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Une comédie en deux actes : la nouvelle norme comptable FAS 157-e. Amusant, très amusant.

Publie le lundi 6 avril 2009 par Open-Publishing
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Dans le premier acte de cette comédie, les spectateurs ont assisté à une scène très amusante. Aux Etats-Unis, le 2 avril 2009, les banquiers ont convaincu le Congrès de voter une nouvelle norme comptable ! Cette nouvelle norme comptable s’appelle la FAS 157-e.

Elle permet aux banquiers américains de maquiller leurs comptes. Elle permet aux banquiers américains de présenter des résultats trimestriels en hausse de 20 %, comme ça, comme par magie !

Abracadabra ! Fouchtra !

AU PAYS DES MIRACLES COMPTABLES.

Le 2 avril ne sera peut-être pas reconnu, plus tard dans les livres d’histoire, comme la date d’un sommet international décisif des chefs d’Etat, mais comme celle de l’adoption de la réglementation FAS 157-e par le Congrès américain. Résultat d’un travail de lobbying intense et de longue haleine, tardif mais salutaire aux yeux de certains, aux lourdes conséquences aux yeux d’autres. L’œuvre de l’action déterminée de la US Chamber of Commerce et de l’American Bankers Association, ces deux fleurons de l’Amérique.

Arthur Levitt, ancien président de la SEC, vient de déclarer à ce propos : « ce qui me perturbe le plus à propos de l’initiative de la FASB (l’organisme qui fixe les règles en matière de comptabilité, à l’origine de la nouvelle réglementation) est qu’elle semble résulter de menaces indignes de membres du Congrès, qui sont redevables à des représentants d’entreprises ».

D’après l’agence Bloomberg, Robert Herz, responsable de la FASB, a récemment déclaré à un groupe d’avocats « j’ai reçu des appels téléphoniques et eu des visites de certaines de ces institutions qui sont dorénavant dans les mains du gouvernement, à peu près deux semaines avant qu’elles ne soient récupérées, essayant de modifier leurs comptes ».

Fort de cette nouvelle réglementation, les banques vont désormais pouvoir « retravailler leur bilan » et s’installer légalement dans une situation jusqu’alors inconfortable, dissimulant la vérité de leurs comptes. Paul Volcker, ex président de la Fed, considérait dernièrement, du haut de son autorité et afin de favoriser l’adoption de cette nouvelle réglementation, que « les principes et standards de valorisation devraient être réévalués, en vue d’adopter des directives plus réalistes afin de traiter des instruments peu liquides sur des marchés affaiblis ».

Conséquence désormais acquise, les résultats des banques vont être « dopés », leur évitant de procéder à des dépréciations et des recapitalisations. Robert Willens, un ancien directeur de Lehman Brothers Holdings Inc. considère que l’application de cette nouvelle norme va en effet améliorer de 20 % en moyenne les résultats des banques.

Est-ce dire que cela va entraîner le retour à la « transparence » rétablissant la « confiance » ? Cela risque, tout au contraire, d’accroître la suspicion sur les comptes des banques, déjà très grande, avec pour conséquence la poursuite du blocage du marché interbancaire du crédit, ainsi qu’en général celui du crédit. Tim Blackshall, stratégiste en chef chez Credit Derivatives Research remarque : « nous savons bien que le ‘matériel’ est toujours dans les comptes ».

A propos des incidences de cette nouvelle situation vis à vis du plan Geithner de sauvetage des banques, les avis divergent également. Les uns considèrent que la valorisation supérieure des actifs toxiques qui va en résulter va y faire obstacle, car les banques n’auront plus de raison de les vendre.

Christopher Hoeffel, président de la Commercial Mortgage Securities Association remarque que certains banquiers disent déjà : « je ne veux pas vendre cet actif, parce que le prêt est peut-être encore bon. Lorsqu’il viendra à maturité, je récupérerais peut-être mon argent » ; ce raisonnement ne peut que sortir renforcé par les nouvelles dispositions. Robert Willens considère pour sa part que la nouvelle règle de la FASB empêchera les gens de faire ce que le Trésor attend d’eux, c’est-à-dire vendre leurs actifs. D’autres estiment que cela pourrait permettre au contraire aux banques d’en obtenir un meilleur prix, tandis qu’elles pourraient de l’autre main devenir acheteuses, sous couvert de structures sous leur contrôle, bénéficiant alors d’une garantie financière de la FDIC les couvrant très largement.

Le monde financier s’installe dans le déni et maquille ses comptes.

Ne sachant pas quoi faire de ces actifs, le plan Geithner allant mettre du temps (six mois) à entrer en vigueur et à produire des effets, ses résultats étant incertains, l’adoption de la norme FAS 157-e va avoir un résultat immédiatement tangible : desserrer l’étau sur les plus estimables établissements de la place financière de New York. Leur permettant de faire face à une nouvelle crise du crédit, celle des cartes de crédit dont le taux de défaut grimpe très vite, avec de fâcheuses conséquences pour les produits financiers qui ont ces prêts comme collatéral. Il était, de ce point de vue, urgent de faire vite.

Tom Sowanik, responsable des investissements chez Clearbrook Financial, en a déjà tiré toutes les conséquences pour sa clientèle : « je crois que les investisseurs devraient commencer à estimer les actions des institutions financières et des banques ».

François Leclerc.

http://www.pauljorion.com/blog/?p=2638

Deuxième acte de cette comédie :

Les banques européennes sont scandalisées ! Les banques européennes veulent pouvoir maquiller leurs comptes, elles-aussi ! Elles sont donc en train de faire le forcing auprès des gouvernements européens pour pouvoir utiliser la même entourloupe !

C’est humain, après tout !

Pourquoi les banquiers américains seraient-ils les seuls à mentir sur l’état réel de leurs banques ?

Pourquoi les banques européennes n’auraient-elles pas le droit de magouiller, elles-aussi ?

Pourquoi les banques européennes n’auraient-elles pas le droit de présenter des résultats trimestriels en hausse de 20 %, comme par magie ?

Banques : les Européens demandent un assouplissement des normes comptables.

Les pays européens ont réclamé samedi 4 avril un assouplissement très rapide des normes comptables appliquées à leurs entreprises, les banques en particulier, afin qu’elles ne soient pas désavantagées par rapport à leurs concurrentes américaines.

L’association qui fixe les normes comptables aux Etats-Unis, le FASB, a assoupli jeudi 2 avril de manière unilatérale les règles d’évaluation des actifs. Objectif : soulager les bilans des banques américaines, plombées par les actifs "toxiques", afin qu’elles puissent recommencer à fonctionner normalement et notamment à financer l’activité économique via des prêts.

Les Européens veulent bénéficier d’un traitement équivalent. Mais la procédure est plus lourde. Les normes comptables de l’Union Européenne dépendent d’un organisme supra-national, l’IASB, qui les fixe non seulement en Europe, mais dans la plupart des pays hors des Etats-Unis.

A l’issue d’une réunion à Prague, les ministres européens des Finances ont donc publié un communiqué dans lequel ils ont "appelé l’IASB à coopérer étroitement avec le FASB (américain) pour répondre immédiatement à ces problèmes". L’objectif doit être "d’obtenir un traitement équivalent et l’application de critères identiques afin d’éviter des risques de voir émerger des distorsions de concurrence", dit le texte.

"Il faut quand même que tout le monde soit placé sur un pied d’égalité", a déclaré la ministre française de l’économie Christine Lagarde. "En urgence, nous leur demandons d’examiner les modifications à apporter sur la question de la valorisation des actifs illiquides", a-t-elle ajouté.

"Nous ne voulons pas qu’apparaisse subitement un déséquilibre transatlantique", lui a fait écho son collègue allemand Peer Steinbrück. C’est la raison pour laquelle "nous demandons des mesures analogues, plus flexibles, pour les banques européennes exerçant en Europe", a-t-il ajouté.

La règle jusqu’ici en vigueur, dite de "mark-to-market", oblige les institutions financières à évaluer très vite leurs actifs à leur valeur de marché. Dans les cas des actifs "toxiques" à l’origine de la crise financière mondiale, qui ne trouvent plus preneurs auprès des investisseurs aujourd’hui, les banques doivent ramener cette valeur à pratiquement zéro, ce qui plombent leurs bilans et obère leur capacité à octroyer des prêts ou à investir. Ce mécanisme a eu effet boule de neige (effet "pro-cyclique" dans le vocabulaire des économistes) dans la crise financière mondiale.

Il faut "faire en sorte de supprimer ces effets pro-cycliques, ou à tout le moins de les amoindrir", a souligné M. Steinbrück.

En octobre 2008, au plus fort de la crise bancaire, l’IASB avait déjà une première fois assoupli ses normes comptables en vigueur, à la suite des Etats-Unis, afin de limiter précisément les dépréciations automatiques d’actifs. Mais les nouvelles mesures dont il est question aujourd’hui pour l’Europe iraient plus loin.

http://www.lesechos.fr/info/finance/afp_00136043-banques-les-europeens-demandent-un-assouplissement-des-normes-comptables.htm

Messages

  • Calderon parle d’officiels US impliqués dans le trafic de drogue avec le Mexique

    06/04/2009 - Bloc-Notes

    En plus du flot d’armes, de drogue et de violences entre les USA et le Mexique, les affirmations et accusations peu ordinaires au niveau officiel commencent à être dites et diffusées entre les deux pays. Il s’agit dans ce cas du président mexicain Calderon, qui fait une déclaration, retransmise en vidéo par RAW Story le 4 avril 2009, mettant en cause des complicités par corruption au niveau d’“officiels US” dans le trafic de drogue.

    « The President of Mexico has an unfortunate message for Americans still ignorant of the Drug War’s cold realities : Some of your politicians are involved.

     »Yes folks, it is long-past time to start thinking about alternative strategies for combating both the harmful effects of drug addiction and the deadly effects of forcing an economy outside of the law.

     »“It is impossible to pass tons of drugs and cocaine to U.S. without some great complicity of some American authorities,” said Mexican President Felipe Calderone. “There is traffic in Mexico because there is corruption in Mexico. And that is true. But with the same argument, if there is traffic in United States, it is because there is some corruption in United States.” »

    D’une certaine façon, on pourrait avancer que les déclarations peu ordinaires d’Hillary Clinton à Mexico le 25 mars 2009 ont ouvert la boîte de Pandore. On peut raisonnablement spéculer que Calderon n’aurait pas fait de telles déclarations si, avant lui, Hillary Clinton, la Secrétaire d’Etat, n’avait pas admis la responsabilité manifeste des USA dans la “guerre des cartels”, à cause de la consommation de drogue aux USA certes, mais aussi à cause du trafic d’armes US vers le Mexique pour l’armement des cartels.

    Calderon fait un pas de plus. Il met en cause la corruption de certaines personnalités et officiels US, – ce qui amène d’ailleurs nombre de messages de lecteurs suivant cette nouvelle, qui rappellent les hypothèses et affirmations de nombreuses implications US dans les trafics de drogue, notamment avec les soupçons contre la CIA depuis des décennies (avec l’affaire des contras et l’Irangate dans les années 1980), avec les soupçons contre l’ancien leader de la majorité républicaine à la Chambre des Représentants Tom DeLay, contre la famille Bush et ainsi de suite.

    Il est évidemment très intéressant que de telles accusations, directement ou indirectement, commencent à affleurer, sinon implicitement à apparaître dans le discours officiel. On peut classer l’affaire dans la rubrique “scandale dans la famille”, dont Calderon fait partie par cousinage à peine éloigné, comme tout président mexicain, – mais lui particulièrement, notons-le. Nous renforçons notre jugement déjà dit à l’occasion de la “sortie” d’Hillary Clinton sur la responsabilité US : Calderon doit se sentir en position extrêmement fragile pour se laisser aller à de telles allusions qui tendent à transférer les responsabilités de la situation mexicaine vers les USA, allusion qui sont largement documentées par ailleurs dans la presse “dissidente” US (celle qui ne suit pas la ligne officielle) et chez divers auteurs de la même veine. Les loups ne se mangent pas entre eux, – quoique la comparaison et l’image soient bien injustes pour le noble animal, – mais ils commencent à se grignoter sévère.

    Mis en ligne le 6 avril 2009 à 06H01

    http://www.dedefensa.org/article-ca...

  • Ces manipulations reviennent à augmenter de façon artificielle les fonds propres des banques, non ?

    Puisque les banques ne peuvent prêter qu’en fonction du volume de leurs fonds propres, elles pourront alors prêter sur des fonds propres inexistants, est-ce bien cela l’enjeu de cette nouvelle norme comptable ?

    Si c’est le cas, cela signifie que le système bancaire ne repose plus sur aucune base solide et que les banquiers, forts de l’expérience récente, continuent de plus belle avec l’aval de leurs gouvernements !

    Décidément, les pouvoirs financiers et politiques nous font la démonstration qu’il est impossible d’amender le capitalisme, le réguler personne n’y parvient, l’humaniser, encore moins puisque c’est toujours au profit d’une minorité que va s’exercer l’adoption de cette nouvelle norme comptable.

    En fin de compte, tout continue comme avant, il suffit d’inventer de temps à autre une norme comptable qui permet de masquer la réalité et ainsi de poursuivre la recherche du profit et l’accumulation du capital jusqu’à la prochaine crise.

    Et là, pas de problème, les salariés, les précaires, les jeunes, les retraités, les chômeurs paieront la crise !

    JUSQU’A QUAND ?

    Jak