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Communiqué commun des syndicats de la psychiatrie publique

Publie le mercredi 24 décembre 2008 par Open-Publishing
7 commentaires

Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux

Joyeux Noel et bonne année !

Réaction au discours présidentiel d’Antony : communiqué commun des syndicats de la psychiatrie publique

Syndicat des Psychiatres d’Exercice Public (SPEP-IDEPP)
Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux [SPH]

Syndicat des Psychiatres de Secteur (SPS-IDEPP)

Union Syndicale de la Psychiatrie [USP]

Jusqu’à ce mardi 2 décembre 2008, la psychiatrie publique pouvait être fière du formidable outil de prise en charge qu’elle avait développé en 40 ans de politique de secteur, ouverte hors des murs des asiles pour les 1,2 million par an de personnes qui font appel à elle. Malgré les difficultés liées à l’augmentation constante de son activité et de ses missions, alors que ses moyens étaient toujours revus à la baisse, elle s’attachait à garantir plus de 85% de ses soins de manière ambulatoire. Elle proposait pour l’immense majorité de ses 600.000 admissions annuelles des hospitalisations libres de courte durée.

Elle s’évertuait à répondre au mieux aux besoins de la population en terme de prévention, dépistage des troubles, soins et réinsertion sociale. Le défi pour les prochaines années était donc bien de relancer et d’actualiser ce remarquable réseau ville-hôpital qu’est le secteur psychiatrique. Et, en installant récemment la Mission Couty, la Ministre de la santé ne semblait pas avoir d’autre objectif. La première visite d’un chef d’Etat dans un hôpital psychiatrique aurait pu être l’occasion de se féliciter d’une telle marque d’intérêt pour cette discipline complexe et trop souvent négligée. Il n’en fut rien, bien au contraire.

Car ce mardi 2 décembre 2008 a signé une rupture. En quelques mots prononcés par le plus haut responsable de l’Etat, voilà la psychiatrie en procès de légèreté, les personnels soignants accusés de se cacher derrière la fatalité, coupables d’un angélisme idéologique qui les mettrait systématiquement du côté des patients, contre les familles et la société.

Avec une nouvelle fois la confusion entre dangerosité et maladie mentale, par cette volonté affichée de réduire le champ de la psychiatrie aux seules hospitalisations d’office, c’est-à-dire à 2% de l’ensemble des hospitalisations en psychiatrie (et non 13% comme l’affirmait le Président). Avec pour solutions des dispositifs techniques de surveillance, des nouveaux lieux d’enfermement sécurisés, et une complexification des procédures de levée des hospitalisations d’office pour lesquelles l’accent menaçant mis sur la responsabilité accrue du représentant de l’Etat conduira inéluctablement au maintien en rétention administrative de personnes jugées médicalement aptes à la sortie.

Tout cela sans aucun renfort en personnels formés ni moyen financier pour continuer à humaniser les lieux d’accueil et de soins pour toutes les personnes ou leurs familles qui peuvent ou pourront être touchées par des troubles psychiatriques au cours de leur vie.

Pourtant, c’est au quotidien que les personnels soignants prennent leurs responsabilités, autant quand ils doivent gérer eux-mêmes les situations de violence qui peuvent effectivement émailler le parcours d’un patient, que lorsqu’ils se questionnent sur la portée thérapeutique des mesures privatives de liberté. Bien conscients des conséquences sur l’entourage de certains troubles comme du rôle que joue l’environnement sur le développement des symptômes, ils n’excluent jamais les familles et la société de leurs préoccupations.

C’est encore en prenant leurs responsabilités qu’ils sont parvenus en 2006 à un consensus avec les familles de patients et les représentants des usagers pour une réforme de la loi du 27 juin 1990 qui régit le cadre des hospitalisations en psychiatrie. Ce consensus n’a pas encore été pris en compte par les pouvoirs publics, pour une révision qui était pourtant prévue par la loi dès 1995.

C’est aussi pour faire face à toutes les demandes émanant de la société et obtenir des modes de prise en charge capables de répondre à certains besoins que la majorité d’entre eux avaient demandé une augmentation des places en Unités pour Malades Difficiles (UMD) et attendaient l’ouverture promise des Unités d’Hospitalisations Spécialement Aménagées (UHSA) destinées aux détenus atteints de troubles mentaux.

La mission Couty n’a pas encore rendu ses conclusions que le chef de l’état nous propose un virage à 180° pour l’organisation psychiatrique : refermer l’hôpital sur lui-même et renforcer auprès de la population toutes les images d’une psychiatrie carcérale et de rejet, simplement vouée à l’enfermement du fou dangereux. Nous savons par notre pratique combien cette image est un obstacle aux soins nécessaires, et combien elle va s’opposer aux autres missions toutes aussi importantes de la psychiatrie au sein desquelles la prévention n’est pas la moindre : le plan « santé jeunes » lancé en février 2008 n’a-t-il pas soulignée l’importance du suicide dans cette tranche d’âge ?

Nous demandons solennellement que l’actualité dramatique ne soit pas prétexte à des mesures sécuritaires inadaptées et ignorantes des vrais besoins de la population. Si le drame de St Egrève après celui de Pau doit susciter de légitimes interrogations, il faut que ce soit pour engager des réformes à la hauteur des enjeux : la société fait de plus en plus appel à cette discipline, et pour des motifs qu’il serait bien imprudent de réduire aux seules questions de violence et de dangerosité.

Pour la psychiatrie efficace et de qualité que la population est en droit d’attendre, c’est une rénovation ambitieuse et humaniste qu’il faut engager, avec les personnels, les associations d’usagers et les élus qui ont déjà œuvré ensemble pour faire des propositions dignes de la complexité et du sérieux que réclame notre discipline.

La psychiatrie et la santé mentale dans leur ensemble ne méritent pas et ne pourront s’accommoder de prises de décisions autoritaires et réductrices qui, en plus d’être inefficaces, aboutiraient à une régression inacceptable pour l’organisation, la qualité et l’efficacité des soins comme pour les droits des patients.

Dr Marie NAPOLI

Dr Norbert SKURNIK

Dr Angelo POLI

Dr Pierre FARAGGI

Messages

  • Faites une thèse sur le harcèlement psychologique-sphère privée, vous aurez la réponse à vos questions et les contre-mesures à vos indignations.

  • Les psychiatres ,en ne se "défendant" pas ,n’ont pas défendu la psychiatrie qui est NECESSAIRE,mais quand elle est PSYCHIATRIE ... c’est à dire sérieuse ,au service de ceux qui souffrent (ça ne se "voit" pas forcément)

    "La santé est le bien-être physique et mental"

    Il faut donc des personnes compétentes en Psychiatrie comme en tout exercice MEDICAL ... et il ne suffit pas de s’autoproclamer "thérapeute" ... pour être capable de soigner...(ou d’essayer "en l’état actuel de nos connaissances"). Mais les études sont longues et difficiles,alors ...

    Cet "article" mérite la place d’"edito"...

    PS:mêmes problèmes quant à l’enseignement" !

    • Soigner la tête d’ un mec les 2 pieds dans la merde,ça ne sert quasiment à
      rien,mais...........çà rapporte encore du fric.

      Le problème,c’est que maintenant,ces chers ,très chers docteurs,ils doivent bosser pour le fric qu’ils gagnent.(certains bossent, mais si peu).

      Jusqu’à présent,la condition des patients,des autres soignants ne les dérangeaient pas le moins du monde !!!
      En 20ans,j’en ai vu 2 dans la rue(dont 1, une fois)

      Arrêtez votre cirque !!!! Nous savons que nous ne pouvons compter sur vous pour défendre le service publique de santé.(que ce soit pour la psy ou le reste).

      Les patients le savent aussi,ils nous le disent.

      Mais la branlette.......CA REND SOURD !!!!!!!

      La définition de la santé de l’OMS

      La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.

      La citation bibliographique correcte de cette définition est la suivante :

      Préambule à la Constitution de l’Organisation mondiale de la Santé, tel qu’adopté par la Conférence internationale sur la Santé, New York, 19-22 juin 1946 ; signé le 22 juillet 1946 par les représentants de 61 Etats. 1946 ; (Actes officiels de l’Organisation mondiale de la Santé, n°. 2, p. 100) et entré en vigueur le 7 avril 1948.

      La définition n’a pas été modifiée depuis 1946

      ET OUAIS !!!!!

    • Holà !!! comment peut-on écrire "ça"...même un lendemain de réveillon ?

  • Psychiatrie publique hospitalière :

    Je suis consterné par le décalage entre les problèmes évoqués par les médecins au travers de leurs syndicats et certaines réactions de lecteurs.

    Les problèmes sont sévères pour l’ensemble des hôpitaux dont les H.P.

    Les problèmes se sont peu à peu installés avec la restriction du nombre d’internes en médecine (concours obligé pour les futurs spécialistes) et surtout avec les modifications des modalités de financement des hôpitaux.

    Plutôt que de proférer des banalités caustiques, j’invite mes concitoyens à se renseigner auprès des professionnels de santé car il ne s’agit pas de réactions corporatistes auxquelles nous sommes confrontés mais d’alertes sincères de praticiens qui n’ont plus les moyens en personnel qualifié et en matériel de maintenir la qualité hospitalière que le monde nous enviait il y a 15 ans.

    Pour la psychiatrie il y a en plus à déplorer une pression du gouvernement vers des orientations sécuritaires incompatibles avec l’éthique médicale.

    C’est assez sérieux pour faire l’effort de se renseigner à des sources fiables.

    Tout un chacun peut constater dans des domaines plus faciles à cerner qu’il y a pénurie de rhumatologues, d’ophtalmologistes, de gynécologues ... etc.
    Vous avez tous dans votre entourage des délais de rendez vous lointains pour des personnes qui ont un besoin de consultation.

    Pour la psychiatrie hospitalière c’est un peu plus difficile à constater pour les gens non avertis mais le problème est comparable : s’y ajoutent les orientations sécuritaires sans rapport avec la démarche médicale dont les syndicats tentent d’alerter l’opinion.

    Un jour ou l’autre, vous serez concerné par l’un ou l’autre des problèmes vécus par les différents spécialistes dont je vous parle : alors de grâce, informez vous s.v.p. et déterminez votre attitude en fonction d’informations fiables.

    • Voilà une information,que nous espérons tous, exceptionnelle dans les conditions de soin et de travail de tous les jours à l’hôpital.

      après la mort d’un enfant à Paris
      AP | 25.12.2008 | 22:02
      Une infirmière a été placée en garde à vue après le décès suspect d’un enfant de trois ans à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris, a-t-on appris jeudi de source policière. La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a annoncé que l’infirmière avait "reconnu une erreur", apparemment dans l’administration d’un médicament, selon l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris.

      Pour sa part, le père de l’enfant a dénoncé le comportement du personnel de l’hôpital. "Mon fils est venu pour des amygdales, on me dit qu’il a eu une crise cardiaque !", a-t-il déclaré sur France-3.

      "Il est mort dans mes bras", a raconté le père, avant d’expliquer que, dans l’hôpital, "il n’y avait personne. (...) J’ai fait le tour, il n’y avait pas un seul infirmier. Et quand les infirmiers sont venus, ils ont dit : ’Arrêtez de vous affoler, monsieur, votre fils, il n’a rien’."

      L’identité de l’enfant, de son père et de l’infirmière n’a pas été communiquée.

      La direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris a fait état d’une probable erreur individuelle. "Il semble que le décès soit lié à une erreur dans l’administration du médicament", a déclaré à l’Associated Press le service de communication de l’AP-HP, sans autres précisions.

      "Ce n’est pas un dysfonctionnement lié à l’urgence ou à une absence de vigilance collective. C’est plus apparemment un dysfonctionnement individuel mais l’enquête nous en dira plus", a pour sa part précisé le président suppléant du conseil d’administration de l’AP-HP, Jean-Marie Le Guen.

      Le petit garçon, hospitalisé dans un service de pédiatrie générale, est décédé mercredi peu après 20h, a-t-on expliqué de source policière. L’infirmière a été interpellée par les policiers de la Brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP) et placée en garde à vue.

      "L’infirmière elle-même a reconnu une erreur, elle s’en est tout de suite ouvert d’ailleurs à son chef de service", a confié la ministre de la Santé Roselyne Bachelot. "Depuis 23h hier (mercredi), elle est donc en garde à vue, ce qui est une procédure normale en ces circonstances", a expliqué Mme Bachelot.

      "Il ne me revient pas à ce point de l’affaire d’émettre des conclusions. Il y a donc une triple enquête : une enquête judiciaire", une "enquête qui est mandatée par Assistance publique-Hôpitaux de Paris", et "moi-même, j’ai donc demandé une enquête administrative qui va être menée par la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales de Paris", a-t-elle précisé, évoquant "une erreur tragique" dans le "service de pédiatrie générale" de cet établissement dépendant du groupe hospitalier Cochin-Saint-Vincent-de-Paul (XIVe arrondissement de Paris).

      "Mes premières pensées" vont vers "la famille de ce petit garçon de trois ans" car "on sait vraiment ce que représente la perte d’un enfant, c’est absolument terrible", a souligné Mme Bachelot. D’après la ministre, les parents ont été "pris en charge par l’ensemble du personnel, médecins, psychologues, à l’intérieur de Cochin-Saint-Vincent-de-Paul".

      Pour sa part, l’oncle de l’enfant a souhaité que l’enquête s’étende à tous les responsables potentiels, et pas seulement l’infirmière. "Je ne veux pas de bouc-émissaire, moi, je veux que tous les responsables soient punis", a-t-il déclaré au site Internet du "Parisien". Selon lui, l’infirmière placée en garde à vue n’est sans doute "pas la seule responsable". L’identité de l’oncle n’a pas été communiquée.

      Christophe Prudhomme, de la CGT, a estimé sur France-3 qu’"une infirmière qui fait une erreur et qui reconnaît son erreur, elle ne va pas prendre l’avion pour se sauver à l’étranger", et qu’"on peut l’auditionner dans des conditions (...) acceptables et humaines".

      Le président de l’Association des médecins urgentistes (AMUF) Patrick Pelloux a pour sa part réclamé la démission de Roselyne Bachelot. "L’événement qui vient de se produire est suffisamment grave pour que la ministre en prenne toutes les conséquences et pose sa démission", a déclaré M. Pelloux sur France-Info. AP

  • Faire un constat c’est bien,c’est même nécessaire,mais ils proposent quoi ces syndicats pour la suite à donner ?

    Un appel à participer à la journée du 29 JANVIER,ce serait,à mon avis,une bonne idée.

    LE REBOURSIER