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Une ville de l’est un mois d’avril témoignage

Publie le vendredi 3 avril 2009 par Open-Publishing
2 commentaires

Témoignage d’un habitant de strasbourg en espérant qu’il y en aura d’autres

Comme vous l’avez sans doute lu dans la presse et sur divers sites, les imminentes festivités otanesques ont d’ores et déjà transformé la ville de Strasbourg en une zone de contrôle policier et militaire d’une ampleur, dixit même le journal Le Monde, jamais atteinte. En fin de semaine, c’est toute circulation et déplacement qui seront quasiment interdits sur une distance d’une centaine de km allant de l’aréoport d’Entzheim, au sud-ouest de Strasbourg, jusqu’à la ville allemande de Baden-Baden, située plus au nord et où sera logé une partie des”invités”. Depuis quinze jours, les contrôles de police ont été rétablis à la frontière et des gens refoulés.

Quant au centre de Strasbourg, la moitié de l’espace est marquée au fer rouge — ou orange —, ce qui implique au minimum d’arborer un badge d’autorisation pour pouvoir rentrer chez soi. J’ai donc été, la semaine dernière, cherché mon étoîle jaune à la Kommandantur, puisque ma rue d’habitation fait frontière entre la zone relativement libre et celle franchement occupée. Certains habitants de la zone rouge — ceux de la place de Bordeaux — sont, quant à eux, consignés à résidence et doivent effectuer, pour mettre le nez dehors, une demande téléphonique qui doit être sérieusement motivée.

Même chose dans la ville allemande de Kehl. D’autres encore ont reçu de la préfecture un chèque de vacances leur intimant l’ordre d’évacuer sans discussion leur logement haut situé, lequel se trouve momentanément métamorphosé en guérite remplie de tireurs d’élite. Tout le centre ville est sillonné jour et nuit par des patrouilles de militaires, mitraillette au bras et doigt sur la gachette. L’ambiance sonore est à l’avenant, puisque le ciel est régulièrement traversé par des escadrilles d’hélicoptères qui font du rase-motte au dessus de certains quartiers.

“Ce sommet est donc une grande chance pour notre ville” est-il dit dans une lettre que le maire socialiste Roland Ries a jugé bon d’envoyer à tous ses administrés. On ne saurait en effet mieux dire. On se livre en effet à un essai grandeur nature de militarisation de l’espace, du genre de celui qu’il faudra bien mettre en oeuvre si la situation sociale évolue plus mal aux yeux de la domination. Dans le même temps, on espère familariser ce genre de décor aux yeux d’un bon nombre de gens, ceux-là mêmes qui — comme le laisse entendre la lettre du maire — sont assez bêtes pour ne pas quitter la ville et qu’il importe donc d’impressionner. Plus généralement, dans l’utopie du capitalisme total, la transformation de toute la planète en zone rouge constitue, sinon une sorte d’idéal, bientôt une réelle nécessité. Ville purgée d’une partie de ses habitants, ceux restants placés sous haute surveillance, voilà le digne pendant politique d’un monde où des machines-robots produisent mécaniquement des objets à peine destinés aux hommes, lesquels pour beaucoup ne sont déjà plus en mesure de se les procurer.

Il est difficile d’en évaluer l’ampleur et la profondeur, mais il est visible que cet état d’exception — non officiellement proclamé et sans doute dérogatoire à des lois qui, de toute évidence, ne servent décidément plus qu’à assommer ceux qui ne le sont pas encore — suscite un sentiment très répandu d’exaspération, déjà bien alimenté par ailleurs. A peine installé, le contre-sommet est déjà l’objet de provocations policières évidentes.

Dans la lignée de ce qui se passe ces derniers mois, il est certain que le ministère de la police et la préfecture locale ont prévu une répression exemplaire. Des renseignements personnellement pris auprès de médecins du CHU m’ont confirmé que tous les hopitaux des deux départements d’Alsace avaient réquisitionné tout leur personnel et se trouvaient en état d’alerte maximal ; de même, l’organisation SOS médecins a triplé ses effectifs pour la fin de semaine. Des regroupements, autrement dit entassements, ont été rapidement effectuées dans les prisons, afin de libérer de la place pour de nouveaux arrivants.

Strasbourg un mois d’avril 2009

Messages

  • "d’une ampleur, dixit même le journal Le Monde, jamais atteinte. "
    Si si n’ayons pas la mémoire courte Strasbourg a déjà été vidé de ses habitants....
    Mauvais souvenirs

    Préfecture du Bas-Rhin

    RÉPUBLIQUE FRANCAISE

    S E C R E T

    Strasbourg, le 31 août 1939

    LE PRÉFET DU DÉPARTEMENT DU BAS-RHIN

    à Monsieur le VICE-PRESIDENT DU CONSEIL

    ÉVACUATION DES POPULATIONS CIVILES

    Les mesures de préparation de l’évacuation des populations civiles de la zone avant ont été poussées aussi loin que possible dans mon département ; les gîtes d’étapes et les centres de recueil sont en état de fonctionner et particulièrement ont reçu leurs approvisionnements en denrées alimentaires et leur matériel sanitaire.

    Dans toutes les communes soumises à l’évacuation les convois sont préparés et prêts à partir au premier signal.

    Deux points restent particulièrement délicats.

    1° ) L’évacuation de l’arrondissement de Wissembourg situé en majeure partie en avant de la ligne de résistance et dont le dégagement au point de vue militaire doit être opéré avec le maximum de rapidité. Dans ce but les mesures prévues ont été renforcées ; les trains navettes partant de Wissembourg et Lauterbourg sont en place et l’autorité militaire a mis à ma disposition des moyens automobiles paraissant suffisants pour renforcer les moyens ferroviaires ou les remplacer au cas où ils seraient mis hors d’état de fonctionner.

    2° ) Évacuation de l’agglomération de Strasbourg.

    Les évacuations volontaires ont porté sur environ 100.000 personnes. Si on évalue à 25.000 le nombre de mobilisés la population restant à évacuer se chiffrerait à environ 115 à 125.000 personnes.

    Pour l’évacuation du restant de la population toutes les mesures préparatoires sont prises, les organes d’évacuation sont en place et prêts à fonctionner. Toutes les instructions à la population sont tirées ainsi que celles destinées à réaliser une évacuation d’alerte au cas où les dispositifs normaux d’évacuation ne pourraient utilement fonctionner.

    Mais il y a surtout lieu de considérer l’extrême gravité de la décision à prendre. Quelles que soient les mesures qui ont été prévues, l’évacuation de Strasbourg sera une opération difficile. Si elle se fait d’une façon ordonnée ses inconvénients sont réduits au minimum. Mais, par contre, si elle a lieu après un bombardement qui aura pu mettre hors d’état de fonctionner une partie des dispositifs, elle sera singulièrement difficile.

    Le Préfet du Bas-Rhin

    RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

    Présidence du Conseil

    Paris, le 3 septembre 1939.

    19 H 20.

    Les opérations d’évacuation de STRASBOURG sont terminées.

    La zone avant est évacuée mais on a été obligé malgré tous les efforts, d’abandonner une grosse partie du bétail.

    En ce qui concerne M. VIGUIE personnellement, il garde ces deux postes de commandement STRASBOURG et LUTZELHOUSE et, en ce moment, le Préfet va veiller à ce qui est le plus important, c’est-à-dire l’évacuation des centres de recueil vers l’Intérieur.

    Le départ a déjà commencé cet après-midi une dizaine de trains.

  • Merci de ce petit rappel historique : mes grands parents faisaient parti du lot, un détail ; leurs voyage a duré 5ans ,étant donné que c’était un couple mixte ! (une alsacienne+un habitant du Doubs) après les français ce sont les allemands qui ne voulaient pas laisser rentrer mon pépé................
    Monsieur le maire vous nous avez laissé sans défense !

    et oui, ouvrez les yeux,c’est le début du grand cirque tout sécuritaire ,quel monde, ce matin le quartier ressemblait à un asile,seuls les petits vieux faisait leurs courses et encore il y en à qui sont allée braver les autorité en allant au centre sans badge ! Bravo aux plus de 80ans et cela prouve bien que sous les panoplies de Dark Wador,il a aussi des mecs mal à l’aise du délire de leurs chefs§ Mais rassurons nous des COGNES des vrais,il y en a:ils font la chasse aux jeunes à La Ganzau !
    No futur to me in the U.K marie.lina