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— Il faut ouvrir d’urgence le débat théorique —

Publie le samedi 14 mars 2009 par Open-Publishing

« Tout est plus simple qu’on ne peut l’imaginer, et pourtant plus enchevêtré qu’on ne saurait le concevoir. »
Johann Wolfgang von Goethe

La réflexion, la direction et la mise en œuvre de la construction d’une société pour le XXIème siècle ne peuvent sous peine d’échec assuré face à une exigence démocratique toujours montante en effet, et dans tous les domaines, être confiées, encore moins abandonnées à quelques comités d’experts ou de spécialistes que ce soient. La mode est révolue de la délégation de pouvoir et du prêt à penser. Le droit de discerner, personnel s’il en est, est l’affaire de tous et pas de petits groupes. La science ne pouvant pas se positionner en dehors du réel, ne fait conséquemment pas exception à la règle.

Les modèles physiques actuels semblent avoir définitivement atteint leurs limites historiques. Bien que très efficaces pour « prédire » les comportements des constituants de la matière et de l’Univers, ils s’avèrent incapables de fournir à l’humanité une représentation claire du monde dans lequel elle évolue. Ce qui, reconnaissons-le, est d’autant plus fâcheux que notre époque appelle la participation d’un maximum de citoyens afin de se porter à la hauteur des enjeux d’un développement durable.

L’impossibilité persistante de concilier les théories quantiques et relativistes, l’incapacité chronique à détecter « le boson de Higgs qui pourrait expliquer la masse des particules », et à repérer les ondes gravitationnelles « porteuses de l’information du champ de gravitation », l’interdiction conceptuelle contredite par la pratique d’une continuité entre c (la vitesse de la lumière) et inférieur à c, et surtout les notions « de masse et d’énergie au repos » situées à la base-même de ces systèmes alors que de l’atome à l’étoile, l’Univers n’est que mouvement, oui, tout cela et bien d’autres choses encore, sans se donner la peine d’ajouter le « pré-requis du temps », réclame incessamment une refondation.

Est-il envisageable que les professionnels de la recherche finissent par entendre cet appel pressant à une véritable remise en cause de ce qui constitue aujourd’hui les fondements de leurs travaux ? Ce n’est malheureusement pas certain tant sont nombreux les physiciens qui se considèrent comme des « gardiens du savoir quantique » agressés par toute une armée de « trolls » mal intentionnés dont le seul but, évidemment dissimulé, serait de faire échouer leur belle aventure sur le point de réussir. Il est capital de comprendre ce sentiment de « citadelle assiégée par des hordes barbares » qu’éprouve la majeure partie d’entre eux afin d’essayer de favoriser la sortie de cet enfermement mortifère.

Parce que l’interrogation centrale demeure : le monde oui ou non est-il accessible à l’entendement ? Et suivant la réponse que l’on donne à cette question, le terrain des idées est ou n’est pas laissé libre aux tenants de l’ésotérisme et de l’obscurantisme, aux intégristes et consorts, partisans des sciences occultes et autres méthodes ou absences de méthode. Or, c’est là qu’est le problème ! Si la physique du siècle précédent a su produire les descriptions les plus sophistiquées que nous ayons jamais eues, les modèles les plus performants et assurément les plus proches de la réalité qui soient concevables, elle l’a fait, incroyable débâcle de la raison, au prix de la liquidation de l’objectivité.

Il y a une urgence à redécouvrir les fondamentaux cartésiens et à sortir de l’impasse quantique pour se remettre à progresser dans une direction nouvelle. Il faut remettre au centre de la physique l’idée que la nature obéit à des lois rigoureuses et que les phénomènes sont reliés entre eux par un enchaînement des effets à leurs causes. S’il est indispensable de changer quelque chose de l’interprétation née de notre expérience, ce n’est pas le concret qu’il faut évacuer ; ce sont les paramètres flous dont nous nous servons pour mettre en équation ce que nous observons, qui sont à réformer. Regardons notamment la faiblesse tangible qui subsiste toujours dans l’argumentation sur l’axe temporel.

Nous avons des modèles qui fonctionnent donc utilisons-les mais provisoirement, en attendant de trouver mieux. Dans cette perspective, il est impératif d’ouvrir publiquement le débat théorique, de ne pas perpétuer l’échange entre initiés, d’entendre la voix de ceux qui s’intéressent au sujet et que cela regarde en tant qu’individus, mais dont le point de vue n’est pas présent dans les laboratoires ni les amphithéâtres. Cette nécessité n’est aucunement liée à un défaut de compétence des chercheurs, elle est simplement la réponse adéquate à un besoin criant d’angles de vision différents, de recul par rapport aux techniques employées, dont peuvent bénéficier ceux qui sont un peu moins impliqués.

Une remarque enfin sur la manière de conduire une discussion non-verrouillée : les mathématiques constituent un formidable outil mais elles ne peuvent se substituer à la réflexion sur la signification-même des concepts adoptés explicitement ou non. Quant au reste, il faut absolument mesurer que la gravité de la situation et le risque potentiel d’une dérive passéiste, voire d’une régression archaïque et doctrinaire, requiert le maximum d’interventions basées sur un esprit critique et constructif plutôt qu’une sempiternelle répétition de leçons bien apprises. La force de la science est de savoir adapter sa façon de marcher au problème étudié : l’heure est à s’enquérir des regards extérieurs.

Propositions de pistes à défricher :

 Serions-nous condamnés à accepter les folkloriques matière noire et énergie sombre comme explication définitive des 90 % de l’univers auxquels nous n’avons actuellement pas accès ?

 Que ferons-nous s’il était (ou lorsqu’il sera) avéré que le champ de Higgs est une hypothèse aussi inappropriée à la description de l’espace que ne le fut l’éther au XIXème siècle ?

 Tolérerons-nous indéfiniment de manipuler les notions de vide quantique ou intergalactique sans nous interroger sur l’interprétation physique que nous attribuons à ces « cadres » ?

 Comment se fait-il que la mise en évidence des ondes gravitationnelles n’ait toujours pas pu être faite malgré les succès et la validation expérimentale de la Relativité générale ?

 Pour quelles raisons, persévérons-nous à regarder le temps comme une dimension physique alors que tous les mouvements se déroulent au « présent » et exclusivement dans l’espace ?