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Israël est une puissance nucléaire. Il possède des armes de destruction massive

Publie le mardi 6 juillet 2004 par Open-Publishing

Le patron de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) est attendu mardi 6 juillet 2004 en Israël, où il devrait chercher à convaincre l’Etat hébreu de reconnaître enfin ce qui n’est plus depuis longtemps un secret pour personne : le fait qu’Israël dispose bien de l’arme nucléaire, ou à tout le moins des capacités pour la fabriquer.

La politique constante d’Israël est de ne jamais démentir ni confirmer quoi que ce soit sur le sujet, et Mohammed ElBaradei devrait avoir du mal à obtenir autre chose en deux jours de visit : la presse israélienne affirme qu’aucune révision de la doctrine n’est à attendre. D’autant que cette visite intervient à l’heure où l’Iran, grand ennemi de l’Etat hébreu, est sur la sellette pour chercher à se doter de l’arme nucléaire.

Le patron de l’AIEA devrait surtout, comme l’expliquait son porte-parole Mark Gwozdecky, mettre l’accent sur "la nécessité du dialogue dans la région notamment sur les question de sécurité et nucléaires".

M. ElBaradei a déjà dit clairement qu’il estimait qu’Israël devrait commencer sérieusement à envisager l’idée d’un Proche-Orient dénucléarisé, après avoir condamné le déséquilibre régional dû au fait qu’Israël est "assis sur des armes nucléaires".

Depuis les révélations sur le nucléaire israélien de l’espion Mordechaï Vanunu, en 1986, tout concourt à confirmer l’existence de la bombe israélienne. Sans que jamais aucun officiel le reconnaisse ouvertement, Israël n’y étant d’ailleurs pas contraint, car non-signataire du Traité de non-prolifération (TNP).

"Donnez-moi la paix, et nous abandonnerons l’atome", déclarait Shimon Pérès en 1995, quand tous croyaient à la possibilité d’un règlement du conflit israélo-palestinien dans un proche avenir.

Cette doctrine de "l’ambiguïté nucléaire" est destinée à décourager toute velléité d’attaque massive contre l’Etat hébreu, tout en réduisant à néant les arguments selon lesquels ses ennemis auraient le droit de se lancer dans la course au nucléaire.

Selon les experts, Israël continuerait aujourd’hui à produire des armes nucléaires, et pourrait déjà disposer de jusqu’à 300 têtes nucléaires, ainsi que des capacités d’en produire rapidement grâce à une technologie et un savoir-faire avancés.

Mais pour l’expert Avner Cohen, auteur d’un livre faisant autorité sur le sujet, "Israël et la bombe", cette politique de l’"opacité", certes utile, a fait son temps, et l’exception israélienne n’a plus lieu d’être. Aujourd’hui, il estime qu’elle ressort surtout de la crainte des autorités de lancer le débat public, tant dans le pays qu’à l’étranger. Et qu’elle est en contradiction avec la culture israélienne du débat démocratique.

Pour David Albright, ancien inspecteur en désarmement en Irak aujourd’hui à la tête d’un institut de réflexion à Washington, la mission d’ElBaradei arrive sans doute au bon moment pour tenter de relancer ce débat, car "la question de l’Irak est réglée", "l’Iran est en train d’être isolé" et le monde pousse à la révélation des secrets nucléaires. (AP)