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strasbourg Interview d’A. Charlemoine de la Legal team

Publie le mardi 7 avril 2009 par Open-Publishing
9 commentaires

Interview d’A. Charlemoine de la Legal team

Le point de vue d’un membre de la Legal Team sur la manif du 4 avril. Le point sur l’ambiance et l’organisation du cortège et surtout l’immense bêtise d’accepter un itinéaire pourri et facilement encercable à souhait (en l’occurrence une île avec à l’est le Rhin et à l’ouest un canal et 4 ou 5 ponts faciks à boucler). Après, les "pacifistes" crient aux méchants casseurs qui ont gaché la fête, alors que les organisateurs portent la responsabilité d’avoir mis en danger le cortège en laissant à la police l’avantage total. Bref, un beau traquenard...

Alain Charlemoine, de la Legal Team : "Il ne devrait y avoir qu’un seul mot d’ordre, Anti-OTAN !"

lundi 6 avril 2009, par Lémi & Herr Grimaud

Les participants des grands rassemblements anticapitalistes connaissent bien le principe des Legal Team. En cas de grabuge avec la police, ce sont eux qui veillent au grain et tentent de limiter les dégâts légaux. Sans légitimer la violence des manifestants ni la dénoncer, ils cherchent juste à faire respecter les droits de chacun, en association avec des équipes d’avocats. Ils soutiennent ainsi tous ceux qui sont incarcérés. Et abattent bénévolement un travail énorme, comme à Strasbourg ce week-end. Entretien avec Alain Charlemoine, militant berlinois et représentant de la Legal Team du contre-sommet de l’Otan.

Quel bilan tires-tu de ce contre-sommet ?

Le bilan n’est pas très positif. Si certaines choses se sont très bien passées, l’organisation du camp par exemple, il y a beaucoup d’éléments témoignant d’un manque évident de coordination et de dialogue. Dans le cortège du samedi, il y avait plusieurs organisations qui souhaitaient tirer la couverture à elles. Le NPA ou la CGT cherchaient ainsi à imposer leur manière de voir. Et quand il s’est agi de tenter une action pour libérer les manifestants qui étaient pris au piège par les forces de l’ordre, il n’y avait plus personne. Je ne connais pas beaucoup ce nouveau parti, le NPA, mais j’ai eu l’impression qu’ils étaient dans une logique de pouvoir, d’affichage. Pour eux, il s’agissait de se positionner politiquement, ça empêche toute action solidaire.

En Allemagne, les choses se passent différemment ?

Oui. Il existe une solidarité entre tous les participants, ce qui n’est généralement pas le cas en France. Lors des événements de Rostock [1], les pacifistes faisaient barrage quand les flics s’attaquaient aux activistes anticapitalistes. Normalement, on trouve facilement un terrain d’entente ; après tout, on a le même ennemi, même si les moyens divergent. Ici, les pacifistes se contentent de dénoncer les plus radicaux, il n’y a aucune forme d’unité. Et puis, en Allemagne, les choses se discutent davantage, on cherche à faire avancer les choses sans rester dans des querelles stériles.

Il y aurait un problème en France au niveau de l’organisation de la contestation ?

Ce n’est pas toujours le cas. A Vichy [2], par exemple, ça s’est très bien passé. Mais c’est vrai que souvent, vous semblez avoir du mal à dépasser les querelles partisanes. Vous fonctionnez de manière trop centralisée, trop directive. Il ne devrait y avoir qu’un seul mot d’ordre, « Anti-OTAN ! », et c’est d’autres considérations qui prennent le dessus.

Qu’est ce qui a joué négativement à Strasbourg ?

D’abord, il n’aurait jamais fallu accepter l’itinéraire imposé par les autorités, il ne rimait à rien. Défiler à l’écart de tout, c’est contre-productif. Il fallait lutter contre ça. A Rostock ou à Annemasse [3], les autorités avaient proposé un itinéraire du même genre que nous avions refusé en bloc. Si vraiment il y a une volonté de faire changer ce genre de choses, les autorités ne peuvent que s’incliner. Mais à Strasbourg il n’y avait pas de front uni. Dans ces conditions, il a été facile d’embarquer ceux qui étaient pris dans la souricière. D’autant qu’on le sait très bien : en face, ils veulent montrer leur grande fermeté. Le manque d’organisation leur facilite le travail.

Tu es un des organisateurs de la Legal Team, quel est votre rôle ?

L’idée, c’est d’empêcher les gens d’être jugés expéditivement. On a une équipe d’avocats prête à réagir, tous les manifestants connaissent le numéro à appeler si jamais ils ont des embrouilles avec la police. Ensuite, s’ils sont condamnés, on essaye de maintenir une mobilisation, pour qu’ils ne soient pas oubliés. On est un peu déçus par le manque d’implication de nos avocats pour le moment, ils sont très loin de la virulence des avocats allemands dans ce genre de situation, ils sont un peu mous. On aimerait qu’ils cherchent plus à devancer les autorités plutôt qu’attendre qu’elles leur fassent signe. Mais notre rôle ne se cantonne pas seulement au contre-sommet de l’OTAN et aux activistes. A Berlin, on s’adresse à tout le monde, on cherche à aider les SDF, les sans-papiers, on ne veut pas se cantonner aux événements politiques. Il s’agit d’offrir une opportunité de se défendre à ceux qui sont démunis face à la justice.

Quelle est la situation à Strasbourg pour le moment ?

On a 31 personnes en garde à vue dont 8 vont passer en comparution immédiate demain matin [4]. On sait que les flics ont dressé deux barrages filtrants à la sortie du camp et qu’il va y avoir du boulot. D’ailleurs, une des organisatrices de la Legal Team, Nadia, vient d’être embarquée à la sortie du camp. Au niveau des conditions de garde à vue, on est un peu dans le brouillard. On ne sait pas si les gens sont biens traités, si il y a des blessés. Et on n’a pas le droit de leur rendre visite. Du coup, on doit faire confiance au discours officiel, autant dire qu’on est très méfiant.

Comment allez-vous gérer les choses dans les jours qui suivent ?

Personnellement, je vais rester un peu à Strasbourg, il y a plein de choses à faire pour assister ceux qui sont pris. Et puis, le problème est toujours le même : ceux qui sont en prison sont rapidement oubliés une fois le sommet passé. On va essayer de faire en sorte que ça ne se passe pas comme ça. C’est pour ça qu’on a besoin de tous les relais possibles, qu’on accepte de parler à des médias qui ne nous plaisent pas, on a besoin d’eux pour faire bouger les choses. On préfère s’adresser à des gens comme vous, mais on a aussi besoin des médias de masse, surtout quand ça se passe mal. D’ailleurs, je ne suis pas d’accord avec la position de certains radicaux qui cherchent à évacuer les médias quand la situation est violente : on a justement besoin d’eux pour éviter les débordements policiers. Quand une caméra est présente, le comportement des flics change...

Personnellement comment en es-tu arrivé à t’impliquer à ce point ?

C’est simple : j’ai assisté à la répression ultra violente du sommet de Gênes. Après avoir vécu ça, c’est dur de ne pas s’impliquer...

[1] Manifs monstres contre le sommet du G8, en juin 2007.

[2] Rassemblement d’opposants à la conférence européenne sur l’Intégration, novembre 2008.

[3] Manifestations Anti G8 en juin 2003.

[4] L’entretien a été réalisé dimanche vers 15h.

Messages

    • sympa la peau de banane glissée par A. Charlemoine : "Le NPA ou la CGT cherchaient ainsi à imposer leur manière de voir" !! ahhh bon ??? où ça, dans quelle réunion ?? pendant la manif ??? de quelle manière ???

      ok dans les grandes lignes avec l’analyse de A. Charlemoine (que je ne connais pas) de la Legal Team... mais se payer le NPA et la CGT sans rien étayer, c’est au minimum pas très correct, pour par dire un peu dégueux...

      essayons de ne pas nous tromper d’ennemis, et, quand on accuse telle ou telle orga d’avoir merdé, essayons d’étayer, de prouver ce qu’on dit... sinon ça pue le colportage de rumeurs, et ça ne sert que nos adversaires

  • merci à la legal team pour ce qu’ils ont fait ce week-end.
    Ca fait plaisir de voir que le mot solidarité veut encore dire quelque chose.

  • La défense des activistes capturés a ses limites que seul le pouvoir consent à discrétion.
    C’est en empêchant la capture de la plupart que la défense sera la plus judicieuse.
    Il apparaît clairement que la stratégie à mettre en œuvre dans les manifestations doit passer par un commandement unique dont l’activité principale sera de contrer celle de l’ennemie.
    Le mot ennemie est utilisé ici comme une réalité objective, car nuire par l’agression contre des gens pacifiques ne peut être que qualifié ainsi.
    Cet état major devra coordonner la manifestation en flux tendu, suivant la situation du moment. Il s’agira de s’organiser en fonction de la rivalité existante, ce qui signifie en fonction des prémices d’une guerre civile qui se dévoile inexorablement.
    Tout en restant pacifique, pour le moment, la coordination de la manifestation se devra d’être construite par des cercles de commandement appuyés par des cercles de communication.
    Il faut réinventer les manifestations pour ne plus être des moutons battus.
    Dès à présent, il faut nous préparer au pire car « eux » sont prêts, bien que surement incompétents pour contrer une alliance organisée.
    En somme l’alliance pacifique, organisée comme des gardes nationaux, par les peuples d’Europe permettra que nous chassions les Faquins de notre vie.
    J.Michel

  • Je conseille à ce monsieur qui donne des conseils d’organisation d’aller discuter
    avec les responsables de la CGT et du NPA. Laisser le centre ville aux autorités
    c’était capituler sur un droit fondamental , la liberté de manifester !!!! un accord
    avait été établi avec la préfecture qui n’a pas été respecté !!! Voir les communiqués locaux d’ATTAC !

  • Juste un détail : si le NPA n’a pas aidé à libérer les manifestants pris au piège c’est justement que le NPA était DANS le piège.
    Par contre je me souviens parfaitement avoir vu Madame Buffet se replier lamentablement lorsque nous parvenions sur le site. Facile de donner des leçons !

    • c’est pas beau, ce que tu fais là, camarade... C’est exactement ce que le locuteur dénonce et qui empêche d’avancer... Putain, c’est pas pour demain la révolution.....

      D@v !d B.

    • Salut à toi ’’CAMARADE’’, tu vas te reconnaitre je n’en doute pas ,
      CHER ’’Camarade ’’ loin de moi l’idée de donner des leçons , rien ne m’y autorise . Je sais , je connais , j’ai des amis communistes et moi-même je me réclame de cette tendance mais au sens libertaire . Je t’en conjure , arrête , et arrêtez de qualifier tout le monde de ce terme éculé de CAMARADE . Lorsque tu auras compris que précisement l’emploi de cet adjectif est une émanation directe de ton parti et de la normalisation des esprits qu’il induit , alors oui , si un jour cela se produit dans ton esprit , tu auras compris en même temps que nous ne sommes pas tous semblables et obéissants à une doctrine fanée . Comme toi je suis passé par la Centrale ( on disait cellule ...c’est encore le cas ? , en tout cas cela faisait peur à Prévert ...) .Comme toi j’ai eu la main sur la couture du pantalon , et puis je me suis aperçu que les sociétés étaient plurielles ; que beaucoup visaient le même but d’éradication des capitalistes mais que certains , avec autant de foi et de détermination choisissaient de n’être pas inféodés à une ligne de parti ,à une ligne tout court , que j’existais et que je pensais , même sans les autres .

      J ’ai soixante ans et j’en ai passé quarante cinq dans la rue , sans toi , sans ton parti (...pris)à ses côtés parfois . Alors je n’accepte pas que par défaut tu donnes du camarade aux autres . Tu n’as rien à m’apprendre en matière de lutte sociale . Je me suis battu physiquement en 68 , j’ai lutté et je lutte encore , mais , lorsque je dis camarade à quelqu’un , c’est que je l’ai choisi ce quelqu’un . En quelque sorte j’ai entériné que la seule lutte de libération possible passait par l’émancipation de soi-même .

      Avec toi dans l’idée , mais , es-tu mon camarade ? Pour ce qui me concerne , ne te connaissant pas je dis que je ne te comprends pas , non !. Lorsque tu donnes du camarade à quelqu’un , n’oublies pas que tu lui donnes un uniforme ; et en principe l’uniforme , si ta conformation mentale est aboutie , c’est une notion de l’humain peu en adéquation avec tes aspirations et ton choix politique . L’uniforme normatif que sous-tend le terme camarade est l’habit que revêt celui ou celle qui défend les intérêts que normalement tu combats .
      Nous sommes en train d’assister à une attaque planétaire d’une ampleur inégalée et venant des possédants . Nous devons nous unir pour combattre , mais souffre comme moi que d’autres soient différents . Car , rappeler à l’ordre un quidam inconnu comme tu le fais , c’est la marque d’un dictat et c’est ce que nous combattons ! Non ? .J’espère qu’un jour nos combats seront victorieux et que nous pourrons nous congratuler et nous féliciter , en oubliant l’esprit de clan ..un jour , qui sait ? Je te demande d’essayer d’admettre que tu n’es pas détenteur d’une vérité absolue , pas plus que moi , nous évoquons l’humain et nous sommes sympathisants à une cause commune , c’est beaucoup et c’est indispensable , essayons de ne pas nier l’autre ...

    • C’est bien au nom de cette "sympathie à une cause commune", que je te "donne du camarade".

      Libertaire, je le suis toujours. Même dans le parti. C’est même parce qu’il est aux abois que j’ai jugé bon d’y entrer, gageant qu’il ne pourrait plus se comporter comme, semble-t-il, à ton époque. Ensuite à cause de ce que je constate du rapport de forces strictement politique (entre partis, qui est élu, et qui fait quoi DANS le système, parce que les individus qui travaillent aux marges sont moins puissants pour la transformation sociale, et parce que j’estime que tout n’est pas à rejeter de 1789, de 1830, de 1848, etc., dates symboliques qui font aussi le socle de notre culture).

      Pour ce qui est de la "normalisation des esprits", je ne t’apprendrai rien en affirmant que c’est le lot de tout groupe humain, que d’être à la fois le produit de ceux qui le composent ET une force de normalisation. Tu sais cette évidence anthropologique, tu connais la dialectique.

      Ce "quidam" si je le "rappelle à l’ordre", c’est simplement parce qu’il s’amuse à semer la discorde entre des groupes humains dont j’aimerais, moi, la concorde, parce qu’ils ont des buts communs. Mais c’est surtout à la PAIX, que j’ai tenté de le rappeler. Parce que l’ennemi est ailleurs. Parce que je pense aussi que le NPA semble s’annoncer comme l’une des meilleures nouvelles pour le mouvement ouvrier depuis longtemps (même si je pourrais aussi être critique à l’endroit de certaines stratégies ou options, mais justement là n’est pas le débat...). Mais ce n’est encore qu’une nouvelle, qui ne me fera pas cracher sur le travail des 13000 élus communistes et apparentés. Et je n’exclus pas de passer au NPA si tout ce qui s’annonce, à grand renfort médiatique, à savoir l’achèvement du PC et l’accroissement du NPA, a effectivement lieu. Je tâcherai de travailler là où j’estimerai que c’est le plus utile, et aux mieux-être immédiat des travailleurs, et au renversement de la domination. Même là, je demeurerai un communiste libertaire, n’en déplaise aux autoritaires, n’en déplaise aux individualistes.

      C’est simplement au nom d’un œcuménisme communiste (ce qui, je crois, correspond à la vocation de ce site), que je réagis (en réactif et non en réactionnaire, parce qu’il ne faut justement pas se tromper d’adversaire, ni d’ennemi) lorsque ça se "tire dans les pattes".

      En conséquence de quoi, je te remercie de ne pas penser à ma place... N’étant, pas plus que lui, ni que toi, détenteur d’une vérité absolue, je fais comme vous, je défends mon opinion. La mienne est unitaire. Mais si vous préférez que l’on continue, dans ce lieu public, à s’invectiver, ça permettra à tous nos adversaires de bien se marrer, comme ils le font avec une telle morgue depuis 1983...

      Maintenant, la camaraderie n’a attendu aucun parti pour exister, ni la fraternité, 1789. Ce n’est donc pas dans mon esprit un "uniforme". En outre, je le répète, on peut, si tu le désires, continuer de se balancer des piolets dans le dos, ou des Kronstadt à la face. Et ce qui reste de commun à nos causes sera bien avancé, compte tenu du rapport de forces REEL entre travail et Capital.

      Espérant que tu accepteras des salutations que je souhaite fraternelles,

      D@v !d B.