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La crise est finie dans 15 jours. C’est Le Point qui le dit.

Publie le jeudi 16 avril 2009 par Open-Publishing
15 commentaires

L’industrie périclite, le chômage va encore augmenter, les déficits publics aussi. Pourtant, Le Point en est certain : le bout du tunnel n’est pas si loin. Jacques Marseille donne même une date pour la fin de la crise : avril-mai 2009. Plus que quelques semaines pour profiter des plans sociaux !

de Bénédicte Charles

« Et si on s’en sortait… » Cette semaine, Le Point a décidé de la jouer « journal de l’actualité heureuse » avec un titre de Une qui n’est pas sans rappeler le « Et si c’était vrai » de Marc Lévy, le gentil romancier.
Le propos est d’ailleurs un peu le même. Le livre racontait, en gros, l’histoire d’un homme qui est le seul à voir à son côté une femme dont le véritable corps est en réalité au cinquième étage de l’hôpital de San Francisco, plongé dans un coma irréversible. Le Point de cette semaine ne dit rien d’autre, qui raconte comment toute une rédaction — celle du Point, en l’occurrence — arrive à voir « le début de la fin de la crise » dans l’hexagone, alors que l’économie française est en réalité sous assistance respiratoire, plongée dans un coma profond dont elle n’est pas près de sortir.

Il suffit d’ailleurs de lire les articles consacrés à toutes ces « raisons d’espérer » pour se convaincre que la situation est infiniment plus grave qu’on ne le croit.

Ainsi, l’analyse de Jacques Marseille. Pour lui, c’est clair : « la durée moyenne des crises économiques depuis qu’on les observe » est de « 16 à 33 mois ». Or, la crise a commencé en décembre 2007, et non pas en septembre 2008 comme nous le croyons naïvement, nous dit Jacques Marseille. Or (bis), décembre 2007 + 16 mois (pourquoi pas 33 mois ? Jacques ne le dit pas) = avril-mai 2009. Conclusion : la crise est finie dans deux semaines. Limpide, non ?

Fleurs, bière et robes à smocks

La page suivante enfonce le clou, dévolue à « Ces entreprises qui ne connaissent pas la crise » — une sélection de trois boîtes censées incarner la France qui gagne. Qu’y trouve-t-on ? Une chaîne de boutiques de fleurs, Au nom de la Rose, dont on omet de dire qu’il s’agit essentiellement de franchises. Une marque de vêtements de luxe, Bonpoint, pour enfants archi gâtés — « 60 millions d’euros de chiffre d’affaires à coups de petites robes à 90 euros ou de vestes à 150 ». Une brasserie du Pas-de-Calais qui produit une bière baptisée Ch’ti et bénéficie du succès du film éponyme.

Alors là, un seul mot : ouf ! L’industrie française qui n’en finit pas de péricliter en laissant des dizaines de milliers de salariés sur le carreau, sans possibilité de reclassement ? C’est du passé grâce à la nouvelle sainte trinité de l’économie française : fleurs, bière et robes à smocks.

Etre dans le rouge, c’est reprendre des couleurs

Toujours pas convaincu ? « Le tableau de bord de l’espoir » est fait pour vous. On y apprend, par exemple, que le marché immobilier va mieux avec « des ménages de plus en plus solvables » (c’est-à-dire, nous explique-t-on, que vu l’effondrement des prix, de plus en plus de ménages peuvent s’offrir un bien immobilier, s’ils le veulent. Mais ils ne veulent pas, c’est ça le petit souci). Ou encore que la Bourse « reprend des couleurs ».

Alors évidemment, Le Point le concède, il y a « de moins en moins de créations d’emplois en France » — un bel euphémisme pour dire qu’il y a des dégraissages partout, comme le montre assez clairement le graphique ci-dessus. Certes, les déficits publics sont « toujours plus hauts » et Brice Hortefeux prédit que « côté chômage, cela va être dur : il y aura sans doute 80 000 jeunes sans boulot à la rentrée de septembre ». OK. Mais « on » est sur la bonne voie !

Au fait, qui est ce « on » ?

http://www.marianne2.fr/La-crise-es...

Messages

  • il faut se procurer se numéro du Point, il est HISTORIQUE et ce vendra à prix d’or chez les antiquaires bientôt. Je veux dire après le prochaîn krach boursier. Volez le si vous le pouvez. C’est de la propagande néolibérale comme vous n’en verrez pas souvent. Un condensé d’infantilisme, de mépris, comme au bon vieux temps du Maréchal Pétain.

  • Plus que deux semaines ! On respire !
    Ca tombe à Pic ! Le 1er mai, on va fêter la fin de la crise !

  • En réalité, le pire est devant nous.

    Dans les pays développés, le chômage explose, et les faillites d’entreprises explosent.

    Conséquence directe numéro 1 : de plus en plus de particuliers, et de plus en plus d’entreprises, arrêtent de rembourser leurs emprunts aux banques. Donc les banques vont subir un effondrement encore plus grand qu’en 2008.

    Conséquence directe numéro 2 : de plus en plus de contribuables se retrouvent au chômage, et ils ne peuvent donc plus payer leurs impôts. De plus en plus d’entreprises font faillite, et elles arrêtent donc de payer l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur les bénéfices, etc. Donc les Etats voient leurs rentrées fiscales s’effondrer. Des Etats vont se retrouver en cessation de paiement en 2009. Exemple : les Etats-Unis.

    A lire absolument :

    http://www.europe2020.org/spip.php?article599&lang=fr

  • Il fait le Jacques, Marseille. C’est qu’il peut se permettre avec ses casquettes mirobolantes. Economiste, historien, journaliste...Quel homme, un feu d’artifice à lui tout seul !

    Un seul problème pour cet article majeur de l’ami Marseille, le papier glacé du Point. Difficile de se torcher les fesses avec.

    Soleil Sombre

  • Et comme pour le bouquin, on peut se demander "Et si c’était niais ?"

  • eh les clowns et les saltimbanques du point !!!

    Banque mondiale, rapport du 31Mars 2009, extraits :

    Les données actualisées du nouveau rapport sur les Perspectives économiques mondiales (Global Economic Prospects) signalent par ailleurs que l’activité mondiale devrait se contracter de 1,7 % cette année, ce qui marquerait le premier déclin de la production mondiale depuis la Deuxième guerre mondiale. Le PIB continuerait de reculer de 3 % dans les pays de l’OCDE et de 2 % dans les autres pays à revenu élevé.

    D’après les prévisions de base de la Banque mondiale, la croissance redeviendrait légèrement positive en 2010, l’assainissement du secteur financier, la dévalorisation des actifs et les effets d’entraînement de la crise financière continuant de peser sur l’activité économique. Mais l’ampleur de la reprise et le moment où elle interviendra sont encore très incertains.

    « Dans tous les pays en développement, nous constatons les effets de la récession sur les plus pauvres, qui sont encore plus exposés qu’auparavant à des chocs soudains et qui voient leur marge de manœuvre réduite et leurs espoirs frustrés, » observe Justin Yifu Lin, Économiste en chef et Premier vice-président, Économie du développement. « Il s’agit tout simplement d’une crise de développement, qui pourrait réduire à néant des années de progrès. »

    Le bilan actualisé rapport de la Banque souligne que même si un rebond—aussi faible soit-il—devait se produire, l’activité restera atone et la situation économique marquée par le chômage et d’importants ajustements sectoriels au cours des deux prochaines années.

    « Même si la croissance redevient positive en 2010, la production restera faible, les tensions budgétaires iront croissant, et les niveaux de chômage continueront d’augmenter dans la quasi totalité des pays pendant une bonne partie de 2011 » explique Hans Timmer, responsable de l’équipe chargée de l’analyse des tendances mondiales au sein du Groupe des perspectives de développement à la Banque mondiale.

    Les échanges mondiaux de biens et de services devraient diminuer de 6,1 % en 2009, un recul historique. À 47 dollars le baril en 2009, le prix du pétrole devrait être inférieur de plus de moitié à ce qu’il était en 2008. Les prix des produits non pétroliers devraient se maintenir eux aussi à un niveau bas, à quelque 30 % en dessous de celui atteint en 2008.

    et ça, c’est si tout se passe bien ... car....

    Le PIB mondial devrait enregistrer une modeste progression de 2,3 % en 2010, mais si une crise de la balance des paiements venait à se produire dans une région en développement, elle pourrait se révéler difficile à contenir et risquerait de compromettre le redressement de l’économie mondiale. La reprise des marchés du crédit pourrait par ailleurs tarder à se concrétiser si les problèmes du secteur financier persistaient, ce qui aurait pour effet d’allonger la période d’ajustement des capacités de l’économie réelle et de prolonger la récession mondiale.

    Les deux hypothèses d’aggravation de la crise montrent que la banque mondiale ne croit qu’à moitié à son scénario, l’autre moitié pense que le pire prévu pourrait être dépassé par bien pire....

    Bien , loin des prévisions donc de Marseille et d’autres. Ce qui ne signifie nullement que la banque mondiale ait raison...

    Par contre, avec les liquidités refilées en masse à la bourgeoisie, les paquets de dollars lâchés par hélicos sur Wall Street pour éteindre l’incendie (suivant les mots d’un directeur de la banque centrale US) , je comprends que certains riches se font dessus tellement ils sont contents.

    La bourse peut très bien remonter, avec cette super-EPO de la mort , ces amphétamines à dose d’éléphants filées aux nains de la finance,...

    Combien de temps ?

  • Et si celles et ceux qui ont la chance d’avoir un peu de pognon dans les banques le retiraient pour le mettre dans des banques coopératives qu’on rigole un peu.

  • Jacques Marseille : très en vogue dans tous les médias.

    Son rôle ?

    Il est l’EXPERT, avec plusieurs casquettes, comme un camarade l’a rappelé plus haut, économiste, historien, journaliste et enseignant à l’université.

    Il est surtout le relais médiatique du sarkozysme avec une mauvaise habitude qui consiste à arranger les chiffres et les choisir pour illustrer les dogmes libéraux, qu’il débite à longueur d’articles ou d’émissions télévisées.

    A défaut d’expertises, il produit essentiellement des postures idéologiques qui apportent un peu, ou parfois beaucoup d’illusions dans les débats animés par le sieur Calvi.

    Pas étonnant, que sur ce numéro du Point destiné à faire croire que la crise se termine demain, on ait confié une grande partie du sale boulot à J.Marseille.

    Sarkozy et ses amis libéraux tentent de travailler l’opinion, avec l’objectif de désamorcer la prise de conscience des gens sur la vraie nature du capitalisme, et ainsi, marginaliser les luttes sociales.

    Peine perdue ! La colère monte, l’exaspération sera bientôt à son comble, la révolte gronde... et ce n’est pas le pompier de service J.Marseille qui, avec ses petites manipulations, parviendra à éteindre le feu !

    En définitive, Jacques Marseille, ennemi de classe au service de sa classe. Point/barre.

    Ce ne sont pas non plus les répressions policières ou judiciaires, contre les Caterpillar à Grenoble par exemple, qui vont calmer le mouvement social qui commence à se radicaliser.

    Ce n’est pas non plus la tentative des bureaucraties syndicales qui va éteindre l’incendie, comme si les travailleurs étaient incapables de comprendre qu’une journée du 1er mai, certes historique parce qu’unitaire pour ne rien faire, était destinée à calmer, canaliser et manipuler un mouvement sur lequel les directions syndicales sentent qu’elles ont de moins en moins prise.

    Les injustices sociales sont trop criantes, les effets d’annonce et les faux-semblants utilisés par le pouvoir, qui s’entête dans son idéologie libérale,
    n’abusent plus personne.

    Qui sème la colère, récolte ...... !

    Jak

  • Ouah génial quelle nouvelle ! fin de la crise mais.... tous avec des salaires équivalents aux salaires Chinois ?

    • L’économie est mourante, mais à force de liftings, liposuccions, botox et autres hormones de croissance, cette antique péripatéticienne que sont les marchés boursiers est en train de subir un relooking extrême aux frais du contribuable et des générations à venir, ce qui ralentit néanmoins l’exode des clients à court terme. Il est hélas à craindre que, tel Michael Jackson, cette chirurgie esthétique finira en amas de lambeaux peu ragoûtants.

    • La faillite du géant de l’immobilier commercial General Growth Properties pourrait donner de nouvelles sueurs froides aux banques américaines qui risquent de subir d’ici peu les conséquences de la crise que traverse ce secteur. (info 18 avril 2009)