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Sauvons le Palais de la Découverte !

Publie le samedi 7 mars 2009 par Open-Publishing

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VOUS ETES INVITÉS PAR LE PERSONNEL EN LUTTE.

Vingt-deux scientifiques, parmi lesquels figurent Claude Cohen-Tannoudji, Albert Fert, François Jacob, Jean-Marie Lehn ou Wendelin Werner, s’inquiètent d’une future absorption du Palais de la Découvert dans la Cité des Sciences et de l’Industrie.

Elle ne répond, selon eux, à aucune logique, ni économique, ni scientifique, ni culturelle.

Depuis un an, la menace se faisait plus pressante. Aujourd’hui, le gouvernement passe à l’exécution de son projet et la Cité des Sciences et de l’Industrie manœuvre pour inclure le Palais de la Découverte dans son organigramme. On tente ainsi de dissoudre « notre Palais » dans une structure dont ni la finalité ni les méthodes ne sont les mêmes, et c’est un lien essentiel entre le public et la science qui est en grand danger.

La spécificité du Palais, ce qui a fait son succès et plaît tant au public comme aux scientifiques, c’est le contact direct entre les visiteurs et la science. Au Palais, la science n’est cachée ni derrière des écrans d’ordinateurs ni sous des panneaux publicitaires, on manipule des instruments, on participe à des expériences en public où les progrès de la science sont présentés en direct par de jeunes scientifiques dévoués et compétents, on rencontre des chercheurs qui parlent de leurs découvertes récentes. C’est ce lien étroit qui a toujours justifié un statut d’Etablissement Public à caractère Scientifique Culturel et Professionnel (EPCSCP) sous la tutelle du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (bien que le budget dépende, lui, du Ministère de la Culture).

C’est grâce à ce statut que de nombreux moniteurs et vacataires y travaillent, qui sont souvent de jeunes doctorants en cours de thèse. Sans cette structure et sans cette tutelle, l’irrigation du Palais par ces jeunes scientifiques deviendrait impossible.

Rien à voir avec la Cité des Sciences et de l’Industrie, qui est un Etablissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), où les motivations, le style et les personnels sont autres.

Afin de tenter de sauver le Palais, deux pétitions récentes ont réuni plus de 60 000 signatures accompagnées de témoignages que l’on peut lire sur les sites http://www.sauvonslepalaisdeladecou... et http://palais-decouverte.eitic.org/..., qui sont aussi émouvants qu’éloquents. Combien de vocations scientifiques sont nées au Palais ? Combien d’enfants, d’adolescents, de curieux de tous âges sont venus au Palais découvrir l’Univers, la génétique, des expériences spectaculaires d’électricité, de mécanique, de biologie, de fusion nucléaire, ouvrir les yeux sur leur environnement quotidien ou compter les décimales du nombre Pi, se demander comment fonctionnent nos cinq sens, où en est le réchauffement de notre planète... ?

Mais comment peut-on justifier la fusion de ce trésor de la culture avec une structure différente ? Le Palais va-t-il mal ? Avec 600 000 visiteurs par an, dont 120 000 élèves et étudiants, la fréquentation du Palais est, rapportée à sa surface, comparable à celle de la Cité et supérieure à celle du Louvre. Or la subvention par mètre carré est 4 fois moindre que celles du Muséum National d’Histoire naturelle, du Musée des Arts et Métiers ou de la Cité des Sciences. De plus, les billets sont moins chers et le Palais n’a pas de recettes publicitaires. Et pourtant la foule est toujours présente, bien que les bâtiments aient besoin d’une rénovation générale. (Cette rénovation a été sans cesse retardée et n’est aujourd’hui qu’à peine entamée, à l’occasion de la cession du « salon d’honneur » au Grand Palais voisin).

Il tourne, notre Palais. En 2008, la fréquentation a augmenté de 50 000 visiteurs par rapport à 2007. Depuis sa création en 1937 par Jean Perrin, prix Nobel et ministre du Front Populaire, le Palais n’a jamais perdu ses traditions magnifiques. Il a toujours montré à tous les publics « la science en train de se faire » afin de « sortir la science des laboratoires ». C’est bien pour cela que le public et les scientifiques s’y sentent chez eux.

Mais pourquoi donc cette fusion qui a tout l’air d’une absorption ? Est-ce pour économiser de l’argent en période de crise ? Il ressort que la fusion elle-même pourrait coûter plus de 6 millions d’euros et le fonctionnement du nouvel ensemble demander plus de 2 millions d’euros de plus par an que les deux établissements séparés. Une subvention constante impliquerait donc de réduire l’offre faite au public.

Est-ce pour mieux coordonner des activités semblables ? D’une part les activités procèdent d’un esprit différent, d’autre part on ne voit pas pourquoi il faudrait imposer un modèle unique. Entre musées, on peut animer des structures de dialogue sans dissoudre les uns dans les autres comme s’il s’agissait d’absorber des entreprises industrielles. Une Réunion des musées scientifiques existe, qu’il suffirait de développer pour favoriser des échanges sans forcer chacun à perdre son identité.

La question est lancinante : d’où vient donc ce besoin de fusion ? Lors de sa dernière réunion, le Conseil scientifique du Palais de la Découverte a demandé que soit expliqué l’intérêt scientifique, culturel ou simplement économique d’un tel projet. Aucune réponse n’a été donnée. Dans de telles conditions, doit-on croire les rumeurs ? S’agit-il d’une étape vers une fermeture pure et simple qui libérerait un espace convoité par le Grand Palais voisin ? S’agit-il pour quelque membre de cabinet ministériel de construire un grand ensemble à la hauteur de ses ambitions personnelles ? S’agit-il, pour la Cité des Sciences de s’offrir une vitrine au cœur de Paris ?

L’heure est grave, pour le Palais de la Découverte donc pour l’avenir de la science, à une époque où l’on a tant besoin d’encourager les vocations scientifiques. Nous demandons aux pouvoirs publics de renoncer immédiatement à ce projet de fusion, et de donner au Palais de la Découverte les moyens financiers d’un développement que son succès mérite, aujourd’hui plus que jamais.

Sébastien Balibar (CNRS, Ecole Normale Supérieure),

Edouard Brézin (Ecole Normale Supérieure, Académie des Sciences),

Claude Cohen-Tannoudji (Prix Nobel, Ecole Normale Supérieure, Collège de France, Académie des Sciences),

Gilles Cohen-Tannoudji (CEA),

Françoise Combes (Observatoire de Paris-Meudon, Académie des Sciences)

Pierre Encrenaz (Observatoire de Paris-Meudon, Université Paris 6, Académie des Sciences),

Albert Fert (Prix Nobel, Université d’Orsay, Thales, Académie des Sciences)

Marc Fontecave (CEA, Collège de France, Académie des Sciences),

Antoine Georges (CNRS, Ecole Polytechnique, Collège de France),

Jean Iliopoulos (CNRS, Ecole Normale Supérieure, Académie des Sciences),

François Jacob (Prix Nobel, Institut Pasteur, Académie des Sciences)

Jean Jouzel (Institut Pierre Simon de Laplace, CEA, GIEC)

Jean-Pierre Kahane, (Université d’Orsay, Académie des Sciences),

Denis Le Bihan (CEA, Académie des Sciences),

Jean-Marie Lehn (Prix Nobel, Collège de France, Académie des Sciences),

Hervé Le Treut (Ecole Normale Supérieure, Ecole Polytechnique, Académie des Sciences)

Yves Meyer (ENS Cachan, Académie des Sciences),

Philippe Nozières (ILL, Collège de France, Académie des Sciences),

Yves Quéré (Ecole Polytechnique, Académie des Sciences)

David Ruelle (IHES, Académie des Sciences),

Maxime Schwartz (Institut Pasteur, Académie des Sciences).

Wendelin Werner (Médaille Fields, Université d’Orsay, Ecole Normale Supérieure, Académie des Sciences)