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Vente YSL/Bergé : Réflexions sur la fin attendue d’un monde et les débuts difficiles d’un autre (zaz)

Publie le jeudi 26 février 2009 par Open-Publishing
9 commentaires

Avertissement :

Comme le lecteur le sait déjà, la mention "zaz" accompagnant nos textes indique une manière d’écrire décalée, qui ambitionne par un éclairage oblique à plus de perspicacité dans l’analyse politique.

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D’abord, soyons clairs, nous n’avons rien naturellement de personnel contre Pierre Bergé que beaucoup tiennent dans le pays pour un homme de bien en plus du fait louable qu’il soit aussi mécène.

La vente concernée tombe toutefois peut-être un peu mal dans le contexte de crise que connaît actuellement la France. Elle arrive en outre après l’incontestable succès de l’expo Picasso, qui a pris dans la presse parisienne toutes les apparences d’une réussite de communication et d’un excès de vrai délire.

Le beau, la culture ne doivent pas dissimuler des choses non-annexes attachées étroitement à l’art et qui ne sont pas seulement que grandeur ! : l’art notamment a une fonction politique suspecte, il est en permanence possible opium du peuple, l’art a une fonction de signe, il véhicule des dominances de classe, l’art a une dimension économique prosaïque, il est fric et il est spéculatif.

Sur ce dernier point, la vente a été incontestablement un triomphe complet pour le beignet. Après le récent krach mondial bancaire, la chose prend pour certains un goût amer, même trempée dans le thé discrètement sucré.

Il y avait du très beau linge dans le parterre des riches acheteurs, l’Etat français pour quelques millions d’euros a choisi les chaises en paille qui lui manquaient pour ses appartements. Picasso qui les avait gonflés en silence à beaucoup s’est mal vendu, Matisse a quant à lui plus réussi.

Nul ne retire à Pierre Bergé le droit de vendre ce qui lui appartient. On sait également qu’une part de la vente reviendra à la recherche contre le sida, ce qui force le respect.

Où le bât blesse-t-il alors ?

On ne va pas reprendre le fait que les Antillais n’ont toujours pas eu leurs 90 euros, que le chômage a multiplié, etc. etc.

Observé de haut, si on peut dire, le bât blesse de ce qu’a été d’abord la Presse. Empressée, laudative, courtisane comme d’hab, conne d’immonde petitesse et d’incapacité à penser ainsi qu’elle fait toujours. Les partis aussi n’ont eu rien à dire, et je me demande si le web lui-même au fond ne s’est pas tu terriblement.

La France souffre, s’enferme, chante des lieder dans ses salons. Cette musique théorique et de fête est peut-être son chant du cygne. Une forme de France ne colle plus, et se trouve vis à vis d’elle-même complètement en porte à faux.

Mais les journalistes, pauvres pierrots, ont involontairement bon dos,

En vérité, la France qui ne va pas est celle de ceux qui sont partout depuis longtemps en haut, dans la politique, la société, dans le verbe qui parle haut.

La vente YSL/Pierre Bergé marque doublement, séculièrement et politiquement, la fin d’une époque qui vient par chance ou par malchance d’être symboliquement éparpillée. Le temps présent qui survit encore entre les doigts n’est déjà plus du présent, et le futur n’est pour le moment clair en aucun cas.

Oh, certes, beaucoup de lapins ont applaudi des deux mains à l’événement déjà figé qu’on leur donnait gratuitement. On peut se satisfaire de cette preuve par duracell pour conforter nos habituelles certitudes,

On peut aussi s’interroger sur l’avenir. Les agrégés d’avenir et tous les cuistres qui sont légion proposent de nous fournir les réponses avant qu’on ne se pose l’ombre des questions. Les agrégés d’avenir savent certainement, ils en sont du moins convaincus. L’inconvénient est que si l’avenir se sait peut-être sous tel ou tel rapport, l’avenir proprement démocratique lui ne se sait pas, il se conçoit et se fait à plusieurs, c’est normalement inscrit dans son principe..

La vente Bergé est terminée, elle nous a in extremis déjà appris pas mal de choses sur un monde qui cesse sans doute d’être, sur ses biais, ses faux, ses turpitudes, même s’il avait des qualités. Il importerait maintenant de réfléchir à celui qu’on veut construire. Pour le moment, tout laisse à craindre qu’il ne démarre tout aussi mal.

Bon sang ! mais que vient faire l’affaire Bergé dans ce vague débat sur le présent et l’avenir ? c’est dingue ce truc !

 Certainement !

Ce "truc" montre trois choses :

L’affaire Bergé était privée nous ne sommes pas de ceux qui l’ont faite si largement publique.

L’affaire Bergé s’inscrit dans un champ public d’où le débat a totalement disparu.

Nous estimons ne plus devoir continuer à accepter cette partie constamment décidée par d’autres où notre participation attendue se limite à exprimer : Oh mon Dieu que c’est beau !

Tant de gens qui ont l’auto-parole moulinent à notre place. Moulinons nous-mêmes notre parole

Nous remercions Pierre Bergé d’être, lui qui n’a fait aucun mal, le support très involontaire de cette revendication.

Au web les amis, au web, c’est le lieu, pour un temps encore, ouvert à notre expression.

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Alain Serge Clary et les Inoxydables philosophes de l’Ocséna vous saluent bien !

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Les Pensées zaz de l’Ocséna

Ocséna, Organisation contre le système-ENA et pour la démocratie avancée

 http://ocsena.ouvaton.org

Messages

  • VOICI CE QU’A ECRIT HUGO A PROPOS DU SAC DU PALAIS D’ETE DE PEKIN EN1860 D’OU PROVENAIENT 2 STATUETTES VOL2ES ET VENDU AVEC LA COLLECTION ST LAURENT ADMIRABLE PERE HUGO

    LA DESTRUCTION DU PALAIS D’ETE DE PEKIN EN 1860 PAR LA FRANCE ET L’ANGLETERRE AU COURS DE LA SECONDE GUERRE DE L’OPIUM.
    CE QU’EN A PENSE Victor HUGO

    Puisque vous voulez connaître mon avis, le voici :
    ll y avait, dans un coin du monde, une merveille du monde ; cette merveille s’appelait le Palais d’été. L’art a deux principes, l’Idée qui produit l’art européen, et la Chimère qui produit l’art oriental. Le Palais d’été était à l’art chimérique ce que le Parthénon est à l’art idéal. Tout ce que peut enfanter l’imagination d’un peuple presque extra-humain était là. Ce n’était pas, comme le Parthénon, une œuvre rare et unique ; c’était une sorte d’énorme modèle de la chimère, si la chimère peut avoir un modèle.
    Imaginez on ne sait quelle construction inexprimable, quelque chose comme un édifice lunaire, et vous aurez le Palais d’été. Bâtissez un songe avec du marbre, du jade, du bronze, de la porcelaine, charpentez-le en bois de cèdre, couvrez-le de pierreries, drapez-le de soie, faites-le ici sanctuaire, là harem, là citadelle, mettez-y des dieux, mettez-y des monstres, vernissez-le, émaillez-le, dorez-le, fardez-le, faites construire par des architectes qui soient des poètes les mille et un rêves des mille et une nuits, ajoutez des jardins, des bassins, des jaillissements d’eau et d’écume, des cygnes, des ibis, des paons, supposez en un mot une sorte d’éblouissante caverne de la fantaisie humaine ayant une figure de temple et de palais, c’était là ce monument. Il avait fallu, pour le créer, le lent travail de deux générations. Cet édifice, qui avait l’énormité d’une ville, avait été bâti par les siècles, pour qui ? pour les peuples. Car ce que fait le temps appartient à l’homme. Les artistes, les poètes, les philosophes, connaissaient le Palais d’été ; Voltaire en parle. On disait : le Parthénon en Grèce, les Pyramides en Egypte, le Colisée à Rome, Notre-Dame à Paris, le Palais d’été en Orient. Si on ne le voyait pas, on le rêvait. C’était une sorte d’effrayant chef-d’œuvre inconnu entrevu au loin dans on ne sait quel crépuscule, comme une silhouette de la civilisation d’Asie sur l’horizon de la civilisation d’Europe.

    Cette merveille a disparu.

    Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d’été. L’un a pillé, l’autre a incendié. La victoire peut être une voleuse, à ce qu’il paraît. Une dévastation en grand du Palais d’été s’est faite de compte à demi entre les deux vainqueurs. On voit mêlé à tout cela le nom d’Elgin*, qui a la propriété fatale de rappeler le Parthénon. Ce qu’on avait fait au Parthénon, on l’a fait au Palais d’été, plus complètement et mieux, de manière à ne rien laisser. Tous les trésors de toutes nos cathédrales réunies n’égaleraient pas ce splendide et formidable musée de l’orient. Il n’y avait pas seulement là des chefs-d’œuvre d’art, il y avait un entassement d’orfèvreries. Grand exploit, bonne aubaine. L’un des deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l’autre a empli ses coffres ; et l’on est revenu en Europe, bras dessus, bras dessous, en riant. Telle est l’histoire des deux bandits.
    Nous, Européens, nous sommes les civilisés, et pour nous, les Chinois sont les barbares. Voila ce que la civilisation a fait à la barbarie.
    Devant l’histoire, l’un des deux bandits s’appellera la France, l’autre s’appellera l’Angleterre. Mais je proteste, et je vous remercie de m’en donner l’occasion ; les crimes de ceux qui mènent ne sont pas la faute de ceux qui sont menés ; les gouvernements sont quelquefois des bandits, les peuples jamais.
    L’empire français a empoché la moitié de cette victoire et il étale aujourd’hui avec une sorte de naïveté de propriétaire, le splendide bric-à-brac du Palais d’été.

    J’espère qu’un jour viendra où la France, délivrée et nettoyée, renverra ce butin à la Chine spoliée.
    En attendant, il y a un vol et deux voleurs, je le constate.
    Telle est, monsieur, la quantité d’approbation que je donne à l’expédition de Chine.
    *Lord ELGIN contribua en 1805 au démantèlement du PARTHENON

    L.B.

    • En plus de ce vol, cette vente pose, en négatif, PB et YSL n’ayant pas d’héritier, le pb de l’héritage. Est-il normal que de pareilles fortunes, dont l’accaparement suscite déjà des interrogations puissent tomber dans l’escarcelle de personnes complètement étrangères aux activités de YSL ou de PB. La suppression de l’héritage, comme le préconisait K Marx, est à l’ordre du jour !

    • Héritage- Propriété privée

      Le capital de production

      La crise vient de remettre techniquement au goût du jour, comme on l’a vu, la "vieille" question de l’appropriation des moyens de production. C’est dans le temple du capitalisme, les USA, que la question est revenue de façon surprenante mais très logiquement : Dès lors que la collectivité, l’Etat, injecte des billes dans une affaire privée pour sa santé, la propriété privée concernée ne peut bien entendu plus fonctionner librement et à 100% sur le mode antérieur. Elle doit rendre des comptes et se trouve de ce fait temporairement nationalisée pour une part.

      Le capital à fonction plus personnel, bref l’héritage

      Dans nos pays, l’héritage personnel est sacro saint, il semble incontournable. Voire ! La société gagnerait sans doute beaucoup à pouvoir le plafonner, à en nuancer le mode de jouissance, juridiquement, selon la détermination de sa finalité. Cette voie de recherche est pour le moment absolument évacuée, c’est sans doute un tort et un archaisme.

    • L’heritage, des moyens de production en particulier, est le principal moyen de perennisation de la classe bourgeoise. Curieux que sa suppression ne soit dans aucun des programmes anticapitalistes qui nous sont proposés !

    • Nous qui, à l’OCSENA, sommes de très résolus soutiens de la Chine d’aujourd’hui, ainsi que certains ont maintes fois pu le voir, nous nous trouvons comme qui dirait embarrassés par la lourde affaire des deux bronzes de la vente Bergé.

      Le principe de récupérer des bilokos qui vous ont été volés nous paraît plutôt défendable. Si Bergé allait même jusqu’à restituer gratos le con de rat et l’enfoiré de lapin ça ne nous dérangerait pas, on trouverait même ça assez bien !

      La seule chose sur laquelle faut quand même pas essayer de vouloir nous baiser, qu’on soit Chinois ou pas, mais surtout si on est Chinois, c’est sur la Victoire de Samothrace. Que la chose soit claire ! la Victoire restera au Louvre en haut des escaliers où elle est. zaz

  • Ce Pierre Bergé n’est rien d’autre qu’un agent d’influence, c’est à dire quelqu’un qui utilise des fonds et divers moyens pour manipuler l’opinion.

    Nous avons appris, entre autre, qu’il appuit fortement Ségolène Royale et qu’il a donc agi pour qu’elle soit la challenger de Sarkozy en 2007. Grâce à ce monsieur et à son fric (et celui de qui ?), le parti socialiste est allé à l’échec et toute la gauche s’est trouvée déstabilisée et tirée vers la droite.

    C’est la "révolution orange" à la française. Sarkozy pouvait tranquillement s’attaquer à l’électorat d’extrême droite puisqu’il était assuré de ne rien craindre sur sa gauche. Ainsi l’anomalie française d’une montée des extrêmes et du refus du TCE a été corrigée.

    Dans le même temps la presse était reprise en main et l’UMP prise d’assaut (voir l’action d’une certaine Emmanuelle Mignon).

    Il serait intéressant que quelqu’un mène une enquête sur tout cela.

  • Cette vente n’est pas choquante en soi, elle permet de "vider" les porte-monnaie de ceux qui ont de l’argent et qui de toute façon ne le dépenseraient pas autrement. En revanche, ce qui est choquant c’est que les français moyens, les travailleurs qui possèdent des actions de leur entreprise ou bien un petit pécule en bourse ou mieux un petit bien, se verront lourdement taxés par les Impôts ...En revanche, et grâce à Mr Fabius, 1ière grosse fortune Française sur le marché de l’art - de père en fils -, a purement et simplement supprimé l’imposition sur la plus value des biens Artistiques ....Imaginez, ce que cette vente aurait pu rapporter tel que cela est parti ...1 Milliard d’euros soit 100 Millions de CG/RDS et la plus value qui aurait pu rapporter 300 Millions d’euros ...Merci les socialistes !!! La plus grosse évasion et injustice fiscale ...

    • L’héritage en général et l’héritage de Nathalie

      Parler de l’héritage en général, ok, mais la question est délicate, elle dissimule le fait que s’il y a le matériel à gérer, chose à la rigueur envisageable en grattant pas mal, il y a l’immatériel aussi où la réflexion n’a pas encore commencé et qui constitue un tout autre tabac.

      Penez Nathalie Kosciusko-Morizet, c’est selon notre avis, la jeune personnalité la plus classe et la mieux balancée de ce falot gouvernement.

      Généalogie :

      D’ascendance polonaise, pas les polacks mineurs de fond mais les polacks de la haute, elle est la petite fille de Jacques Kosciusko-Morizet (1913-1994), normalien, agrégé de lettres, grand commis de l’Etat (cad Haut fonctionnaire) et pour finir plus précisément ambassadeur.

      Elle est la fille de François Kosciusko-Morizet (1940), polytechnicien, gourou dans la spécialité, haut fonctionnaire qui traîne à son tour brillamment et longuement dans les bons cabinets.

      Nathalie est la soeur de Pierre, copatron de PriceMinister qui a gourouté à la façon de son père mais dans l’informatique.

      Nathalie ne s’est pas contentée de son pas dégueu potentiel naturel, elle s’est donnée la peine de faire polytechnique ce qui n’est pas rien du tout.

      - Ah ben ça réjouit ! la méritocratie existe et l’effort en France est toujours récompensé !

      - Tu fais l’imbécile ou t’es réellement demeuré ?