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Lettre des étudiants de Tolbiac mobilisés

Publie le samedi 14 février 2009 par Open-Publishing

Lettre des étudiants de Tolbiac mobilisés

Des miliers d’étudiants dans toute la France se sont rassemblés l’année
dernière, lors du mouvement contre la LRU. Leur volonté de débattre, de
s’organiser, de prendre des décisions collectives sur les sujets qui les
concernent fait écho à celle des autres secteurs en lutte. La politique
libérale imposée par les gouvernements de droite comme de gauche nous
menace tous, et chaque défaite est une victoire pour la classe
dominante. Mais pour aboutir à ses fins, un mouvement doit se donner ses
propres outils, ses propres structures (assemblées générales,
commissions) les plus ouvertes possibles, et développer un discours
propre. De l’investissement de chacun dans ces structures naîtront de
nouvelles approches, plus à même d’aboutir à la construction d’un
mouvement fort. Cela implique de remettre en cause les discours
préfabriqués, repenser les moyens d’action, sortir de la logique du
court terme, et déveloper nos liens avec les autres secteurs mobilisés.

Les revendications des enseignants-chercheurs ne sont pas assez larges
pour inclure les aspirations des étudiant(e)s, même si les elles ne sont
pas compatibles. Ceci dit, le lien entre les besoins des enseignants et
des étudiant(e)s est évident, et nous pousse à lutter ensemble. Si nous
appelons à soutenir les enseignants dans leurs actions, c’est dans
l’espoir de faire aboutir une lutte sociale plus large. C’est pourquoi
il faut dés maintenant élaborer des moyens d’action qui pourraient faire
l’unité. Une première proposition serait que les profs fassent la grève
des absences en TD, qui ne perturberait pas le déroulement du semestre
tout en permettant aux étudiant(e)s qui le souhaitent de s’organiser.
Pour les cours magistraux, une diffusion sur internet serait le minimum
pour permettre aux étudiant(e)s mobilisé(e)s de continuer à suivre leur
formation.

L’université légitime la divison économique de la société par un
contrôle de l’accès au savoir et à la culture. C’est avant tout un ieu
de production des savoirs qui diffuse des enseignements orientés. Ces
savoirs et leur diffusion dépendent directement de l’équilibre des
pouvoirs au sein de l’administration, des moyens alloués en fonction des
filières, et des orientations des enseignants. La réforme en cours
d’application consiste à calquer des objectifs de rentabilité sur la
recherche et l’enseignement pour façonner l’université à l’image de
l’entreprise. Ce processus de marchandisation du savoir se manifeste
dans l’enseignement supérieur à travers la LRU, le Plan Campus, et le
Plan Licence, accellérant la soumission de l’enseignement pubic aux
intérêts particuliers. Le pouvoir de production et de diffusion des
savoirs est dans nos mains, à nous de nous le réapproprier : ces savoirs
que l’on produit ne sont pas neutres et doivent permettre la diffusion
de nos analyses. Redéfinissons colectivement les liens qui unissent
l’université (personnels, enseignants et étudiants) et la société dont
elle fait partie. Réapproprions-nous des espaces pour nous organiser.

La société dans laquelle nous vivons impose un mode de vie qui détruit
les solidarités sociales. La lutte au sein de l’université est
l’occasion de nous organiser nous-mêmes, créer de nouvelles pratiques,
et développer des discours critiques au sein d’espaces permettant une
auto-détermination. Qu’ils soient lycéens, étudiant(e)s,
enseignants-chercheurs, salariés dans le rail ou les transports,
sans-papiers, en lutte contre l’enfermement (centres de rétention,
prisons...) et en lutte en soutien aux inculpés de l’antiterrorisme,
nous sommes solidaires de tous ceux qui s’inscrivent dans une opposition
à l’ordre établi. La manifestation du jeudi 29 janvier, qui a été suivie
par entre un million et demi et deux millions de personnes le montre. La
répression systématique de toutes les initiatives, individuelles et
colectives, ne peut être dépassée que dans l’unité.

Il faut donc construire un mouvement capable de rassembler tous les
secteurs en lutte.

Des étudiants de Tolbiac mobilisés.