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Une fraude à la mesure d’un roi : Israël, le sionisme et la falsification des propos de Martin Luthe

Publie le dimanche 20 juin 2004 par Open-Publishing

par Tim Wise, Zmag, 20 janvier 2003.

Titre original : Fraud Fit For A King : Israel, Zionism, And The Misuse Of Mlk. Source : http://www.zmag.org/Sustainers/Content/2003-01/20wise.cfm

Traduit de l’anglais par MC pour Quibla : http://quibla.net/

Tim Wise est le directeur de l’Association pour une éducation blanche antiraciste (Association for White Anti-Racist Education -AWARE) à Nashville, Tennessee. Il est conférencier et auteur de textes, publiés notamment par le magazine online Zmag. Il se consacre au combat contre les discriminations racistes et sexuelles et contre les inégalités sociales entre riches et pauvres. Il a été qualifié d’« extrémiste de gauche » par l’extrémiste de droite David Duke, un membre du Klu Klux Klan a déploré son « look aryen trompeur » et l’auteur de droite Dinesh D’Souza l’a défini comme « l’Oncle Tom de la race blanche ». Tim Wise, qui est juif, a publié l’article ci-dessous dans Zmag, la publication online de Z magazine, le 20 janvier 2003.

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« La justice est conscience. Non pas une conscience personnelle, mais la conscience de toute l’humanité. Ceux qui reconnaissent avec clarté la voix de leur propre conscience reconnaissent généralement la voix de la justice. »
Alexandre Soljenitsine

Il est rare qu’on me considère insuffisamment cynique. Vivant de l’action antiraciste, j’entends toutes sortes d’excuses de la part de ceux qui tentent désespérément d’éviter d’être pris pour des racistes, rien ne m’étonne. Je m’attends à ce que les gens sortent de gros mensonges, lorsqu’il est question de races ; à ce qu’ils me disent combien ils ont d’amis noirs ; à ce qu’ils jurent n’avoir pas un seul os raciste dans leur organisme. Et tous les ans, au mois de janvier, à l’approche de la date jubilaire de Martin Luther King Jr., je m’attends à ce que quelqu’un déforme les propos du bon docteur afin de faire la promotion d’un agenda (politique) que celui-ci n’aurait sans doute pas soutenu. Ainsi, il y a longtemps que je ne participe plus au rassemblement de gogos qui utilisent la tirade de King affirmant qu’ils sont « heureux de leur nature », et qui remonte à la marche de 1963 à Washington afin d’attaquer la discrimination positive, au motif que King préférait la simple « cécité à la couleur (de la peau) ».

Le fait que King ait effectivement soutenu les efforts allant dans le sens de ce que nous appelons aujourd’hui la discrimination positive (affirmative action) ­ avec même des milliards de dollars demandés en réparation de l’esclavage et de la ségrégation ­ comme je l’ai montré dans un précédent article, ce fait importe peu à ces gens-là. Ils n’ont jamais lu les écrits de King, et ils n’ont prêté attention, tout au plus, qu’à des phrases sorties d’un discours : aussi à quoi pouvons-nous nous attendre de la part des simplistes prétentieux que sont ces gens-là ? Et néanmoins, mon certificat de cynisme ayant été rappelé, la seule chose à laquelle je n’aurais jamais pu m’attendre, de la part de quiconque, c’est que l’on vienne inventer une citation de King ; une citation qu’il n’a, tout simplement, jamais faite, et prétendre qu’elle provient d’une lettre qu’il n’a jamais écrit, et qui aurait été publiée dans un recueil de ses essais qui n’a jamais existé. Franchement, un tel niveau de tromperie est vraiment quelque chose de spécial ? ! ?

Le faux auquel je fais allusion circule actuellement sur Internet : il prétend prouver le soutien indéfectible de MLK au sionisme. Même, cela va plus loin encore.
Dans l’article en cause, intitulé « Lettre à un ami antisioniste », MLK affirmerait que critiquer le sionisme équivaut à de l’antisémitisme, et il ferait un rapprochement entre ceux qui critiquent le nationalisme juif tel qu’incarné par Israël, et ceux qui entendent fouler aux pieds les droits des noirs. C’est fort de café, c’est le moins qu’on puisse dire, et c’est de la merde à 100 %, comme tout enquêteur amateur pourra le vérifier, s’il en a envie. Mais, bien entendu, on ne saurait attendre du genre de personnes qui diffusent une idéologie qui a entraîné l’expulsion de trois quarts de million de Palestiniens de leurs terres, et qui a couvert cette atrocité par le mensonge, en affirmant que, de toute manière, ces personnes, les Palestiniens, n’ont jamais existé (comme l’illustre la tristement célèbre sortie de Golda Meir) qu’ils évaluent la vérité à un prix très élevé. J’ai appris cela très directement, et durement, récemment, lorsque la Fédération juive de la ville de Des Moines a réussi à m’évincer des festivités de cette ville en l’honneur de MLK : je devais prononcer deux discours au nom de la Conférence Nationale Pour la Communauté et la Justice [National Conference of Community and Justice ­ NCCJ].

Parce que je critique Israël ­ et parce qu’en tant que juif, je suis connu pour m’opposer au sionisme du point de vue philosophique ­ le shtetl de Des Moines a décidé que je n’étais pas l’orateur convenable pour une célébration de la mémoire de MLK. Après avoir fait circuler la prétendue citation de MLK, et après avoir menacé de couper tout subside de la communauté juive à de futures manifestations de la NCCJ, j’ai été ostracisé. L’attaque, bien entendu, était basée sur une distorsion de mes propres convictions, également. Le responsable de la Fédération, Mark Finkelstein, a prétendu que j’avais fait preuve de négligence pour le bien-être des juifs, en dépit du fait que mon argumentation, depuis fort longtemps, consiste à dire que le sionisme a eu pour effet de rendre les juifs du monde entier beaucoup moins en sécurité que jamais. Mais c’est sa duplicité quant aux opinions de MLK qui m’a le plus dérangé. Bien que Finkelstein n’ait cité qu’une seule ligne de la prétendue « lettre » de MLK sur le sionisme, il l’a tirée d’un texte plus long qui semble avoir pour scripteur le rabbin Marc Schneier, qui la cite en partie dans son ouvrage publié en 1999 : Shared Dreams : Martin Luther King Jr. and the Jewish Community [Rêves partagés : Martin Luther King Jr. et la communauté juive]. On y trouve une rhétorique de mirliton telle ce qui suit :

« Voilà ce que je pense : laissez la vérité tomber en cascade du haut de la montagne, laissez-la résonner dans les vallées de la verdoyante terre de Dieu.

Lorsque les gens critiquent le sionisme, ils veulent dire en réalité les juifs ­ c’est la vérité de Dieu toute pure ». La lettre était, par ailleurs, remplie de fautes de grammaire que tout lecteur à demi-cultivé des ¦uvres de MLK auraient trouvées étrangères à son style et à sa manière d’écrire, du genre : « L’antisioniste est antisémite de manière inhérente, et il le sera toujours. » Le traité, est-il affirmé, aurait été publié à la page 76 du numéro d’août 1967 de la Saturday Review (Revue du Samedi), et elle pourrait figurer, aussi, prétendument, dans l’anthologie des oeuvres de King intitulée : This I Believe : Selections from the Writings of Dr. Martin Luther King Jr.. [Ce que je crois : morceaux choisis des écrits du Dr. Martin Luther King Jr.].

Que les plaignants n’aient jamais indiqué l’éditeur de cette anthologie aurait dû représenter un indice évident de l’impossibilité qu’elle fût authentique, ce qu’elle n’est évidemment pas. Le livre n’existe pas. Quant à la Saturday Review, elle n’a existé qu’en quatre livraisons, en août 1967.. Deux de ces quatre numéros, seulement, comportent une page 76. Une des deux pages 76 comporte des petites annonces et l’autre comporte une critique de l’album des Beatles paru sous le titre « Sergeant Pepper ». Pas plus de lettre de MLK que de beurre en branche.

Néanmoins, son caractère inauthentique n’a pas empêché ce texte de connaître une longue vie. Non seulement il apparaît comme champignon après la pluie dans le bouquin de Schneier, mais des extraits en ont été lus par Michael Salbert, de l’Anti-Defamation League, lors d’un témoignage devant une Sous-Commission de la Chambre, en juillet 2001, et toutes sortes de groupes pro-israéliens (depuis les sionistes traditionnels jusqu’aux Likoudiens d’extrême-droite, jusqu’aux chrétiens qui prônent l’envoi d’un maximum de juifs en Israël afin d’accélérer le retour de Jésus) ont utilisé ce texte sur leurs sites ouèbe.

En réalité, MLK semble ne jamais avoir fait la moindre déclaration publique au sujet du sionisme ; et la seule déclaration que l’on connaisse de lui sur ce sujet a été faite en privé, devant une poignée de témoins. Elle est très éloignée de ce qu’il est censé avoir dit dans la soi-disant « Lettre à un ami antisioniste ».

En 1968, d’après Seymour Martin Lipset, King était à Boston, et il assista à un dîner à l’Université de Cambridge avec Lipset lui-même et un certain nombre d’étudiants de couleur. Après le dîner, un jeune homme fit apparemment une remarque très agressive attaquant les sionistes en tant que personnes, ce à quoi MLK répondit : « Ne parlez pas comme ça. Lorsque les gens critiquent les sionistes, ils visent (en réalité) les juifs. Vous tenez là des propos antisémites. » A supposer que cette citation fût authentique, elle est encore très loin de l’adhésion idéologique au sionisme en tant que théorie politique à appliquer sur le terrain, comme tente de le donner à accroire la « lettre », qui est un faux.

Après tout, répondre à une affirmation agressive au sujet de personnes sionistes par l’avertissement que ce type de langage sert ordinairement de couverture à un parti pris anti-juif est compréhensible. Mieux : ce commentaire était sans doute judicieux, dans bien des cas, en 1968. Il s’agit de l’affirmation d’une opinion au sujet de ce que pensent réellement les gens lorsqu’ils affirment telle ou telle chose. Ce n’est en aucun cas une déclaration portant sur la validité intrinsèque ou la perfidie d’une vision du monde quelle qu’elle soit, ni de ses effets concrets.
De la même manière, examinons le dualisme analogique suivant : tout d’abord, « s’opposer aux programmes d’aide sociale est dans tout les cas une attitude raciste », ensuite : « lorsque les gens critiquent les bénéficiaires d’aide sociale, ils visent en particulier les noirs. C’est du racisme. »

Alors que la seconde affirmation peut être vraie ­ et des études tendraient à suggérer que c’est bien le cas ­ la première est question de conviction idéologique, largement improuvable, et par conséquent plus tendancieuse que la seconde. Quoi qu’il en soit, comme dans le cas des citations de MLK ­ tant fausses qu’authentiques ­ la vérité de la seconde ne nous dit rien sur l’authenticité ou la fausseté de la première.

Ainsi, oui, c’est vrai, MLK fut très prompt à rabrouer une personne qui venait d’exprimer son hostilité pour les sionistes en tant que personnes. Mais il n’a pas prétendu que l’opposition au sionisme était une attitude intrinsèquement antisémite. Quant aux personnes qui, aujourd’hui, critiquent le sionisme et, comme moi, sont juives, penser que nous entendons en réalité attaquer les juifs, en tant que juifs, lorsque nous dénonçons Israël et le sionisme est totalement absurde.

Quant à la position publique de MLK sur Israël, elle était fort limitée et elle était loin de représenter une pierre angulaire de sa vision du monde. Au cours d’une réunion avec des dirigeants juifs, quelques semaines avant son assassinat, MLK observa que la paix, pour les Israéliens, comme pour les Arabes, était une préoccupation majeure. Pour MLK, « la paix, pour Israël, cela voulait dire la sécurité, et nous devons tout faire afin de protéger son droit à l’existence, et son intégrité territoriale. »

Mais une telle déclaration ne nous dit rien sur la manière dont Israël devrait être constitué, et elle ne nous apprend rien sur les Palestiniens, dont les vies et les défis qu’ils avaient à relever étaient loin d’encombrer les radars de l’information mondiale, en 1968.

A l’époque, le principal sujet de préoccupation d’Israël était l’hostilité de l’Égypte ; et, bien entendu, tout le monde admettrait que tout pays a le droit de n’être pas attaqué par un voisin. LesUSA avaient le droit de ne pas être attaqués par l’URSS, eux aussi ­ comme King en aurait sans aucun doute convenu, affirmant, du même coup, le droit des USA à exister. Mais y aurait-il quelqu’un pour affirmer qu’un sentiment de cette nature aurait impliqué le droit des USA à exister dans la forme qui était la leur, disons, en 1957 ou en 1961, au temps de la ségrégation raciale ? Bien sûr que non !

Idem pour Israël. Son droit à l’existence, au sens où il ne doit pas être détruit violemment par des forces hostiles ne signifie nullement qu’il ait le droit à exister en tant qu’État juif en tant que tel, par opposition à l’État de tous ses citoyens. Cela ne signifie nullement qu’il ait droit à des lois qui confèrent des privilèges spéciaux aux juifs du monde entier, au détriment des indigènes arabes.

Il convient aussi de noter que, dans le paragraphe même où MLK réaffirmait son soutien au droit à l’existence d’Israël, il affirmait l’importance qu’il y avait à apporter une aide publique massive aux Arabes du Moyen-Orient, sous la forme d’un Plan Marshall, afin de lutter contre la pauvreté et le désespoir, qui conduisent trop souvent à l’hostilité et à la violence envers les juifs israéliens.

De manière éloquente, ce passage de la définition de la position de MLK est ignorée par la communauté juive organisée, même si elle est au moins aussi importante que sa position sur l’intégrité territoriale d’Israël.

Quant à ce que MLK aurait à nous dire, aujourd’hui, sur Israël, le sionisme et la lutte des Palestiniens, on ne peut que se perdre en conjectures. Après tout, il est mort avant que la tragédie de l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza n’ait pu connaître tout son développement dramatique.

Il est mort avant la conclusion du traité de paix entre l’Égypte et Israël ; avant l’invasion du Liban et les massacres de Sabra et Chatila ; avant l’intifada de 1987 ; avant qu’Israël ait décidé de devenir le supplétif de la politique internationale des USAs, en servant d’intermédiaire pour des trafics d’armes en direction des gouvernements d’Afrique du Sud, du Guatemala, ou en aidant à armer des tueurs terroristes au Mozambique, et les contras du NicaraguaŠ

Il est mort avant la prolifération des colonies illégales dans l’ensemble des territoires occupés ; avant la vague d’attentats suicides ­ homicides ; avant les sondages montrant que près de la moitié des juifs israéliens sont favorables au nettoyage ethnique des Palestiniens au moyen de leur « transfert » dans des pays voisins.

Mais une chose est sûre : si MLK aurait sans doute condamné sans ambages la violence palestinienne contre des civils innocents, il aurait aussi condamné la violence d’État d’Israël.

Il aurait condamné les attaques au moyen de missiles contre des quartiers d’habitations entiers, afin d’éliminer une poignée de terroristes recherchés.

Il se serait opposé à ce qu’on remette des mitraillettes à des fanatiques religieux originaires de Brooklyn, qui sont allés dans les territoires proclamer leur droit divin à la terre, et le droit à chasser les Arabes de leurs quartiers, ou de les maintenir derrière des barrières, et de perpétrer à leur encontre une multitude de discriminations diverses.

Il aurait protesté contre le partage inique de l’eau entre les juifs et les Arabes, qui est une véritable politique israélienne délibérée. Il aurait protesté contre les barrages routiers dégradants que les ouvriers palestiniens doivent franchir jour après jour pour aller au travail ou rentrer chez eux, après une longue et harassante journée de labeur.

Il aurait dénoncé la politique qui permet aux officiers de l’armée israélienne de tuer des enfants qui lancent seulement des pierres, dès l’âge de douze ans.
En d’autres termes, il aurait très vraisemblablement critiqué les manifestations du sionisme sur le terrain, tel qu’il s’est inscrit dans le monde réel, par opposition au monde de la théorie et de la spéculation intellectuelle.

Ces choses semblent évidentes dès lors qu’on part d’une lecture honnête de ses ¦uvres ou de l’examen de sa biographie. Il serait un courtier de paix. Et c’est une tragédie, qu’au lieu de King lui-même, nous soyons embarrassés de charlatans tels ceux de l’Anti-Defamation League, ou de la Fédération juive de Des Moines, ou de rabbins comme un Marc Shneier, qui ne daigne jamais parler des propos authentiques de Martin Luther King, d’une voix qui ne serait pas la sienne propre.
Adresse électronique de Tim Wise : timjwise@msn..com

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Le texte de la fausse « Lettre à mon ami antisioniste » attribuée à Martin Luther King Junior

Voici le texte de la "lettre" publiée sur de nombreux sites web francophones et attribuée à tort à ML King.

Extrait de M.L. King Jr., "Letter to an Anti-Zionist Friend- Août 1967

« ...Tu déclares, mon ami, que tu ne hais pas les Juifs, que tu es seulement antisioniste. A cela je dis, que la vérité sonne du sommet de la haute montagne, que ses échos résonnent dans les vallées vertes de la terre de Dieu : Quand des gens critiquent le sionisme, ils pensent Juifs, et ceci est la vérité même de Dieu. " L’antisémitisme, la haine envers le peuple juif, a été et reste une tache sur l’âme de l’humanité. Nous sommes pleinement d’accord sur ce point. Alors sache aussi cela : antisioniste signifie de manière inhérente antisémite, et il en sera toujours ainsi.

Pourquoi en est-il ainsi ? Tu sais que le Sionisme n’est rien moins que le rêve et l’idéal du peuple juif de retourner vivre sur sa propre terre. Le peuple juif, nous disent les Ecritures, vécut en union florissante sur la Terre Sainte, sa patrie. Ils en furent expulsés par le tyran de Rome, les mêmes Romains qui assassinèrent si cruellement Notre Seigneur. Chassé de sa patrie, sa nation en cendres, le peuple juif fut forcé d’errer sur le globe. Encore et encore, le peuple juif souffrit aux mains de chaque tyran qui vint à régner sur lui.

"Le peuple noir, sait, mon ami, ce que signifie souffrir les tourments de la tyrannie, sous un joug que l’on n’a pas choisi. Nos frères en Afrique ont supplié, plaidé, demandé, EXIGÉ la reconnaissance et la réalisation de leur droit naturel de vivre en paix sous leur propre souveraineté, dans leur propre pays. Pour quiconque chérit ce droit inaliénable de toute l’humanité, il devrait être si facile de comprendre, de soutenir le droit du Peuple Juif à vivre sur l’antique Terre d’Israël. Tous les hommes de bonne volonté se réjouiront de la réalisation de la promesse de dieu, que son Peuple retourne dans la joie sur la terre qui lui a été volée. C’est cela le Sionisme, rien de plus, rien de moins.

Et qu’est l’antisionisme ? C’est le déni au peuple juif d’un droit fondamental que nous réclamons à juste titre pour le peuple d’Afrique et accordons librement à toutes les nations de la terre. C’est de la discrimination envers les Juifs, mon ami, parce qu’ils sont Juifs. En un mot, c’est de l’antisémitisme. L’antisémite se réjouit de chaque occasion qui lui est donnée d’exprimer sa malveillance. L’époque a rendu impopulaire, à l’Ouest, de proclamer ouvertement sa haine des Juifs. Ceci étant le cas, l’antisémite doit à chaque fois inventer de nouvelles formes et de nouveaux forums pour son poison. Combien il doit se réjouir de la nouvelle mascarade ! Il ne hait pas les Juifs, il est seulement antisioniste.

Mon ami, je ne t’accuse pas d’antisémitisme délibéré. Je sais que tu ressens, comme je le fais, un profond amour pour la vérité et la justice, et une révulsion envers le racisme, les préjugés, la discrimination. Mais je sais que tu as été trompé, comme d’autres l’ont été, en te faisant croire que tu pouvais être antisioniste tout en restant fidèle aux principes que nous partageons toi et moi du fond du coeur. Que mes paroles sonnent dans les profondeurs de ton âme : quand les gens critiquent le sionisme, ne te trompe pas, ils pensent les Juifs. »

« Extrait de M.L. King Jr., "Letter to an Anti-Zionist Friend," ­ Saturday Review - XLVII (Aug. 1967), p. 76. Reprinted in M.L. King Jr., This I Believe:Selections from the Writings of Dr. Martin Luther King Jr. »