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La grève, trois petits tours et puis s’en vont…

Publie le jeudi 19 mars 2009 par Open-Publishing
20 commentaires

de Michel MENGNEAU

Trois petits tours, enfin, deux pour l’instant, c’est quand le troisième ? On m’a dit qu’il ne faisait pas encore suffisamment chaud en cette fin d’hiver, donc au premier mai en misant sur le fait que le temps sera plus serein, il serait bon alors que l’on revendiquât profitant de ne pas être incommodé par des intempéries intempestives. Il y aurait semble-t-il un espoir pour que l’on émette à cette occasion quelques récriminations à l’encontre de la politique du gouvernement, néanmoins on n’y ira pas trop fort du fait qu’il est un peu bloqué par la crise.

Alors vous comprenez, si on augmente les salaires, les entreprises qui sont déjà exsangues vont disparaître. Et puis Madame Parisot l’a dit, la grève ça coute je ne sais combien de milliards au patron, et faudrait donc pas que ça dure top longtemps car ces pauvres exploiteurs n’auront plus les moyens pour mettre du carburant dans leurs yachts. Il serait regrettable d’en arriver à de telles extrémités. Bien, avec ce genre de raisonnement, on est pas prêt de faire la Révolution !

Malheureusement, c’est le premier constat que l’on peut faire après la journée du 29. J’entends pourtant de partout monter un satisfécit simpliste du genre, vous avez vu le nombre qu’on était dans la rue, plus que le 29 janvier, super, hein ! D’accord, c’était beau, et lorsque un tel déferlement humain déambule il y a de quoi ce dire satisfait, ça prend aux tripes et l’on se dit, voilà enfin, le peuple est en marche. Mais le seul problème qu’il y a, c’est que l’on ne sait pas vers quoi est-il en marche. Parce que si c’est comme cela qu’il a l’intention d’impressionner les patrons et le gouvernement, à mon avis, c’est un coup d’épée dans l’eau. D’ailleurs la bourse ne s’y est pas trompée car pendant que les syndicats crient une victoire d’apparence, elle, elle monte, ce qui en général n’est pas bon signe pour l’ouvrier. Finalement, les gouvernants vont faire semblant d’être impressionnés, vont dire qu’ils ont conscience du mal-vivre, vont invoquer la crise comme bouc émissaire, peut-être que Sarkosy va encore ce fendre d’un discours, et après…. Après il ne faut pas rêver ça va être tergiversations, la réunionite va de nouveau revenir à la mode, et tout cela pour quelques « mesurettes », sortes de cache misère. Portant c’est Parisot qui a donné la solution en gueulant déjà qu’une journée de grève coutait une fortune. Mais en fait de grève ce fut plutôt un raté.

Déjà le 19 on avait pas trop insisté sur ce sujet comme si la manif avait seule été suffisante pour faire vaciller le pouvoir. Pourtant le nombre de grévistes n’avait pas été très significatif et le pire c’est que cette fois c’est presque catastrophique….

Je ne voudrais pas passer pour un censeur car je sais que la critique est facile mais l’art reste difficile. Néanmoins, à la première analyse il semblerait que l’on peut mettre cette désaffection vis-à-vis de la grève sur une certaine apathie des syndicats. Pour leur rendre un peu de justice, ce mal vient du fait aussi qu’ils maitrisent de moins en moins une masse salariale plus dispersée qu’à l’époque où il y avait encore de grand secteur industriel. Les entreprises de service par exemple étant plus difficiles à fédérer dans la revendication. Toutefois, il y a un problème quand on voit la mobilisation dans les transports, les profs et l’hôpital, où je suis aller faire une tour dans celle de ma région cet après midi du 19 qui n’était nullement agité par la grève et les revendications. Pour tout dire je suis à peine surpris puisque j’avais reçu plusieurs courriels me signalant que la mobilisation était difficile. Cela c’est confirmé, que faire pour motiver les troupes ?

Car il ne faut pas rêver, le seul résultat patent sera quand la grève générale aura bloqué l’économie que Sarkozy et le Medef commenceront à s’intéresser aux revendications des travailleurs.

Ceci était une réflexion à chaud, je n’espère qu’une chose, c’est que je me suis trompé et que je n’attendrai pas le mois de mai pour voir un nouveau défilé inutile, servant simplement à donner bonne conscience à un monde endormi !

Ce n’est pas après demain, c’est demain, c’est tout de suite……

Sinon ce sera donner raison à Sarkozy : la grève on ne s’en aperçoit même pas !

Messages

  • c’est tristement bien analysé.....telle est la lourde réalité aujourdhui !! une forme de resignation inexplicable et d’impuissance,les "recettes" d’hier ne fonctionnent plus.. ..esperons que ce soit le calme avant la tempete

    • C’est d’ailleurs mon seul souhait, ça m’a arraché quelques gémissements en écrivant ces lignes car ce n’était pas de gaïté de coeur, mais je crois qu’il faut se rendre à l’évidence et surtout ne pas baisser les bras. Et dès demain, il faut ce mttre à harceler le patron, et non pas poser des RTT pout aller manifester comme certains l’on fait. C’est sur les lieux de travail que va se jouer le rapport de force, et dans la rue s’il le faut aussi pour enfoncer le clou... Mais avant tout la grève générale est la seule issue.

      Je sais c’est plus facile à dire qu’à faire, mais si on n’y croit pas un peu, il vaut mieux rester couché !

      http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com

    • Pour apporter un peu d’eau à mon moulin voilà le mail du 15 d’une copine travaillant dans un hôpital d’un chef-lieu de département....

      La dictature monte sans doute si elle n’existe pas déjà. Il ya une grève prévue le 19/03. Et bien nous sommes nombreux au sein de l’hôpital à hésiter à la faire.

       les jeunes qui débutent et ont un petit salaire et des emprunts (le fric)

      - les plus anciens qui ont des enfants étudiants ( le fric)

      - les plus anciens en fin de carrière qui s’en foutent

      - et puis surtout, la peur du chef de service : jeune quadra aux dents longues fiers d’être surnommé "l’ayatollah" par les représentants médicaux et que nous appelons entre nous le keiser. Il colle des rapports aux culs du personnel pour un oui pour un non. J’ai eu à me défendre cette semaine devant lui et la direction (je n’entre pas dans les détails) mais il m’a donné la nausée. Jamais, je ne suis allée au boulot à reculons mais là, j’avoue que la reprise de demain me fait un peux CH...
      Je pense que les gens sont tellement acculés qu’ils n’osent plus se rebeller. Pourtant, je crois qu’une grève solidaire comme celle, dont nous avons entendu parler, dans les DOM ne serait peut être pas inutile mais relève peut être de l’utopie. Je suis complètement désabusée.Violette

      Ca m’avais inquiété, mais je m’étais dit : on verra bien... c’est tout vu !

    • "Il faut se mettre à harceler le patron et non pas poser des RTT pour aller manifester...",disais-tu,cher camarade Mengneau.Mais le témoignage que t’a apporté ta copine travaillant dans un hopital me semble non pas appuyer ton point de vue, mais plutôt le corriger sensiblement,en soulignant l’aspect humain très humain,du problème de la lutte et de la grève.Les gens ne sont pas des pions auxquels il suffirait que les syndicats,sortant de ce que tu appelles leur "apathie",lancent un mot d’ordre de grève générale pour que le lendemain ce soit la grève générale.Non,les gens sont des êtres humains qui ont chacun des problèmes de toutes sortes,pressions au boulot,la crainte de perdre son emploi quand on en a un,de ne pas pouvoir payer tous les crédits qu’on a sur le dos,ou même simplement de ne pas pouvoir s’acheter à manger si on perd par la grève une journée de paye...Alors,dans un tel vécu qui est celui de nos jours,animer les consciences,faire prendre aux révoltés la mesure du nombre qu’ils sont par des manifestations,c’est déjà un pas,un pas en avant,un pas de plus,vers quelque chose de plus,selon la force que ces révoltés se sentiront eux-mêmes.Mais il n’y a qu’eux qui puissent en décider,pas les syndicats à leur place.Ni moi. Roquet

    • Mais je n’ais pas dit que cela était facile et c’est pour cela que j’ai sorti ce mail qui explique les problèmes qui existent. Toutefois, je vais peut-être en vexer quelques uns, mais ne pas faire grève parce que l’on a pas de pognon est assez paradoxale. En effet, c’est ces gens là qui ont le plus besoin de revendiquer et il laisseraient leurs voisins souvent pas mieux lotis qu’eux faire grève et prendre leurs responsabilités pour pouvoir après récupérer le fruit de la lutte des autres, ce n’est pas très moral ni très courageux.

      Nos pères, quand il a fallut entrer dans des conflits longs étaient sans doute beaucoup moins nantis que beaucoups de maintenant, pourtant ils l’ont fait pour avoir ce que l’on a de nos jours et que les exploiteurs veulent reprendre. Quoi qu’il en coûte c’est à nous de protéger cet héritage.

  • Oui en marche vers quoi ?...
    A Paris c’est clair, on part de la République, on arrive à la Nation en passant par la Bastille tout de même. Tout un programme. Une simple vue sur un plan de Paris montre que ce faisant on s’éloigne ostensiblement, et de façon volontaire à mon avis, des centres du pouvoir politique, c-à-d l’Elysée (Champs-Elysée) et Matignon (rue de Varennes, 7e), etc.
    Bref, une marche République-Place de la Concorde s’impose, ou bien République-Place de l’Etoile, ce qui en terme de pression politique a une autre allure.
    Arrivée à proximité de l’Elysée, intrusion dans les beaux quartiers, ...
    ... et là advienne que pourra ...
    Kzm.

  • C’est l’idée d’un mouvement d’occupation des entreprises qui devrait être réfléchi, popularisé.

    la grève là est vidée de son sens , en ne permettant pas qu’elle ait un cout réel pour la bourgeoisie, un blocage réel de la production et des services, à part les glapissements de Parisot sur le sujet.

    La manif de masse ne sert que si elle ponctue cette bataille sur la question du contrôle réel des lieux de production du système.

    Nouvelle manif traine-savate qui ne fait pas plier le patronat, et ne le fera pas plier.

    Ce sont les grèves de masse dans les entreprises, grèves non bornées dans le temps, avec occupation systématique des entreprises quand c’est possible.

    Tout est à nous , rien n’est à eux !

    La bourgeoisie ne bouge pas beaucoup, elle n’a aucune raison de reculer car elle n’a pas beaucoup de raisons d’avoir peur par rapport aux enjeux en court .

    Car le fond est là : La bourgeoisie depuis 20 ans est très déterminée et a conquis de grosses avancées matérielles prises sur les travailleurs.

    La grande crise lui fout la trouille là dessus mais elle n’a pas décidé de reculer et pense au contraire que de profiter de cette situation pour attaquer est une occasion inespérée.

    La faire céder c’est faire vivre l’esprit LKP mais ne pas se tromper sur ce qu’il signifie : Imposer un blocage réel du pays, occuper tous les lieux de productions de richesse, organiser au concret et unitairement.

    Les organisations de défense des travailleurs, la gauche sociale, devraient préparer cela méthodiquement , mais encore faut-il être convaincu de cette nécessité...

    Il y a un problème de compréhension sur ce qu’il est nécessaire de faire pour réellement faire reculer les bourgeois.

  • merci j’aurais pas écrit mieux !!!
    Et demain tous au boulot !! ;)

  • Il faudrait me semble t-il élaboré une liste de revendications claire et concrète dans tous les domaines (salaires, licenciements, services publics, ecoles, santé, Nationalisations, banques, contrôle des prix, prestations sociales, retraites, etc...) La liste doit être la plus longue et la plus précise possible ! Ensuite sur cette base amener un maximum de collègues dans la grève et contraindre le gouvernement, non pas à la négociation mais à plier devant nos exigences.

    C’est ce qu’ont fait les guadeloupéens, il faudrait s’en inspirer.

    On a bien compris que les élections prochaines vont venir brouiller le jeux et empêcher la véritable démocratie de s’exprimer avec le baratin habituel sur le devoir de voter, l’importance de ce scrutin pour l ’Europe sociale, bla, bla, bla...

    Pourtant, parti comme c’est parti, les manifs actuelles ne mèneront à rien d’autre qu’à un vote totalement inutile mais tellement lucratif pour les appareils politiques et les égos . Le mouvement social se retrouverat au mois de Juin, aprés avoir servit les interêts des uns et des autres, atomisé déçu et cocufié.

    L’on sait aussi que la sociale-démocratie n’aboutit qu’à diviser et déboussoler les masses et qu’elle profite invariablement et en fin de compte à renforcer l’extrême droite et la réaction !

    Alors ?

  • Merci pour ce texte tout y est dit !!!!

    et après cette grande journée ils ne nous restent plus qu’un grand sentiment de frustration et d’incompréhension.

    Elle

  • bien vu, bien dit, pour la suite, on attendra le 1er mai, autrement dit, tous les 2 mois, on se dégourdit les jambes, mais, vu que tout le monde est satisfait et que nos dirigents rigolent, je n’ai plus qu’a fermer ma gueule, alors bien compris, soyons patients jusque là et attendons le bon vouloir de nos syndicats, ciao a tutti. dawa

  • OUI ,tout est dit !

    Thibaut et Chérèque nous bassinent avec l’autisme du gouvernement et l’autisme des grandes centrales syndicales,ils n’en parlent pas !Hier 3 millions de personnes et ce matin ,rien,nada et on nous parle encore d’une énième journée le 1er Mai !
    Encore une bonne raison de ne pas se syndiquer à la cgt,cfdt,cftc,cgc qui prennent les travailleurs pour des cons !D’autres syndicats comme SUD auront de beaux jours devant eux à l’avenir !

  • Ceci était une réflexion à chaud, je n’espère qu’une chose, c’est que je me suis trompé et que je n’attendrai pas le mois de mai pour voir un nouveau défilé inutile, servant simplement à donner bonne conscience à un monde endormi !

    Dire que j’ai ecrit ça hier soir en espérant qu’il faille que je me dédise. Et avouer par la même occasion que j’étais un soupçonneux, un pessimiste détruiseur de moral. Pour une fois j’aurais chaussé ces défauts avec délectation, et bien non, je n’ose même pas imaginé que j’avais raison. Il parait que je suis devenu un oiseau de mauvais augure.....

  • Le gouvernement en place est trop fier et trop têtu ; seule une grève générale et illimitée sera paralysante et donc prise en considération.
    Une grève tous les quarante jours, ça en fait 2, puis c’est les vacances d’été ! (vous me suivez, là ...)

    Au fait, félicitations Michel pour cet excellent papier.

    http://forget.e-monsite.com/rubrique,greve-generale-illimitee,1121488.html signature bellaciao.jpg

  • Je n’avais rien compris, comme un idiot !

    Pour notre intersyndicale de métropole, il ne s’agissait pas de faire 45 jours de grève comme en Guadeloupe, mais 1 journée de manifestation (pour beaucoup de grève) tous les 45 jours !!!! CQFD !!! Quelle fine stratégie !!!!!


    Mais quand même ! le 19 mars, le personnel du CHR de Lille était massivement en grève : du jamais vu au dire d’une camarade de la CGT

    Dans ma boite (CRAM Nord-Picardie), 350 grévistes le 19 mars ; plus de 450 le 29 janvier.... (sur 1900 salariés).

    • T’a rien compris, en guadeloupe ils font 45 jours de grève pour obtenir 200€, en métroploe on fait 1 jour de grève tous les 45 jours pour obtenir................euh.... Là l’explication n’est pas valable mais je suis sur que je vais trouver une explication.

    • Peut-être, mais se sont là des exemples, mais si tu fais le tour de l’ensemble, ce n’est pas folichon, ce que je regrette d’ailleurs. De toute façon il faut arrêter de se voiler la face, tant que le système économique n’aura pas été ralenti ou bloqué, rien ne bougera. On pourra manifester, gueuler à l’infamie, tant que les moyens de productions et les banques fonctionnent, Parisot et ses collégues, leur valet Sarkozy, s’en battent l’oeil.

      Mais je ferais aussi une autre remarque, un autre danger guette, c’est la dispersion, la régionnalisation de la revendication. L’action ne sera effective que sur le plan nationnale et même si dans l’état actuelle des choses cela fait figure d’utopie, seule la grève génerale à l’échelon du pays sera efficace. Autrement on s’en va vers des négociations usines par usines, secteurs par secteurs, ce qui sera sélectifs et fera des oubliés.

      Non, c’est tous ensemble et tout de suite....

  • Comme le disait si bien Karl Marx : « … l’histoire ne se répète pas, elle bégaie ! » Souvenons-nous des accords de Grenelle, et de la trahison des clercs, relayée complaisamment par les médias, la presse écrite, les radios et les télévisions du monde. Ça réécriture, fut prompte, et on assista à l’œuvre grandiose de réappropriation d’évènements historiques.

    Le peuple ?

    Oui, le peuple souverain !

    C’est nous répondirent en cœur les falsificateurs. Le peuple souverain, selon tous ces escrocs, ce n’est pas vous, ni vos amis, ni vos voisins, ni tous les salariés ou leurs familles, ni les gens du peuple, non…, ce serait bien trop facile, le "peuple souverain", après leur sale besogne de falsification, ce sont ceux qu’ils auront désigné selon leurs propres critères.

    La plèbe, la vraie, ils la conchient, elle ne doit exister sous aucun prétexte ! Rappelez-vous ces paroles historiques célèbres :

    « La réforme oui, la chienlit non ! »

    et la réponse avait fusé « … La chienlit, c’est NOUS ! » (1)

    Devrons-nous encore une fois subir, les grossières manœuvres des chefs syndicalistes, acoquiner en la circonstance au pouvoir en place, le plus réactionnaire depuis la création de la cinquième république ?

    Attendre le bon-vouloir de ces messieurs-dames, en connaissance de cause quant aux finalités de leurs grossières manœuvres ?

    Nous devons créer notre propre synergie, et les dépassant sur leur gauche et de tous côtés à la fois, ces clercs, ces politicards, ces faisans professionnels et leurs aficionados, les think-thanks et les journalistes inféodés.

    Une marche, porteuse des espoirs et des doléances du peuple souverain, de tout un peuple !

    Et si cela ne suffit pas, l’éviction pure et simple de tous ces parasites !

    Peuple de France, debout, debout…

    (1) La réponse, est évidemment le seul mot historique de cette grossière contre-façon, en réponse au mot que les faussaires avaient attribué à de Gaulle en mai 1968.