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A nancy I on manie le baton !

Publie le vendredi 24 avril 2009 par Open-Publishing
5 commentaires

Compte-rendu de l’action menée hier par les étudiants de Nancy I et Nancy II.
vu ici : http://nancymobilisation.over-blog.fr/

Depuis de nombreuses semaines, les étudiants partout en France s’opposent aux réformes de l’université prises à l’encontre de l’intérêt des étudiants. Sur Nancy, cette opposition se traduit par l’organisation de la suspensions des cours par les étudiants par le cadenassage de portes ou le blocage de portes.

Jeudi matin, en Fac de Sciences, l’administration a imposé aux personnels administratifs et techniques de dégager les entrées bloquées par les étudiants. En quelques instants, des individus obéissant à des ordres irresponsables font rentrer des étudiants dans les bâtiments.

Les étudiants de la fac de Science décident de se rentrer à la présidence de Nancy I afin d’obtenir des explications au président de Nancy I Jean-Pierre Finance.

Jean-Pierre Finance était l’an dernier président de la conférence des présidents d’universités et à ce titre un des principal soutien à Valérie Pecresse pour l’élaboration de la loi LRU.

Les étudiants de Nancy I présents à la présidence depuis 10h souhaitaient tous ensemble rencontrer le président Finance. Il a été tout d’abord annoncé que le président était parti sur la fac de Sciences afin de rencontrer les étudiants. Ce qui fut évidemment faux puisque jamais, de 10h à 00h30 il n’en est revenu. Et dans le journal d’aujourd’hui, nous apprenons qu’il était en fait au rectorat.

Après l’assemblée générale des étudiants du campus Lettres et Sciences Humaines, les étudiants et enseignants ont décidé d’organiser un sitting à proximité des locaux de l’université. Les forces de l’ordre présentes n’ont fait qu’encourager à la provocation et ont laissé plusieurs voitures forcer le passage mettant en danger la vie de près de 200 étudiants. Un étudiant s’est fait roulé sur les pieds et moi-même, j’ai été trainé sur le capot d’une voiture sur près de 80mètres à 40km/h !

Pendant cette même action, les CRS n’ont pas hésité à insulter plusieurs étudiants de « connards », « enculés », « branleurs de merde ». Les étudiants parfaitement calmes ont ignoré toutes provocations.

Décidés et mobiles, après que les CRS aient bloqués en amont la circulation, nous nous rendons vers un autre carrefour en traversant le campus. La plupart des usagers bloqués sont très attentifs à nos revendications et nous remercient pour la plupart de l’information qu’ils n’ont pas forcément.

Nous recevons par ailleurs des coups de téléphones des étudiants de Nancy I qui nous demandent de venir grossir les rangs. Traversant la ville, n’hésitant pas à prendre des sens interdits déjà embouteillés et donc sans voitures pouvant arriver à grande vitesse, nous nous rendons rue Lionnois aux cris d’un « Tous Ensemble ».

Images de la lutte commune que mènent les étudiants des deux facs en lutte, nous occupons désormais la Villa Bergeret dont les salles sont classées aux monuments historiques. Après un tour des locaux et une visite dans le calme des salons Art Nouveau, nous nous arrêtons dans une grande pièce où un repas sympathique a du avoir le midi : des restes de plateaux repas richement garnis. J’en profite pour gouter des aliments non-consommés, l’excellent pâté et le parfumé taboulet comme premier repas depuis 8h où je suis levé !

J’ai l’impression d’être en décalage complet avec la réalité dans ce bâtiment si prestigieux et devant les restes. J’étais persuadé que les universités manquaient de moyens et de fonds culturels... jusqu’à en voir la Villa Bergeret !

Une discussion débute alors dans le hall de la Présidence afin de déterminer nos objectifs clairs. Les personnes présentes sont déterminés face aux sbires du Président Finance. Un appel est rédigé confirmant notre volonté de rester la nuit dans les locaux.

M’absentant pour des raisons familiales, lorsque je reviens à 23h50, c’est dans une ambiance conviviale que je trouve le hall de la présidence : des gâteaux, des chocolats, des jeux, des journaux...Toute une vie s’était organisée autour de la trentaine de personnes présentes et rien de dangereux ou de particulièrement radical ne s’était mis en place. Les fumeurs fument dehors. A l’intérieur, des briques de jus de fruits, mais pas une bouteille d’alcool (ce qui tombe bien puisque je ne bois que très peu et rarement). Des sacs de couchages étaient déjà installés. Dans les escaliers, des chiens de gardes se transforment en conservateur de musée n’ayant pu conserver la raison du Président qui n’a toujours pas daigné se rendre place

Vers minuit 30, j’allume mon ordinateur afin de consulter les actualités du jour. Mon ordinateur n’a même pas le temps de s’allumer que j’aperçois des casques et des matraques.

En quelques minutes, rentrant par deux portes, les forces de l’ordre nous poussent violemment vers la sortie, nous interdisant de prendre nos effets personnels hormis nos sacs que certains ont pu prendre très rapidement. Ne pouvant refuser de partir, nous sommes évacués. Evacuation probablement pas suffisamment rapide, puisque plusieurs étudiants se font gazer. Alors que j’approche de la porte, je me fais également asperger de gaz lacrymogène, accompagné d’un fort sympathique coup de matraque sur mon coude qui enflera assez rapidement.

Les forces de l’ordre (Police et Gendarmerie Nationale) nous poussent jusqu’au bout de la rue Lionnois en nous accompagnant de mots doux semblables à ceux de l’après-midi (« connards de gauchistes », « rats de merde »). En assaisonnement, nous avons droit à une flambée de flash. Probablement pour prouver plus tard, sélections de photos à l’appui que l’évacuation s’est déroulée « sans incident, devant témoins ».

Pourquoi ? Pourquoi Jean-Pierre Finance a-t-il ordonné cette opération ? Est-ce par un besoin de démonstration viriliste ? Rien n’a été dégradé, rien n’a été abimé, aucun personnel n’a été ne serait-ce menacé. En aucun cas la sécurité des biens et des personnes n’a été remise en cause.

Cette évacuation ne témoigne que d’une seule chose : la volonté délibérée de refuser toute forme de dialogue. Alors que les étudiants font entendre leur opposition, la seule réponse constructive de Finance est la matraque ! Après avoir faits des examens la carotte, il nous impose le bâton.

Je devais, aujourd’hui vendredi me rendre au travail, dans un lycée où je travaille en tant qu’assistant d’éducation. Pour moi, c’est une journée de salaire en moins car à 6h30 en me réveillant j’étais dans l’incapacité de réaliser un mouvement avec mon bras droit, où j’ai reçu un coup de matraque. Après une consultation chez le médecin, c’est au titre de contusion au coude que j’ai un arrêt de travail.

Je suis là, dans l’incompréhension la plus totale. Comment des présidents d’université qui viennent de voir leurs pouvoirs augmentés peuvent-ils réellement choisir la force, qu’est-ce que cela augure pour demain ?

Je garderais de la journée du 23 avril un souvenir pourri et enfumé des pires relents de notre Histoire.

Le Président Finance et la Ministre Valérie Pecresse sont responsables (entre autres) de ce conflit qui dure depuis trop longtemps. Ils ne peuvent qu’être coupables de l’enlisement du conflit et de la volonté de radicalité qui s’exprime malheureusement.

Messages

  • Jean-Pierre Finance. Vrai de vrai, c’est son nom "propre" ?

  • Merci pour ton témoignage.
    J’ai été autrefois étudiante à Nancy et j’ai participé à des grèves.
    Mais la violence de la répression actuellement fait peur, il y a 3 semaines, je me préparais à me rendre à la manif anti-otan à Strasbourg, j’ai mis trois jours à m’en remettre, pour pouvoir finalement rédiger un compte-rendu et l’adresser
    à une certaine presse non étatique pour publication.
    Les flics, les militaires et tout leur arsenal me font bien plus gerber que les black blocs, nos ennemis ne sont pas les mêmes.
    Il est impératif de constituer notre riposte.

    • COMMUNIQUE DU COLLECTIF DES ENSEIGNANTS MOBILISES DE LILLE 2

      22/04/09

      NOUS NE CEDERONS PAS AUX INTIMIDATIONS !

      La stratégie gouvernementale de pourrissement, de division et d’intimidation à l’égard des enseignants et des chercheurs opposés aux contre-réformes Pécresse et Darcos fait des émules dans les universités.

      A l’université Lille 2 Droit et Santé, le président vient ainsi de passer d’une campagne d’intimidation à la mise en œuvre de représailles.

      Comme dans de nombreuses facultés et UFR, l’assemblée générale des personnels de la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Lille 2, avait voté, début janvier, la non transmission des notes d’examens à l’administration en signe de protestation contre les projets ministériels et pour la satisfaction de revendications locales. La plupart des jurys d’examen du premier semestre n’ont donc pas pu se tenir.

      Prenant acte de ce mouvement, d’ampleur nationale, le conseil de faculté du 2 février a décidé le report des délibérations au mois de juin.

      Passant outre cette décision, le président de l’université a adressé le 8 avril aux grévistes une première lettre recommandée avec A/R, les mettant en demeure de rendre leurs notes avant le vendredi 17 avril, sous peine de « mesures administratives considérant la rétention des notes comme service non fait ».

      Les enseignants mobilisés destinataires de la lettre, ont répondu collectivement au président, en lui proposant de le rencontrer pour « envisager les modalités selon lesquelles il pourrait être mis fin à cette action ».

      Ignorant cette réponse, le président leur a envoyé le 20 avril (début des vacances universitaires !) un second courrier RAR annonçant qu’à compter de ce jour, « il procède à une retenue sur salaire de 1/30ème par jour de retard dans la remise des notes pour service non fait » et les menaçant « de les traduire en conseil de discipline pour manquement grave à leurs obligations d’enseignants-chercheurs ».

      A notre connaissance, c’est la première fois que dans le cadre de ce mouvement de telles mesures ou sanctions sont mises en œuvre.

      Nous ne céderons pas aux intimidations. Au contraire, de tels procédés caractéristiques de « la gouvernance » à la mode LRU, ne peuvent que renforcer notre détermination à poursuivre notre combat.

      Ci-après, copie des différents courriers mentionnés dans ce message.

      Le collectif des enseignants mobilisés de Lille 2

      collectif_enseignants_lille2@yahoo.fr

  • Je suis de Rennes 2 et je trouve dommage que certaines choses ne se passent pas aussi bien qu’ailleurs (loin de moi l’idée de dire que cet article est un exemple de ce qui se passe bien )
    mais a rennes 2 (qui pendant une courte période a été rebaptisé rennes Troie) nous sommes coincé dans un débat purement et simplement stérile, pour et contre le blocage à remplacé pour ou contre la LRU, les profs ne nous soutiennent plus comme avant (marc gontard notre cher président ne nous a jamais tendu la main sauf pour nous poignarder lâchement) , la présidence ne pouvant faire intervenir la flicaille tous les jours emploie 50 employés de sécurité d’un entreprise nommée Arka.(plus de 5000€ par jour)
    oui le blocage total est voté a une grande majorité en AG alors pourquoi quand plus de 450 personnes votent un blocage total seul une quarantaine d’entre eux tiennent les piquet le lendemain.
    les manifs et actions se succèdent mais le nombre de participants lui décrois si par hasard la presse viens a parler d’étudiants en manifs c’est que ces action on été violentes ou destructrice (aprés il ne faut plus s’étonner que mamie vote FN ^^ merci ouest france).
    Oui aprés deux mois de mouvement je suis un peux a bout sans vraiment de certitudes en ce qui concerne l’avenir de ma vie ainsi que celui du mouvement NON ! rennes deux n’est pas mort mais l’ambiance n’y est pas trés joyeuse.
    j’attend avec impatience une lueur au bout du tunnel et je ne suis pas le seul.

    La lutte continue !

    Vive la grevé !