les écoles religieuses peuvent en effet dispenser leur enseignement catholique (95% des écoles privées) durant le temps scolaire et ne sont plus tenues de respecter les horaires préconisés par l’Education Nationale, ni même se faire contrôler ou présenter l’emploi du temps des matières enseignées. Ainsi, elles peuvent désormais dispenser leurs cours d’éducation religieuse quand elles veulent et pendant autant d’heures qu’elles le souhaitent en introduisant dans le temps qui était normalement prévu à l’enseignement scolaire, des « activités spirituelles », type prière ou catéchisme par exemple. L’essence même de la loi Debré de 1959 était du donnant-donnant : l’Etat s’engageait à financer les écoles privées par le biais des contrats d’associations, mais à la condition de suivre les mêmes règles et programmes que les écoles publiques. Le décret de mars 2008 a conservé l’argent du beurre, mais a permis à nouveau la liberté de l’enseignement religieux. Comment ne pas s’offusquer devant ce revirement éhonté ?

      4. Que les enseignants du privé galèrent aussi, j’en suis également persuadé. Par contre, il ne faut pas asséner des contre-vérités : les écoles privées bénéficient de tout un arsenal d’aide aux élèves en difficulté (voire par exemple le listing établi par http://sitecoles.formiris.org/document/les-structures-et-les-dispositifs-a-s-h/rased/598) et les conseillers pédagogiques diocésains interviennent bien dans les écoles privées. Il est vrai cependant que depuis la rentrée 2008 en particulier, la médecine scolaire n’intervient plus guère en privé, car à l’origine ce n’est pas du ressort de l’Etat. Mais au-delà de ces précisions n’est-ce pas une preuve supplémentaire que ce n’est pas aux diocèses de dispenser l’éducation : étant donné que l’école dite privée ne peut plus satisfaire sa mission sans l’argent public, n’est-il pas temps de cesser cette hypocrisie et de rendre toute l’Education une bonne fois pour toute « nationale » ?

      5. Que le statut des maîtres du privé soit loin d’être enviable, pourquoi pas, même si c’est surtout vrai en contrat simple. C’est pourquoi j’en reviens aux mêmes conclusions qu’au point n°4.

      Le coup du « Diviser pour régner » est bien plus subtil que Jaco ne le laisse croire. Ce n’est pas en se cachant derrière un « Tout va bien madame la marquise » qu’on va faire avancer le schmilblick. Il faut regarder la réalité en face et prendre acte que nos dirigeants entendent privatiser l’Education nationale en faisant toujours plus de cadeaux à l’enseignement privé. La lecture de « Main basse sur l’école publique » est à ce propos sans équivoque. Loin de moi l’idée de se diviser, bien au contraire : mon seul souhait reste qu’il n’y ait qu’un statut pour les enseignants, et qu’une seule école égale pour tous : gratuite, obligatoire et laïque.

      Mais le plus navrant dans la réponse de notre collègue Jaco est qu’il reste sur la défensive, bloque sa lorgnette sur son pré carré qu’est son école privée, alors qu’il ne réagit pas sur l’essentiel : le démantèlement de l’Education nationale. Je ne pense pas qu’une telle vision des choses nous fasse avancer.

      A bon entendeur