Accueil > Discours pronucléaire au 7/9 de France Inter. SDN Réagit

Discours pronucléaire au 7/9 de France Inter. SDN Réagit

Publie le jeudi 8 janvier 2009 par Open-Publishing

Pic de consommation : propagande

jeudi 8 janvier 2009

Au journal du 7/9 sur France Inter( , nous avons supporté une chronique énergétique digne des scribes phraseurs du temps de la PRAVDA. Le chroniqueur dont je ne citerais pas le nom ici, nous a donné quelques explications des plus contestables à propos des pics de consommation électrique en ce beau pays de France nucléaire.

Stéphane Lhomme porte parole du Réseau Sortir du Nucléaire réagit.

Mercredi 7 janvier 2009, à l’occasion de la vague de froid qui sévit actuellement en France et des pics de consommation électrique qui en découlent, le 7/9 de France inter a une nouvelle fois fait une propagande éhontée en faveur de l’industrie nucléaire.

Ce jour là, pour une fois a-t-on envie de dire, le micro du service public n’était pas mis à la disposition de Mme Lauvergeon (PDG d’Areva), invitée récurrente du 7/9, mais de Dominique Seux, un journaliste pro nucléaire du quotidien les Échos. On se demande bien pourquoi ce monsieur peut s’exprimer ainsi, et sans contradicteur, sur le service public. Pourquoi le Réseau "Sortir du nucléaire" n’a-t-il pas droit lui aussi à une chronique ?

Il faut aussi noter que le journal Les Échos appartient au très "progressiste" Bernard Arnault, PDG de LVMH et ami proche d’un certain… Nicolas Sarkozy, connu pour son militantisme pro nucléaire forcené. Et, comme par hasard, M Seux a profité du service public pour faire… la promotion du nucléaire, utilisant sans honte ni scrupule des arguments absurdes et des données totalement fausses. On peut parler de véritable tromperie.

Étudions un peu cette chronique :

M Seux commence par affirmer, certainement pour éviter que le système "nucléaire + chauffage électrique" ne soit mis en cause, que "La France ne risque pas la grande panne". Pourtant, dans une dépêche du 5 janvier, l’AFP rappelle que « Dans un document publié en octobre, RTE jugeait qu’il existait un "risque modéré de rupture d’approvisionnement" durant la première quinzaine de janvier en cas de "vague de froid intense et durable" . »

Nous sommes justement en pleine vague de froid intense, 56 réacteurs nucléaires sur 58 fonctionnent à plein (alors qu’en moyenne une douzaine sont arrêtés simultanément) : la France électrique risque le grand black-out à chaque instant mais M Seux décide tout seul de l’inverse…

Il décrète aussi que "Les français ne remettent pas en cause le choix du nucléaire" . Mais de quel "choix" s’agit-il ? La politique nucléaire a été décidée en France au début des années 70 par une minorité de gens au pouvoir, qui n’ont consulté ni la population… ni même l’assemblée nationale. Et, depuis 40 ans, la question d’une autre politique énergétique n’est jamais posée à la population : on se demande bien sur quoi M. Seux se base pour faire ses affirmations. Il est vrai que, lorsqu’on lit les articles des Échos sur l’énergie, on n’y trouve, entre les publicités d’Areva et d’EDF, que des articles pro nucléaires.

Le "journaliste" des Échos s’autorise ensuite une énorme contre-vérité : "Le nucléaire assure une grande part de la consommation d’énergie de la France". La vérité est bien différente : malgré un investissement gigantesque pour le construction de 58 réacteurs, le nucléaire ne couvre finalement que 16% de la consommation d’énergie du pays. (Attention : bien noter que 80% de l’électricité française, produits par le nucléaire, ne couvrent au final que 16% de la consommation d’énergie du pays).

M Seux part alors complètement à la dérive : "Comme l’électricité [nucléaire] n’était pas très chère, EDF a fait la promotion du chauffage électrique dans les HLM, les maisons, avec des prix attractifs". Or, dans son édition du 13 octobre 1999, Le Monde écrivait "Le chauffage électrique s’impose peu à peu, malgré un coût de l’énergie parfois supérieur au gaz ou au fioul, grâce à une installation moins onéreuse et un entretien à peu près nul. Ces facteurs compensent, à condition que le logement soit très bien isolé, le prix de l’énergie."

Hélas, comme par hasard, les bâtiments français n’ont jamais été bien isolés et des milliers de ménages modestes - que M Seux n’a certainement jamais croisés ! - ont été poussés au surendettement à cause du chauffage électrique qui reste aujourd’hui encore plus cher que ses concurrents. M Seux reconnaît néanmoins que le chauffage électrique entraîne de forts pics de consommation, face auxquels il fait de "lumineuses" propositions : "importer davantage ou construire de nouvelles centrales nucléaires (EPR), avec un argument assez solide : lorsqu’il y a un pic, les centrales thermiques sont remises en service et dégagent beaucoup de co2".

De toute évidence, la fibre "écologique "de M Seux s’arrête aux émissions de co2 : il n’a donc jamais entendu parler des déchets radioactifs et des autres contaminations et pollutions occasionnées par l’industrie nucléaire (de Tchernobyl à Tricastin…). Par ailleurs, il ne semble pas en capacité de comprendre que, de par son inertie, un parc nucléaire est incapable de répondre aux pointes de consommation : même avec des réacteurs nucléaires supplémentaires, ce seraient toujours des centrales thermiques qui répondraient à ces pics électriques ! C’est l’aveuglement de M Seux qui est "assez solide" .

M Seux fait alors référence pêle-mêle aux énergies renouvelables et à la crise du gaz russe et en conclue mystérieusement : "Tout ceci montre qu’on n’a pas trouvé d’alternative au nucléaire". On n’en a d’autant moins trouvé… qu’elles n’ont pas été recherchées ! Si la France avait isolé correctement ses bâtiments et habitations, et développé les énergies renouvelables, l’alternative serait là : pas de déchets radioactifs, pas de Tricastin, beaucoup moins d’émissions de co2.

La fin de la chronique est, sans surprise, toute productiviste et pro nucléaire : "Ne rêvons pas trop : imaginons qu’il y aura un million de véhicules électriques dans 10 ans en France : cela consommera la production d’un réacteur nucléaire EPR". M Seux n’a bien sûr jamais envisagé que les batteries de tels véhicules soient rechargées avec des énergies renouvelables : il lui faut de nouveaux réacteurs nucléaires. Il prépare en cela le terrain pour son mentor Sarkozy qui, fin janvier, va annoncer… un plan de développement des voitures électriques, couplées à de nouveaux réacteurs nucléaires. Amusant.

Conclusion :

Le plus choquant dans cette affaire n’est pas que M Seux fasse la promotion des idées "lumineuses" de son patron Bernard Arnault et de son maître à "penser" Sarkozy. Non, ce qui est le plus insupportable, c’est que l’antenne de France inter, c’est-à-dire du service public, soit offerte à ce triste sire, qui plus est sans le moindre contradicteur pour faire entendre un autre son de cloche et rectifier les nombreux mensonges infligés aux auditeurs.

Stéphane Lhomme

Mine d’uranium au Niger, Indépendance ou colonialisme débridé ? (120.8 ko)