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Justice : il ne fait décidément pas bon s’en prendre à la SNCF

Publie le jeudi 25 décembre 2008 par Open-Publishing

Par Nestor Romero | Ancien enseignant | 25/12/2008 | 16H33

Décidément ils sont devenus fous ! Qui, « ils » ? Les dirigeants de la SNCF, les membres du gouvernement, que sais-je ? Complètement fous !

Ils viennent, ce lundi 22 décembre, de placer trois personnes en garde à vue. Comme il y en avait déjà une, ça fait quatre. Encore des « terroristes » ? Juste de paisibles membres d’une association de défense de la liberté de circuler en train (Bataildurail.com) : Merzouk Sider (président), Jean-Michel Vignot (vice-président), Christophe Schimmel (membre du CA) et Bruno Cambonie (militant). Pourquoi ?

Eh bien voilà, certains riverains se souviennent peut-être, voici bientôt un an et demi que, par centaines, les membres de cette association manifestent toutes les semaines avec le soutien de pratiquement tous les élus du département, le Lot, pour que soient rétablis les quinze arrêts supprimés à Gourdon et Souillac (ligne Paris-Toulouse).

Ils ont d’ailleurs eux-mêmes rétabli certains arrêts « à la demande », il suffit de passer un coup de fil (mode d’emploi sur le site avec une pétition à signer). Dans un premier temps, cinq arrêts ont été rétablis, seulement voilà, les citoyens veulent que tous soient rétablis et alors sont venues les menaces et maintenant la répression.

Il ne faut pas s’y tromper, il ne s’agit pas là d’un rigolot Clochemerle. Il s’agit de la subreptice (ou qui se voudrait telle) mise en place d’une politique planifiée de « démantibulation » progressive des services publics (au même moment, dans la même région, des bureaux de poste sont fermés sans que les élus en soient informés) qui jette sur les routes autocars et camions dont chacun sait combien ils sont respectueux de l’environnement.

Il s’agit d’une politique démente au profit de trains à grande vitesse transportant des voyageurs « qui n’ont pas que ça à faire » et au détriment du petit peuple, du petit personnel de petites gares et de petits trains régionaux qui les desservent (grève en ce moment des contrôleurs TER de la région).

Une politique qui n’a d’autre but que de « moderniser » comme disent ces déments, c’est-à-dire commercialiser, rentabiliser, bref, privatiser.

Pourquoi ? Pour rien. Pour faire du fric, imperturbablement, comme si la catastrophe financière et économique provoquée par tous les faiseurs de fric de la terre n’était en rien significative de cette sorte de « modernité », de ce libéralisme-là qui n’a d’autre rapport avec la liberté que purement lexical et qui exprime ainsi l’essence même de cette « modernité » : le cynisme réactionnaire dont les constituants essentiels sont la compétition exacerbée et toujours meurtrière (au sens propre autant que symbolique) et l’escroquerie idéologique elle-même constituée de ces escroqueries intellectuelles que sont la « valeur travail », le « mérite » et »l’ascenseur social ».

Il se pourrait bien alors que la modernité se trouve plutôt dans les rassemblements de ces centaines de petites gens, de ces citoyens obstinés à rétablir la liberté de circuler pour tous et pas seulement à grande vitesse.

Dernière minute : Importante manifestation lundi soir en gare de Gourdon. Le placement des quatre militants sous contrôle judiciaire réclamé par le ministère public a été refusé par le juge des libertés. Ils comparaîtront cependant le 15 janvier devant le tribunal correctionnel de Cahors. C’est tellement absurde que le ministre Busserau vient de dire que d’autres arrêts seront rétablis.

Quand je vous dis qu’ils deviennent fous…

http://www.rue89.com/restez-assis/2008/12/25/justice-il-ne-fait-decidement-pas-bon-sen-prendre-a-la-sncf