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Rosa Luxemburg "Une grève générale à laquelle on forge à l’avance des chaînes ..."

Publie le jeudi 23 avril 2009 par Open-Publishing
10 commentaires

Alors que les luttes se développent, il est utile de relire Rosa Luxemburg et ses différents textes sur la grève générale. Dont cette citation !
comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com

"Une grève générale à laquelle on forge à l’avance les chaînes de la légalité ressemble à une manifestation guerrière avec des canons dont la charge a auparavant été jetée à l’eau sous les yeux de l’ennemi. Une menace "les poings dans les poches" comme "le Peuple" la conseillait sérieusement aux grévistes, ne fait même pas peur à un enfant, et donc encore moins à une classe qui lutte à mort pour sa domination politique. C’est pourquoi il a suffi en 1891 et 1893 que le prolétariat belge cesse simplement et calmement de travailler pour briser la résistance des cléricaux, parce qu’ils pouvaient craindre que le calme se transforme en agitation, les grèves en révolution. C’est pourquoi, cette fois aussi, il n’y aurait sans aucun doute pas eu besoin de violence si les dirigeants n’avaient à l’avance retiré la charge des armes et transformé la marche de guerre en parade du dimanche, le tonnerre de la grève générale en coup de semonce."

Cette citation de Rosa Luxemburg se trouve dans la biographie de Paul Frölich (maspero, rosa luxemburg, P169). Elle s’inscrit dans l’analyse par Rosa Luxemburg de l’échec d’une grande grève qui avait eu lieu en Belgique en 1902. Et dans sa réflexion générale sur ce moyen de lutte. Pour elle, selon Frölich, "l’erreur n’avait pas été de recourir à la grève générale, mais de se laisser dicter les formes qu’elle devait prendre par les libéraux. Les travailleurs en grève s’étaient ainsi transformés en simples figurants d’une action dont l’essentiel se déroulait au parlement ... La grève générale était par nature le premier stade de la révolution dans la rue. Mais on s’était justement empressé de lui ôter ce caractère".

Cette réflexion sur la grève générale ne nous permet-elle pas avec Rosa Luxemburg de réfléchir et de comprendre les limites par excellence des denières grèves en France

Chômeurs. Georg Grosz

Messages

  • En réalité c’est pas à NOUS qu’il faut le faire lire.

    Le plus borné des prolétaires le sait d’instinct. Et NOUS on le sait aussi parce qu’on l’a déjà lu.

    Faut le faire lire et avaler de force à ceux qui se prétendent les dirigeants du mouvement ouvrier.

    Faut pas s’étonner si les travailleurs ne font plus confiance à ceux qui se disent leurs leaders.

    A adresser à BT et à MGB ou OB. Ce sont EUX qui bloquent la machine.

    Les autres ne comptent pas.

    Tout le monde sait qui ils sont.

    G.L.

  • OB, comme les autres. Ce qui ne veut pas dire qu’il le fait volontairement. Mais qu’il n’a pas réussi à passer au-dessus de la bien-pensance bourgeoise. Et ce malgré toute ses déclarations d’intention.

    Aujourd’hui, ne pas envisager la possibilité d’actions "en dehors" des règles établie par la Bourgeoisie et le Capital, et ne pas en faire état, quoi que ça puisse coûter en terme de coercition en retour, c’est "garantir" au Capital et à ses sbires qu’il n’auront jamais rien à craindre.

    Et ne pas l’inscrire dans un programme c’est condamner les victimes à faire ce qu’elles font actuellement, et feront de plus en plus, agir "en dehors" des règles légales" en prenant les risques pénaux, physiques, et financiers que les dirigeants politiques ne veulent pas prendre à leur échelon.

    Dans la vie, lorsqu’on est confronté à une lutte à mort avec un ennemi cruel et fourbe, se plier d’avance à ses règles pour combattre c’est avoir perdu avant d’avoir engagé la bataille.

    Il y a évidemment la possibilité qu’on fasse "semblant" de s’y plier pour le feinter, mais il me semble, et à la majorité des travailleurs aussi, que ça fait longtemps qu’on "simule" sans résultats conséquents. Trop longtemps.

    Je pense que les états-majors n’ont pas réellement mesuré l’importance de ce qui se passe aujourd’hui. Peut-être croient-ils qu’il s’agit réellement d’une "crise". Alors qu’il s’agit du "bond qualitatif" vers un pouvoir fasciste mondial.

    Les tenants du pouvoir mondial ont réussi à transformer leur pouvoir financier en pouvoir absolu, assis sur la destruction de pans entiers de la Planète, de leurs peuples endogènes, et la démoralisation des forces progressistes.

    Et ils détruisent tout ce qui ressemble à une accumulation de Capital qui ne serait pas sous leur contrôle afin que PERSONNE ne puisse faire comme eux plus tard.

    Le Capitalisme n’est pas en crise, C’est lui qui le dit mais c’est pas un critère d’analyse. Et créer un "Nouveau Parti Anticapitaliste" maintenant, c’est comme si on avait inventé un "Nouveau Parti Antiféodaliste" en 1830, au moment du triomphe du Capitalisme montant. C’est sympa mais y a une guerre de retard.

    Que ça soit n’importe qui qui le dise, il a tout faux. C’est pas ça que les travailleurs attendent. Parce que pour eux, ceux qui les écrasent n’ont AUCUNES limites.

    Donc Rosa Luxembourg est toujours d’actualité. Décréter une limite à une action quelconque, c’est comme dire qu’on ne livrera bataille que jusqu’à telle heure et tel jour. Surtout, si l’ennemi a des moyens supérieurs, il n’a qu’à attendre tranquillement que ça finisse.

    Et c’est d’ailleurs ce qu’il fait... Très bien.

    G.L.

  • Cet article est symptomatique de l’incapacité de l’extrême gauche à penser le monde en termes de la réalité d’aujourd’hui et pas celle d’il y a un siècle. Rosa Luxembourg écrivait pour un monde ou la bourgeoisie était toute puissante et prête à faire tirer la troupe sur les ouvriers à balles réélles à la moindre contestation de ses privilèges.

    Depuis que ce texte a été écrit, les choses ont bien changés. Les mutations de l’économie ont obligé la bourgeoisie à arriver à des équilibres bien plus favorables à la classe ouvrière, avec la naissance de l’Etat providence. Depuis près de cinquante ans, tirer à balles réelles sur les ouvriers grévistes est devenu impossible : mai 1968 a vu l’une des plus grandes grèves de l’histoire de France... sans morts. Le temps ou les prolétaires "n’avaient rien à perdre sauf leurs chaînes" et où la bourgeoisie régnait souveraine est, du moins en France, fini et bien fini. Et il ne reviendra pas.

    Alors, au lieu de citer Luxembourg, Lénine ou même Marx comme si leurs textes avaient une autorité intemporelle, il vaudrait mieux s’appliquer à analyser la société d’aujourd’hui, avec ses équilibres infiniment plus subtils et plus complexes que l’extrême gauche veut croire. Etudier Marx, Luxembourg et Lénine reste un exercice essentiel. Mais il faut les étudier comme on étudie Saint Augustin ou Locke, c’est à dire, comme une base pour construire une analyse du présent. Et non pas comme une recette qu’on peut appliquer à n’importe quelle situation.

    La citation de Luxembourg ne nous "permet pas de comprendre les limites par excellence des dernieres grèves en France", parce que les "limites" de la stratégie choisie par les confédérations syndicales se trouvent dans les équilibres sociaux d’aujourd’hui, et pas dans ceux de 1902. Les syndicats ne font que tirer les conclusions qui s’imposent : aujourd’hui, l’immense majorité des travailleurs français n’est pas disposée à s’engager dans une insurrection prolétarienne. C’est triste, mais c’est comme ça.

  • AMEN !

    La situation a évolué depuis 1902 :

    La Bourgeoisie n’est plus toute-puissante !
    Ben non ! Le gouvernement du Fouquet’s est composé de garçons de café ?

    L’Etat Providence ?! Parlons-en au moment ou toutes les conquêtes sociales sont systématiquement remises en question pour un Etat Providence des entreprises et des banques.

    La bourgeoisie n’est plus prête à faire tirer à balles réelles sur le peuple ? !
    D’abord en 1968, elle n’allait quand même pas tuer ses enfants : on aurait perdu July, Glucksmann et quelques autres et Papon n’était pas Préfet de police, ... ...
    ... Monsieur oublie Charonne et les algériens jetés dans la Seine. Ah ! c’est différent ? C’est vrai, des cocos et et des terroristes ....
    Si la bourgeoisie ne tire pas à balles réelles c’est parce qu’elle a des moyens plus "propres" et qu’elle ne se sent pas encore menacée ! Elle préfère pour le moment laisser crever en prison pour l’exemple et incarcérer les pauvres.

    « Le temps ou les prolétaires "n’avaient rien à perdre sauf leurs chaînes" et où la bourgeoisie régnait souveraine est, du moins en France, fini et bien fini. Et il ne reviendra pas. »

    Il faut sortir un peu : les sans-abris, ça n’existe pas ou c’est là parce que ça le veut bien ! Les travailleurs à temps partiel incapables de s’offrir un logement, ça n’existe pas ! Les fin de droits, les sans-papiers, foutaises ! Les pauvres qui font les fins de marché ou achètent des produits périmés à d’autres pauvres, bobards ! Les restaurants du coeur, du folklore ! Les banlieues, des paradis pour une jeunesse pleine d’avenir !

    Ami du XVIème, fais un gros effort : imagines : tu a 50 ans, l’usine où tu bosses depuis 15 ans ans ferme, que te restera-t-il dans un an avec des mômes et une maison qui n’est pas payée ?
    Non, tu ne peux pas comprendre.

    Pour le dogmatisme, tu as raison ! Il serait stupide de se contenter de lire les vieux grimoires.
    Mais ça ne justifie nullement l’attitude des centrales syndicales tellement liées au système que ça finit par se voir.

    « Les syndicats ne font que tirer les conclusions qui s’imposent : aujourd’hui, l’immense majorité des travailleurs français n’est pas disposée à s’engager dans une insurrection prolétarienne. C’est triste, mais c’est comme ça. »

    Voilà une formulation classique pour ne pas avoir à prouver : « les conclusions s’imposent 
    ... ... c’est triste, mais c’est comme ça », avec une petite touche de regret (pas trop) et du péremptoire (beaucoup) : « pourquoi les salaires sont trop bas, Madame Parisot ? » « Parce que c’est comme ça ! »

    « l’immense majorité des travailleurs français n’est pas disposée à s’engager dans une insurrection prolétarienne. »
    Ca va rassurer Minc et Villepin .

    Mais on peut demander un sondage au CSA ou à l’IFOP :

    Choix d’amorce possible : - La crise devrait s’atténuer à partir de la mi-2010.
    - La crise pourrait durer 5 ans ou plus.
    - le chômage devrait atteindre 15% en 2010
    - le chômage devrait se stabiliser à 12% en 201O

    Question : Etes-vous disposé à vous engager dans une insurrection prolétarienne ?

    Réponses possibles : Oui. Non. Probablement. Peut-être. Ne sait pas.

    Réalisation par téléphone sur un échantillon de 989 travailleurs de 25 à 50 ans

  • aujourd’hui, l’immense majorité des travailleurs français n’est pas disposée à s’engager dans une insurrection prolétarienne. C’est triste, mais c’est comme ça.

    Mais ça ce n’est pas spécifique à aujourd’hui, les travailleurs n’ont pratiquement jamais été prêts à s’engager dans une insurrection prolétarienne , ce n’est qu’à de rares moments qu’ils peuvent l’être .

    Il faut se reporter là dessus au fait que l’exploitation n’est pas seulement qu’une exploitation elle est aussi aliénation, sinon ça ne tiendrait pas 5 minutes, fusils ou pas.

    Rosa Luxembourg est beaucoup plus actuelle sur certaines questions que bien des réalistes de gauche (démocratie, bureaucratie, dynamiques des luttes, etc)

    Dans ce que tu dis il y a indirectement une chose importante : l’énorme accroissement de la classe ouvrière au sens large du terme, numériquement, en proportion de la population et sur la planète entière.

    Et c’est effectivement ce qui rend plus compliqué la violence d’état. Mais c’est également ce qui a démultiplié et massifié les stratégies fines au niveau des médias, leurs possessions et leurs utilisations.

    Toutefois, sur la question de la violence elle est toujours extrême et prête à surgir à tout moment dans nos sociétés .

    Ainsi les guerres impérialistes, ou colonialistes existent toujours avec d’immenses moyens et ce ne sont plus tant des guerres contre des sociétés agraires mais également contre des sociétés n’ayant plus rien à voir avec le tiers monde d’avant (l’Irak est une société largement urbaine, comme la bande de Gaza, ou d’autres endroits). Cette violence existe toujours et est toujours là avec ses outils.

    L’utilisation de cette violence contre les sociétés industrielles (outre qu’elle se pratique déjà dans le "tiers monde" urbanisé ) est préparée (aux USA, ils ont préparé des troupes prêtes à ce travail spécifique contre leur population) et peut se produire .

    Ce sont les raisons et la légitimé politique qui font qu’elle ne se produit pas à hauteur de fusillades. Pour 68, si le mouvement avait été un peu plus loin, 6 ans après les massacres d’Algérie, la question aurait été posée.

    Nous avons vécu une période exceptionnelle du capitalisme, en Europe et aux USA, c’est presque pas de guerres internes (à part l’ex-Yougoslavie, ce n’est pas peu, la Tchécoslovaquie, les colonels grecs, Franco, salazar, la Hongrie 56, ...), une relative immobilisation des rapports de force entre les classes, puis à partir de la moitié des années 70 une offensive ultra-libérale, un retournement net dés 83 et une dégradation des rapports de force au détriment de la classe ouvrière depuis....

    Jusqu’aux secousses de ces dernières 10 années en Europe (il n’y a pas que la France) qui sont devenues de plus en plus importantes, avec enfin l’accélération de la crise capitaliste de ces dernières deux années.

    Qui peut croire qu’une société soit éternelle , et sans secousses ? Aucune société n’est stable sur long terme, le capitalisme encore moins que les autres par nature .

    Qui peut croire qu’il n’y a pas un risque extrême de fusillades quand des gens sont entrainés à cela ?

    Alors evidemment le monde capitaliste, son contrôle, n’a aucunement intérêt à dégager une violence extrême .
    Effectivement tant que les travailleurs ne le met pas en cause vraiment , OU que l’issue de la crise l’exige, pas de fusillades.

    La question posée par Luxembourg est d’un autre ordre, et pose la question de l’auto-limitation que se pose ou pas un mouvement social. Est-ce qu’il indique comme infranchissable la légalité largement construite au service d’une classe dominante ?

    Ou pas.

    La plupart des conquêtes sociales et sociétales en France se sont faites sans respecter la légalité telle qu’elle existait .

    Tu peux même prendre le cadre des batailles pour la contraception, le droit d’avorter, pour les droits des homosexuels, etc, se furent d’abord des actes et des fonctionnements illégaux. Par nature.

    Très souvent d’ailleurs cette illégalité fut d’ailleurs le seul outil efficace disponible. Et les lois changèrent après.

    Prends le mouvement actuel de RESF, qui est un des mouvements les plus méritant, massif et prolongé qui soit, même si ça ne fait pas gros titres. C’est précisément sa marque de fabrique d’être une violation permanente de la légalité et l’accentuation de la criminalisation légale ne change rien de l’illégalité préalable de ce mouvement.

    La transgression des lois n’est donc pas une question ancienne, elle est toujours actuelle.

    Maintenant je suis d’accord avec toi si il s’agit de critiquer les conceptions de ceux qui agissent et pensent que dans le cadre d’une conformité à ce qu’ils pensent être la "pensée" de grands hommes (ou femmes) historiques...

    Mais ça c’est le marxisme antiquaire, le trotskysme antiquaire, le léninisme antiquaire...

    Ce qui ne change rien aux apports dans la compréhension des sociétés et ce qui peut être fait, par des personnages historiques.

    Il y a actuellement des personnes qui apportent beaucoup par leur pouvoir de compréhension du monde moderne et leurs capacités à produire de l’action utile ,et damned, ils semblent servir à quelque chose de plus utile que DSK, Lamy, Hollande, Royal , Fabius, Aubry, etc...

    Je me suis dernièrement régalé en écoutant des personnalités du LKP guadeloupéen, leurs capacités d’analyse et d’action. Domota et Lollia , très brillants et fins dans l’analyse des sociétés modernes, des évolutions des rapports de force, des partis et syndicats.

  • Rosa Luxembourg écrivait pour un monde ou la bourgeoisie était toute puissante et prête à faire tirer la troupe sur les ouvriers à balles réélles à la moindre contestation de ses privilèges.

    Un exemple typique de nombrilisme.

    Tu crois réellement que la "bourgeoisie" est devenue moins agressive ?

    Va donc demander aux camarades ouvriers du pétrole en Irak, ou simplement aux manifestants de Gaza et de Cisjordanie.

    A moins que tu ne comptes "les travailleurs" que parmi ceux des Peuples dont les Gouvernements colonisent le reste de la Planète.

    D’ailleurs on va voir bientôt aux Etats-Unis, et même ici si ça continue, si le Pouvoir en place hésitera à "tirer" sur le peuple lorsqu’il sentira que ça vacille réellement pour lui. C’est-à-dire lorsque ça sera réellement le Peuple qui tentera d’imposer ses règles démocratiques.

    Aus USA ils viennent de "rapatrier" deux divisions d’Irak dans le cadre du "Homeland Security Bill" sous la direction du "Northcom".

    Et en France, ça ne t’interpelles pas le rôle que pourrait être amené à jouer la Légion Etrangère ? Tu penses que pour un Légionnaire tu comptes plus qu’un Afghan ?

    Y a des fois ou je me demande si c’est de la naïveté ou des tentatives d’enfumage !!!

    G.L.