Accueil > Réorganisation territoriale : marche forcée ou démocratie ?

Réorganisation territoriale : marche forcée ou démocratie ?

Publie le mercredi 4 mars 2009 par Open-Publishing

Marche forcée vers des intercommunalités au service du capital ou construction démocratique des territoires ?

Il n’est pas nécessaire d’être grand stratège pour voir ce que le pouvoir est en train d’entreprendre avec la réorganisation territoriale. En privant les communes de cette ressource essentielle qu’est la taxe professionnelle, en supprimant les départements, voire à terme en recomposant les régions tout en réduisant leur nombre, non seulement le gouvernement compte diminuer considérablement les dépenses publiques de l’Etat mais amenuise du même coup les capacités démocratiques de la Nation. La concentration des pouvoirs dans les intercommunalités et les régions au détriment des communes et des départements éloigne les citoyens des centres de décisions. Au moment même où en raison de la crise il y a une impérieuse nécessité de développer la proximité, l’écoute et la mobilisation des citoyens, le pouvoir dont l’objectif est de répondre à la crise de rentabilité du capital entend bâillonner le pays en détruisant œuvre de la révolution française : 36.000 communes qui sont autant de foyers de démocratie, une organisation administrative départementale plus proche des gens que de grandes structures régionales, forment l’originalité, la spécificité de notre Nation en mettant en mouvement nombre de citoyens et d’élus organisant la vie sociale et économique du territoire.

Ceux qui aujourd’hui s’inscriraient dans des marches forcées vers des intercommunalités qui ne seraient pas construites avec les citoyens, qui pour l’appât de quelques éphémères et dérisoires financements seraient prêts à vendre l’âme de leur territoire, porteront à terme une lourde responsabilité. N’oublions pas que la Nation a déjà été ainsi mise à mal par le non respect du référendum sur la Constitution européenne lors de cette triste mascarade qui tenue en un jour à Versailles a, d’un trait de plume, annulé la décision du peuple souverain.

Moins que jamais les territoires ne peuvent se décider sans les gens, sans qu’ils soient le fruit d’une élaboration démocratique dans laquelle les élus devraient jouer un rôle de premier plan pour faire vivre le pluralisme. La démocratie en l’occurrence ne peut se décréter, ni se convoquer en quelques assemblées seulement. Il s’agit d’un travail de longue haleine.

Il s’agit de travailler ensemble sur un pied d’égalité, de respect mutuel, d’écoute et de partage à la fois entre communautés et à l’intérieur de chacune d’elles. Cependant trop souvent encore les ambitions personnelles de quelques-uns et les tentatives hégémoniques de certains risquent de primer sur l’intérêt général. D’aucuns pensent qu’en obtenant cette hégémonie ils régleront mieux les problèmes que dans le cadre de véritables coopérations respectant la diversité politique émanant du suffrage universel. Ils se trompent lourdement. On a voulu ainsi imposer une construction européenne aux peuples et tout montre que cela ne fonctionne pas. En rééditant la même méthode pour les intercommunalités cela mènera inévitablement à l’échec.

Or le développement de nos territoires nécessite de façon évidente une coopération renforcée entre les communautés de communes notamment en matière d’initiatives économiques et environnementales. Au sein même de chaque communauté c’est aussi la bonne méthode. Face à la crise, fou celui qui fera le délicat comme disait Louis Aragon, au contraire soyons offensifs, travaillons avec tous ceux qui ont le souci de nos populations sans préjugés, sans coller des étiquettes.

La crise capitaliste n’est pas qu’économique, elle est éminemment politique. Elle exige de penser autrement, d’inventer une démocratie beaucoup plus forte fondée sur le droit réel, concret, réalisable pour chaque individu de s’engager et de partager le pouvoir. Au contraire le capitalisme impose autoritarisme, concentration des pouvoirs, réorganisation territoriale en fonction des seuls objectifs de rentabilité de l’argent et non des besoins humains, ni du développement des entreprises.

La participation des citoyens ne peut pas être décrétée, ni être un gadget pour labelliser les projets. Le mouvement social, les luttes qui se développent, la montée du mécontentement sont autant de manifestations de cette participation. Le rôle des élus n’est il pas aussi d’entendre cette expression sociale et de la mettre en cohérence avec leur propre vision du projet de territoire ? L’avenir appartient à ceux qui sauront anticiper ce qui en profondeur travaille la société au moment historique que nous vivons.

La réorganisation territoriale ne doit pas venir d’en haut , ni être imposée par le gouvernement, mais tout au contraire émaner des exigences populaires en particulier en matière d’emploi, de santé, de logement et d’éducation. Perdre de vue cela ce serait s’affaiblir face à la terrible offensive menée contre nos collectivités afin de détruire les obstacles qu’elles représentent . Elles demeurent en effet des entités et des services publics essentiels face à la marchandisation de la société, elles sont des bases fondamentales pour construire un futur à dimension humaine.

Jean-Paul Legrand
Maire-Adjoint PCF de Creil
Conseiller de la Communauté de communes de l’agglomération Creilloise

http://creil-avenir.com