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Angleterre : La prison commence là où finit le droit d’asile

Publie le samedi 13 décembre 2008 par Open-Publishing

Mélange des genres et privatisation dans les centres de rétention anglais : La prison commence là où finit le droit d’asile

The Guardian (12/12/2008) :

« Selon un rapport de l’Inspection anglaise des prisons, les conditions de vie se sont significativement détériorées au centre de rétention d’Oakington. La moitié des détenus déclare ne pas s’y sentir en sécurité. On y observe également une augmentation du recours à la force par le personnel. »

NdT : Le centre de rétention d’Oakington est célèbre : Inauguré en 2000 à partir d’anciens baraquements de la RAF, il était censé pouvoir traiter chaque demande d’asile en 7 jours.

« Publié aujourd’hui, le rapport souligne que le centre d’Oakington est en totale dérive et ne remplit plus son rôle, ceci étant particulièrement patent au niveau des questions de sécurité et de respect des personnes.

Les relations entre le personnel privé du centre et les 328 détenus se sont détériorées au point qu’elles sont significativement pires que dans n’importe quel autre centre de rétention. Le rapport note que la direction et le personnel se soucient si peu des individus dont ils ont la charge qu’ils ne savaient même pas qu’ils détenaient un Chinois depuis bientôt deux ans.

Le centre d’Oakington a considérablement changé depuis sa création. Aujourd’hui, il ne détient plus que des hommes, certains pour de longues périodes, tous dans la perspective d’être explusés un jour ou l’autre. Du fait qu’une menace de fermeture a plané sur le centre pendant quatre ans, la plupart du personnel est temporaire.

« Ces conditions ne sont pas propices à l’émergence d’un environnement stable, sécurisant et positif », note le rapport. « En 2005, un tiers des détenus déclarait ne pas se sentir en sécurité. Aujourd’hui, c’est la moitié. En 2004, 94% des détenus disaient être traités avec respect par la plupart du personnel (…) contre 60% aujourd’hui. Cette baisse est significative. »

Une des causes du sentiment d’insécurité est le fait que les dortoirs sont très peu surveillés alors que s’y trouvent enfermés sans distinction des migrants déboutés du droit d’asile ET des étrangers en instance d’expulsion parce que légalement condamnés par leur pays.

L’usage de la force est aussi en augmentation dans ce centre dont la direction a été confiée à la société de sécurité privée « Global Solutions Ltd » : De 53 incidents répertoriés l’an dernier, on est passé à 34 pour le seul premier semestre 2008. En 2007, il y a eu 328 mises à l’isolement pour infraction au règlement contre 220 pour le seul premier semestre 2008.

« Cette inspection a été décevante. L’établissement en question semble avoir perdu tout repère », conclut le rapport qui demande à son autorité de tutelle (UK Border Agency) de ne pas tarder à prendre les décisions appropriées.

L’autorité a répondu qu’elle prenait acte des recommandations issues de l’inspection : « Nous sommes extrêmement soucieux du bien-être de nos détenus. Les centres de rétention jouent un rôle vital dans l’application des lois sur l’immigration et nous sommes déterminés à nous assurer qu’ils sont gérés de manière efficace, saine et en toute sécurité. »

http://www.guardian.co.uk/uk/2008/d...